Bonjour, bonsoir!

Me voici avec un petit OS, j'espère qu'il vous plaira!

Disclaimer : Snk appartient à Hajime Isayama

Bonne lecture!


La flamme de sa bougie vacillait, ce soir, il n'avait qu'un seul témoin; la lune, pleine et lumineuse. La plume se mit à gratter le papier dans un soupir.

"Chère Petra…"

Non, trop mielleux. Rature, feuille roulée en boule, poubelle.

"Petra…"

Trop court… Définitivement, trop court. Rature, feuille roulée en boule, poubelle.

"Putain, Petra

Tu dois bien te marrer là haut à me regarder écrire une lettre à un fantôme. Rien à foutre, tant mieux si j'arrive à te faire sourire, j'aurais au moins réussi une fois dans ma vie, même si je ne le verrai pas. C'est difficile d'écrire à quelqu'un qui n'est plus là, je ne peux même pas te demander si tu vas bien, tu ne peux pas me répondre. Et encore, je pense que tu serais bien capable de me faire passer un message, peu importe comment, juste pour me faire fermer mon clapet.

Putain, Petra, j'espère vraiment que tu vas bien. Tu ne pourras jamais me dire si j'ai raison, mais j'essaie d'y croire, de croire que tu as trouvé la paix loin des titans et de ce monde de fou. Si ce n'est pas le cas, je t'en supplie, trouve-la, tu mérites tout ça. Je n'arrive pas à me projeter dans ton monde; est-ce que tu vis vraiment dans les nuages, avec tout ce que tu souhaites juste en claquant des doigts ou bien tu vis dans un monde parallèle au nôtre, plus beau je l'espère. J'ai envie de me mordre la langue pour ne pas te dire la suite, je sens le goût amer de mon sang emplir ma bouche en fait, mais tu me manques. Jamais, non jamais, je n'aurais dit ça avant mais là, maintenant, de suite, faut vraiment que tu le saches.

Y'a tellement de choses que tu devrais savoir mais que je n'aurais pas la force de te dire, même dans ce moment de faiblesse dans lequel j'ai plongé sans réfléchir. Je ne me reconnais pas, ça ne me ressemble pas d'agir sans réfléchir, je ne suis pas comme Jaëger!

Putain, Petra, je pense souvent à tes mots ce jour-là: "Il est nerveux, violent et difficile à approcher." Tu me trouvais vraiment hors d'atteinte? Parmi tous les membres de ce bataillon de merde, il n'y avait que toi qui avait percé mes défenses, sans le savoir, malheureusement.

Je regrette que tu ne l'aies pas compris avant, avant tout ça. Nerveux je te l'accorde mais violent? Vraiment Petra? Je n'use de la violence que lorsque j'y suis obligé, je déteste ça, surtout sur un homme. Une vie humaine est tellement précieuse, trop éphémère aussi. Tu en es la preuve, tu étais beaucoup trop jeune. Tu ne connaissais rien à cette vie d'adulte, de ses responsabilités et de tout ce qui en découle. Plus rien n'est pareil désormais…

Je voulais m'excuser, Petra. Ce jour-là, je n'ai pas réussi à regarder ton père qui me parlait, la fierté transperçait dans sa voix, celle de t'avoir comme fille. Je me sentais misérable, une vraie merde, je n'ai pas pu te protéger et j'aurais dû. Je sais très bien que tu savais te débrouiller, tu n'étais pas dans mon escouade pour rien, mais j'y peux rien, je le ressens comme ça. Cette lettre, qu'est-ce qu'elle contenait? Je ne le saurai jamais maintenant, je le regrette, j'aurais dû prêter plus attention à ce qui m'entourait, à vous tous, à toi. Le mariage, tu étais prête? J'aurais refusé tu le sais bien, je suis beaucoup trop égoïste pour t'entraîner dans ma misérable vie, dans mes emmerdes. Tu l'as dit toi-même, je suis nerveux, ça n'aurait pas fonctionné. Tu es partie au bon moment, Petra. Tu es partie avec la pleine possession de ton corps et de ton âme, que tu voulais me dédier. Ton âme, si belle j'en suis sûr, vaudrait tout l'or du monde pour celui qui aurait été tien. La mienne est trop noire, elle t'aurait complètement dévorée, sans te laisser une seule chance de survie. Je me refuse à t'accorder la moindre faveur maintenant. Tu crois qu'Auruo aurait été un bon parti pour toi? Il te dévorait du regard à longueur de journée, tu ne le voyais pas. Ou bien, tu ne voulais pas le voir. Tu étais trop mystérieuse Petra, tu ne te dévoilais pas. Et c'était moi l'inaccessible? J'en rigole maintenant. M'aimais-tu? Quand j'y repense, Auruo m'imitait pour attirer ton attention, sur lui, pas sur moi. Tu aurais dû le voir, tu aurais dû comprendre. Lui avait compris, il te méritait, contrairement à moi. Bien qu'à l'heure actuelle, je ne suis plus très sûr de rien.

