Chapitre I : Tel le jour et la nuit.
Pour être tout à fait honnête, Charlie ne s'était jamais intéressé à cette fille. Il la connaissait de vu comme tous les élèves de Poudlard. Mais c'était surtout sa réputation qui la précédait. On la disait solitaire, arrogante et hautaine.
Et elle l'était.
Elle n'avait fait aucun effort d'intégration ou de sociabilisation depuis son entrée à Poudlard. Il n'avait donc jamais vraiment fait attention aux rumeurs qui circulaient à son sujet. Il s'en fichait tout simplement. Ses amis n'abordant pas le sujet, il ne s'intéressait pas outre mesure à ce qui dérangeait tant les élèves de l'école.
Les élèves murmuraient sur son passage, ils la montraient du doigt. La jaugeant d'un air méfiant. Tous, la haïssaient sans la connaître. Charlie aussi, il avait fait comme les autres. Il l'avait ignoré, faisant semblant de ne pas la voir lorsqu'il se rendait à la bibliothèque pour faire ses devoirs ou chercher un livre et qu'elle étudiait à une table. Ou lorsqu'elle se promenait parmi les rayonnages. Quelque part, elle avait dû l'effrayer un peu avec ses yeux gris, glacés par la haine et ses longs cheveux blonds dont la racine arborait un noir semblable au plumage d'un corbeau. Charlie n'avait jamais parlé avec la jeune fille avant de se retrouver en face d'elle dans le Poudlard Express le jour du 1er septembre 1988 de sa sixième année.
Le train venait tout juste de s'ébranler, quittant le quai de la voix 9 3/4. Dehors, les panaches de fumée provenant de la locomotive s'évanouissaient dans le ciel bleu parsemé de quelques nuages de ce début de septembre. Charlie arpentait le long couloir suivit de ses amis, son sac, qu'il avait récupéré dans le bric à brac de son père, sur l'épaule. C'était un sac moldu, lui avait dit son géniteur, qui était utilisé par ce qui semblait être une sorte d'armée d'Aurors. Charlie aimait bien ce sac, il était plus petit que son ancienne valise mais il pouvait ranger toutes ses affaires dedans grâce à un sortilège d'extension indétectable que sa mère avait lancé dessus. Il était beaucoup plus facile à transporter que l'imposante valise qu'il avait dû traîner jusqu'alors. Son autre main tenait fermement son balai volant, avec lequel il pratiquait le Noble Sport. Celui préféré des sorciers, qui était aussi le sien: le Quidditch.
Le jeune sorcier était à la recherche d'un compartiment libre pour s'installer avec ses amis. Charlie entendait derrière lui les chamailleries de Jason et Rayan dont les retrouvailles étaient chaque année plus bruyante. Jason était plus grand que lui d'au moins une tête, ses cheveux étaient châtains et il avait de beaux yeux bleus. Tandis que Rayan était un peu plus petit que lui avec des cheveux noirs comme la nuit et des petits yeux luisants. Cassandra et Mandy riaient joyeusement en se remémorant les deux semaines de vacances que le petit groupe avait passées ensemble cet été. Elles parlaient du camping qu'ils avaient fait, comme tous les ans, non loin de la maison du rouquin, dans un champ avoisinant. Les deux filles étaient jolies, Mandy avait un petit nez retroussé et des cheveux auburn arrivant au niveau de ses omoplates ainsi qu'une frange droite. Elle était mignonne tandis que Cassandra avait une apparence un peu plus sauvage, avec ses cheveux bruns toujours coiffés en tresse qu'elle ramenait sur le côté et dont quelques mèches s'échappaient.
Gagné par la bonne humeur, Charlie fit coulisser la porte d'un compartiment d'apparence libre un sourire aux lèvres. Qui mourut aussitôt qu'il reconnut la jeune fille se trouvant assise près de la fenêtre. Elle leva vers lui le regard de marbre qui ne la quittait jamais. Ses yeux gris métalliques le fixèrent avec froideur mais ses traits restèrent impassibles. Elle le regarda de bas en haut, s'arrêtant une seconde sur son balai, puis une autre sur ses cheveux roux.
Lui, il était paralysé devant elle.
La jeune sorcière avait la peau pâle, des traits fins, un petit nez retroussé, une jolie bouche rosée, ni trop fine, ni trop charnue, de longs cils noirs. Ses cheveux étaient lisses et renforçaient l'impression de finesse que dégageait son visage.
Elle était belle.
Les amis de Charlie s'étaient arrêtés à sa hauteur.
-Eh Charlie, tu vas rentrer dans ce compartiment ou tu préfères faire la gargouille à la porte, railla Jason.
