Bonjour chers lecteurs!
Je reviens avec ce petit OS sans prétention qui m'est venu comme une fleur, dans un moment de nostalgie et de mélancolie.
J'espère qu'il vous plaira.
Le disclaimer est le même, tout est à JKR, seule la demeure de luxe de Draco, et les états d'âme des personnages m'appartiennent.
J'espère que vous passerez un agréable moment, désolée d'avance pour les fautes, et j'espère que l'italique ne vous gêne pas (;
N'hésitez pas à commenter, cela fait toujours plaisir:)
Bonne lecture!
(Désolée pour les fautes qui se sont incrustées!)
EDIT : Il y aura deux fins! Sous le coup d'une impulsion, et parce que je suis en plein "optimisme", j'ai décidé d'alléger vos p'tits yeux, chers lecteurs :') Ma préférée reste quand même la première, la véritable, mais j'ai voulu m'essayer à la gentillesse ^^'.
Hold me, please make me smile.
Je traversais la ruelle froide et déserte d'un pas vif.
Comme à mon habitude, je veillais soigneusement à rabattre la capuche de ma robe de manière à ce que l'on ne me reconnaisse pas.
Personne de ceux que je connaissais ne traînaient dans cette partie du Londres sorcier, le vieux Londres, mais je préférais me méfier.
La pluie n'était pas au rendez-vous, ce soir. C'était dommage.
À soirée triste, se mêlait en général brume et averse.
J'aimais la pluie. Cela ajoutait toujours un côté triste à nos soirées. Un sentiment de détresse. Comme si le ciel pleurait pour nous. Comme s'il pleurait de nous voir réunis.
Mais ce soir serait différent de tous les autres.
Car ce soir annoncerait notre fusion, ou notre fin.
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Cela dépendrait de lui. J'avais depuis longtemps abandonné l'envie de me battre. J'avais mûri, j'avais perdu mes illusions. Je ne perdrais pas tout, cette fois-ci.
À trop subir la guerre on n'écoute plus nos rêves.
J'aurais aimé y croire, rêver de m'enfuir avec lui.
Mais je suis devenue trop réaliste pour croire qu'une vie pour nous deux serait possible. La guerre crée des tourmentes, brise des désirs.
Mais je lui donnerai une chance, une chance de me retenir. Une seule et unique chance de ne pas me laisser partir. Quelque part, j'espérais qu'il me retienne. Que ce soit lui qui me le propose de lui-même.
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Que je ne suis pas une fille parmi tant d'autres?
Car moi, je ne le ferais pas. J'ai trop peu à gagner, tout à perdre.
Je dois choisir entre un mariage, avec la vie que je me suis battue pour avoir, et celui que j'aime.
Entre Ronald Weasley, la maison que nous avons construite, mon avenir en tant que docteur en psychomagie, la proximité avec mes amis, la satisfaction et la fierté que je ressens en face à tout cela, et Draco Malefoy. Le seul, l'unique, le poison de mon existence. Et mon addiction.
Alors non, je ne choisirais pas. Il le fera pour moi, ce dernier soir.
Tandis que je marchais toujours, encore, m'éloignant du vieux Londres, je repensais à tout ce qui avait fait que j'étais là, dehors, ce soir, ainsi que tous les autres qui ont précédés, au lieu d'être bien au chaud dans les bras de Ron, dans la maison que nous avons érigés.
À ce qui m'avait amené à mentir à mon compagnon et à aller retrouver mon amant dans ce quartier éloigné.
Des bribes de souvenirs me revenaient à l'esprit.
La fin de la guerre, mon premier vrai échange avec Draco.
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La Grande Salle, ou du moins ce qu'il en restait. Les corps victimes de la cruauté de la dernière bataille gisants un peu partout, les blessés se battant contre la mort, où s'abandonnant à elle. Leurs proches qui poussaient des plaintes où des hurlements de colère. Les autres, saufs, fatigués, ternis de tout, se demandant ce qu'il adviendrait maintenant de ce monde de chaos.
Des illusions qui se perdaient, des décisions qui se prenaient, des âmes qui se brisaient.
