ROBIN
Voilà donc une semaine que les nouveaux arrivants avaient pénétré l'enceinte la ville. Une semaine durant laquelle mainte et maintes interrogations furent soulevées. Robin et les autres ne surent que répondre à cet attrait de curiosité. Perturbés, ils l'étaient, perdu également. Ce monde n'était pas comme le leur et les personnes qui le peuplaient, semblaient tellement différentes. Pourtant, Robin en était sûr, certaines figures de cette ville lui étaient familières. À commencer par celle qui se prénommait Mary Margareth Blanchard, qui jadis se faisait appeler Blanche-Neige et portait les cheveux longs. Cette Mary Margareth n'avait, d'apparence, rien à voir avec la fille du Roi Léopold et pourtant, c'était bien elle. C'était tous eux, les habitants de la Forêt Enchantée, ceux qui furent emportés par la Malédiction de la Méchante Reine. Elle-même était présente et différente. Regina Mills dirigeait donc cette « ville » Storybrooke. Chacun semblait d'ailleurs pourvu d'un rôle, sauf les derniers arrivants, qui étaient de ce fait, perçus comme des étrangers. Madame le Maire, les fit placer au couvent pour la plupart. Sir Locksley, se sentant éprit de liberté et de plus en plus mal à l'aise, quitta les lieux après quelques jours et fut rejoint par ses compagnons qui consentirent à le suivre jusque dans les bois, seul lieu à l'abri de cette terrifiante modernité qui ébranlait chacun d'eux. La gérante de cette espèce de taverne répondant au nom de « Granny Diner » aidée par ses employés et quelques autres commerçants de la ville, transmit au groupe de quoi s'installer à savoir des vêtements propres, des couvertures, des tentes... Bien sûr, le confort était spartiate, mais ayant été habitué à des conditions plus extrêmes, Robin et les siens ne s'en plaignaient pas, au contraire.
Ce soir encore, tous assis au coin du feu et faisant chauffer de la soupe, chacun méditait à sa propre situation. Encore un jour venait de s'écouler, un jour dans cette ville bien étrange, toujours au centre des conversations. Robin, le regard dans le vide, semblait avoir d'autres préoccupations. Une fois encore, il pensait à leur Ancien Monde, laissait dans un état de désolation extrême. Il pensait à tous ceux qu'il n'avait pu sauver, à son demi-frère Arthur, qui craignant une rivalité qui n'avait lieu d'être, l'avait chassé de son Royaume. Il pensa aussi et surtout à son meilleur ami, le bien nommé Petit Jean, se demandant ce qu'il faisait, où se trouvait-il ? Il refusait d'imaginer le pire, bien que sa culpabilité soit déjà à son paroxysme. Petit Jean était encore en vie, le doute n'était pas permis et un jour prochain, ils se retrouveront et continueront ensemble, à se battre pour leurs causes communes. « -Robin ?! Encore de la soupe ? » demanda l'un de ses jeunes camarades qui s'arma de la louche pour délester le seau de quelques centilitres de soupe chaude. Le leader des Merry-Men sourit tristement à sa jeune recrue et répondit par la négative avant de se lever. Il posa une main bienveillante sur l'épaule du jeune homme et s'approcha de la tente dans laquelle le petit Roland avait élu domicile. Le petit dormait à poings fermés et serrait fort contre lui, ce qui ressemblait à une peluche. Robin s'approcha un peu plus et remit la couverture sur les épaules du petit. Il l'observa durant de longues secondes, avant de quitter la tente et de se redresser. Il prit le temps d'observer chacun de ses camarades qui veillaient au bon entretien du camp.
