Note de l'auteur: Bonjour à tous! :)

Voilà maintenant longtemps que je n'ai pas écrit quoi que ce soit, mais après avoir fini de visionner la saison 5 de Castle, j'ai décidé de m'y remettre. Donc, première fic dans cette catégorie. Bien que française, je n'écris normalement qu'en anglais, mais vu qu'il y a quelques auteurs/lecteurs francophones en ce qui concerne Castle, je me suis dit que j'allais faire une exception.

Cette histoire sera bien entendu traduite en anglais par mes soins. Pour les besoins de l'histoire, située après la saison 5, je pars du principe que Kate et Castle ont réglé le problème du poste à Washington (Kate est restée à New-York ou y est revenue, ça, je vous laisse choisir) et ont trouvé un accord en ce qui concerne la demande en mariage (soit "oui", soit "oui, mais pas maintenant" soit "non, pas pour le moment, mais repose-moi la question d'ici quelques mois"...là encore, je vous laisse choisir).

Cette idée me trottait dans la tête depuis un petit moment, j'espère que vous apprécierez la façon dont elle s'exprime. Je vous souhaite, si possible, une agréable lecture. :)

PS: pour des raisons de facilité, j'ai préféré respecter la typographie anglophone. Ne m'en veuillez pas! ;)


Do bring on the clowns,
They are funny, funny, so funny !
Listen to the children's laughter
As they watch the clowns' painted faces.
They scream with delight
As the clowns fall about.

Tricks, tricks and more tricks,
Pranks, smoke and bangs,
Hurrah for the clowns!

They are wonderful.
They are magnificent.

Just tell me this:

Who will console the clowns?


The Castle Within


Kate Beckett ne put empêcher un soupir frustré de s'échapper de ses lèvres. Il était tard, elle était fatiguée, sa tasse de café était vide depuis longtemps et, Castle n'étant pas au commissariat, personne ne l'avait réapprovisionnée depuis plusieurs heures.

Pour la énième fois cette journée, Kate jeta un regard triste à la chaise vide qui trônait à côté de son bureau. Elle en était arrivée au point où elle n'essayait même plus de masquer le fait que Castle lui manquait.

Deux jours plus tôt, alors que tous deux savouraient ensemble un copieux petit déjeuner avant que Rick ne s'en aille pour quelques jours à San Francisco afin de promouvoir la sortie de Deadly Heat, elle avait été informée d'un nouveau meurtre et avait dû , après avoir rapidement embrassé son compagnon et lui avoir promis de lui téléphoner dès qu'elle le pourrait, quitter l'appartement à toute vitesse pour se rendre sur la scène du crime.

La victime, Martin Hughes, était un huissier de justice connu – le genre d'homme que peu de personnes portaient dans leurs cœurs, étant donné que recevoir une de ses visites était souvent synonyme de liquidation judiciaire.
Le corps de M. Hugues, perforé de plusieurs balles de gros calibre, avait été retrouvé dans une benne à ordures proche de son domicile. C'était les éboueurs qui avaient donné l'alerte aux environs de sept heures du matin.

L'arme du crime n'avait pas encore été retrouvée, même si la balistique avait permis de déterminer qu'il s'agissait probablement d'un fusil d'assaut.
En revanche, les empreintes relevées sur les vêtements de la victime avaient directement mené la détective sur la piste de Kirk Terence, un homme âgé d'une cinquantaine d'années qui se trouvait être le propriétaire d'une armurerie et qui, pour l'instant, niait toute implication criminelle dans cette affaire.
Pourtant, lorsqu'il était apparu que l'armurerie de ce dernier était au bord de la faillite et que l'huissier de justice chargé de s'occuper de son cas s'avérait être Martin Hughes, tout était allé très vite.

Il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre ce qui s'était passé.

Kate était certaine à 100 % que Kirk Terence était son coupable. Elle le sentait jusqu'au bout de ses ongles, mais pour que ce dernier puisse passer aux aveux en salle d'interrogation, elle avait cependant besoin d'un élément crucial pour corroborer ce qui ne demeurait pour l'instant qu'une théorie fort probable : il lui fallait un témoin, visuel si possible.

Mais aucun témoin ne s'était présenté jusqu'à présent.
C'était là tout le problème de cette affaire. Personne n'avait rien vu, rien entendu.

Et pour couronner le tout, Castle n'était pas là pour l'aider.