Il tourna la tête vers lui.
-Non, il y a déjà quelqu'un dans celui-là, répondit-il.
-C'est qui ? Entre c'est pas grave, proposa Mandy.
-C'est..., commença le jeune homme avant de se faire interrompre par Rayan.
-C'est Gabrielle ! La folle à lier. Laisse tomber mec et avance, on va trouver un autre compartiment.
Une lourde tension commençait peu à peu à monter entre eux et c'est Charlie qui la brisa.
-Allez-y je vous rejoins.
-Qu'est-ce qui te prends ? Demanda Rayan en arquant un sourcil.
-Allez-y je vous dis !
Ses quatre amis le regardèrent comme s'il était devenu fou et il commençait à penser qu'ils avaient probablement raison. Il ignorait complètement ce qu'il comptait faire quand ses amis seraient parti. Charlie jeta un œil sur Gabrielle qui ne l'avait pas quitté des yeux. Elle ne montra pas le moindre étonnement devant son comportement qu'il aurait lui-même qualifié d'étrange.
-Charlie ! Appela Cassandra. Donne ton balai et ton sac, je vais les ranger pour toi.
-Merci, je vous retrouve après.
Cassandra regarda la jeune fille d'un drôle d'air. Que Charlie ne parvint pas à définir. Mais elle continua d'avancer le long du couloir étroit du Poudlard Express avec les affaires de Charlie sous le bras en plus des siennes. Le jeune homme se retourna vers Gabrielle et à ce moment-là il se sentit vraiment très bête. Qu'est-ce qui lui avait pris exactement ? Par Godric ! Il n'était qu'un crétin.
-Bonjour, s'entendit-il dire.
Il eut envie de prendre sa tête dans ses mains et de la balancer contre un mur. La réaction de Gabrielle ne se fit pas attendre. Elle leva un sourcil interrogateur dans sa direction. Elle devait sans doute le croire fou.
Foutu courage, foutue curiosité.
Il s'avança de quelques pas. Pour la première fois, il s'interrogeait sur les rumeurs à son sujet. Il savait que personne ne la connaissait vraiment. Elle n'avait pas d'amis même s'il lui semblait l'avoir déjà vu traîner avec des Serpentards. Il ne connaissait pas non plus son nom de famille. Elle avait un an de plus que lui et tous les élèves l'appelaient Gabrielle ou « la Folle à lier » comme l'avait dit Rayan juste avant. Et il n'avait pas le souvenir qu'elle se soit fait interpeller par un professeur dans les couloirs ou dans la Grande Salle.
-Tu t'appelle Gabrielle, alors. Pourquoi tout le monde semble te détester ? Qui es-tu vraiment ? Dit-il sans réfléchir.
Il sut que ce n'était pas bon à la manière qu'elle eut de froncer les sourcils. Elle le fusillait du regard. Charlie comprit qu'il n'avait pas utilisé la meilleure des approches. Il passa la main dans ses cheveux comme il le faisait à chaque fois qu'il était gêné. En fait, il ne tenait pas particulièrement à savoir pourquoi les autres ne l'aimaient pas. Il voulait faire connaissance avec elle pour se faire sa propre idée. Mais surtout, et il en fut ébahi quand il le réalisa, il voulait entendre le son de sa voix.
Il était sur le point de faire demi-tour lorsqu'il eut la surprise de l'entendre parler pour la première fois.
-Je suis Gabrielle, dit-elle simplement d'une voix neutre.
Sa voix était douce, avec un accent français agréable à l'oreille. Une sonorité qui lui avait immédiatement plu.
-Gabrielle comment ?
Elle l'observa avec insistance. Il pensa qu'elle devait chercher ses mots, même s'il n'était pas nécessaire de réfléchir pour répondre à cette question. Elle prit son temps. Et un sourire moqueur étira ses lèvres. Comme si la situation l'amusait particulièrement. Il repensa à son surnom « la Folle à lier », et à ce moment-là, il trouva qu'il lui correspondait plutôt bien. Charlie ne put s'empêcher de se demander ce qui la faisait sourire avec cet air de démence.
-Foxter ! Gabrielle Foxter !
Et tout fut plus clair après ces quelques mots. Il en avait entendu parler, de la famille Foxter.
-Une fille de Mangemort, avait-il alors dit pour lui-même.
-Exactement Weasley, gronda-t-elle en se levant d'un bon. Maintenant que t'as compris, dégage !
