Les personnages de Buffy The Vampire Slayer sont la propriété de Joss Whedon ; je les lui emprunte un moment mais je les lui rendrai dès la fin de l'histoire. Je garde pour moi Will et son entourage, ainsi qu'Ossënor et Enrico.
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Vous trouverez également cette nouvelle sur le site de Deux Anglais à Sunnydale, en version .html "illustré" et .pdf
Résumé :
Cette histoire se passe au cours de la S4, et fait notamment référence à "Who Are You / La Revenante part 2" (Ep 16).
Sunnydale est une fois de plus la proie des fantômes et des démons... Quel est le lien entre Willow et l'enfant mystérieux qui a toqué à la porte de Giles ? Il a tué... Est-il dangereux ? Une histoire qui oscille entre rêve et réalité, passé et présent.
Version du 26 avril 2001
Spike sentit une main sur son épaule ; il se réveilla en sursaut et se tourna vers l'intruse.
Il la regarda, troublé, la trouvant belle dans cette longue robe verte. Elle était resplendissante dans la lumière du jour.
"Willow...", voulut-il murmurer - mais aucun son ne sortit de sa bouche.
Elle porta la main à son cou, et enleva son pendentif - un pentacle. Puis elle détourna la tête, semblant écouter une voix qu'elle seule pouvait entendre.
S'appuyant sur ses coudes, le vampire se leva à demi ; il sentit l'herbe crisser sous ses doigts. "Reste !", prononça-t-il, toujours en vain. "Suis-je devenu sourd ?"
Willow le regardait à nouveau. Elle s'assit à côté de lui et voulut passer le pendentif autour de son cou. Quelqu'un l'appela, encore une fois ; assez fort, cette fois-ci, pour que Spike l'entende.
Surprise, la jeune sorcière lâcha le pendentif et le laissa tomber dans le fleuve de lave qui coulait tout autour. Elle disparut, les larmes aux yeux.
"Willow ! Willow, réveille-toi !"
"... Buffy... le pentacle est tombé..."
"Oui oui, et les cochons volent et la lune est un fromage ! Réveille-toi, tu vas finir par te faire remarquer !"
"Ohh... Le cours de littérature comparée !" Willow s'empara d'un crayon et fit semblant d'écrire dans son cahier.
"Qu'est-ce qui t'es arrivé, dis ? Tu m'as fait peur ! Tu étais assise, toute droite, et tu ne bougeais plus d'un cil !"
"Mademoiselle Summers, s'il-vous-plaît, faites-nous part de vos intéressants commentaires sur le mythe de Salomé."
"Désolée, Madame..."
Spike se réveilla en sursaut. Instinctivement, il jeta un coup d'oeil vers la gauche - là où, d'habitude, filtrait un rai de lumière. Rien. Où était-il ? Haletant, il s'appuya sur ses coudes, et fut surpris par le contact de la terre battue.
Affolé, il scruta les ténèbres - sans succès. Par tous les enfers, que se passait-il ? Il essaya de se lever, tomba, et retomba encore ; désespéré, il se mit à marcher à quatre pattes, puis à ramper - ne rencontrant que des murs autour de lui.
"Will"'... appela-t-il.
C'est alors qu'il se souvint.
"Ah... merci. Excuse-moi, j'ai un peu la tête ailleurs en ce moment."
"Peux-tu me dire ce qu'il s'est passé ?"
"Je suis désolée, Buffy, je ne me souviens plus du tout."
"... Tu m'inquiètes. Écoute, je vais appeler Giles et..."
"Je ne sais pas si ça en vaut la peine, je dois être un peu fatiguée, c'est tout."
"S'il-te-plaît, Willow."
"Comme tu veux..."
Il se souvint de ses insomnies, de plus en plus fréquentes depuis qu'il ne pouvait plus mordre. Il se souvint de sa frustration grandissante, et du besoin qu'il avait de marcher, marcher, marcher pendant des heures pour ne pas devenir fou.
Et puis ?... Aujourd'hui - en supposant qu'il n'était pas là depuis plus longtemps - il s'était réveillé encore plus énervé que d'habitude. Une envie de tuer, un goût de sang frais dans la bouche... Soupirant, il était allé faire un tour à l'étage, voir si quelqu'un avait envie de discuter avec lui. Les autres habitants du squat, un vieil immeuble que les entrepreneurs avaient oublié de démolir, étaient tous humains. Triste compagnie. Avec un peu de chance, ils ne seraient pas tous défoncés. Si. Bien entendu.