« Yo, Beckett ! On a peut-être trouvé quelque chose ! »

La voix d'Esposito tira Kate de ses pensées et elle se redressa sur sa chaise pour observer ses deux acolytes alors qu'ils s'approchaient d'elle à grandes enjambées, le sourire aux lèvres.
Elle haussa un sourcil pour leur signifier, en silence, qu'elle les écoutait attentivement.

« Ryan et moi avons interrogé les gens qui vivent dans les environs de la scène du crime, et même s'il y en a pas un pour rattraper l'autre –

« On a quand même appris quelque chose d'intéressant », coupa Ryan. « Un gamin nous a dit que ses parents l'avaient emmené au cirque la veille du meurtre. »

« Et alors ? Tu crois que notre tueur est allé profiter du spectacle lui aussi ? »

« Non – remarque, maintenant que tu le dis, pourquoi pas ? – mais le chapiteau se trouvait à quelques mètres seulement de la scène du crime, donc –

« Donc peut-être que les artistes ont vu quelque chose. Vous êtes allés les interroger ? » Demanda Kate, revigorée à l'idée d'obtenir une piste digne de ce nom.

« Euh…non. Enfin, pas encore. »

Elle haussa ses sourcils. Il n'en fallait pas plus.

« En fait, on aurait voulu le faire mais... »

« Le chapiteau n'était plus là lorsqu'on est arrivé sur place. »

« Apparemment, le cirque est parti à l'aube, il y a deux jours. Les parents du gamin ont dit que le spectacle s'est terminé sur les coups de minuit trente.»

Beckett soupira en massant machinalement ses tempes.

« C'est bien ma veine… Bon, on sait que Hughes s'est fait refroidir vers une heure du matin, donc le cirque se trouvait forcément encore là. Ils n'auraient pas pu remballer leur chapiteau et tout leur matériel en moins d'une demi-heure. Vous avez le nom de la troupe du cirque ? »

« Ouais. Le gamin l'a appelé le Cirque de la Petite Pomme. »

« La Petite Pomme ? », répéta Beckett, un sourire amusé venant s'étirer sur ses lèvres.

« Ouaip. Je parie que Castle aurait adoré ça ! »

« Sans aucun doute. Bon, je rentre chez moi manger un morceau et dormir quelques heures. Pendant ce temps, retrouvez-moi ce cirque, et prévenez-moi dès que vous aurez la nouvelle adresse du chapiteau. »

« Ca marche ! Oh, et Beckett ? »

« Oui ? »

« Le gamin nous a aussi dit qu'il avait adoré les tigres !»

« Haha, très drôle ! »


En arrivant au loft, Kate n'avait qu'une seule idée en tête : avaler un plat réchauffé pour calmer son estomac et aller au lit aussi vite que possible pour profiter de quelques heures de précieux sommeil.

Même s'il lui était moins facile de s'endormir lorsque Castle ne se trouvait pas à côté d'elle.

Mais lorsqu'elle vit Alexis et Martha rirent ensemble sur le canapé à propos de quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir, Kate sourit et laissa sa curiosité l'emporter sur sa fatigue.

« Hey Martha. Alexis, ça fait plaisir de te voir ici. »

« Oh, bonsoir Katherine ! Mon Dieu, tu as l'air absolument épuisée ! »

« Salut, Kate ! Viens vite, » dit la jeune femme en agitant ce qui semblait être un cahier d'école, « Il faut que tu voies ça !»

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Kate tout en enlevant son manteau et ses talons, avant de se diriger vers le canapé pour s'y installer à son tour.

« Ce sont quelques-uns des vieux cahiers d'école de Papa ! Grand-mère les a trouvés en faisant du rangement. »

Kate sentit une vague d'excitation la parcourir et son sourire ne fit que s'agrandir. Les vieux cahiers de Castle lorsqu'il n'était encore qu'un enfant ? Voilà qui méritait bien de sacrifier quelques minutes de repos !

Au final, ce qui n'aurait dû durer que quelques instants finit par prendre une bonne heure, remplie de sourires et de rires face aux dessins griffonnés ici et là sur les pages des cahiers d'arithmétique , d'histoire, de géographie et d'anglais du fils de Martha.

Kate sourit avec tendresse en caressant du bout des doigts l'écriture manuscrite, fine, longiligne et soignée que Castle avait déjà acquise à l'âge de sept ans. Elle n'avait d'ailleurs pas beaucoup changée depuis.