Je n'ai pas pu ramener ton corps, aussi mutilé soit-il à ta famille, tu m'en vois navré. Tes cheveux, tes si beaux cheveux t'ont trahis lorsque ton corps est tombé, ils m'ont brisés. J'ai su alors que plus rien ne serait jamais comme avant. Vous n'étiez plus là, plus aucun de vous. Dans des moments de bassesse, je me sens encore plus seul, à penser à vous. Il m'arrive encore de te chercher, lors de mes nombreuses insomnies, trop nombreuses. Seul le silence me répond, frappant directement dans ce trou béant qu'est devenu mon coeur. Ta voix, elle aussi me manque, ça a été la première chose qui a disparu. Je te vois, trop souvent, mais il manque ta voix, il n'y a plus que des murmures confus, je n'arrive plus à les comprendre. Plus j'essaie, moins j'y arrive. Ton rire, si rare, a disparu de ma mémoire, tombé dans les limbes de mes souvenirs. Je ne veux pas que tu sois un souvenir, tu es encore bien trop présente pour ça. Toi, toute entière, tu commences à disparaître petit à petit. Les images deviennent floues, même si j'essaie, chaque jour, de m'en rappeler. Ton sourire, lui, reste accroché à mon cerveau, tout comme tes grands yeux noisettes, si éclatant. Bien que ton visage devienne brumeux, avec le temps, ton regard est toujours aussi perçant, comme si il pouvait encore lire dans le mien, à travers mon âme, opaque.

Je me déteste en ce moment même, Petra, je suis si faible à te dire tout ce que personne ne saura jamais. Cette lettre, lorsqu'elle sera terminée, si elle l'est un jour, disparaîtra avec toi. Je ne me sentirai sûrement pas mieux, mais au moins, tu le sauras. Ce n'est pas une déclaration d'amour, je te signale quand même. Considère ça comme un éloge funèbre, celle que je n'ai pas pu faire sur ton corps. Maintenant que tu es libre, tu peux voler Petra? Sans équipement tridimensionnel, juste comme ça, sauter d'un toit et voler librement. Tu dois être magnifique, libérée de toute cette peur et du monde qui t'entoure. La terreur ne se lira plus jamais dans ton regard, tes yeux pourront briller comme la lune derrière moi. J'aurais voulu que tu la voies, elle est si près ce soir, j'ai l'impression que je pourrais la toucher juste en tendant le bras.

Ah, je suis ridicule. Plus j'écris, plus je m'enfonce. Putain, je n'arrive pas à m'arrêter. Je n'aurais pas dû commencer, c'est vraiment ridicule. A quoi bon? Tout ça ne servira à rien de toute façon. Tu sais Petra, je…"

Trois coup furent portés à la porte. La voix étouffée d'Erwin Smith se fit entendre.

"-Livaï?

-J'arrive, Erwin."

Soupir. Il posa la lettre sur la flamme de sa bougie, le papier se mit à craquer puis s'embrasa. Lorsque le feu fut si près de ses doigts qu'ils commença à en avoir mal, il lâcha la missive dans une coupelle jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans un sillon de fumée. Son secret resterait bien gardé. Il se retourna, contemplant l'astre parfait qui l'avait veillé pendant ce moment de faiblesse. Cependant, elle n'était plus seule; une étoile, perdue dans ce ciel opaque trop grand pour elle, brillait intensément. Il sourit, sincèrement, douloureusement, avant de secouer sa tête et d'éteindre la flamme du bout de ses deux doigts humides. Putain, Petra…

Erwin Smith le savait. Cette mission nocturne dans cette forêt plongeait le meilleur soldat de l'humanité dans une tristesse incommensurable. Il avait perdu des êtres chers ici, les souvenirs étaient encore douloureux. Livaï avait perdu tout ceux qui avaient été proches de lui, comme si il était une malédiction. Erwin se fit alors une promesse; il ne le laisserait plus seul, jamais.