Et elle l'avait repoussé rudement en dehors du compartiment, le faisant tomber violemment par terre à cause d'une nouvelle poussée trop brutale. Charlie grimaça et fusilla la jeune fille des yeux avant que celle-ci ne lui ferme la porte au nez. Il mit quelques secondes à réaliser qu'il était dans le couloir. Où quelques élèves n'ayant pas encore rejoint de compartiment commençaient à le dévisager avec curiosité. Il s'éloigna et retrouva ses amis qui venaient tout juste de dévaliser le chariot de friandises. Il ne s'inquiéta pas de l'avoir raté. La vieille dame repasserait plus tard, comme à son habitude.
Il s'assit à côté de Cassandra qui lui avait gardé une place, elle lui demanda comment cela c'était passé avec la jeune fille de Serpentard.
-J'ai appris qu'elle était fille de Mangemort.
-Tu l'ignorais ? Demanda Rayan d'un air ébahi.
-Bien sur, personne ne me l'a jamais dit, répondit Charlie avec humeur.
-Mes parents nous ont parlés des Foxter une fois, à ma petite sœur et à moi, dit soudain Mandy en évitant le regard de Charlie. Ils ont déjà eut à faire au père de Gabrielle, évidemment, puisqu'ils sont Aurors. Et son frère, Matthieu Foxter est tout aussi redoutable.
-La folle à lier a un frère ? Demanda Rayan surprit.
-Non! Le père de Gabrielle, Andrew Foxter, a un frère, précisa Mandy. Avant la fin de la première guerre, les Foxter se trouvaient parmi les rangs des Mangemorts. Ils faisaient parti des plus fidèles aux idées du Seigneur des Ténèbres. Les Foxter, Lestranges, Rosier, Dolohov et d'autres encore. Bref, ils démontraient une dévotion malsaine auprès de celui-Dont-On-Ne-Dois-Pas-Prononcer-Le-Nom, d'après ce que l'on disait. Leur allégeance était indiscutable.
-Mais les Foxter, contrairement aux autres, ne se retrouvèrent pas envoyés à Askaban, continua Jason d'un air sinistre. Ils ont réussi à s'enfuir et à se cacher. Personne ne sait où ils se trouvent en ce moment.
-Les Aurors les cherchent... ont dit que ce sont des adversaires redoutables, ajouta Cassandra. Et que le père de Gabrielle aurait décimé des familles de né-moldu. Torturant les parents ainsi que leurs enfants en manifestant une joie particulièrement sadique.
-Mes parents sont en charge de l'affaire. Ils se sont rendu chez une des familles après un massacre, continua Mandy. Ils ont constatés avec horreur l'atrocité de la situation. Il y avait du sang partout, que ce soit sur le sol, les murs ou les meubles. Les corps de chaque membre de la famille avaient étés découpés en morceaux, ils avaient même du mal à remarquer les blessures qui lacéraient leur peau.
-Ce sont des psychopathes aussi dérangés du cerveau que leur maître, cracha Rayan. Ces deux hommes méprisables ont soif de sang et de violence. Tout leur crimes sont plus atroces les uns que les autres.
Les Gryffondors se turent tous pendant quelques minutes. Chacun imaginait avec horreur la scène dont ils venaient d'entendre le récit. Charlie avait envie de vomir mais il essaya de contenir les sentiments indécis qui l'animaient. Il avait du mal à imaginer Gabrielle fille d'un homme pareil, mais c'était bel est bien le cas. Il en fut affligé mais cela ne faisait qu'attiser son intérêt pour la jeune fille qu'il connaissait à peine. Personne ne demanda davantage de détails.
A ce moment, la porte du compartiment s'ouvrit sur une élève plus jeune qu'eux. Elle avait de beau cheveux auburn. Nymphadora Tonks s'assit à la place libre en face de Charlie et elle leur permit de relancer la conversation. Ils abordèrent un sujet plus agréable et s'enthousiasmèrent alors pour la coupe de Quidditch. Depuis que le cadet des Weasley était entré dans l'équipe, Gryffondor connaissait des victoires époustouflantes. Et Charlie avait acquit une certaine popularité au fil des années. Désormais, on le saluait dans les couloirs avec un sourire, les élèves d'autres maisons discutaient avec lui. Il était apprécié et admiré par les plus jeunes. Les autres le savait généreux et maladroit, attentif à ce qui l'entourait. Il avait appris de Rayan que certaines filles le qualifiait même de beau. Il était vrai que grâce à ses entraînement de Quidditch et au travail en plein air qu'il effectuait chez lui, au Terrier, Charlie commençait à voir son corps se sculpter peu à peu.
