Un gémissement sonore filtra à travers ses lèvres closes pendant que tout son corps bougeait à la recherche d'une place plus confortable sur le matelas. Ses pieds s'échappèrent du dessous de la couette et le soupir de bien être se mua en grognement d'inconfort quand l'air glacé de la chambre entra en contact avec sa peau. D'un mouvement de jambe incertain, le drap recouvrit à nouveau tous ses membres, plongeant son corps dans cet agréable cocon habituel et savoureux qu'est celui de la grasse matinée le samedi matin après une éreintante semaine de cours. Mais le charme semblait d'ors et déjà rompu par cet incident malheureux. Et cela c'était su dès l'instant où ses pieds avaient rencontré le froid de la pièce.
Ses grands yeux s'ouvrir sur ses prunelles d'un bleu comme le ciel d'été, un bâillement discret fit ouvrir ses lèvres fines qu'une main vint couvrir rapidement. Elle étira longuement ses membres engourdit de sommeil avant de sortir de son lit, abandonnant la douce chaleur des tissus. Évidemment, elle avait oublié d'allumer le chauffage, cela expliquait l'atmosphère sibérique de sa chambre. Elle enfila une paire de lunettes et ouvrit son ordinateur portable comme chaque matin pour y consulter ses nouveaux mails, les nouvelles qui auraient pu se produire durant la nuit et autres. A peine avait-elle ouverte une page web que de légers coups à sa porte se firent entendre suivit d'un chuchotement « Robin, tu dors ? » avec un sourire elle se redressa et commença à taper sur son clavier et répondant « Non, entre. » Doucement, la porte s'entrouvrit et dans la lumière de l'extérieur se détacha l'ombre d'une jeune fille de petite taille. « Allume la lumière, je viens de me lever. Et toi ?
- Moi aussi. Robin, il y a quelque chose qui n'est pas normal. »
La jeune fille s'avança dans la pièce et peu à peu l'éclairage devenait plus puissant éclairant le visage soucieux d'une jeune fille dans la douzaine, les cheveux roux en bataille et les yeux encore plein de sommeil. Robin ferma son ordinateur sans même regarder l'écran pour se tourner vers la petite. « Qu'est-ce qu'il y a, Nami ?
- Ben, Papa n'est pas dans sa chambre et il y a un mot dans la cuisine. »
Robin fronça ses fins sourcils et se leva pour sortir de sa chambre, suivi de près par la jeune demoiselle aux cheveux désormais nettement oranges à la lumière vive. La plus grande entra dans la pièce face à la sienne et la trouva vide, un lit fait et les rideaux fermés. « Il est sûrement sorti faire des courses, peut-être même qu'il va nous ramener des croissants et pains aux chocolats pour le petit déjeuné. » dit Robin à sa jeune sœur avec un sourire en coin « Ne t'inquiète pas. »
Pourtant, Robin sentait en elle une vague étrange monter. Jamais leur père ne faisait son lit et encore se levait-il aussi tôt, surtout un week-end. Peut-être n'était-il tout simplement pas rentré de la nuit, cela était déjà arrivé après tout mais dans ce cas, pourquoi laisser… Robin se rappela en cet instant que Nami avait parlé d'un mot dans la cuisine. Toujours en souriant à la petite rousse, elle se dirigea vers les escaliers menant aux pièces de vie commune.
Tout ici semblait en ordre, à sa place, sans un objet traînant. Pas même un livre ne dépassait de l'étagère qui recouvrait le pan entier du mur devant lequel se trouvait le canapé. Tout avait justement l'air trop calme et trop propre. Ce fut donc avec une certaine fébrilité que Robin s'avança jusqu'à la cuisine pour y découvrir le fameux mot dont Nami lui avait parlé, dans une enveloppe marquée de leur deux prénoms en italique. Aucun doute, cette écriture caractéristiquement soignée, les lettres fines et longues, c'était l'écriture de leur pè la brune fit dans un premier temps plus attention à cette lettre, elle remarqua néanmoins qu'elle s'appuyait sur une mallette noire d'employé de bureau lambda. Mais le plus important semblait être cette enveloppe.
Tremblant sans s'en rendre compte Robin la saisi et l'ouvrit délicatement. Il n'y avait dedans qu'une feuille à moitié déchirée. La demoiselle redressa ses lunettes et lu pour elle les mots alors que Nami était pendue à ses lèvres attendant de savoir ce qu'il se passait. « Alors ?
- Je tiens à m'excuser de vous quitter ainsi. Cela fait à présent plusieurs mois que j'hésite à partir, et je prends la décision de le faire ce soir. Je ne supporte plus de rester ici. Tout dans cette maison me ramène à votre mère et ça depuis bien trop de temps. Cette nuit, je décide de partir, comme un lâche, je sais pertinemment que c'est ce que vous pensez et vous avez raison, c'est lâche. Mais vous pouvez vous en sortir sans moi, je l'observe depuis des semaines. Je vous laisse donc la maison, vous n'avez pas à vous inquiéter de tout ce qui est papiers, tout est à présent en ton nom, Robin, la maison, la voiture. Tout est payé. Je vous laisse également une partie de mon argent, de quoi subvenir à vos besoins pendant un certain temps.
Robin, fait attention à ta petite sœur.
Nami, prend soin de ta grand sœur.
Poursuivez toujours vos rêves. L'on se retrouvera peut-être dans l'avenir, qui sait ?
Je vous aime.
Papa »
Nami regarda Robin, ses grands yeux bruns plein de larmes prêtes à déborder. Immédiatement, la brune s'agenouilla en se mettant à sa hauteur pour la prendre contre elle. « Ça va aller Nami, ne t'en fait pas. » Ses mots dépassaient sa pensée. Et elle n'y croyait pas une seconde elle-même, seulement, il avait fallu qu'elle dise quelque chose. Une chose rassurante pour cette petite tête rousse sanglotante.
Elle-même ferma les yeux aussi fort qu'elle pour retenir ses larmes alors que la plus jeune gémissait dans ses bras, trempant de larmes le haut de son pyjama violet.
C'est ainsi, que les deux demoiselles se trouvèrent abandonnées de leur famille. Presque seules au milieu du monde.
OoOoO
Robin étudiait l'histoire depuis maintenant deux ans, elle passait sa licence dans les prochaines semaines quand elle tomba un jour presque par hasard, en cours sur l'Antiquité, dans le groupe de travail du premier garçon qui changea sa vision de la vie. Un jeune homme aux cheveux blonds en batailles, aux yeux rieurs, arborant le sourire discret de ceux qui préparent des magouilles dans le dos des gens. Un garçon profondément gentil et honnête, travailleur et parfois bruyant avec ses amis ou ses frères. Robin tomba sous son charme sans réellement s'en apercevoir la première fois qu'elle s'assit près de lui et qu'il lui adressa un sourire poli de circonstance. « Salut, moi c'est Sabo.
- Robin. » avait-elle répondu avec un hochement de tête léger et qu'elle jugeait propice pour éviter que la conversation ne se poursuive. Pourtant, cela ne semblait pas être de l'avis de tous, et le garçon, Sabo tenta durant les deux heures qu'ils avaient en commun d'embrayer sur d'autres sujets. Coriace et agaçant. C'est ce que Robin pensa jusqu'environ deux semaines plus tard où elle arrivait à ce fameux cours, il n'avait plus tenté de l'aborder, à la plus grande satisfaction de la jeune femme mais vint s'asseoir à ses côtés. « Salut, ça va ?
- Très bien, merci. » Il lui fit le même sourire qu'elle jugeait à la fois magnifique et désagréable. Certainement parce qu'il signifiait que durant encore deux heures, elle allait devoir supporter ses incessants assauts pour nouer un contact. Pourtant il n'en fut rien, il ne lui décrocha pas un mot et se contenta d'écouter et de noter les mots de leur professeur. Robin en fut quelque peu désarçonnée mais ne laissa rien paraître, il semblait être deux personnes totalement opposées, elle n'en dit rien.
La fin de l'heure sonna et elle rassembla ses affaires pour partir quand il l'arrêta « Excuse-moi, mais je n'ai que la seconde moitié du cours, est-ce que tu pourrais me prêter tes fiches juste le temps que je les recopie ?
- Je ne les ai pas sur moi, désolée.
- Et ça ne te dérangerait que je t'offre un verre, disons demain soir et que je te les emprunte ? »
Allez savoir ce qui pris à Robin d'accepter cette proposition. Elle qui n'appréciait que peu la compagnie des autres.
OoOoO
Le soir, elle et Nami mangeaient des pâtes dans des bols devant la télé. On aurait cru que les deux vivaient seules depuis toujours. Leur père avait quitté le domicile depuis déjà cinq mois et la vie avait repris son cour a priori normal. Comme leur père leur avait promis, aucune d'elles ne fut inquiétée par le moindre problème, ce qui attristait un peu la plus vieille, il avait donc réellement pensé à tout avant de partir. Il avait tellement bien prévu ce départ qu'il avait vraiment du en rêver. « Ça va Robin ?
- Oui.
- Tu es sûr ?
- Ne t'en fait pas, se sont juste les cours qui me fatigue un peu. Et toi, le collège, ça va ? Tu ne m'en parles plus trop…
- Ça se passe bien, ça te dérange si j'ai une copine qui vient dormir à la maison demain ?
- Pas du tout, d'ailleurs je rentrerais sûrement tard demain, ça t'évitera de rester toute seule, c'est parfait.
- Tu vas où ?
- Je dois donner des cours à un type de ma section, ce n'est rien. »
Ce n'était peut-être rien pour Robin, mais Nami se tourna vers elle en souriant, ce « type » semblait beaucoup l'intéresser. Mais la rousse n'eut jamais de réponses à ses questions, la sonnerie stridente de la porte se fit entendre. « Qui c'est ?
- Franky je suppose, il voulait passer nous voir. »
D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Robin et Franky se connaissaient. Bien qu'il soit plus vieux qu'elle de quatre ans, ils se voyaient depuis toujours. Pour la simple et bonne raison qu'avant la mort de leur mère, elle, son père et les parents de Franky avaient été de très bons amis. Si bien que la mère de Franky était devenu une sorte de seconde maman pour les deux sœurs laissées comme orphelines au décès de leur parent maternel.
En effet, il s'agissait bien de l'homme aux étonnants cheveux bleu ciel qui souriait sur le pas de la porte quand Robin lui ouvrit. Après s'être salués, il s'avança vers Nami, le nez dans son bol de nouilles pour lui tirer les joues comme il le faisait depuis sa plus petite enfance. Nami qui ne tarda pas à quitter le salon pour sa chambre en prétextant une fatigue irrationnelle et subite.
« Café ?
- Ouais, avec…
- Trois sucres et un nuage de lait.
- Ouais. »
Franky échangea un sourire complice avec son amie, qui le connaissait par cœur. Il prenait toujours son café bien trop sucré pour qu'il soit buvable jugeait Robin et elle imaginait sans mal la dépense mensuel qui devait passer dans toutes les sucreries et autres sodas dont il se gavait à longueur de journée.
« Alors, quoi de neuf ?
Eh bien, pas grand chose. La routine des cours, s'occuper de la maison, faire attention à Nami et essayer de dégager un peu de temps pour soit. Et toi ?
La même routine comme tu dis. Ma vie se résume à aller à l'atelier chaque jour et regarder le temps passer en réparant des moteurs. Je voulais te proposer de manger avec moi demain soir, Nami est évidemment invité également, si ça te dit.