J'étais assise sur une pierre, où plutôt une colonne déchue et fracassée sur le sol, perdue dans mes pensées, ou perdue tout simplement. Ron était près du corps inerte de Fred, Harry avait voulu rester seul. Comme je le comprenais. On vint s'asseoir à mes côtés, mais je n'y prêtais pas attention.
- Les gens ne re-souriront pas avant longtemps.
Je relevais la tête, on s'adressait à moi. J'avais sursauté en voyant qui était celui qui me parlait.
Malefoy, à côté de moi, fixant le sol d'un regard lointain. Personne ne faisait attention à nous, nous n'étions qu'un détail dans ce champ de bataille. Seule moi trouvais cela choquant qu'un ex-Mangemort vienne me parler.
- Tu devrais être content. Tu détestais les voir heureux.
Il n'avait pas réagi. Seulement soupiré, las, avant de répondre.
- Je me suis battu pourtant. Pour que ces personnes gardent le sourire. Je ne l'ai pas rejoint, Granger. J'ai tourné le dos à mes parents, pour la liberté. Pour avoir la chance de pouvoir sourire un jour.
C'était vrai. J'avais été ébahie en le voyant rester sur place, en comprenant qu'il ne les rejoindrait pas. Mais après tout c'était la guerre. Tout le monde changeait.
- Penses-tu pouvoir le faire un jour? demandai-je, plus pour moi-même. Plus rien ne m'intéressait, plus rien ne comptait, mais je posais quand même la question. Pour maintenir le fil. Pour ne pas penser à regarder autour pendant quelques secondes.
- Quoi donc?
- Sourire.
- Mes parents sont morts.
Il avait dit cela d'une voix distante, presque désintéressée. Mais son regard indiquait l'inverse. À ce moment, je le comprenais. Il avait perdu, lui aussi.
- Ne te blâmes pas. Ils étaient destinés à mourir. Mais dis-toi qu'ils ont échappé au pire. Ils ont échappé au monde qu'on nous a laissé.
Il passa une main dans ses cheveux.
- Où sont les tiens Granger?
J'étais une coquille vide, alors je répondis. Peu importait que ce soit un sujet douloureux, peu importait que ce soit Malefoy qui me le demandait. Je sortais d'une guerre, alors oui, plus rien n'importait.
- Je leur ai effacé la mémoire. Je n'ai plus de parents.
- Alors ils sont heureux. Ils ne connaissent rien de cela.
Il avait peut-être raison. Mais cela n'atténuait en rien ma douleur.
- Je regrette, Malefoy. Je regrette qu'ils ne puissent plus être près de moi. C'est de leur présence dont j'aurais eu besoin, maintenant.
Il esquissa un sourire triste. Douloureux.
- Moi aussi, Granger. Moi aussi j'ai ce besoin.
- D'eux?
- D'eux.
- Que ressens-tu ici?
Cette scène était irréaliste. Mais plus rien ne comptait, dans cette salle ravagée.
- Je ne sais pas. Je ne ressens rien. Je suis plus rien.
- Une coquille vide. Comme moi. Comme nous tous, je crois.
Il fronça les sourcils. Il se redressa, soudainement.
- Et ton courage? Et ton espoir? Et ton putain d'optimisme de Gryffondor? T'en as fait quoi?
Je fermais les yeux.
- Partis. Je n'ai pas réussi à les retenir. Foutue guerre.
Mais il s'était déjà relevé.
- Je m'en vais aussi, Granger. Je ne comprends plus rien à la vie. Et je ne supporte pas cela. J'espère que tu les retrouveras. Tu me rediras.
Je ne savais s'il parlait de mes parents, de mon espoir ou de mes sourires.
Je l'avais regardé s'éloigner.
«Tu me rediras.»
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Je souris doucement à ce souvenir, avant d'en avoir un autre en tête. Celui de la nuit de notre premier baiser.
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- Allez, Hermione, viens avec nous! Ça te fera du bien, sincèrement! Lâche un peu tes dossiers et viens! On a encore la jeunesse, profites-en pendant qu'il en est encore temps, tu as toute la vie pour t'occuper de tes patients! Allez!
J'avais relevé la tête, ennuyée. Cela faisait une semaine que Ginny essayait de me convaincre d'aller avec eux à la nouvelle boîte de nuit à la mode, qui avait ouvert il y avait moins d'un mois. Je ne sais pas ou elle trouvait toute cette obstination, mais il était clair que je n'irais pas.