Alors que ses amis s'enthousiasmaient déjà à l'idée du premier match de l'année, Charlie sentit son esprit divaguer, et il se surprit à repenser à Gabrielle Foxter. L'imaginant assise seule dans son compartiment, en train de regarder le paysage par la fenêtre de ses yeux gris métalliques. Celui-là même qu'il observait lui aussi. Il se demanda à quoi pouvait ressembler son visage lorsqu'elle souriait, lorsqu'elle riait. Avait-elle déjà rit une seule fois ? Il en doutait en repensant aux rares fois où il l'avait aperçu. Toujours avec une expression impassible. Si elle avait déjà rit ne serait-ce qu'une seule fois, cela devait remonter à longtemps.
En arrivant à Poudlard le soir, Charlie et ses amis s'installèrent à la table des Gryffondors pour assister à la répartition des élèves de premières années dans les différentes maisons. Ils écoutèrent la chanson du Choixpeau qui vantait les mérites de chacune des maisons avant qu'il ne soit posé sur la tête tremblante des première années pour décider s'ils passeraient leur scolarité à Serdaigle, Poufsouffle, Gryffondor ou Serpentard.
Inconsciemment, il cherchait la Serpentard des yeux. Il eut le temps de l'apercevoir à sa table. Elle ne semblait pas se mêler à l'effervescence du festin et de cette nouvelle année qui emportaient tous les élèves. A cet instant, Charlie eut l'impression qu'elle et lui ne faisaient pas partit du même monde. Gabrielle lui paraissait si inaccessible, si loin de lui. Il se sentait incapable de briser cette distance pour réussir à la percer à jour ou de la comprendre. Elle du sentir que quelqu'un l'observait puisqu'elle tourna la tête de droite à gauche jusqu'à ce que son regard se pose sur Charlie. Il voyait depuis sa table l'émotion diffuse qui occupait ses yeux. Au même moment, Jason et Cassandra attirèrent son attention pour applaudir l'arrivée d'un nouveau Gryffondor. Bientôt, tous les élèves furent assit sur les bancs, et après l'habituel discours de Dumbledore, de nombreux plats se retrouvèrent garni de mets délicieux tandis que les gobelets en or se remplissaient de boissons fraîches.
Les Gryffondors parcoururent le château pour se rendre dans leur salle commune, la plupart des élèves montèrent directement dans leur dortoir pour dormir. Charlie aussi était fatigué, mais il voulait parler avec Bill avant d'aller se coucher. Il quitta la table où était assit ses amis qui faisaient une partie de bataille explosive. Il leur souhaita bonne nuit et chercha son frère des yeux. Bill était assis sur le canapé devant la cheminée, discutant avec une fille de son année.
-Il faudrait que je te parle de quelque chose, dit Charlie.
-Bien sur, répondit Bill. Ça ne te dérange pas si nous en reparlons demain, demanda t-il en déposant un baiser sur la joue de la jeune fille.
-Aucun problème, affirma t-elle avec un léger sourire. Je vais me coucher, bonne nuit !
-Bonne nuit, Aurore. Alors ? Reprit Bill à l'attention de Charlie.
-C'est à propos de Gabrielle Foxter, commença t-il. Je lui ai parlé dans le train ce matin.
-Laisse tomber, lui conseilla Bill en fronçant les sourcils. Tu vas t'attirer des ennuis.
-Pourquoi ?
-Charlie, tu es mon frère. Je te connais et je sais que tu as un faible pour les causes désespérées. Et cette fille, je t'assure que c'est un nid d'emmerdes.
-Je cherche pas à la fréquenter, c'est juste que personne ne s'intéresse à elle. Avant ce matin, je ne savais même pas qu'elle était la fille d'un Mangemort.
-Sérieusement ? demanda Bill en éclatant de rire. Mais enfin, tout le monde le sais ! C'est pour ça que les élèves l'évitent. Même la plupart Serpentards ne l'approche pas plus que nécessaire.
-Qu'est-ce que tu sais sur elle ?
Bill regarda son petit frère dans les yeux quelques secondes pendant lesquelles il sembla réfléchir. Il finit par soupirer avant de reprendre la parole :
-Voilà ce que je sais. Elle est en septième année, comme moi, et elle a plutôt de bons résultats, avec tout le temps qu'elle passe à la bibliothèque, ironisa t-il. Elle est discrète et ne parle jamais d'elle ni de sa famille malgré les questions que certains lui ont déjà posé. Je crois qu'elle se fiche pas mal de ce que les autres pensent d'elle alors elle les laisse dire. Mais elle a mauvais caractère. Elle est arrogante et répond aux professeurs. Tu sais tout de même qu'elle joue dans l'équipe de Quidditch de Serpentard ?
-Évidemment, réprimanda Charlie. C'est une poursuiveuse très doué. Elle donne du fil à retordre aux filles.