Ce fut lorsqu'elle referma le cahier dédié aux livres étudiés en classe que les yeux de Kate s'attardèrent sur l'étiquette, jaunie par le temps, qui indiquait encore aujourd'hui à qui appartenait l'objet qu'elle tenait entre ses mains.

Richard Alexander Rodgers.

La détective observa le nom qui s'étalait sous ses yeux pendant un long moment. Elle prit le temps de se souvenir de ce que Penny Marchand lui avait dit, il y a maintenant plusieurs années de cela.

« Vous rencontrerez un Alexandre, et il deviendra extrêmement important à vos yeux. A une date future, il se pourrait qu'il vous sauve la vie. »

Elle se sourit doucement à elle-même, comme pour approuver les propos que la fille de Vivien lui avait tenus.
Puis, sans qu'elle puisse s'en empêcher, ses doigts effleurèrent le nom de famille que son ami, partenaire et amant portait alors.

Rodgers.

« A quoi penses-tu, Kate ? »

Martha était en train de l'observer attentivement, avec une lueur le regard que Kate ne parvenait pas à identifier.

Percevant le changement d'ambiance et sentant que la conversation qui allait suivre ne la concernait pas, Alexis se leva rapidement et déposa un baiser sur la joue de sa grand-mère puis sur celle de Kate avant de leur souhaiter une bonne nuit et de monter dans sa chambre.

Machinalement, la détective passa une main dans ses cheveux et poussa un soupir quasiment imperceptible.

« Je me demandais simplement pourquoi Rick avait changé de nom de famille. »

Martha haussa les épaules, comme si cela n'était qu'un détail parmi d'autres.

« De nombreux auteurs choisissent de prendre un nom de plume. Cela n'a rien d'inhabituel.»

« Non, bien sûr que non, mais… Pourquoi « Castle » ? De tous les noms qu'il aurait pu choisir, pourquoi a-t-il jeté son dévolu sur celui-là ? »

Un silence pesant s'installa. La femme rousse observa la détective que son fils aimait tant pendant un petit moment en prenant soin de garder une expression neutre sur le visage.
Puis, lentement, un sourire étrange apparut sur ses lèvres de l'actrice qui semblait soudain avoir vieilli de plusieurs années en l'espace de quelques instants.
Lorsque Kate plongea ses yeux dans ceux de Martha, elle y vit de la tendresse, de la compréhension mais aussi – et cela était bien plus troublant – de la tristesse et du regret.

« Dis-moi, Katherine, pourquoi penses-tu que cela est d'une importance quelconque ? »

Kate sentit une bouffée de colère et d'indignation monter en elle, mais elle la repoussa immédiatement, sachant qu'il ne lui servirait à rien de passer ses nerfs sur la femme qui lui faisait face.

« Parce que c'est important ! On ne choisit pas un nom par hasard, Martha ! Encore moins lorsqu'on se choisit un nom pour soi-même ! Le nom que l'on porte nous donne une identité, il nous définit par rapport à ceux qui nous entourent. Notre nom est l'une des preuves de notre existence…Si nous n'avions pas de nom, nous ne serions que des… »

Kate s'interrompit quelques secondes, le temps de trouver ses mots et de se calmer.

« Nous ne serions que des… ? » répéta Martha, espérant pousser Kate à aller jusqu'au bout de sa pensée.

« Je ne sais pas…Des…créatures ? »

Martha ne put s'empêcher de pouffer de rire.

« Détective Beckett, je jurerais que vous avez récemment relu Frankenstein ! »

Kate sourit malgré elle, appréciant l'effort que faisait la mère de Castle pour injecter un peu d'humour dans leur conversation, comme le faisait si souvent son fils.
A cette seule pensée, l'once de légèreté qui s'était installée s'évapora complètement pour ne laisser à sa place qu'une amère atmosphère.

Kate baissa la tête, sentant sa gorge se serrer sous la force de ce qu'elle s'apprêtait à dire.