Cela faisait trois ans que la guerre était finie, certes, mais je n'avais toujours pas retrouver l'envie d'aller m'amuser, innocemment, et de ne plus penser à mes blessures.
- Non merci, Ginny. J'ai beaucoup trop de travail. Si je veux réussir le concours et passer Docteur en Psychomagie, ce n'est pas en allant danser toute la nuit que j'y arriverais. Mais allez-y, on se voit demain.
Elle avait soupiré, et ajouté, en désespoir de cause :
- Promets-moi au moins que tu ne travailleras pas toute la nuit. Fais un tour dehors, Hermione, je ne sais pas, pense à autre chose. Tu vis dans le passé, mais la vie continue! Bon, je dois y aller, Harry, Neville et Ron m'attendent. Il va être déçu. Bisous.
Je l'ignorais. Ron ne me comprenait pas. Nous étions faits l'un pour l'autre mais nous nous étions éloignés depuis la guerre. Lui arrivait à re-sourire, moi non. Tant pis, j'accepterai sa prochaine invitation, pour apaiser les choses, s'il le faut.
J'étais restée dans mon bureau jusqu'à tard dans la soirée, jusqu'à ce que je n'arrive plus à réfléchir. Ginny avait peut-être raison, je devrais me changer les idées.
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Je pris ma baguette et décidais de transplaner jusqu'à Pré-au-Lard. Ce village me rappelait des souvenirs. Mais tout avait changé, ça n'était plus le petit bourg où se rendaient les écoliers pendant leurs temps libre, mais une vraie ville, avec des bâtiments, des grands magasins, un réseau de cheminettes, et une mairie.
Ginny avait dit juste, la vie continuait d'avancer. Je voulais retrouver les Trois Balais, mais plus rien ne me semblait familier... Je me rappelle avoir marché de longues minutes avant de reconnaître l'ancien pub, caché entre deux hôtels de luxe récemment construits.
J'entrais sans hésiter, même s'il ne semblait plus très avenant.
L'intérieur n'avait pas changé depuis toutes ces années, seuls les clients n'étaient plus les mêmes. C'était des hommes fatigués de la vie, éreintés, une chope à la main et le regard vitreux. Il n'y avait plus cette joie de vivre comme lorsque nous y allions, pour discuter autour d'une Bièraubeurre.
J'allais faire demi-tour lorsqu'un détail attira mon attention. Une silhouette blonde reconnaissable entre mille était assise dans le fond du bar. Je ne réfléchis pas et me dirigeais à sa table. Il ne releva pas la tête quand je m'assis, toute son attention était retenue par un petit carnet en peau de dragon.
- Du plus loin que je me rappelle, tu n'as jamais supporté Pré-au-Lard, Malefoy. C'était trop mesquin et rustique pour toi. C'est étrange de te voir ici.
Il ne releva pas la tête, comme si ma présence ne le surprenait pas.
- Des ragots que j'ai entendu sur toi, Granger, tu n'as plus de vie sociale depuis la fin de la guerre. C'est curieux de te voir ici.
J'ignorais sa pique.
- Alors comme ça tu écoutes les ragots qui me concernent. Je dois avouer que je suis surprise. Moi je n'ai eu vent de rien te concernant, Malefoy. Tu as disparu de la circulation après ce jour-là.
Il se redressa, et plongea ses prunelles grises dans mes yeux. Je frissonnai, il avait le regard d'un homme détruit.
- Je n'ai pas dit que j'écoutais ce qui se disait sur toi, Granger, mais que je les entendais. C'est tout sauf volontaire, donc. Et c'est normal que tu n'aies plus eu vent de moi, vu que j'ai volontairement disparu de la circulation.
- Qu'est-ce que tu as fait durant tout ce temps?
J'avais posé la question spontanément. Il fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire, Granger?
Je le regardai droit dans les yeux.
- Il y a trois ans, quelqu'un m'a demandé où étaient passés mon espoir et mon courage. Je retrouve cette personne et j'apprends qu'elle n'a fait que fuir. Je veux juste comprendre.