-J'ai aussi entendu dire qu'elle avait fait pleurer une première année de Poufsouffle l'année dernière.
-Que c'est-il passé ?
-Apparemment, Gabrielle aurait terrorisé la fillette sous prétexte qu'elle se trouvait sur son chemin.
Charlie en fut stupéfait. Il n'avait jamais entendu quelque chose d'aussi stupide. Ce ne devait pas être la bonne version de l'histoire. Bill allait rajouter quelque chose, mais Charlie le vit hésiter. L'aîné des Weasley regarda le feu qui rougeoyait dans la cheminée et son expression devint absente, comme s'il repensait à un événement en particulier.
-Papa et maman aussi en ont parlés, dit-il au bout d'un moment.
-Quand ?Qu'est-ce qu'ils disaient ?
-C'était avant la fin de la première guerre. Ils étaient dans la cuisine un soir après le repas. Maman nous avait tous envoyé dans nos chambre mais j'étais redescendu pour boire un verre d'eau. Tu sais comme il fait chaud à la maison l'été. Lorsque je me suis approché de la cuisine, j'ai entendu des bribes de leur conversation. Ils parlaient de l'incident qui avait ravagé cette famille de moldu.
-J'en ai entendu parlé dans le train. Rayan et les autres m'ont raconté ce qu'il s'est passé. Les parents de Mandy sont Aurors, ils y étaient.
Bill acquiesça simplement de la tête, il n'aurait donc pas besoin de lui expliquer à quel point le père de la jeune fille était fou et dangereux. Il expliqua que leur père parlait des partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom recherchés par les Aurors et les membres de l'Ordre du Phénix. Et parmi eux, il y avait cette famille de Mangemort. Les Foxter... Arthur Weasley expliquait à sa femme les détails qu'un collègue de travail lui avait rapporté au Ministère de la Magie. Bill ne se souvenait plus avec exactitude des détails puisqu'il était encore très jeune à l'époque. Sa curiosité d'enfant avait juste saisi quelques phrases qu'il n'avait jamais pu oublier. Quelque phrases précises qu'il avaient parfaitement en tête, comme s'il revoyait la scène depuis l'entrebâillement de la porte.
-J'ai lu dans le journal que c'était un véritable carnage, avait dit sa mère en se levant pour remplir les tasses de café.
-Et il y a encore pire, avait répondu Arthur en soupirant d'un air accablé.
-Qu'est-ce qui pourrait être pire ? Demanda Molly en s'étonnant qu'il y ai autre chose.
-Andrew Foxter a une fille, elle est née d'une mère moldu.
La main sur le cœur, sa mère en avait lâché la tasse de café qu'elle était en train de remplir et elle avait tiré une chaise sur laquelle elle s'était laissé tomber.
« -Pauvre enfant », furent les mots qu'elle prononça.
Ensuite, Bill lui raconta quelques anecdotes qui selon-lui démontraient que la jeune fille n'était pas fréquentable. Il avait entendu des filles de son année dire que Gabrielle s'était battu avec quelqu'un dans les toilettes des filles au deuxième étage pendant les vacances de noël l'année précédente. C'était la raison pour laquelle Gabrielle avait un œil au beurre noir lorsque les élèves étaient revenus. Personne n'en savait plus sur cette histoire. Les professeurs avaient du intimer le silence au deux filles et l'affaire fut étouffée. On disait aussi que parfois, elle disparaissait de longues heures sans que personne ne l'aperçoive. La plupart des élèves étaient intimement convaincu que Gabrielle pratiquait la magie noire en cachette. Et tous s'accordaient à dire que Dumbledore devrait mieux la surveiller. Mais en dépit de la réputation de son père et de son oncle la jeune fille avait quand même eut droit de s'inscrire à l'école de sorcellerie. A cela, Bill ajouta que « Dumbledore laisserait toujours une chance à ceux dont on se méfie au premier abord ».
Bill fini par monter se coucher en réalisant l'heure tardive. Charlie quand à lui s'installa sur le canapé en face de la cheminée et il observa distraitement le feu qui rougeoyait jusqu'à ce que les dernières braises se consument.
Pourquoi ne l'oubliait-il pas ?
Elle était son opposé, et il aurait dut continuer à l'ignorer comme avant. Mais il y avait quelque chose en elle qui l'intriguait. Foutu Gryffondor, foutu curiosité ! Il monta dans son dortoir et se coucha dans son lit après avoir enfilé son pyjama. En fermant les yeux, il revoyait l'expression du visage que la jeune fille avait lorsque pendant le festin, leurs regards s'étaient croisés.