- Je ne suis pas là demain, une prochaine fois avec plaisir. »
Franky se tourna vers elle, sourcils légèrement arqués, interrogateurs. Il n'était pas du tout du genre de Robin de sortir, il avait plutôt l'impression qu'elle passait ses années entre les bancs de l'école et son bureau chez elle. Il n'avait même aucun souvenir qu'elle lui ait dit une fois qu'elle était allée en soirée avec des amis ou autres. Non pas qu'il la jugeait comme une casanière pure et dure à ne jamais voir de monde extérieur, mais son amie avait toujours été d'une assiduité exemplaire à l'école, ce qui lui bouffait sans doute une partie de sa vie selon lui. Mais après tout, Franky savait pertinemment que Robin aimait étudier par dessus tout, donc pourquoi pas.
« Tu vas où ?
- Je dois donner des cours à un élève de ma classe d'Antiquité. Il m'a invité à prendre un verre. »
Un sourire franc étira les commissures du jeune homme, enfin son amie s'ouvrait au monde l'entourant.
OoOoO
Le soir approchant petit à petit, et la tête perdue dans ses notes, Robin se surprise à penser à ce qu'elle pourrait bien porter pour aller prendre ce verre. Elle se ramenait bien vite à son cour, de toutes façons, elle n'attendait rien de spécial en allant boire un verre avec un garçon de sa classe. Tout de même, l'heure fatidique approchant peu à peu, elle songeait de plus en plus au jeune homme aussi blond qu'elle brune. Cela ne lui ressemblait pas du tout d'imaginer ce genre de choses banales de jeune fille de son âge, elle ne se préoccupait que rarement du regard des autres et si elle se souciait de son apparence ce n'était que pour elle-même et pour se sentir à l'aise dans sa peau. Et pourtant, pour la première fois de sa vie, elle cherchait à savoir quel genre de vêtements pourraient bien plaire à Sabo ou quel genre de fille il aimait.
Elle abandonna l'idée de travailler après deux heures de réflexion intense sur si elle allait s'attacher les cheveux ou non.
La douche lui fit un bien fou et quand elle en sortie, il y avait de disposé sur son lit une tenue complète par les bons soins de Nami qui devait porter beaucoup d'intérêt à ce fameux rendez-vous dont elle n'avait finalement pas vraiment entendu parler. Robin fit une confiance aveugle à sa sœur et enfila les vêtements avant de se regarder dans sa glace. Ça n'allait pas si mal. La chemise noire que sa sœur avait sorti épousait sa taille à perfection et son jean bleu passait partout, ça lui allait plutôt bien de ne pas se faire trop remarquer. Elle s'approcha de son reflet en passant un coup de maquillage sur ses yeux sans trop forcer ses traits. « Détache-toi les cheveux et par pitié retire-moi tes lunettes juste pour ce soir. » Sans poser de question, Robin libéra ses cheveux et enleva sa paire de lunettes ne lui servant normalement qu'à lire mais qu'elle portait finalement à longueur de journée. « Tu es magnifique.
- Merci. »
La brune se tourna pour adresser un sourire à sa sœur lorsqu'elle remarqua qu'elle n'était pas seule. « Bonjour.
- Je te présente Vivi, on est dans la même classe. Elle dort à la maison, tu t'en souviens ?
- Oui, bien sûr. »
La petite fille aux longs cheveux bleus rappelant ceux de Franky fit un sourire et adressa un signe de tête à son aînée. A peine eut-elle le temps de dire un mot que Nami l'entraînait déjà vers sa chambre par le bras, laissant Robin seule avec une drôle d'inquiétude montant en elle pour le soir même. Soir qui arrivait plus tôt que prévu. Il était dix-huit heures, l'heure pour Robin de partir vers ce qu'elle pensait de plus en plus être une très mauvaise idée.
OoOoO
Assise dans son bus la menant jusqu'au centre même de la ville, Robin pensait à tout ce qu'elle avait eu à faire et tout ce qu'elle avait bien fait avant de partir de la maison. C'était sa manière à elle de trier ses pensées et ainsi de réussir à gérer sa vie. Donner de l'argent aux filles pour qu'elles puissent manger, fait. Ranger le salon, fait. Demander à Nami de repasser du linge, fait. Aller faire des courses, fait. Réviser les partiels… Si une chose manquait c'était bien ça. Elle se maudit de n'avoir pu travailler convenablement à cause d'un stupide garçon lui ayant adressé la parole deux fois. Et puis, après tout elle allait simplement lui donner ses cours, rien de plus. A quoi s'attendait-elle ? Ça en devenait ridicule.
« Excuse-moi, j'ai du retard. Mon frère m'a fait une scène avant que je parte. » Intérieurement, Robin bouillait et elle montra tout de même un simple sourire poli et l'excusa. La brune observa la mimique désolée de Sabo et ses yeux brillants légèrement plissé comme s'il passait son temps à rire. Une attitude qu'elle ne trouva comme adjectif que charmante. « Alors, que dirais-tu d'aller au Gargu ? Ils servent une excellente bière à la myrtille. Tu en a déjà bu ? »
Robin passait un début de soirée plus que sympathique. Sabo était réellement un garçon fort agréable, gentil, drôle, plein de vie. La demoiselle n'aurait su lui trouver le moindre défaut. Il embrayait sans mal d'un sujet à un autre, riait en racontant des anecdotes ou en écoutant celles de Robin, souriait à tout et respirait la joie de vivre. Elle eut l'impression qu'il était tout ce qui lui manquait dans sa vie. L'espace d'une soirée, elle oublia sa condition étrange à elle et sa sœur, l'absence de parents dans son foyer et tous les petits tracas de la vie habituel.
Étonnamment, ce fut le garçon même qui lui permettait de mettre tout de côté qui la ramena dans la brusque réalité.
« Tu as une sœur, c'est bien ça ?
- Oui, pourquoi ?
- Nami, je la connaît à vrai dire. C'est déjà arrivé qu'elle vienne chez moi, mon frère et elle son dans la même classe.
- Elle est venue chez toi ? Mais, elle ne m'en a jamais parlé. Et puis, pourquoi tu me dis ça ?
- Bah pour tout avouer sur le fond de ma pensée, la première fois qu'elle est venue, elle m'a simplement dit bonjour. Lorsque j'ai remarqué qu'elle était de plus en plus invitée chez nous, j'ai commencé à me renseigner un peu sur elle auprès de mes frères. Et ils m'ont expliqué que en gros, toi et moi, on est dans la même situation, plus ou moins. Puis, quand j'ai appris qu'on était dans la même université, j'ai commencé à regarder qui tu pouvais bien être. Ça m'intéressait de savoir qui tu étais. C'est quand j'ai vu ton nom dans le cours d'Antiquité que j'ai compris. »
Une lourde pierre semblait commencer à rouler dans le ventre de la jolie brune. Alors elle n'était là que parce qu'elle avait piqué la curiosité à un garçon par rapport à ses histoires de familles. Cela la blessait quelque part. Il était vrai que beaucoup de gens étaient venu lui poser des questions au sujet de sa famille et de la réalité à laquelle elle devait faire face, même des personnes dont elle ignorait jusqu'à l'existence arrivaient parfois à pour lui demander si ce que l'on racontait était vrai. Mais jamais quelqu'un n'en était venu à trouver un prétexte comme les études ou ne l'avait invité à prendre un verre pour se renseigner sur ses histoires.
« Eh bien, je suis désolée mais je vais mettre un terme à cette discussion et rentrer chez moi si ça ne te pose pas de problèmes. Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses m'offrir un verre pour confirmer des rumeurs que tu as pu entendre à notre sujet. C'est légèrement déplacé je trouve. »
Robin s'était relevée et avait déposé la monnaie pour payer sa bière et comptait partir le plus vite possible pour se plonger dans ses révisions comme elle le faisait comme à chaque fois pour échapper à la réalité. Dès qu'il vit cela, Sabo se releva aussi, et prenant l'argent qu'elle venait de poser lui rendit pour payer lui-même les deux verres.
« Attend, je ne voulais pas te blesser. C'est simplement que toi et moi sommes un peu pareil, j'aimerai sincèrement que tu passe un jours chez nous, avec Nami, tu comprendra de quoi je parle.
- Sans façon. Mais avant de partir, pourrais-tu me dire comment s'appel ce frère que ma sœur voit ?
- C'est Luffy. Mais… »
Il n'eut le temps de finir sa phrase que la brune avait déjà quitté le bar et commençait à marcher vers le métro d'un pas pressé à travers la foule. Sabo avait été vraiment très maladroit et il jura intérieurement contre sa propre bêtise.
Robin n'avait pas fait deux cents mètres qu'il la rattrapa.
« Laisse-moi au moins te raccompagner, il est tard et les rues deviennent vite malfamées dans cette ville. »
Elle ne répondit rien et le laissa la suivre jusque dans son quartier avant de lui dire qu'elle habitait à deux pas et de la laisser à présent. Au moment où elle tournait les talons, il lui donna un bout de papier avec son numéro inscrit dessus.
« Je comprends complètement que tu sois énervée ou agacée. Si tu veux que l'on se revoit, appel-moi. Et puis, si tu doute sur une chose dit-toi que si j'avais seulement voulu en savoir plus sur ta famille, jamais je ne t'aurais invité ce soir, je t'aurais juste demandé de but en blanc à la fac. Passe une bonne fin de soirée et une bonne nuit Robin. »
Quand elle franchit le seuil de sa porte, Nami et Vivi étaient en pleine reprise des chorégraphies de Grease et chantaient à tue-tête. La rousse baissa le son et avec un sourire fouineur lui demanda comment s'était passé son rendez-vous.
« On en parlera demain. Je vais travailler un peu et me coucher. N'allez pas au lit trop tard les filles, bonne soirée.
- On t'a gardé un peu de pizza si tu veux.
- Merci, Vivi. »
Robin emmena la boîte dans sa chambre et finalement, plancha sur ses cours, juste le temps d'avaler une part. Et ne cessant de retourner la soirée dans sa tête alla se coucher.
OoOoO
La semaine qui suivit, Robin ne cessa de regarder le papier accroché à son mur, le numéro de Sabo écrit dessus. Si bien qu'elle finit par le mémoriser. Et lorsque lasse de le voir tout les jours et de se torturer l'esprit elle le jeta sous une pile de livre, les chiffres dansaient toujours dans sa tête. Elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle avait peut-être réagit un peu précipitamment et elle qui ne comprenait pas ses filles se prenant la tête pour un rien, devenait de plus en plus comme elle.
Alors, le samedi, après s'être torturé l'esprit toute la semaine, elle commença à écrire un message pour lui envoyer, fatidiquement, elle se demanda comment tourner les mots, la phrase pour finalement appuyer sur la touche « Envoyez » Dans les trente secondes suivante, elle avait une réponse. « On vous attend pour manger avec nous ce soir, Nami sait comment venir, ou je peux venir vous chercher en voiture si tu préfère » « Nous allons nous débrouiller, merci » « Vous aimez les omelettes au bœuf ? »
« Nami, tu peux venir deux minutes s'il te plaît ?
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Habille-toi, on sort. Tu te souviens comment aller chez ton ami Luffy ? »
« Les gars, vous avez intérêt à vous tenir bien.
- Pourquoi ? Nami c'est ma copine, j'ai pas besoin d'être éduqué avec elle !
- C'est pas que ta copine, c'est la mienne aussi, Luffy !