« Je voudrais juste savoir pourquoi Rick a choisi ce nom en particulier. Pourquoi celui-là plutôt qu'un autre ? Je voudrais savoir…qui il est. »

« Que veux-tu dire, Kate ? »

« Je veux dire que, parfois, j'ai l'impression que je ne sais pas grand-chose de lui. Je ne sais presque rien de l'enfant et de l'adolescent que Richard Rodgers a été avant qu'il ne devienne Rick Castle. Je l'aime, Martha. Je l'aime. Je veux me battre pour lui, pour nous. Je voudrais juste qu'il s'ouvre un peu plus à moi…Et je sais que venant de moi, on dirait que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais c'est vrai. »

Kate ne savait pas vraiment quel genre de réaction elle attendait de la part de Martha. Elle fut simple. Sans même y réfléchir à deux fois, Martha s'empressa de prendre les mains de la jeune femme qui lui faisait face dans les siennes, la forçant à la regarder dans les yeux.

« Oh, Kate. Je sais que tu l'aimes. Mais peux-tu réellement le blâmer pour quelque chose que tu fais toi-même ? Il a passé plus de cinq ans à essayer de faire tomber les murs que tu as construits autour de toi. Et il n'a toujours pas complètement réussi, à en juger par la façon dont tu t'es comportée lorsque tu as reçu ton offre d'emploi à Washington. »

Kate se redressa vivement à ces mots, prête à se défendre bec et ongles mais Martha l'en empêcha.

« Non, Kate, écoute-moi jusqu'au bout. Ce que je suis en train d'essayer de t'expliquer, c'est que les questions que tu te poses sont justes et qu'elles ont, en effet, besoin d'être posées. Mais pas à moi. C'est à lui de te répondre. Ces questions, c'est à toi de les lui poser, Kate. Tu ne peux pas exiger de lui qu'il te livre les réponses que tu cherches sur un plateau sans avoir fait l'effort de les mériter. Est-ce que tu comprends ?»

Kate hocha de la tête lentement, en silence. Le ton de Martha s'adoucit encore en voyant que les yeux de Kate s'étaient embués sous l'effet de ses paroles.

« Vous n'êtes pas si différents l'un de l'autre, tu sais. Et tu es une jeune femme brillante, Kate. Tu trouveras les réponses que tu cherches. Il te les donnera. Mais il faudra que tu sois patiente. Après tout, Rome ne s'est pas construite en un jour !»

« C'est vrai. Merci, Martha. Ça m'a fait du bien de parler. »

« Quand tu veux, Katherine. Je suis toujours ravie de voir que je peux encore servir à quelque chose ! » Déclara Martha en se levant avec son exubérance habituelle.

Kate laissa échapper un petit rire avant de lever à son tour et de se diriger vers la chambre à coucher du maître des lieux. Avant qu'elle ne s'y engouffre, la voix de Martha résonna de nouveau.

« A propos, Kate, comment définirais-tu un château ? »

« Pardon ? » demanda la détective, prise de cours par cette question inattendue.

« Tu m'as bien entendue. Comment définirais-tu le mot 'château' ? »

Kate prit le temps de réfléchir un instant pour formuler une réponse appropriée.

« Je dirais qu'un château est une forteresse. Un bâtiment imposant conçu et construit pour protéger ceux qui y vivent et empêcher ceux qui n'y sont pas admis de l'envahir. »

Un long silence suivit cette déclaration. Lorsque Kate se rendit compte de ce qu'elle venait de dire, ses yeux s'écarquillèrent comme sous l'effet d'une révélation.
Martha acquiesça en souriant, visiblement satisfaite.

« Eh bien, détective Beckett, je dirais que vous avez déjà trouvé le début d'une réponse à l'une de vos questions. Sur ces mots, je vous souhaite une bonne nuit. »


Kate venait à peine de se glisser sous la couverture du lit, l'esprit encore quelque peu chamboulé par tout ce que Martha lui avait fait comprendre, lorsque son téléphone portable se mit à sonner brièvement, signalant l'arrivée d'un message.

Elle ne put s'empêcher de grogner, priant tous les dieux et déesses imaginables pour qu'il ne s'agisse pas de Ryan ou d'Esposito.

Apparemment, sa prière avait été entendue.

« Hey. Je voulais juste savoir comment ça va. Tu me manques. Rick. »

Un sourire plein de tendresse vint se peindre sur son visage. Elle s'empressa de formuler rapidement une réponse.

« Hey. Suis sur le point de m'endormir. Je t'appellerai demain pour te raconter notre dernière enquête. Tu me manques aussi. KB. »

Reposant le téléphone portable sur la table de nuit, Kate se saisit de l'oreiller de Castle à la place du sien et, enfin, ferma ses yeux pour sombrer dans un profond sommeil.