- Tu t'en rappelles.
Il était surpris.
- Bien sûr que je m'en rappelle. Tu sais, tu avais tort. Tout le monde a réussi à retrouver le sourire, tellement facilement. Tu voulais que je te dises si j'avais réussi à le retrouver, moi aussi. Et bien non. Et, toi non plus, à ce que je vois. Nous sommes seuls.
- Je n'ai pas fui. J'ai juste pris de la distance.
- Appelle cela comme tu veux, Malefoy.
- Je n'ai pas fui, avait-il seulement répété.
Il alluma une cigarette, et la porta à sa bouche. Quelle horreur.
- Tu fumes.
- Ne me jette pas ce regard méprisant, Granger. Je sais ce que tu vas dire. Ça trucide la santé, ça pue et c'est minable. Je m'en fous. Vire cet air de petite sainte-nitouche de ta tête avant que je ne m'énerve. Je me détruis si je veux. Dégage, si ça ne te plaît pas.
Je décidais d'ignorer. Je posais les yeux sur son carnet.
- Rien ne me plaît chez toi de toute façon, Malefoy. Qu'est-ce que c'est?
Il suivit mon regard.
- J'écris.
J'étais impressionnée. Je ne pensais pas que Malefoy pouvait le maîtriser. Le pouvoir des mots.
- Tu gagnes ta vie comme cela?
Il rit jaune.
- Je n'en ai pas fait mon métier, Granger. Je ne travaille même pas. J'ai hérité d'assez d'argent pour couvrir les besoins des cinq générations à venir. J'écris et je voyage. Je ne fuis pas, je pars juste dans d'autres lieux.
- Tu es faible, Malefoy. Tu trouves un échappatoire.
Il abattit violemment son poing sur la table.
Je sursautai sous la surprise.
- Je ne suis pas faible! Tu l'es Granger, c'est toi qui es faible. C'est toi qui reste dans cette vie qui te désole parce que tu n'as pas le courage de t'échapper. Toi qui refuses de quitter ton pitoyable Weasley parce que tu n'en a pas la force. Toi qui va passer ta vie dans la facilité parce que tu n'as pas le courage de te rebeller et de prendre des risques! Tu es faible, Granger, faible parce que tu n'as plus une once du courage qui t'habitait avant!
J'étais figée. Il me regardait avec une colère terrible. Les gens s'étaient tous tournés vers nous, et il n'y avait plus de bruit. Le barman s'approcha, hostile.
- Eh, les amoureux, vous gênez les clients! Allez réglez vos querelles ailleurs ou taisez-vous!
Il me regarda, et ajouta:
- Elle commande quelque chose la demoiselle?
Je n'eus pas le temps de répondre que déjà Malefoy se levait.
- J'en sais rien, demandez-lui. Elle n'est pas avec moi.
Il jeta trois pièces sur la table, attrapa son carnet et sortit du pub sans se retourner.
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Je me levais à mon tour, ne sachant pourquoi, mais je voulais le rattraper.
- Je... Heu. Non, merci! Désolée, il faut que j'y aille!
Je sortis aussi vite, et le cherchais dans la rue. Personne.
Je l'avais manqué. Je soupirais, et me préparais à faire demi-tour quand une force me tira sur le côté. Je butais contre un mur et vit deux bras se poster de chaque côté de ma tête. Malefoy.
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- Tu me suis, Granger?
- Tu ne m'as pas laissé répondre!
Il eut un rire mauvais.
- Répondre pour dire quoi? Tout ce que j'ai dit est vrai.
Je serrai les dents.
- Non, c'est faux. Cette vie est tout ce que j'ai toujours voulu. J'aime Ron, j'aime mes amis, je suis la carrière que je rêvais d'avoir! Tout va bien pour moi!
Il souffla sur mon visage. Je tournais la tête.
- Vraiment? Alors si c'est vraiment le cas, pourquoi ne souris-tu plus Granger? Pourquoi tu es tout sauf comblée?
J'ouvris la bouche pour répondre mais rien ne sortit. Rien ne me vint à l'esprit pour le contredire. Aucune réponse, aucune justification.
- C'est bien ce que je pensais, murmura-t-il.