- Eh ! C'est dans ma classe qu'elle est, pas dans la tienne !
- Et alors ? Ça change rien ! C'est autant ton amie que la mienne.
- Même pas vrai ! Sans moi tu la connaîtrais pas !
- Arrête de faire le gamin, Luffy !
- Sabo, Ace est méchant !
- Silence ! Vous êtes énervants. Et ce dîner doit bien se passer, alors pas de bêtises. »
Sabo avait revêtu un tablier à fleurs violettes et roses et brandissait une spatule vers deux garçons plus jeunes. Le plus grand des deux tirait les cheveux du plus petit et celui tentait de lui donner des coups de pieds dans les tibias en y parvenant pas. Ils étaient tout les deux bruns et presque semblable, hormis le plus vieux, Ace qui avait le visage parsemé de tâches de rousseurs alors que le plus jeune avait la peau lisse hormis une légère cicatrice juste sous l'œil gauche. Celui-ci, Luffy s'échappa de l'étreinte de son frère et couru dans l'appartement jusqu'aux chambres, Ace restait dans la cuisine quelques instants de plus, observant Sabo remuer des œufs dans un saladier.
« Dit, Sabo…
- Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
- Elle est mignonne la sœur de Nami ?
- Très, mais elle est beaucoup trop vielle pour toi.
- C'est la brune des photos que tu regardais la dernière fois ?
- Comment tu sais ça toi ? Tu m'espionne ?
- T'es pas très discret et tu avais laissé ton ordinateur ouvert.
- Tu n'as pas intérêt d'en parler, sinon tu risque…
- Ok, t'inquiète. Je lui dirait pas.
- File ranger le salon avec Luffy s'il te plaît. Et, Ace, ça serait vraiment super sympa que vous fassiez en sorte que la soirée se passe bien. »
Le petit brun s'éclipsa un sourire aux lèvres. Son frère blond semblait s'être amouraché d'une fille bien jolie.
OoOoO
Sabo avait eut raison, Robin fut enchantée de rencontrer des gens dans la même situation qu'elle. Des orphelins de circonstances. Sabo, Ace et Luffy n'était pas de réels frères mais ils avaient été élevé tout comme, leur parents respectif les avaient laissé sous la bonne garde d'une femme, une certaine Dadan qui avant de quitter ce monde c'était occupé d'eux pendant quelque années. Son travail l'y obligeant, elle quittait fréquemment le pays pour de longues périodes, jusqu'au jour où elle ne revint pas. D'après Sabo, cela faisait cinq ans qu'elle n'avait pas donné de signe de vie, et les trois frères la considérait comme morte. Ils en avaient certes été très attristés, mais le credo qu'on leur avait inculqué était de toujours aller de l'avant et de ne jamais se laisser rattraper par le passé. Robin ne le montra pas, mais elle fut touchée par ces mots, c'était la même devise sous laquelle elle et Nami avaient été élevé depuis toute petite.
« Un café ?
- Avec plaisir. »
Finalement, Robin se retrouvait un peu désorientée, Sabo était un garçon absolument charmant, exactement ce qu'elle avait pensé de lui au début, cependant, elle restait quelque peu sur la réserve, il était hors de question qu'elle se retrouve à placer des espoir en quelqu'un pour s'en retrouver déçue ensuite.
A l'heure actuelle pourtant, elle ne voyait ici qu'une fratrie joyeuse et rigolote, bruyante et un peu déjantée. En songeant au bruit qu'il y avait eu toute la soirée et qui ne régnait plus, Robin tourna la tête vers le salon où Ace, Luffy et Nami avaient décidé de regarder un film une demie heure auparavant après avoir mis sans dessus dessous le salon à inventer les jeux les plus étranges possible. Ils s'étaient tous les trois endormis profondément. Un sourire écarta les commissures de Robin en voyant le visage paisible de Nami reposant sur l'épaule d'Ace et Luffy qui bavait légèrement sur le tee-shirt de Nami sa tête posée sur le ventre de la petite.
Sabo déposa deux tasse de café et du sucre sur la table avant de se diriger vers le salon ou il déplia le canapé lit pour que les trois garnements soit mieux installés puis les recouvrit chacun d'une couverture sortie d'un coffre.
« Ils sont tellement plus agréables comme ça. C'est en général le moment le plus reposant de ma journée.
- Je comprends bien de quoi tu parles pour les avoir vu seulement ce soir.
- Et encore, là ils étaient moins dans mes pattes vu que Nami était là. Sinon, c'est moi le gendarme… Rien que tout à l'heure quand je leur ai dit que vous veniez, ils commençaient à se battre pour savoir qui était l'ami de Nami. »
Robin ria légèrement et bu une tasse de café.
« Merci pour cette invitation, c'était très sympa. La prochaine fois vous n'aurez qu'à venir chez nous.
- Ça sera avec joie !
- Du coup, je dois m'excuser pour la dernière fois, d'être partie comme ça. Quand tu as aborda le sujet de ma famille… J'ai cru que tu n'étais qu'un rapace de plus cherchant des réponses et des potins à raconter.
- Tu n'as pas du tout à t'excuser. Je vois très bien de quoi il est question, les gens ont du te poser un tas de questions déplacées.
- En effet. »
Il y eut un silence entre eux entre coupé de la télévision, tout deux le regard perdu sur leurs petits frères ou leur petite sœur.
« Si tu veux, tu peux dormir ici ce soir, il n'y a pas de problème. Nami a déjà commencé sa nuit et vu que les garçons dorment sur le canapé, il y a deux lits de libres.
- Oh, je vais plutôt rentrer je pense.
- C'est comme tu veux, je vais te raccompagner dans ce cas. Tu n'as qu'à laissé Nami dormir ici, je la ramènerais demain en voiture. Mais pour ce soir, j'ai un peu trop bu pour conduire.
- Ne te dérange pas, je peux encore rentrer toute seule.
- Je ne vais certainement pas laisser une jeune fille rentrer seule à deux heures du matin.
- Il est déjà deux heures ?
- Eh oui. »
La jolie brune était à peine allongée dans son lit qu'elle écrivait un message à Sabo pour le remercier une nouvelle fois pour le repas et pour l'avoir raccompagné jusqu'à chez elle et aussi pour le prier de lui envoyer un message dès qu'il serait rentré chez lui.
Ils cessèrent de s'envoyer des messages à six heures du matin, soit trois heures après s'être quitté.
OoOoO
Cette année-là, Noël s'annonçait fantastique pour eux. Ils le passeraient à cinq, dans la maison de Robin et Nami, en compagnie des trois frères. Cela faisait environs six ou sept mois que Sabo et Robin étaient enfin ensemble après avoir été chacun poussés par leur famille respective pour enfin passer le cap de ce qu'ils présentaient comme une amitié basée sur des sentiments bien plus qu'amical. Il fallut attendre pourtant longtemps pour qu'ils se décident à se dévoiler, et c'est lors d'un énième repas chez les garçons que Sabo, peut-être un peu sous l'effet de l'alcool bu pendant le dîner avec Robin, avec un geste complètement gauche et montrant bien à quel point il n'était pas à l'aise avec tout ça, embrassa maladroitement la brune alors qu'elle était en plein dans une phrase et regardait ailleurs. Sans parler des trois autres qui à ce moment avaient débarqué dans la cuisine pour tourner autour de la table en criant des « ENFIN » à tout va. Tout avait donc réellement commencé ici, et ils allaient enfin passer leur premier Noël ensemble, après une concertation et être certain qu'aucun ne serait dérangé par la situation. Aucun n'en était dérangé. Luffy et Nami ressemblait aux meilleurs amis du monde par excellence, Sabo et Robin avait l'air de s'aimer plus que leur propre vie, seul Ace était peut-être un peu rejeté de la situation, pourtant Nami faisait des efforts pour le voir, qu'il sorte mais leur amitié semblait s'être fragilisée avec le temps et son passage au lycée l'avait indéniablement éloigné de son frère et de la petite rousse.
Le temps arrangerait peut-être les choses. Mais la vie continuait malgré tout, les années passaient de plus en plus vite.
Robin et Sabo commencèrent peu à peu à regarder de plus en plus près des annoncent pour se prendre un appartement tous les deux. Robin passa bientôt et obtint son doctorat d'historienne et publia ses deux premiers ouvrages dédiés à ses travaux. Sabo abandonna la fac après sa deuxième année et enchaîna les petits boulots pour enfin trouver un job tranquille comme vendeur dans une boutique de musique, où il devint après quelques temps son propre patron lorsque celui le précédant quitta la vie active pour une petite retraite paisible.
Ace quitta la ville, et même le pays, s'engageant en tant que militaire. Ne sachant pas trop quoi faire de sa vie, il se promit de revenir après un service rendu à l'armée de deux ans pour reprendre des études et trouver quoi faire.
Quant à Nami et Luffy, ils entrèrent au lycée, si Nami réussit chacune de ses épreuves avec succès, Luffy échoua et quitta l'école pour retenter sa chance l'année suivante aux prochains examens, il travailla pendant un an dans la boutique de Sabo à vendre des instruments de musique, ce qui lui plu plutôt bien. Le jeune homme n'avait jamais été très habile de ses mains ni très habile tout court, pourtant, lorsqu'il se mit à jouer de la guitare, il se découvrit et étonnant talent et lorsque vint le moment de choisir que faire de son avenir, il décida d'entrer en musicologie.
La question de l'appartement que recherchait Sabo et Robin fut réglée un jour alors qu'eux et Nami et Luffy se retrouvaient à manger ensemble chez les filles, les deux plus jeunes avaient à présent dix-neuf ans, et leurs aînés vingt-sept ou vingt-huit. Nami en avait discuté avec Luffy, ils trouvaient tous deux la situation ridicule, les deux amoureux ne vivaient pas ensemble malgré que Sabo passait sa vie chez Robin depuis à peu près six ou sept ans. Mais rien n'avait encore été officiel, ce qui devenait désespérant ou pathétique selon les points de vues. C'est donc cette soirée là que Nami posa ses mains sur la table et se releva pour déclarer d'une voix qu'elle voulait ridiculement solennel.
« Ma chère sœur, mon cher demi-frère, Luffy et moi avons une chose de la plus haute importance à vous dire. »
Chose à laquelle Nami ne s'attendit pas le visage de Sabo devint un mélange de décomposition, d'ahurissement et de joie étrange.
« Attends, ne dit rien ! Luffy, dit-moi que vous allez enfin vous décider à vous mettre ensemble tous les deux. »
Nami devint cramoisie et Luffy éclata de son rire bruyant et contagieux habituel, la rousse n'y échappa pas et se mit elle aussi à rire aux éclats.
« Nan, c'est juste qu'avec Nami on a décidé qu'elle emménagerait à l'appart avec moi et puis toi, tu reste ici avec Robin !
- Ah, ben heu, on va en discuter mais c'est un peu soudain et faut qu'on en parle ensemble…
- C'est tout vu Sabo, ils ont bien raison, et puis de toutes façons on va juste changer les noms sur les boîtes aux lettres hein, rien de plus, le reste sera pareil. »
Et c'est ainsi que trois mois plus tard, Robin attendait un enfant. Mais c'est aussi comme ça que l'amitié de Luffy et Nami prit une nouvelle dimension. Celle de la colocation.