Il était redescendu jusqu'à la cave et avait soulevé la trappe, bien cachée, qui menait aux souterrains de Sunnydale. Il les connaissait mieux que quiconque, et pouvait les parcourir les yeux fermés ; mais il espérait toujours trouver un nouveau recoin, un espace qui lui aurait échappé...
Puis il se souvint des vampires et démons hagards, qu'il rencontrait de plus en plus fréquemment ces derniers jours. Il se souvint de cette porte cochère, embusquée dans l'ombre, et qui ne semblait attendre que lui. Il l'avait ouverte.
Et enfin, brusquement, la terreur, qui l'avait assommé aussi sûrement qu'un crochet du droit de Buffy.
Giles était allé chercher Buffy et Willow à l'université. Soucieux, il observait la jeune fille qui, vautrée dans le canapé, sirotait tranquillement un verre de jus d'orange.
" Je vous assure, elle n'était pas du tout dans son état normal !" déclara Buffy.
"Je te crois volontiers..."
Willow haussa les épaules. "Je ne me souviens plus de mon rêve. Je suis juste un peu fatiguée, je pense."
"Il pourrait s'agir d'une expérience de voyage astral, ou d'une prémonition. Cela m'étonne quand même que tu ne te rappelles de rien !"
Giles continua de parler, tout en fouinant dans sa bibliothèque. "C'est la première fois que ça t'arrive ?"
"Oui... je crois."
"Et comment te sens-tu maintenant ?"
"Bien. Enfin, je dois admettre que je suis un peu déboussolée." Elle posa son verre sur la table. "Je crois... Non, je ne sais pas." Elle triturait nerveusement le pendentif qu'elle portait autour du cou, plus inquiète qu'elle ne voulait se l'avouer. "J'ai sans cesse l'impression que ça va me revenir ! Tout ce que je sais, c'est que c'était très réaliste."
"Te souviens-tu de ce que tu as ressenti ? Te sentais-tu en danger, par exemple ?"
"... Non... Mais il y avait quelqu'un d'autre !"
"Qui ?"
Willow secoua la tête ; Buffy vint s'asseoir près d'elle et lui prit la main. "Tu as parlé d'un pentacle, avant."
"... Il y avait de la peur. Tout autour. Elle s'insinuait."
"Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama Buffy. Giles, elle est vraiment bizarre, là !"
Il lui fit signe de se taire. "Et et et... Et toi, est-ce que tu avais peur ?"
"Non, pourquoi ?"
A force de faire et refaire sans arrêt le tour de la pièce, Spike finit par trouver une porte ; cela ne le surprit qu'à moitié, bien qu'il ait eu le sentiment d'avoir déjà exploré l'endroit de fond en comble. Il posa la main sur la poignée, soulagé ; il n'était pas mécontent d'enfin sortir de ce trou à rat. C'est alors qu'il reconnut une vieille amie qui s'était cachée là, se lovant sous ses doigts, serpentant nonchalamment le long de son bras. La Peur.
La Peur était là, et ne voulait pas qu'il ouvre. Le vampire luttait de toutes ses forces pour ne pas lâcher la poignée, sachant fort bien que s'il le faisait, il ne retrouverait pas la porte de sitôt. La peur grimpa jusqu'à son épaule, grouillant comme une nuée d'insectes. Il aurait voulu hurler, mais son cri restait bloqué dans sa gorge. Allait-il ouvrir ? Il entendit une longue plainte de douleur qui semblait venir de la porte elle-même - la plainte de quelqu'un à qui l'on refuse la mort. L'odeur de la Peur, partout - lorsqu'il ouvrit la bouche, Elle s'infiltra dans sa poitrine, glaçant tout son être. Il se mit à trembler.
Bruits de chaîne. Allait-il... ? «Will'», pensa-t-il, et il tourna la poignée.
"Non !" cria Willow.
"Qu'y a-t-il ?" firent Buffy et Giles en choeur.
"Non... Il ne faut pas..." Willow sortit brutalement de sa transe.
"Raconte-nous", fit Giles.
"Je vous promets... Je ne sais pas !"
"Entre, Spike, je t'attendais."