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Et il écrasa ses lèvres sur les miennes. Il força l'entrée de ma bouche et me colla un peu plus contre le mur. Je ne réagissais pas, je ne comprenais pas. Il mêla sa langue à la mienne et se pressa contre moi. C'était violent, frustrant. Interdit. Mais ça me plut.
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Lorsqu'il s'écarta enfin, nous étions haletants, et pantelants. Je ne tenais plus sur mes jambes, il me retenait. Il s'approcha de mon oreille, et murmura :
- Moi je sais pourquoi, Granger. Parce que tu ne vis plus dans le danger. Tu n'as plus de sensations fortes. Et ça te manque. Une vie lisse et sans problèmes ne te correspond pas. Il te faut des risques, pour te ressentir vivre.
Et il avait transplané, me laissant là, sous le choc et perdue.
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Il avait eu raison de moi, ce soir-là.
J'étais rentrée pensive, réfléchissant à tout ce qu'il avait dit. J'avais cogité pendant une semaine, avant de finalement retourner au Trois Balais. Il y était. Je crois que cette nuit marqua mon plus beau souvenir.
Notre première fois.
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- Malefoy.
- Granger, te revoilà. T'en as mis du temps, avant de revenir.
- Tu es bien présomptueux, pour quelqu'un qui n'a plus goût en la vie Malefoy.
- Ferme-la.
Je m'approchais de lui, et baissai la voix.
- Pourquoi m'as-tu embrassé? demandais-je, placide.
- Pourquoi ne m'as-tu pas repoussé? répondit-il sur le même ton.
- Justement, ça ne rime à rien. On se haie, on s'est toujours haïs. Je ne te supporte pas, tu m'apprécies pas. Tout nous oppose, on ne se connaît même pas. Nous sommes juste deux personnes détruites par une guerre, qui essaient de s'en sortir.
Il planta ses yeux dans les miens. Je pouvais voir la profondeur de son regard, sa colère, sa tristesse refoulée. Le mien devait être semblable. Je ne pouvais détacher mes iris des siens.
- Justement, Granger. Nous sommes seuls ici, à être devenus comme cela. Quelque part, on se complète. On se comprend. Donc on s'attire. Stupide, hein? Si mes parents voyaient cela...
- Si mes amis voyaient cela..., murmurais-je pareillement.
Il redevint glacial.
- Je ne t'ai pas forcé à venir, Granger. Tu peux encore faire demi-tour.
- Non je ne peux pas. Et tu le sais très bien.
Ses lèvres s'étirèrent en un presque-sourire, narquois bien sûr.
- Qu'en penserait ce pauvre Weasley?
- Ne le mêle pas à cela. Je l'aime et il m'aime.
- Mais tu es ici.
Je soupirai.
- Je ne comprends rien. Je... J'ai essayé de continuer à vivre normalement, mais à chaque fois notre échange revenait me hanter. Alors, je ne sais pas, j'ai réfléchi, j'ai réalisé, et maintenant, oui, je suis là.
Il releva mon menton pour que je le regarde. Je me mis à trembler à ce contact.
- Moi non plus, Granger, je ne comprends pas. Mais ce que je sais, c'est que ta présence me fait oublier que ce monde n'a plus rien de ce que j'espère depuis le psychopathe qui lui est passé dessus. Et je suis sûr que c'est réciproque. Alors je ne me pose pas de question. J'ai juste envie de ne plus penser, pendant quelques heures.
- Moi aussi, Malefoy.
Je pris la main qu'il me tendait. Il déposa quelques mornilles sur la table, et nous transplanâmes.
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Nous avions atterri devant un immeuble du vieux Londre, ceux du genre habités par les aristocrates depuis des générations.
- Tu n'habites plus à ton Manoir?
- Je ne m'y rends que très rarement. Je préfère de loin ici. Tout l'immeuble m'appartient, il n'y a personne d'autre. Mes arrières grands-parents l'avaient acquérit à la fin du XIXème siècle.
- Je vois...
- Allez, viens.
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Et je l'avais suivi dans cette immense bâtisse. Je ne décrirais pas le luxe qui s'en dégageait, mais je ne fus plus étonnée de savoir qu'il n'aurait jamais à travailler.