OoOoO
Nami rentrait des cours comme d'habitude exténuée. Sa journée avait commencé à huit et son prof de droit contemporain lui avait soufflé son haleine fétide en plein visage alors qu'elle lui avait fait une remarque sur son travail qui lui avait déplu. Jusqu'au repas elle avait enduré bon nombre de remarques déplacé du professeur de juridique sur son décolleté lors d'un TD, puis alors qu'elle mangeait un fast-food en tête à tête avec Vivi et son petit ami, Kohza, elle s'était renversée son soda sur sa chemise blanche et avait donc fini l'après-midi en pull malgré la chaleur accablante du printemps qui arrivait top tôt à son goût. L'après-midi, parlons-en, elle s'était tout d'abord retrouvée coincée aux côtés d'un type qui lorgnait un peu trop sur ses cuisses dénudées puis avait fait tomber son trieur dans l'amphithéâtre, mélangeant absolument toutes ses feuilles les unes aux autres. Et pour clore le tout, sa ligne de bus à destination de son appartement avait été bloquée par une manifestation luttant contre l'augmentation du prix des produits fermiers. Une heure et demie de marche plus tard, elle passait la porte avec la seule envie de se vautrer dans le canapé et de zapper sur des chaînes débiles. En plus, avec un peu de chance, Luffy accepterait de leur faire un truc à manger ou de livrer une pizza. Oui, une pizza serait parfaite.
Loupé.
« Ah ! Nami ! Ben je croyais que tu finissais tôt le mardi ? Pourquoi t'es là que maintenant ? Viens, faut que je te présente aux autres ! »
La simple mention des ces « autres » fit monter les larmes aux yeux de Nami. Non, elle n'avait vraiment pas envie de rencontrer de nouvelles personnes maintenant avec sa queue de chevale défaite, transpirante de sueur, la chemise tachée de soda et son collant déchiré à cause de la fermeture éclaire de son sac qui s'était prise dedans une des mailles et qui avait tout filé pendant qu'elle marchait.
« Yo, c'est toi Nami ? Enchanté, moi c'est Usopp. Sympa votre appart, tu as passé une bonne journée ? Luffy nous a vachement parlé de toi !
- Zoro.
- Nami, je te présente Usopp et Zoro ! Usopp est dans les mêmes cours que moi et Zoro s'était paumé dans la fac, du coup il est venu avec nous en cours. Je les ai invité à prendre un verre. Ça te dérange pas j'espère ? Tu veux boire quoi ?
- Rien du tout Luffy, je vais prendre une douche et me coucher. »
Le regard de Luffy devinrent faussement larmoyants. La rousse connaissait par cœur ce coup là et elle n'y céda pas, lui assénant juste une légère tape derrière la tête. Elle commençait à quitter le salon en souhaitant une bonne soirée aux garçons quand Luffy débuta tout un cinéma pour qu'elle se joigne à eux au moins pour trinquer.
« Ok, juste pour un verre. Mais par pitié, laisse-moi d'abord prendre une douche.
- Pas de problème, fait comme chez toi !
- Je suis chez moi, crétin. »
La jeune fille s'éclipsa et immédiatement Usopp sauta sur Luffy.
« C'est ta copine ?
- Nami ? Shihihi ! Non ! C'est une super amie !
- Ah ouais ? Ben, foi du grand Usopp, on ne dirait pas !
- Lâche-le Usopp, on dirait une sorcière cette fille. T'approche pas trop, mec. C'est toujours un nid à embrouille les nanas.
- T'es un peu gay Zoro non ?
- Qu'est-ce que ça peut te foutre long pif ? »
OoOoO
Luffy s'était endormi sur le canapé, la télé allumée projetait des couleurs sur son visage quand Nami poussa la porte qui menait du couloir des chambres au salon, ses longs cheveux roux tenaient au moyen de deux crayons entre mêlés et sur ses épaules il y avait sa couverture de lit pour lui tenir chaud qui traînait par terre.
« Luffy ? »
Elle s'approcha pour le voir ronflant et dormant aussi profondément que possible. Nami tira sur sa joue pour le sortir de ses songes et qu'il aille dans son lit, cela serait plus confortable.
« Luffy, réveille -toi.
- Hmgrm. »
Ce fut la seule réponse qu'elle obtint, lasse, elle déplia le canapé pour qu'il devienne un lit et elle s'installa à ses côtés sur le matelas en recouvrant son ami avec sa couette, il sembla apprécier et s'enroula dedans, agacée, Nami le poussa pour récupérer son bien, un peu trop fort et il tomba au sol, le choc le réveillant. La rousse s'était mise à genoux pour le regarder par terre, elle ne réprima pas son rire devant la tête ahurie et perdue de Luffy qui se mit également à rire devant la situation.
« J'ai fait quoi cette fois ?
- T'as pris tout le drap.
- Je peux en ravoir un peu ? »
Comme lorsqu'ils étaient enfants, ils s'allongèrent côtes à côtes, attendant le sommeil.
"Nami ?
- Hm ?
- Tu penses qu'il reviendra quand Ace ?
- Je n'en ai aucune idée, Luffy.
- J'espère bientôt. Il me manque beaucoup quand même.
- A moi aussi, mais moins qu'à toi, c'est certain.
- Ça fait quatre ans qu'il n'est pas revenu. C'est long. »
Un silence s'installa entre eux, Nami ne trouvant rien à répondre à ça et commençant à se laisser emporter par le sommeil. Au contraire de Luffy qui, bien éveillé, avait le cerveau qui tournait à cent à l'heure.
« Dit Nami ?
- Quoi ?
- T'as pas une petite faim ?
- Tu proposes quoi à manger ?
- J'ai envie d'un kebab.
- Il est quelle heure ?
- Minuit et demi.
- Habille-toi, ils sont encore ouverts en bas. »
Leur nourriture dans des sacs, ils remontèrent s'installer sur le canapé, emmitouflé chacun dans sa couverture à regarder un dessin animé. De vrais grands enfants. Finalement, leurs vies n'avaient pas tant évolué que ça depuis leur rencontre. C'est ce à quoi pensait Luffy, mais il se trompait et s'en rendit compte deux semaines après, le samedi soir.
OoOoO
Nami était sortie en ville avec des amis autres que lui, et il en avait profité pour inviter sa propre petite bande de copains de fac chez eux le soir. La rousse avait promis de rentrer, il lui avait même fait jurer longtemps auparavant alors qu'elle commençait à sortir avec d'autres amis que lui que si elle avait le moindre problème à la moindre heure, elle devait l'appeler, qu'il viendrait la chercher. Et pourtant ce soir-là, même s'il savait pertinemment qu'elle vivait sa vie, il était cinq heures du matin et elle n'arrivait pas. Le brun avait laissé l'équivalent de trente messages auxquels elle ne répondait pas, avait essayé de joindre des amis à elle qui soit ne répondait pas, soit lui disait qu'elle n'était pas avec elle. Il flippait. C'était bien la première fois qu'il angoissait un tant soit peu à son sujet là-dessus. Lorsque les clés cognant contre la porte se firent entendre, Luffy était devant l'entrée et ouvrit. La Nami qu'il vit était complètement ivre, ce qu'il n'avait vu que très rarement, et accompagnée, il s'effaça pour la laisser entrer et fit barrage face au type qui n'avait pas l'air bien plus vieux que lui.
« T'es qui toi ?
- Oh, Luffy, laisse-le passer ! »
Obéissant avec un certain a priori, il vit ce garçon entourer la taille de son amie pour l'embrasser, les rires saouls qu'elle émettait se turent. Et Luffy se rendit très vite compte qu'il fallait pour lui retourner dans sa chambre et ne pas en sortir avant un certain temps. Dire que la situation ne le dérangeait pas aurait été un mensonge. Mais en mettant ses écouteurs pour fermer les yeux, il songea que c'était simplement parce qu'il ne connaissait absolument pas ce type.
OoOoO
« Luffy, il faut que tu viennes. Avec Nami, on a un truc super important à vous dire à tout les deux. Du coup, mangez à la maison vendredi, d'accord ? »
Le brun relisait encore et encore le message de son frère, Sabo. Qu'est-ce qu'il pouvait bien encore leur arriver à ces deux-là. Robin était déjà enceinte, quoi de plus ?
« Je te parie tout ce que tu veux qu'ils vont se marier.
- Tu paris quoi ?
- Un, non, deux restaurant.
- Paris tenu !
- Tu es sur, Luffy?
- Yep ! Sabo nous a toujours dit que jamais il allait se marier. Donc tu me dois deux resto !
- Hm, attend vendredi et on en reparle ! »
Luffy rangea son portable après avoir répondu alors que Nami retournait un steak entrain de brûler sur le feu.
« Au fait Luffy, ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé de ça. Comment ça se passe avec les filles en ce moment ? Ça fait un bout de temps que tu as ramené une fille à la maison.
- Ouais je sais. Bah je m'en moque un peu pour l'instant, j'attends de voir venir.
- Ah, ok.
- Mais, vu qu'on parle de ça Nami…
- Hm?
- Tu pourrais me rendre un tout petit service ?
- Quel genre ?
- Ben en fait, y a une nana à la fac…
- Et ?
- Elle me lâche pas.
- Dit-lui cache.
- Déjà fait.
- Rembarre-là.
- Déjà fait aussi.
- Evite-là.
- Déjà tenté, elle me retrouve où que je sois.
- Euh…
- La dernière fois elle m'a suivi jusqu'à l'appart quand même.
- Appel les flics.
- On va peut-être pas en arriver là.
- Ouais, c'est un peu radical… Bah écoute, j'en sais rien moi. Dégage-la rapidement, qu'est-ce que je peux te dire de plus ? »
Le brun ne répondit rien dans un premier temps. Il avait déjà son idée toute trouvée que lui avait soufflé Usopp après qu'ils en aient parlé ensemble. Seulement il fallait absolument la collaboration d'une fille. Et Nami était toute trouvée pour ça.
« Tu pourrais pas te faire passer pour ma copine ? C'est juste l'histoire d'une ou deux fois hein… »
Le regard que Nami lui lança lui indiqua que l'idée ne lui plaisait pas vraiment. Mais pas vraiment du tout. Et vu qu'elle tenait une poêle brûlante contenant son steak dedans et dans l'autre une assiette, il eut pendant quelques instants très peur que l'une et l'autre ne finisse dans son visage.
« Non, mais ne fait pas cette tête-là. Je voulais juste savoir si ça t'aurais dérangé et apparemment oui donc c'est pas grave. Même si ça serait quand même super cool que tu acceptes…
- C'est nul comme technique. Tu ne veux pas plutôt faire comme si tu étais gay ?
- J'ai déjà essayé. Ça a pas marché du tout. »
La rousse esquissa un sourire en imaginant Luffy faire comme s'il était en couple avec Usopp ou même plus drôle, Zoro ou Sanji.
« S'il te plaît Nami… Je te demande pas grand chose… C'est trois fois rien et si tu veux je t'offre un kebab après ?
- Luffy… C'est super gênant ce que tu me demande là. On se connaît depuis qu'on est gamins, ça serait trop bizarre.
- Y a rien de bizarre justement, c'est comme si on faisait parti de la même famille tout les deux.
- C'est d'autant plus glauque !
- C'est rien ce que je te demande !
- Mais je n'en ai rien à foutre, demande ça à quelqu'un d'autre !
- Putain tu peux bien faire ça pour moi !