Chacun mettait la main à la pâte comme toujours. Certains s'occupaient de la soupe, d'autre préparaient quelques saucisses à faire griller. Bien sûr, il manquait les quelques notes de l'instrument à cordes d'Allan, ses poèmes tout aussi distrayants, la bonne cuvée maison de Frère Tuck manquait elle aussi. Les plus courageux avaient décidé d'aller laver leurs vêtements près du lac qui se trouvait sous le pont des Troll tandis que certains s'étaient portés volontaires pour aller récupérer du bois. « -Larry !? Qu'en est-il des réserves ?! »lança Robin à l'encontre du jeune homme qui lui avait proposé de la soupe. « -Ca va pour le moment, mais l'on devrait songer à en demandait de nouvelles ! » Robin acquiesça « -Je m'en vais de ce pas solliciter la générosité de Granny en espérant bénéficier aujourd'hui encore, de sa bonne humeur. ! » Par réflexe et parce qu'il ne se sentait pas encore totalement en sécurité dans ce monde, il s'en alla récupérer son arc et son carquois. « -Je n'en ai pas pour longtemps ! Surveille Roland ! »Il n'ajouta rien de plus et quitta le campement avec son arc sur l'épaule et une bien étrange source de lumière (lampe torche pour les initiés.) Il leva les yeux au ciel, quelques étoles subsistaient, malgré les nuages menaçants. Une légère brise caressa son visage échaudé par le feu de camp. Il ferma les yeux et se délecta de la fraîcheur, puis il remonta non sans mal la fermeture de sa veste kaki et commença à marcher à travers la forêt pour regagner au plus vite le centre-ville.
Une branche craqua, puis un léger bruissement indiqua aux animaux encore présents, qu'un être approchait de leur territoire. Peu vaillantes, les bêtes se mirent à fuir. Le vent continuait à caresser sensuellement son visage. Ses sens en éveil, lui indiquaient la présence de plusieurs créatures. L'archer continua à avancer, confiant malgré l'inconnu. Il marcha durant de longues minutes, serrant un peu plus son arc contre lui. Il était en pleine nature, dans son domaine, là où malgré la solitude, il se sentait à l'aise, délesté de tous ses maux. Il continua à avancer jusqu'à se rapprocher de la route. Il s'apprêtait à quitter la forêt, mais des éclats de voix attirèrent bien malgré lui, son attention. Curieux et inquiet par la virulence des propos, il rebroussa chemin et s'approcha un peu plus pour s'enquérir de la situation. Tel un félin, il outrepassa les quelques obstacles qui se présentaient à lui. Au loin, il vit deux hommes, l'un des deux avançait en éclaireur tandis que l'autre poussait une femme. Robin reconnut les deux hommes, ils faisaient parti de son groupe. Il se cacha donc derrière le tronc d'un arbre et observa silencieusement la scène. Il reconnut ensuite Madame le Maire, qui semblait restait impassible malgré l'attitude hostile de ses deux interlocuteurs.
« -Alors, la méchante reine est devenue pacifique ? » déclara l'un des deux hommes, pas farouche pour le coup. L'autre commença à tourner autour de la Reine déchue. « -Continuez à jouer, nous, nous ne sommes pas dupes. » déclara le second protagoniste. Regina ne disait rien malgré les répliques cinglantes de ses deux assaillants. Vite à bout de patience, l'un des deux commença à la pousser. « -Bah alors ! Arrêtez de jouer les saintes nitouches. Allez défendez-vous ! » Robin ne perdait rien de la scène qui se jouait sous ses yeux. Les hommes en colère, devenaient de plus en plus virulents, ils voulaient la pousser à bout l'obligeant ainsi à commettre la fatale erreur qui mettrait à mal les quelques efforts qu'elle avait commencé à réaliser pour Henry. À bout d'arguments pour l'échauder, le plus virulent de deux malotrus, sortit une dague de sa ceinture et s'approcha dangereusement de Madame le Maire. « -Là, vous n'avez plus le choix sorcière, vous devez vous défendre ! » Il s'approcha davantage pour attiser le danger et obliger la « méchante reine » à fauter. Mais à peine avait-il franchi le pas, qu'il fut arrêté par une flèche qui vint aussitôt s'enfoncer dans l'arbre à quelques centimètres à peine de lui. Robin sortit de l'obscurité et décochant une autre flèche, il s'avança. « -C'était la première et dernière sommation. Si l'un de vous tente quoique ce soit, je n'aurais aucun mal à le neutraliser. Sachez au préalable, que je ne loupe aucune de mes cibles, mais ça vous le savez n'est-ce pas ? »