La suite, on peut aisément la deviner. Nous avons discuté de nos vies, de nos ressentis, de nos peines voilées. Nous nous sommes rapprochés, prudents néanmoins, jusqu'à son murmure au creux de mon oreille.
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- J'ai envie de toi, Granger. Merlin comme j'ai envie de toi.
Caresses, baisers, fougue, morsures, pincements, suçons, griffures, haletements, empressement, et enfin union.
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Et cela a été le début d'une longue liaison, passionnelle, ardente, improbable, dans cet immeuble du vieux Londres. Ces murs qui ont été les témoins de l'union de deux âmes en perdition qui ne voulaient faire qu'une. Deux personnes brisées qui s'oubliaient l'une dans l'autre.
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Je marchais dans le froid, retraçant le chemin que j'ai parcouru et re-parcouru depuis cette soirée-là. Pas de transplanage, qui peut être retracé par les forces magiques et permettre de me localiser. Ma capuche recouvrait mon visage, au cas où.
J'arrivais au portique d'entrée. Comme d'habitude, ce fut ouvert. Il m'attendait.
Je pris soin de laisser ma main gauche dans ma poche.
Je montais au troisième étage. Notre étage.
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Il était près de la fenêtre. Torse nu. Mon coeur se mit à tambouriner dans ma poitrine. Bon sang, je me détestais de réagir ainsi à sa simple vue.
J'étais peut-être vraiment amoureuse de lui. Différemment de Ron, mais sincèrement éprise de lui. Avec Draco, tout était plus électrisant, exaltant. Je me sentais revivre. Peut-être avait-il visé juste, le premier soir, aux Trois Balais. Il me manquait le goût de l'interdit, du défendu. Le goût du risque.
Et j'y ai vraiment pris goût.
- Tu es en retard.
- Je sais.
Il fronça les sourcils. Il savait que quelque chose n'allait pas.
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Je crois que si j'en avais eu la force, j'aurais quitté Ronald il y a bien longtemps. Mais comme j'étais faible!
Alors je le laisserais décider pour moi. Cela n'était pas juste mais c'était le seul moyen. Car cette situation ne pouvait plus durer.
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- Que se passe-t-il?
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Il avait eu raison dès le début, j'étais faible et lâche. Mais je ne voulais plus prendre de risques. Je voulais partir avec lui, sincèrement, mais il me fallait une preuve, un gage de sa sincérité, l'assurance que je ferais le bon choix.
Et cette preuve était qu'il me dise qu'il m'aime. Ainsi, mes incertitudes s'envoleraient, et je pourrais le suivre sans me retourner.
Tout se jouerait maintenant.
Tout dépendra de toi, Draco.
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- Ron m'a demandé en mariage.
Ma voix fusa dans l'air, et j'ôtais ma main de ma poche. Il regarda le bijou, impassible.
Réagis!
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- C'est une très belle bague.
Mon coeur se comprima.
- Mais elle ne te correspond pas. À sa place, je t'aurais offert un anneau d'or blanc. Incrusté d'une opale. Une opale de feu. Le rubis est trop vaniteux. Tu es trop humble pour porter un rubis. Enfin, il n'a pas échoué sur la couleur. Le rouge est ce qui te va le mieux.
Laisse paraître quelque chose! Ne t'éloigne pas ainsi! Je sais que ce n'est pas ce que tu penses! Allez, Draco!
- C'est ce qu'il m'a dit aussi.
Il se tourna et s'empara de sa baguette.
- Accio chemise.
- Qu'est-ce que tu fais?
- Je me rhabille. Je pense qu'il n'y aura plus de rendez-vous nocturnes, désormais.
Il restait dos à moi.
Retourne-toi! Retourne-toi et dis-moi dans les yeux que cela ne te fait rien!
- Si tu le dis.
- Je le dis.
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Je fermais les yeux, pour refouler les quelques larmes qui menaçaient de sortir. Il ne fallait pas.
- Alors c'est comme ça? Ça va se finir de cette manière, aussi stupidement? dis-je d'une voix que je voulais assurée, alors qu'en moi tout était ébranlé.
Regarde-moi! Rue-toi sur moi, et frappe-moi, embrasse-moi, insulte-moi mais montre moi que cela te touche!