- Non, c'est hors de question ! »
Chose rare, le ton montait chez Luffy. Il n'était pas inhabituel pour Nami de pousser de temps à autre un petit coup de colère, c'était dans sa nature de parfois un peu crier contre les autres ou de s'agacer toute seule. Pour Luffy, on pouvait compter sur les doigts d'une main les fois où il avait réellement haussé la voix. Surtout envers Nami, ça devait bien être la première fois, lui qui d'habitude la calmait et faisait en sorte de ne pas entrer dans un conflit qu'il jugeait stupide avec elle.
« Tu me dois bien ça !
- Je ne te dois rien du tout au contraire !
- Ah ouais ? Alors tu vas m'expliquer qui est la fille qui ramène des mecs différents tout les week-ends et qui m'empêche de dormir dans un premier temps parce que je m'inquiète et ensuite parce qu'elle se fait baiser sur mon canapé ? J'aimerai beaucoup la rencontrer tu vois. Putain ! »
Sonnée, Nami ne répondit rien et Luffy quitta la pièce en claquant la porte pour aller dans sa chambre. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose qui ne sortit pas. En entendant ça, n'importe qui aurait penser qu'un cyclone terrible et ravageur se serait déclanché, une suite de hurlements de sa part, pourtant, elle posa simplement ce qu'elle avait dans les mains pour passer celle-ci sur son visage et empêcher ce qui ressemblait à des larmes de couler. Cela fut complètement vain, elle éclata en de bruyants sanglots.
Nami frappa doucement à la porte et il n'y eu aucune réponse.
« Je peux entrer ? »
N'entendant rien, elle poussa sur la poignée. Luffy était allongé dans son lit, les yeux fixé au plafond, ne la regardant obstinément pas. La jeune fille s'approcha et déposa un plateau ou le repas qu'elle lui avait préparé était prêt sur le sol au pied de la table de cheveux qui débordait sous un tas de disques de musiques. Certainement un peu gauchement, elle s'assit à terre, le dos posé sur le rebord du lit.
« Luffy… Je suis désolée… Je ne m'étais pas rendu compte que ça pouvait autant te gêner, je vais arrêter ça. Si tu veux bien me pardonner, je…
- Tais-toi. C'est moi qui me suis énervé pour rien.
- Disons qu'on s'excuse tous les deux dans ce cas ?
- Oui, on s'excuse.
- On s'excuse. Il y a ton repas là, si tu veux.
- Merci Nami, c'est super sympa !
- Pas de problème.
- Viens t'asseoir là, ça doit pas être super confort par terre.
- Attend dans ce cas, je reviens. »
Nami se releva rapidement et couru vers la porte pour revenir deux minutes après son propre bol repas dans la main, un vieil auto radio pour cd et un cendrier dans l'autre. Luffy lui fit un sourire.
« Comme quand on était au lycée ?
- Exactement ! »
Ils mangèrent tout les deux rapidement pendant que Luffy lui parlait musique et changeait à intervalle régulier les cd pour faire écouter de nouvelles choses à son amie qui embrasa bientôt une cigarette trop longue pour en être une véritable et d'où se dégageait une forte odeur qui ne ressemblait pas réellement à du tabac. Comme quand ils étaient au lycée, à fumer des pétards, de la musique en fond sonore et des fous rires.
OoOoO
« On a décidé de se marier ! »
Nami lança un regard satisfait à Luffy sur l'annonce de sa sœur, il lui tira la langue en réponse avant que tout deux ne les félicitent comme il était d'usage de le faire en ses circonstances.
« Quand ?
- Avant que la petite princesse ou le petit prince ne naisse. On va faire ça entre nous de toutes façons. Si vous voulez bien être nos témoins vous deux. Et puis Ace va rentrer pour l'occasion aussi, il dormira à votre appart si ça ne vous pose pas de problème…
- Aucun, on a une toujours une troisième chambre de libre !
- Ace va rentrer ? Mais… Mais c'est génial ! »
OoOoO
Luffy était intenable. Cela faisait maintenant trois semaines que Robin et Sabo avaient annoncé qu'ils aillaient enfin se marier et que Ace allait rentrer pour l'occasion et d'après ce qu'avait dit l'aîné de la fratrie il ne partirait pas de si tôt, ce qui mettait le benjamin dans un état d'excitation proche de la crise émotionnel et ce qui désespérait Nami qui le supportait tout les jours.
Mais l'heure n'était pas à ça.
Le brun attendait pour une fois silencieusement et sans faire d'actions plus ou moins étranges dans le bâtiment de droit de sa fac, ce qui n'était pas vraiment le même quartier que pour sa musicologie habituelle. Il savait pertinemment pour l'avoir aperçu au coin d'un couloir que cette demoiselle qui le collait depuis des mois l'avait suivi jusque-là. Mais cela serait bientôt fini. Grâce à Nami. N'allez pas croire qu'elle avait finalement accepté de se faire passer pour sa copine comme il l'avait dans un premier temps suggéré. Elle avait juste bien voulu laisser planer le doute sur leur relation face à elle. Et lorsqu'elle sortie de son amphi, il l'attendait avec un grand sourire et la prit dans ses bras, pas tout à fait comme le feraient deux amis, mais pas vraiment comme le feraient deux amoureux.
Plus jamais Luffy ne revit cette fille après avoir passer des semaines à faire ce petit jeu entre eux.
OoOoO
Ace arriva un jeudi soir. Il était tard et Luffy et Nami était entrain de se chamailler pour la télécommande. Le jeune homme souhaitant regarder une émission culinaire et la demoiselle préférant un reportage sur les différents tatouages au travers du monde. A vingt trois heures quatorze, quand on frappa à la porte ils s'arrêtèrent d'un coup et se regardèrent quelques instants, interrogateurs sur la nature de l'invité. Le brun avait bondi sur ses pieds pour ouvrir, même s'ils n'attendaient pas Ace maintenant, il nourrissait cet espoir secret que ce soit lui et ne fut pas déçu. Jusqu'à une heure, ils restèrent tous les trois à discuter et échanger sur les dernières années passées loin les uns des autres, arrivé à cette heure, Nami commença à se sentir de trop dans le cercle et s'éclipsa en direction de sa chambre en leur souhaitant une bonne nuit et indiquant à Ace que son lit était prêt et l'attendait toujours après tout ce temps. Une fois qu'elle eut quitté la pièce, le plus vieux laissa ses commissures se relever en un rictus nargueur vers son petit frère.
« Bon alors, soit franc, toi et Nami vous…
- Arrête-toi tout de suite. Y a rien et il n'y aura jamais rien c'est mon amie depuis toujours. Et elle ne m'intéresse pas trop, c'est trop compliqué les filles de toutes manières. Ça me saoul.
- Peut-être, mais tu ne te rends pas compte de l'avion de chasse que tu as sous ton toit.
- Tu veux une autre bière ? Ouais, elle est super jolie c'est certain, mais disons que je la connais un peu trop bien.
- Oui je veux bien merci. Comment ça ?
- Ben, elle a pas eu de mec stable depuis une éternité et elle fait que d'enchaîner les garçons le samedi soir. Tu vois de quoi je parle ?
- Elle les ramène ici ?
- Oui.
- Mais tu ne dis rien ?
- Ben je peux rien lui dire, j'ai mes potes qui squatte tout le temps moi, c'est un peu pareil…
- Si tu le dis. Donc Nami est célibataire ?
- Bah oui, je viens de te le dire.
- Hm, c'est plutôt intéressant.
- Oh non, Ace. C'est pas une bonne idée. Et puis elle voudra même pas, c'est quasiment sur.
- Pourquoi ?
- Elle n'a même pas voulu faire semblant d'être ma copine pour éloigner une meuf un peu trop collante. Alors se mettre avec quelqu'un…
- Ça c'est parce que c'est toi. Il n'est pas dit que je n'ai pas de chance. »
Luffy ne répondit rien de plus, il voulait simplement passer à une autre discussion, celle-ci l'ennuyant profondément. Mais Ace semblait vouloir clore toutes discussions, il bu sa bière d'une traite et se releva.
« Bon frangin, j'aurai bien discuté plus longtemps, mais je t'avoue que l'avion plus le train m'a achevé. Je vais pioncer, on en reparle demain. Allez, bonne nuit.
- Bonne nuit. »
L'aîné asséna une tape affective dans le dos de son frère et sortit de la pièce avec un rire, Luffy resta derrière pour débarrasser le bazar et quand il se dirigea vers sa chambre, la porte de Nami était entrouverte et de la lumière filtrait, celle d'Ace était toujours ouverte et sombre. Il soupira, cette histoire l'agaçait déjà.
OoOoO
Robin était simplement sublime dans sa robe blanche. Sa petite sœur était entrain de lui attacher un dernier ruban dans ses cheveux devenus très longs pour tenir son voile de dentelle. Elle observa son reflet quelques instants. Cette tenue la satisfaisait. Ce n'était pas trop extravagant, mais pas vraiment banal non plus, cela lui convenait à la perfection.
Elle passa une main légère sur son ventre rebondit et sentit une boule venir se coller a sa main.
« Nami, donne-moi ta main. »
La rousse se laissa faire et son regard s'illumina comme à chaque fois qu'elle sentait son neveu ou sa nièce sous sa peau, elle s'agenouilla au niveau du ventre pour chuchoter à son intention.
« Bon Zébulon, évite de faire des tiennes aujourd'hui, c'est un jour super important pour tes parents. Tu pourras gigoter autant que tu veux demain.
- Eh ben, on voit que ce n'est pas toi qui le porte ! Ne l'écoute pas, sois calme comme toujours et ça sera parfait. »
OoOoO
« Je vous déclare uni. Vous pouvez embrasser la mariée. »
Jamais l'ont eu vu un aussi beau sourire sur le visage de Sabo lorsqu'il s'approcha de Robin pour déposer le plus doux des baisers sur ses lèvres. Nami et Ace applaudissaient alors que Luffy semblait sur le bord des larmes et lorsque Nami émit un rire en l'apercevant, il essuya ses yeux brillants discrètement avant de lui tirer la langue comme un enfant.
Bien qu'il n'y eu que les amis des deux jeunes mariés pour faire la fête, étant donné qu'aucun n'avait de réelle famille sur laquelle s'appuyer, et même si Franky, qui restait le plus vieil ami de Robin était celui l'ayant accompagné à l'hôtel aux côtés de Sabo et que lui-même avait choisi d'arriver en compagnie de Nami radieuse en demoiselle d'honneur de sa sœur, la soirée fut mémorable. Néanmoins, il aurait été mensonge de dire que Robin n'eut pas une pensée pour son père disparut depuis ce qui lui semblait une éternité, elle alla même jusqu'à se demander si elle avait un souvenir concret avec ce père, si elle aurait été capable de le reconnaître dans la rue avec ses années en plus, ou même si lui aurait été en mesure de savoir qui elle était. S'il aurait été fier de ce qu'elle avait pu devenir, si elle avait été à la mesure de ce qu'il espérait d'elle. Robin se demanda même s'il avait vu son nom sur les livres qu'elle avait écrit, s'il les avait acheté, s'il les avait lu. Autant de questions auxquelles elle n'aurait certainement jamais de réponses.
On l'entoura de bras et elle sortie de sa rêverie. Nami lui fit un sourire splendide et déposa un baiser sur sa joue, elle sentait l'alcool, ses gestes étaient bien gauches en comparaison à l'ordinaire, mais Robin ne dit rien là-dessus.
« Tu es heureuse ?
- Très.
- Tu passes un beau mariage au moins ?
- Je n'aurais pas rêvé mieux.