Il fut à peine surpris d'entendre son nom. Il entra dans une pièce ronde aux murs de pierre, éclairée par des torches et meublée d'une grande table en bois massif et de deux chaises ornées d'or et de pierres précieuses.
"Prends place !" fit l'homme en désignant le bout de la table. Il était grand - bien deux mètres - et massif comme un bûcheron. Il était vêtu comme un roi, mais ne portait pas de couronne. Un lourd pendentif en or, serti d'un énorme rubis, reposait sur son poitrail. Ses cheveux noirs retombaient en cascade sur ses épaules, et sa barbe était longue.
Spike s'assit, et le roi sans couronne prit place à côté de lui.
"Tu dois avoir un peu faim." Soudain, Spike se retrouva avec une coupe dorée à la main, remplie de sang. L'odeur sublime emplit ses narines, et il ne put s'empêcher de tremper prudemment les lèvres dans le verre : c'était du sang humain, et pas du réchauffé ! On l'aurait dit puisé à la source, directement à la carotide palpitante d'une jeune fille... Il se délecta de ce nectar sans trop se presser.
"Tu en veux encore ?"
Le vampire s'essuya la bouche du revers de la main. "Non, merci."
"Bien."
"Qui êtes-vous, si ce n'est pas trop indiscret ?"
"Je suis un sorcier, Spike, un très grand sorcier. Mon nom est Ossënor. J'ai entendu dire qu'il y avait de belles choses à voir à Sunnydale ; j'ai décidé de m'installer ici, provisoirement."
"Bienvenue à Bloody Hell, dans ce cas."
"Merci à toi, petit démon !"
Spike fronça les sourcils, ce qui provoqua le rire du roi.
"Tu me plais bien ! Beaucoup de tes semblables, ainsi que d'autres créatures encore plus terribles, sont parvenues jusqu'à mon antichambre ; mais aucun n'a eu le cran d'ouvrir la porte de mon humble demeure."
Spike revit les vampires terrorisés qui hantaient Sunnydale ; certains étaient parmi les plus braves qu'il avait connus.
"Beaucoup sont morts sur-le-champ", précisa Ossënor.
Le gamin courait à perdre haleine, insensible aux cailloux qui s'enfonçaient dans la plante de ses pieds. Il courait le long de la rivière, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon court en mauvaise toile. Ses yeux étaient embués de larmes.
Il sauta habilement une barrière de bois puis alla s'asseoir au pied d'un grand saule. La rivière était calme en cet endroit, et resplendissait de lumière.
L'enfant se mit à pleurer.
"Bonjour, petit. Quel est ton nom ?" C'était une voix féminine, une voix douce qui le caressait comme une plume.
"Will. Je m'appelle Will, madame", sanglota le garçon. "J'ai dix ans." Il se retourna, cherchant la propriétaire de la voix.
"Pourquoi pleures-tu ?" Will écarquilla les yeux : il n'y avait personne, absolument personne ! "Qui parle ?"
"Tu le sais, Will."
Le garçon frémit ; il n'avait jamais vécu pareille chose auparavant, n'avait même jamais espéré que cela puisse être possible : un arbre lui parlait. Un saule.
Après de longues minutes de silence, le roi reprit : "Je te croyais plus bavard, mon garçon !"
"Oh mais je le suis, d'habitude !", rétorqua Spike. "Aujourd'hui, je ne sais pas... Je me sens... déboussolé."
"Il n'empêche. Tu m'impressionnes par ton courage."
Spike haussa les épaules. "Que vouliez-vous que je fasse ? J'étais mort de trouille à l'idée d'ouvrir cette satanée porte, mais je préférais ça plutôt que de rester enfermé dans cette pièce puante et sombre."
Le vampire frémit à cette idée, et Ossenör partit d'un nouvel éclat de rire. "Bon sang, tu promets ! Je perçois beaucoup de qualités en toi, malgré ton jeune âge. Oui, il est dommage que tu sois si jeune, j'aurais souhaité faire ta connaissance dans 300, 400 ans ! Nos discussions auraient été bien plus passionnantes !"
"S'il n'y a que ça pour vous faire plaisir, je pars maintenant et je reviens dans trois siècles."
Le sorcier rit de plus belle. "Quelle insolence ! Décidément, je t'adore ! Tu te méfies de moi, n'est-ce pas ?"
"Disons... Je ne vois pas bien ce que vous attendez de moi."
"Et si je te proposais de te rendre tes crocs ?"