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- On ne s'est jamais rien promis, Granger. Il n'y a jamais eu de sentiments en jeu. Je te faisais du bien, tu m'en faisais en retour. On s'est rapprochés par un concours de circonstances, nous n'en restons pas moins des étrangers. Mais comme on se l'est toujours dit, tu aimes Weasley, j'aime ma liberté. Maintenant que tu vas être enchaînée à ton benêt de fiancé, je peux reprendre mon indépendance.
Voilà, je l'avais ma réponse. J'avais été naïve de croire que cela aurait pu se dérouler autrement. Je ne comprenais même pas tout ce que je ressentais en ce moment, ce mélange de désespoir, de désillusion, de détresse et de déception. Des sentiments Douloureux, comme Draco.
Alors tout cela n'était que du vent? Tu ne vas pas me demander de partir avec toi?
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- Tu le savais depuis le début?
- Quoi donc? Que tu finirais par dire oui à Weasley? Que tu n'aurais jamais eu le courage de le quitter? Oui, je crois que je le sais depuis bien longtemps. C'est pour cela que je ne me suis pas attaché à toi Granger. Tu es trop loyale. Cela te perdra.
Je me sentais ridicule. Ridicule d'avoir créée cette situation, et d'être celle qui souffre.
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Il s'approcha de moi et me considéra enfin.
- Je n'ai jamais eu l'intention de te demander de partir avec moi. Je m'étais trompé, en fin de compte. Tu n'es pas faite pour l'interdit. De toute façon, je n'y croyais pas réellement. Après tout, tu es une Gryffondor.
Non, tu ne t'es pas trompé. Essaye donc, demande-le moi. Au nom de tout ce que nous avons vécu ensemble, ne doute pas.
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- C'est dommage. Tu vas me manquer, Granger.
Il déposa un léger baiser sur mon front. Un dernier baiser, un baiser d'adieu.
Tu me quittes donc sans un remord. Moi qui aurais tout quitté pour toi. Pour un «nous» qui n'existait finalement pas.
- Tu sais Malefoy, si tu y avais vraiment cru, si tu avais eu l'intention de me garder à toi, si tu avais refusé de me laisser partir, j'aurais accepté. Sans hésiter. Parce que je voulais réellement retrouver le sourire. Et j'aurais pu, avec toi. J'aurais véritablement pu.
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Il ne m'entendit jamais. Il était parti.
Je crois que je me suis effondrée, ensuite. J'avais pleuré toutes les larmes de mon corps, hurlé, hurlé, hurlé ma douleur. J'étais restée des heures, dans l'espoir qu'il revienne.
Je ne voulais pas de cette issue.
Mais je finis par me relever, vidée. Plus rien ne m'importerait plus. Je récupérais mes affaires, et me retirais, après un ultime regard pour cette bâtisse, seule témoin de cette histoire. Silencieuse à jamais.
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Je rentrai à pied cette nuit-là. Pour la dernière fois.
Ron était déjà couché. Je pris soin de ne pas faire de bruit et m'assis près du lit. Je l'observais. Il était serein, paisible. Il souriait dans son sommeil. Je le trouvais beau.
Après tout, c'était auprès de lui que j'allais devoir réapprendre à sourire.
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Voilà ce qui sort de mon esprit quand je suis en proie à la déprime! (x
J'espère ne pas vous avoir trop découragés, ne vous inquiétez pas, la vie peut être belle, parfois!
Qu'en avez-vous pensé? :-)
Note : Je réédite cette histoire! J'ai décidé d'en faire deux fins! Pour celles et ceux qui l'ont déjà lu, le chapitre suivant sera le "vrai" épilogue, le triste, celui que j'avais destiné pour clore cet OS. Maais, je l'ai relu et, ouaai, en effet, c'est déprimant! XD Donc, bonne comme je suis, je vais écrire une courte seconde fin, pour les âmes les plus sensibles, et les plus en proie à l'espoir, et à "l'amouuur triomphera!", Bref, un happy-end.
Que chacun choisisse son camp!:P Moi, perso', j'ai aimé écrire la première, la fin laisse à réfléchir, et ça donne une idée d'un amour impossible, bien que réel, au final.
A bientôt!
Bisous!