- En tout cas, tu as la chance d'avoir un mari super mignon, super gentil, super parfait pour toi et qui sera un super papa.
- Je n'en doute pas le moins du monde. »
La plus jeune saisit une chaise et s'installa en face de Robin.
« Dit…
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il me semble que je te lai pas dit depuis que j'étais gamine, mais là, ça me semble super important.
- De quoi ?
- Tu es la chose la plu important qu'il me reste. Et je t'aime. Je t'aime plus que j'aime n'importe qui d'autre. »
La brune se pencha comme elle le pouvait avec son gros ventre et prit à son tour Nami dans ses bras en la serrant du plus forte qu'elle pouvait.
« Moi aussi je t'aime. Et je prie pour le jour où tu seras toi aussi enfin pleinement heureuse. »
Sabo finit par ramener Robin chez eux, la jeune femme étant exténuée et son ventre devenant de plus en plus lourd et difficile à porter pour elle. Les nouveaux mariés chargèrent leur deux frères ou leur sœur, c'est selon, de fermer la salle derrière eux lorsque tous les invités auraient vidé les lieux.
Ils restèrent donc jusqu'au bout de la nuit à danser, boire et s'amuser sans les deux principaux concernés, Sabo et Robin.
OoOoO
Il était environ cinq heures du matin quand Nami complètement ivre et portée par Usopp dans un état équivalent au sien, sortirent dehors prendre un peu l'air ce qui ne pouvait pas leur faire de mal, loin de là. A l'extérieur, Sanji, bon prince comme toujours donna sa veste à la demoiselle pour couvrir ses épaules nues et tremblantes, même sur le parking on entendait la musique résonner et lorsqu'un nouveau morceau démarra, Usopp prêta sa main à son amie rousse afin de la faire tournoyer avec lui sur le bitume. Entre deux éclats de rire, aucun d'eux ne remarqua la silhouette masquée dans l'ombre les observant. Personne hormis Ace qui arriva dehors au même instant, il ne réfléchit pas deux fois et se dirigea tout droit vers l'inconnu pour lui demander qui il était et ce qu'il fichait là. Il perçu nettement la forme commencer à reculer légèrement en le voyant approcher et Ace gueula un bon coup pour lui demander de rester où il était. Le cri attira l'attention de Sanji, Usopp et Nami toujours dehors et le blond se mit légèrement en avant par rapport à Nami, pour la protéger au cas où. Usopp quant à lui, se cacha derrière la demoiselle.
Ace venait de chopper la personne mais il ne parvint à discerner ses traits dans l'obscurité.
« Qui tu es ?
- Je… ça n'a pas d'importance, je vais m'en aller.
- Ça fait combien de temps que tu nous observe comme ça ?
- Je ne… Enfin, je ne faisais que passer, je…
- Te fou pas de ma gueule, tu nous fixe depuis un bout de temps la dernière fois que je suis venu dehors t'étais déjà là. Alors, t'es qui ? »
Nami s'était avancée et demanda à son ami de baisser d'un ton, ça ne servait à rien d'être autant agressif.
« Nami, ça fait au moins une heure qu'il est posté là à nous mater, faut pas trop pousser là.
- Nami ? »
L'homme avait répété le nom comme s'il le comprenait mal et porta les yeux sur la jeune femme qui pour le coup déposa le regard sur lui. Un hoquet de stupeur la secoua et ses yeux s'assombrir, toute joie et tout l'alcool qu'elle avait bu semblait avoir disparut. Sa voix hésitante et tremblante sortie comme un filet de sa bouche.
« Les gars, retournez à l'intérieur s'il vous plaît.
- Mais…
- Ace, s'il te plaît. »
Elle déposa une main sur l'épaule du brun, mais ne détourna pas les yeux de cet homme que lui n'avait jamais vu. Sanji resta également encore quelques secondes.
« Tu le connais ?
- Ouais. Je le connais, t'inquiète, j'arrive tout de suite. »
OoOoO
La vie reprenait plus ou moins vite son cour normal selon les personnes. De mémoire d'homme, Luffy avait pris la plus grosse cuite de toute son existence et il lui fallut trois jours pour s'en remettre complètement, de temps à autres, Ace se moquait de lui en rappelant ce qu'il avait pu faire le soir même et dont le cadet ne se souvenait absolument pas. Comme d'avoir « malencontreusement » volé un baiser à Vivi et de manquer de peu de se faire tuer par Kohza ayant tout vu. Ou même lorsque la jeune fille lui colla une gifle pour son geste déplacé. Sans parler que Luffy avait complètement explosé la moitié des luminaires de la salle pour « rigoler » avait-il dit sur le moment en compagnie d'Usopp.
C'est donc à chaque remarque mesquine que lui faisait son frère que Luffy envoyait un nouveau message d'excuse pour son comportement ou pour les bourdes qu'il avait pu faire ou dire sous l'influence fâcheuse de l'alcool. Le lendemain, il avait même dit que plus jamais il ne retoucherai à un verre. Promesse qu'il tint pendant quatre jours.
Si cela ne choquait pas, Nami était effacée depuis la soirée et Luffy n'avait de cesse de la questionner sur son comportement sans qu'elle ne donne de réponse claire, restant évasive sur le sujet. Ace lui se contentait de l'observer minutieusement comme s'il cherchait une poussière invisible sur son visage immaculé. Et comme réponse la jeune demoiselle fuyait complètement son regard et passait de plus en plus de temps seule à travailler, ce que Luffy ne comprenait pas vraiment, car depuis qu'il la connaissait Nami était certes très intelligente et avait toujours eu d'excellent résultats mais n'avait jamais donné comme prétexte les cours pour s'enfermer dans sa chambre avec interdiction de la déranger. Il arrivait même qu'elle loupe des repas plusieurs jours de suite. Et cela resta ainsi un bon moment. Luffy se demanda même s'il n'allait pas l'envoyer voir un médecin ou en parler à son frère et Robin, mais Ace l'en dissuada, d'ici moins d'un mois, ils devaient avoir un enfant et cela n'était peut-être pas le bon moment pour parler de Nami et de son air malade. A eux deux ils allaient quand même bien être capable de remettre la jeune fille sur pied !
OoOoO
Un soir alors que Nami rentrait d'un petit boulot où elle gardait des enfants après ses cours, pour se faire un peu d'argent, au moment où elle sortit de l'ascenseur sur son palier et tout ce qu'elle entendit furent les cris, les rires et les discussions beaucoup trop fortes dans son appartement. Tout ce boucan au fil du temps la mettait de plus en plus en pétard et lui donna envie de faire immédiatement demi-tour, de se promener cinq minutes et de revenir une fois calmée, la journée avait été longue, le bébé qu'elle gardait avait vomi sur son tee-shirt blanc qui lui avait coûté une fortune, ses cheveux autrefois attaché proprement retombaient mollement sur l'arrière de son crâne et ses cernes lui criait d'aller dormir un peu. Il était plutôt temps de rentrer, au pire elle trouverait un autre endroit où dormir ce soir pourvu qu'il y ai un peu de calme, mais ce, après une douche et des vêtements propres.
Quand elle entra chez elle, elle cru qu'elle allait fondre en larmes tellement elle n'avait pas envie de voir autant de monde et encore moins voir autant de monde dans son appartement. Zoro était vautré dans le canapé en compagnie d'Ace. Vivi courrait entre la cuisine et le salon pour aider Sanji qui cuisinait et tentait de la draguer chaque fois qu'elle apparaissait dans son champ de vision, Usopp lui répondait sans cesse que ce n'était pas le moment opportun pour cela. Luffy était assis sur le bar et ponctuait chacun de ses éclats de rire d'applaudissements en voyant Franky lui déballer certaines de ses inventions, jugées inutiles par la plupart des gens, et en expliquer les concepts, but et comment lui était venue l'idée. Marco, l'un si ce n'est le meilleur ami d'Ace franchit la porte qui menait aux autres pièces de la maison et s'installa sur le fauteuil devant la télé en compagnie des deux autres flemmards.
Le sol était maculé de divers liquides, trace de nourriture, boue, feuilles et autres, la cuisine, n'en parlons pas, Luffy avait du tenter de faire cuire une chose qui avait du atterrir sur le mur d'en face et l'évier rempli de vaisselle sale déprima d'avance Nami qui songea au moment où il faudrait les laver.
Oui, le demoiselle aux longs cheveux roux cru qu'elle allait éclater en sanglots tellement tout cela lui semblait trop banal, trop régulier et qu'elle n'avait absolument aucune envie de supporter le regard de ses amis en ce moment même.
C'est sur le seuil de sa porte, la poignée encore dans la main, qu'elle laissa tomber son sac par terre dans un fracas qui fit tourner toute les têtes vers elle, Luffy bondit du bar où il était perché pour venir vers elle avec un grand sourire. Mais Nami laissa tout en plan et tourna les talons pour redescendre tout les escaliers de ce maudit immeuble sans ascenseur. Et alors qu'elle courrait dans les marches prise dans un tourbillon de colère et de fatigue, Nami entendit au loin la voix de Luffy penché sur la rambarde appeler son prénom et la supplier de l'attendre.
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Nami marchait sans but au milieu des immeubles et voitures de sa ville où l'on ne voyait pas le ciel à cause de la fumée, des gaz malsains. Un passant marchant trop vite écrasa sa cigarette contre sa veste de jean et la bouscula avant de se presser de partir sans s'excuser, elle chassa la cendre du revers de sa main, d'habitude, elle aurait rattrapé ce charmant monsieur pour lui signaler ce qu'il venait de faire et de le sommer de s'excuser ce qui était la moindre des politesses selon elle, mais elle ne s'en sentait pas la force. Elle n'aurait pas eu le courage de ça. Tout ce qui l'importait était la sensation de brûlure sur ses yeux, au moindre battement de cil, à la moindre remarque, elle risquait de ne pas pouvoir contrôler ses pleurs. Donc elle marchait, en espérant que cette petite crise lui passerait et qu'elle pourrait afficher un sourire poli en rentrant chez elle et s'excuser d'être partie de la sorte. Pour l'heure, la jeune femme avait juste l'impression de sentir le vomi de bébé à quinze kilomètres et de ressembler à une pauvresse déambulant dans la ville. Au final, cela l'importait peu. Elle préférait de loin péter un plomb seule de son côté que devant ses amis qui seraient comme des témoins de la scène, mais aussi certainement les victimes de propos dont elle aurait des remords au moment même où les mots franchiraient ses lèvres.
Mettant un pied devant l'autre sans y prendre gare, elle arriva non loin d'un petit parc qu'elle connaissait pour y avoir été dans le cadre de la formidable discipline qu'est la course au collège. Mais l'endroit serait surtout parfait pour s'y asseoir et attendre quelques minutes que la pression retombe, et pourquoi ne pas lâcher deux trois larmes avant qu'elles ne débordent sans que personne ne la voit. Mais dans les deux minutes qui suivirent l'instant où elle posa son derrière sur un banc écarté de tout, quelqu'un l'enserra au niveau des épaules par l'arrière, si au début elle paniqua légèrement de voir un inconnu l'approcher, Nami reconnu dans l'instant les bracelets qui serraient les poignets de la nouvelle venue ainsi que la bague portée à la main droite. Et elle se laissa aller à cette étreinte qui fut finalement opportune et qui lui fit un bien fou au moral, tant de bien que les sanglots qu'elle réprimait dévalèrent ses joues en une seconde à peine. Incontrôlable et tremblante, Nami déversa tout ce qu'elle avait en elle dans les bras de Vivi dont les cheveux bleu avaient glissé de son dos et retombaient comme un rideau sur le côté droit du visage de la rousse qu'elle enfouissait dans un mélange de mains et de bras pour masquer ses pleurs.
Vivi passa s'asseoir à ses côtés et la prise un peu mieux dans ses bras, en caressant doucement ses cheveux.
« Ne t'inquiète pas ma belle, tu peux pleurer tout ce que tu veux, j'ai plein de temps devant moi. Et j'ai toujours l'oreille attentive, comme avant. »
Vivi emmena finalement Nami dans sa maison qu'elle partageait avec son père, fréquemment absent par son travail l'amenant à voyager aux quatre coins du monde. Même si elles se connaissaient depuis une dizaine d'années maintenant, Nami n'avait jamais vraiment saisit qu'elle était le véritable travail de son père et elle doutait que Vivi le sache sincèrement aussi. Ce qui était certain, par contre, c'est que ce travail payait extrêmement bien. Vivi ne se vantait pas du tout de la fortune qu'avait accumulé sa famille, se n'était pas du tout son genre, mais il était sur que tout deux vivaient très aisément, il n'y avait qu'à voir la taille de leur maison, qui aurait put être un manoir, la multitude de maisons de vacances qu'ils possédaient à travers le pays où encore le nombre incroyable de voiture dont Vivi pouvait disposer quand elle an avait envie. Lorsqu'elles étaient encore petites, Nami se souvint que la première fois qu'elle était venu elle avait profondément envié la situation de son amie, la multitude de jouets qu'elle possédaient, la taille de la piscine et tant d'autres choses fantastiques, mais en grandissant, ce rêve d'avoir ce qu'avait Vivi ne lui plaisait plus en s'apercevant que la petite avait été élevé par des nourrices et que la seule compagnie qu'elle avait petite était celle de personnes payées pour s'occuper d'elle. Même avec ça, Vivi était toujours restée une personne souriante, incroyablement gentille et en plus de ça, plus le temps passait, plus elle devenait jolie aux yeux de Nami. C'était simple, pour la rousse, la jeune fille n'avait aucun défaut et cela allait jusqu'à l'agacer parfois, Nami ayant ce côté de devoir s'engueuler avec les gens pour mieux saisir à quel point elle avait besoin d'eux et combien elle les aimait.
Après l'avoir déposé dans son palace, Vivi insista pour retourner seule à l'appartement de Nami pour récupérer les affaires dont elle avait besoin, le tout après avoir mit à couler un bain dans l'immense baignoire pour la rousse. Lorsque Vivi revint, elle entra dans la salle d'eau sans rien demander, et s'invita dans la baignoire qui aurait pu contenir trois personnes de plus, en mettant en marche des jets d'eau faisant du bain un jacuzzi.
Elles passèrent l'une de leur meilleure soirée ensemble, à discuter, manger des cochonneries en critiquant telle ou telle personne de leur entourage, avoir des fous rires pour tout et n'importe quoi… Une soirée entre filles banale. Vivi n'aborda pas du tout pourquoi son amie avait l'air complètement à côté de la plaque depuis des semaines, ni la raison de sa crise de larmes et encore son look de zombie.
Quand Nami retourna chez elle le lendemain, tout avait été nettoyé, l'appartement était vide et un mot disait que les deux frères étaient partis faire des courses. En entrant dans sa chambre, Nami y trouva son sac de cours posé sur son lit qui avait été fait et sa chambre qu'elle avait laissé pleine de papiers, vêtements au sol avait été rangé. Elle remercierait les garçons quand ils seraient de retour, mais pour l'heure elle s'allongea sur son matelas et senti un papier sous sa tête qu'elle prit « On a rien fouillé, on a juste rangé ce qu'on pouvait pour t'aider un peu » L'écriture brouillon de Luffy avec quelques fautes et l'intention la firent sourire. Allongée, elle sombra dans un sommeil profond sans le demander.
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Il devait être trois ou peut-être quatre heures du matin. Luffy allait au bar pour reprendre une boisson qui lui coûterait un bras, Nami dansait au milieu de la foule depuis environ deux heures en compagnie de Vivi et Ace. Les deux mains prisent par des verres, dont un qu'il tendit à Usopp, Luffy retourna s'asseoir sur une banquette avec Zoro, son ami au long nez et Marco, c'était plutôt rare que Luffy et ses amis se joignent à la petite bande de Nami pour leur soirées, ils n'aimaient pas spécialement sortir en ville le soir, et encore moins allez en boîte de nuit comme Nami le faisait extrêmement souvent avec ses amis de la fac. Mais Luffy avait vivement souhaité les accompagner pour cette fois, il se souciait pour Nami et craignait qu'elle ne fasse une dépression nerveuse à cause de cours et de lui. Le jeune homme faisait tellement attention à son amie rousse qu'il en devenait parfois franchement agaçant, Nami lui pardonnait sans mal et ne lui disait pas, après tout, il ne voulait que son bien, même s'il s'y prenait vraiment mal. Pour exemple, la dernière fois Luffy avait fait cuire un poulet pour lui et Ace, il avait été jusqu'à réveiller Nami pour lui dire qu'il avait fait tout seul la cuisine et lui demander si elle en voulait. Naturellement, il avait donc insisté auprès de tout le monde pour venir avec elle ce soir, c'était Zoro qui était le moins dans son élément, le bruit, la chaleur et surtout les gens beaucoup trop nombreux, lui donnait envie de tuer tout le monde. Usopp n'était pas non plus le plus à l'aise, lui préférant de loin rester dans une ambiance « calme » avec ses amis pour discuter et faire des blagues ou encore faire des jeux avec eux. Par contre, celui qui était le plus heureux d'être ici devait être Sanji. Sanji qui depuis qu'il était arrivé s'approchait et faisait des déclarations d'amour à tout ce qui bougeait avec une poitrine.
Luffy n'était pas spécialement gêné par l'ambiance oppressante, mais ce soir-là il n'avait aucune envie de danser, il l'admettait sans mal. En plus, il avait perdu de son champ de vision les visages d'Ace, Vivi et Nami dans la masse de gens.
Au moment où il les cherchait à nouveau, quelle ne fut pas sa surprise en apercevant son amie rousse assise pas si loin deux, à environ trois ou quatre table, elle n'était pas seule, un type qu'il n'avait jamais vu lui parlait à l'oreille pour couvrir la musique et de temps à autres ses épaules se secouaient pour montrer qu'elle riait avec lui. la seule chose que pensa Luffy fut « Encore un. Bon bah ce soir, c'est bouclage dans ma chambre, on va peut-être rentrer maintenant du coup. » Ace arriva au même moment et suivi le regard de son frère pour voir comme lui et lui dire ce à quoi Luffy pensait à l'instant, soit, qu'il était peut-être temps de rentrer. Mais dans les plans d'Ace, il n'avait pas simplement rentrer comme ça, il y avait aussi ramener Nami avec eux, ce qui pour Luffy n'entrait pas en ligne de compte. C'est quand il vit son grand frère se diriger vers la jolie rouquine qu'il comprit ce qu'il comptait faire. Il faillit le retenir et lui dire que ce qu'elle faisait n'était pas du tout ses affaires mais ne dit rien, si Nami pouvait cesser cette manie de coucher à droite à gauche avec des gens qu'elle connaissait à peine, cela l'arrangeait. Mais il n'avait jamais rien dit. Nami faisait ce qu'elle voulait avec qui elle voulait, cela lui semblait normal. Et puis, elle était jeune, jolie et séduisante, il fallait qu'elle profite de tout ça maintenant, qu'elle s'amuse pendant qu'elle le pouvait. Ça ne serait pas lorsqu'elle aurait un copain et des enfants qu'elle pourrait sortir comme ça, faire ce que bon lui semblait avec qui elle voulait.
Luffy savait pourtant une chose, le fait qu'Ace aille la voir comme ça pour qu'elle rentre immédiatement, ça n'allait pas lui plaire du tout à la jeune demoiselle. Il imagina déjà comment son frère allait se faire rembarrer sévèrement et les jours prochains où la jeune fille lui rappellerait sans doute qu'il avait été chiant et qu'il n'avait pas à faire ça.
Contre toutes ses attentes, il vit Ace dire quelques mots à Nami et celle-ci se relever pour lui suivre avec un signe de main pour le garçon avec la mine déconfite, qu'elle le quitte de cette façon, auquel elle parlait.
Le retour se fit dans le silence, Vivi insista pour qu'ils rentrent en taxi vu que Nami avait vraiment beaucoup bu et marchait à peine droit. Ils lui promirent de la rembourser dès que possible (ce qu'elle refusa catégoriquement) et montèrent dans la voiture. Sanji, bon prince comme toujours raccompagna la demoiselle aux cheveux bleu jusque chez elle, près d'ici, et Zoro et Usopp décidèrent d'aller boire un verre avant de rentrer, Marco fini par se joindre à eux.
Presque immédiatement après que la voiture eut démarrée, Nami sombra dans un profond sommeil et les deux frères regardèrent la tête rousse de la jeune fille rouler sur sa poitrine et de temps à autre pencher d'un côté ou de l'autre des deux épaules en fonctions de la route.
« Je pensais qu'elle allait t'envoyer bouler quand tu irais la voir.
- Moi aussi. Mais c'est mieux qu'elle rentre, un jour il lui arrivera une connerie en continuant comme ça.
- Ouais, c'est le truc qui me fait le plus peur quand elle sort comme ça et qu'elle rentre toute seule à l'appart. Enfin du coup, elle rentre rarement seule, mais bon, c'est quand même pas super.
- Elle ne boit pas autant quand même lorsqu'elle y va seule ?
- Bah si. Parfois elle rentre dans des états pires.
- Ben maintenant que je suis là, c'est fini ça. C'est hors de question qu'elle fasse ce genre de trucs.
- Laisse-la vivre, non ?
- Pas vivre de cette manière non. Y a mille façons de s'éclater, mais ça, c'est juste débile et dangereux.
- Calme-toi Ace. Elle peut encore faire ce qu'elle a envie, elle est grande maintenant hein.
- Ça change pas que si tu l'avais un peu empêchée de faire n'importe quoi on en serait pas là.
- Comment ça ?
- Je dis juste qu'elle n'a pas une vie super saine et que tu aurais pu éviter ça.
- Me reproche pas des trucs dont je suis pas responsable.
- Mais Luffy, si tu avais été plus attentif, t'aurais pu l'aider.
- Bah dans ce cas, t'avais qu'à rester avec nous, tu l'aurais aider toi qui sais si bien quoi faire quand tes meilleurs amis partent en couille. »
Le ton montait de plus en plus, le conducteur du taxi fini par s'arrêter et leur demanda de quitter le véhicule, qu'il était hors de question que les deux hommes règlent leurs comptes sur sa banquette. En jurant, ils sortirent se reprochant l'un et l'autre ce qui leur arrivait.
Ace, ne parvenant pas à réveiller Nami qui poussait simplement des grognements mécontents qu'on l'importune dans un tel moment, décida de prendre la jeune fille ivre sur son dos pour la ramener, de toute façon, elle ne pesait pas bien lourd.
La suite du voyage se fit dans un silence pesant, les deux hommes profondément énervés par l'autre.
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Une nuit alors que tous dormaient profondément, le portable de Luffy sonna. Celui-ci, évidemment, ne se réveilla pas, mais la persistance de la sonnerie et le vibrement incessant du téléphone sortit Nami des rêves, un brun de mauvaise humeur d'avoir été arraché à son sommeil de cette manière elle entra en fracas dans la chambre de son ami et lui assena un tel coup de pied qu'il en tomba de son lit, ce qui finalement le réveilla.
« Putain, qu'est-ce que tu veux ? »
Nami, en furie, lui jeta son téléphone, qui ne cessait de sonner, au visage en lui hurlant dessus qu'il était trois heures du matin, qu'elle avait cours le lendemain et qu'en plus il fallait que « ce crétin de Luffy ait un con l'appelant à cette heure impossible » C'est en le disant que Nami se rendit compte des mots qu'elle venait de prononcer. Qui pouvait appeler comme ça ? Surtout en semaine de cette façon, il y avait au final très peu de chance que se soit l'un de ses amis complètement bourré souhaitant lui parler, et en plus, personne n'était aussi insistant sauf si les circonstances le nécessitaient.
Tout deux semblèrent le comprendre et leur regards descendirent immédiatement sur l'écran allumé signalant un nouvel appel, la photo immonde que Luffy avait mis sur le contact de son frère, Sabo, s'affichait. Luffy bondit sur l'appareil et décrocha alors que Nami lui disait de mettre immédiatement en haut parleur pour qu'elle entende. Il était évident que la raison de l'appel concernait leur petite nièce ou neveu. Au moment où il décrochait et actionnait le haut-parleur comme Nami le demandait, Ace entra dans la pièce pour demander pourquoi y avait-il tant de bordel à cette heure tardive, la voix brisée de Sabo qu'ils devinèrent tous entrain de pleurer de l'autre côté de l'appareil leur parvint.
« Jsuis papa… Luffy ? Jsuis papa, ça y est… Tu m'entends ? Robin vient d'accoucher, jsuis papa… »
Il déblatéra ainsi pendant deux bonnes minutes tendis que les trois autres se regardaient en chiens de faïences jusqu'au moment où Luffy se mit à crier de joie en répondant à Sabo sanglotant dans l'hôpital. Ace avec un grand sourire s'approcha de Nami qui essuyait une larme de joie pour la serrer dans ses bras et la faire voler en tournoyant. Luffy raccrocha le téléphone en disant qu'ils arrivaient tout de suite et s'invita dans l'étreinte, les faisant tous tomber par terre dans un éclat de rire.
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« C'est le plus beau bébé que j'ai jamais vu !
- Oui, mais tu en a vu beaucoup des bébés ?
- Non c'est le seul, mais…
- Taisez-vous, regardez, il ouvre les yeux !
- Oh les jolis yeux bleus…
- Tait-toi, tu vas lui faire peur.
- Nami ...
- Et puis écartez-vous ! S'il voit vos têtes d'aussi près il va paniquer ! »
Robin esquissa un sourire mais ses yeux semblaient la supplier de la laisser les fermer pour dormir un peu et récupérer de l'épreuve qu'elle venait de subir. Oui, une épreuve était le juste terme. La brune avait l'impression que tout son corps hurlait de douleur et fumait tellement elle avait eu chaud et mal. Sabo lui déposa un doux baiser sur le front en lui caressant lentement les cheveux. Jamais il n'aurait cru ressentir autant de joie et d'amour en même temps, c'était bien plus que ça encore, mais aucun mot n'aurait été en mesure d'expliquer ce qui se passait en lui pour le moment. Tout autour de lui était magnifique et ses yeux étaient encore rougis par les larmes de bonheur qu'il n'avait pas pu contrôler.
Tout était absolument parfait. Il était enfin père de la plus belle petite fille au monde (selon lui), avait une épouse magnifique et merveilleuse avec laquelle il aurait souhaité passer l'éternité, et maintenant, un petit bout de fille qu'il pourrait aimer sans condition, à qui il apprendrait un tas de chose, à qui il donnerait tout l'amour que lui n'avait pas eu de son père. Et chose certaine Robin serait comme lui, avide de la chérir, de lui offrir tout ce qu'elle n'avait que peu eu.
Déjà il s'imaginait l'emmener pour la première fois à la piscine ou au zoo, la voir s'émerveiller de petites choses qui pour lui seraient superficielles ou banales. Il avait hâte de la voir courir, rire aux éclats. Il voulait déjà qu'elle ait huit ou neuf ans pour passer des dimanches à regarder des films en pyjama en mangeant exclusivement des bonbons et gâteaux avec la pluie dehors. La voir apprendre peu à peu la vie. Pouvoir apercevoir ses yeux brillants de bonheur en voyant les cadeaux de Noël au pied du sapin, où quand Robin et lui offrirait un petit chien dès qu'ils pourraient se permettre de déménager.
Oui, Sabo voulait lui offrir une vie sublime ponctuée de petites joies et de bonheur intense.
Sa seule ambition pour l'heure étant de l'aimer plus que tout et de ne jamais la voir pleurer.
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Les semaines passèrent à une vitesse folle par la suite. Tout le monde enchaîna sa vie comme une suite logique, travail, fac, révisions, derniers partiels, résultats, sommeil, bébé, soirée, gueule de bois, à nouveau du travail, musique, film de temps en temps pour changer d'air…
C'était bien simple, Luffy avait l'impression qu'il n'aurait jamais son année et qu'il allait se retrouver sans diplôme à avoir fait deux ans de formation pour rien. Et pourtant, tout le monde faisait des efforts, Usopp venait presque tout les jours pour l'aider à réciter ses cours, Sanji lui faisait même des paniers repas à manger pour lui éviter de sortir le nez de ses révisions et de se déconcentrer en mangeant. Zoro lui refilait ses méthodes foireuses pour apprendre plus vite et ses meilleures techniques de triches. Rien n'y faisait. Rien ne rentrait.
Un jour, alors que sa dernière épreuve se passait le lendemain et que Nami venait de finir son propre examen, et se trouvait par la même occasion enfin en vacances, le jeune garçon s'affala à côté d'elle dans le canapé en soupirant, la tête penchée en arrière. Il était à cran. Cela ne lui arrivait jamais, mais il se sentait à vif, la moindre contrariété le mettait dans un état de rage intense. Et ce, Nami l'avait très bien saisi, depuis quelques jours elle obéissait sans broncher à tout ce qu'il lui demandait et acceptait tout de lui. Elle s'était même contrôlée lorsqu'elle était entrée dans la douche et qu'elle avait trouvé la moitié de ses produits vides, coûtant une fortune, et un tas de poils ou cheveux bruns pris dans le robinet, ce qui était, en passant, peut-être l'une des choses les plus ignoble qu'elle eut à toucher dans sa mémoire.
« Tu vas quelque part ?
- Oui, on va fêter la fin de nos épreuves en ville. Je t'aurais bien proposé de venir, mais…
- Non, t'inquiète, c'est pas grave. Par contre demain soir, je compte sur toi pour être là.
- Pourquoi ?
- Je vais me mettre la mine du siècle pour fêter la fin des partiels.
- Hm. Alors tes révisions pour demain ? Tu t'en sors mieux ? Usopp a réussis à t'aider un peu ?
- Que dalle. J'y comprends rien du tout. Je suis complètement foutu pour l'exam.
- Ne dit pas ça, c'est juste que tu ne dois pas t'y prendre de la bonne manière.
- Ouais, ben si tu l'as la bonne manière, je veux bien que tu me la refile parce que moi j'ai beau faire tout ce que je veux, ça rentre pas dans mon crâne. »
Nami se pinça la lèvre du bas, sembla hésiter quelques instants et puis finalement :
« OK Luffy, va me chercher tes cours. »
À peine était-il sortit prendre ses fiches en se demandant ce qu'elle préparait que la rousse mettait le canapé en position lit, s'asseyait dessus en tailleur après avoir retiré sa jupe ultra serrée, pour enfiler un jogging à l'un des deux garçon qui traînait là, elle s'attacha les cheveux en mode compétition et envoya un message aux amis qu'elle devait rejoindre qu'elle ne venait pas avec eux le soir, elle avait autre chose de prévu et s'en excusait, qu'elle serait présente une autre fois.
Luffy revint les bras chargé et ne comprit pas tout de suite.
« Assied-toi. On a jusqu'à demain matin huit heures pour que tu saches tout. Ça devrait le faire. »
Et Luffy eut son partiel. Et il eut même la meilleure note de sa promo à sa dernière épreuve, celle qu'il jugeait comme la plus difficile. Jamais il ne remercia autant Nami que le jour des résultats.
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Une après-midi, Nami faisait la vaisselle, aidée par Sanji. Ils avaient décidés de se réunir pour manger tous ensemble durant les vacances. Vivi avait passé le repas à s'extasier sur la petite fille de Robin et Sabo sous les yeux de Kohza qui commençait sérieusement à croire que sa petite amie allait bientôt lui demander quand ils auraient tous les deux leur premier enfant. Pour une fois, Zoro n'était pas venu seul, mais en compagnie de Kuina qui n'avait jamais vraiment fait partie du cercle d'amis habituel, mais que tous appréciaient, et même si Zoro n'avait rien dit à son sujet, vu qu'il ne disait jamais rien de toutes façons, tout le monde savait que sa présence n'était pas innocente. Le seul qui se faisait vraiment remarqué par son absence étant Usopp, il n'avait pas dit pourquoi il ne pouvait être présent mais selon Luffy il travaillait, ce qui étonna tout le monde, Nami fut la seule à ne pas être dupe et devina que son travail était certainement en rapport avec la jolie blonde qu'elle avait aperçu avec lui à plusieurs reprises depuis quelques mois.
Et Nami faisait la vaisselle avec Sanji.
« Arrête de la bouffer des yeux et tente un truc, non ? »
Ace sursauta. Il venait de se faire prendre comme un débutant par son frère qui avait suivi son regard sur la jolie demoiselle rousse. Il fallait dire qu'elle était particulièrement jolie en ce jour d'été, tout semblait très mignon chez elle : le petit chemisier bleu ciel faisait ressortir le orange de ses cheveux noués dans un chignon volontairement défait et son short noir invitait à regarder ses interminables jambes plus bronzées qu'à l'ordinaire. Ses bracelets dorés teintaient entre eux dès qu'elle faisait un geste et parfois elle riait légèrement à ce que lui disait Sanji.
« Nan, je ne me permettrais pas. Pas Nami.
- Ben pourquoi ? Elle est super jolie, super intelligente, tu m'as même dit que c'était une bombe la dernière fois. Je ne comprends pas. En plus tu la connais depuis longtemps Nami.
- Je sais, Luffy. Mais ce que tu ne comprends pas c'est surtout que Nami ne voudra pas de moi. Elle aimerait avoir un mec stable, quelqu'un qui lui plaît, tu vois ?
- Bah, pourquoi pas toi alors ?
- Crétin. »
Ace se releva et tout en regardant Nami tapa dans le dos de son petit frère.
« Toi, tente ta chance plutôt. Et si tu as peur de te prendre un vent, observe juste la manière dont elle te regarde, ça te rassurera. Allez Luffy, je compte sur toi pour lui redonner un véritable sourire, parce que c'est un peu chiant quand elle joue la comédie comme depuis des mois. Ah, et pendant que j'y pense, je me suis trouvé un appart pas trop loin, vu que j'ai un boulot plutôt pas mal et bien payé, je ne vais pas rester ici plus longtemps. »
