Hey ! Hey ! Bonsoir chers enfants. Venez, entrez dans ma cachette. N'ayez crainte, la sorcière que je suis ne va pas vous manger. Du moins, pas tout de suite...
Asseyez-vous confortablement. Voilà.
Dites-moi, vous ai-je déjà conté une histoire d'Halloween ? Non ? Ça tombe bien, j'en ai justement une. Vous allez me dire, nous ne sommes pas encore au jour tant attendu. Patience, mes petits chérubins. Préparez-vous à rester avec moi un bon moment.
Pourquoi donc, me dites-vous ? C'est bien simple. Sachez que cette histoire ne se terminera pas ce soir, oh non. Celle-ci se déroulera pendant ces deux semaines à venir afin de vous faire patienter pour le grand soir.
Sachez que toute cette histoire est déjà écrite. Depuis une année, pour tout vous dire. Ne doutez donc pas : vous en entendrez la fin.
Je vous la conterai régulièrement. Revenez donc me voir le vendredi 21/10, le mardi 25/10, le vendredi 28/10 et enfin, le lundi 31. Frappez au tronc de mon saule cogneur entre 17h et 18h30, cela dépendra de ma présence, j'ai parfois certaines affaires ailleurs. Cependant, méfiez-vous, il est un peu grognon le petit chou.
L'horaire du 31 est exceptionnel et n'a pas encore été défini, vous le saurez le moment venu.
Disclaimer : La sorcière n'a fait que s'amuser (oui, oui : « s'amuser ») avec les images publiques des vidéastes présents dans cette fanfiction, ainsi que certains personnages de leur univers. Le Visiteur du Futur est une web-série écrite et réalisée par François Descraques. Les personnages de cette émission utilisés et leur univers lui appartiennent.
Troller warning : Il vous est vivement recommandé de poser votre cerveau à bonne distance de votre ordinateur / tablette / portable avant la lecture afin de lui éviter tout dégât causé par l'illogisme de cette fanfiction. Toute ressemblance avec des événements ayant déjà eu lieu serait fortuite.
Note de l'auteur : L'abus de bonbons périmés peut nuire à votre santé.
Et maintenant, commençons.
Halloween, mouche et perlimpimpin
oOo
Chapitre 1 : Les bonbons pas bons
- Richard, quel jour sommes-nous, déjà ?
- Le trente-et-un octobre.
Antoine, qui avait jusque là l'esprit focalisé sur son écran d'ordinateur, se retourne vivement sur son siège, le diamètre de ses yeux se retrouvant décuplé par un brusque accès de surprise.
- Par la Sainte Patate ! s'exclame-t-il. Tu plaisantes j'espère ?
- Bah non, pourquoi ? lui demande son chien en peluche qui est étendu sur son lit.
- Mais c'est extrêmement grave, Richard !
- Pourquoi ? s'excite soudain son compagnon. Il va y avoir l'apocalypse ? Une invasion de morts-vivants sortis tous droit du cimetière de Paris ? Une énorme inondation de sang et de larmes ? Une visite de ta mère ?
- Non, Richard, stresse Antoine en se mordant les doigts. C'est... C'est que...
- C'est que quoi ?
- Enfin, c'est horrible !
Un silence pesant s'installe dans la chambre du vidéaste. La tension dans la pièce devient lourde et palpable. Le chien en peluche retient son souffle, fixant les yeux exorbités du jeune homme paniqué.
- J'ai oublié d'acheter des bonbons !
Toute la tension accumulée retombe aussitôt et Richard soupire d'irritation et de déception.
- Si ce n'est que ça, ronchonne-t-il en reposant sa tête sur le matelas, tu n'avais aucune raison de me réveiller.
Mais son ami bipède ne l'écoute même pas.
- Quel jour sommes nous? demande-t-il précipitamment.
- Mais tu en fais exprès ou quoi ? s'énerve sa peluche.
- Mais non, je ne demande pas quel jour on est. Je demande quel jour on est !
- Samedi, lui répond Samuel d'une voix lasse.
- Ok. Et quelle heure est-il ? veut savoir Antoine en se levant pour prendre sa veste.
- Il est dix-neuf heures et huit minutes, précise le ventilo.
Soudain accablé, le jeune homme se rassoit lourdement sur sa chaise.
- Oh non ! Tous les magasins sont fermés, se dépite-t-il.
- Tu ne vas tout de même pas faire une comédie pour des bonbons ? se courrouce à nouveau Richard. Tu n'auras qu'à dire aux marmots que tu n'en as pas et puis ça sera bon.
Cette excuse-là, Antoine l'avait déjà utilisée l'année d'avant alors qu'il avait encore oublié de s'approvisionner en friandises pour le soir d'Halloween. C'était donc poliment qu'il l'avait annoncé à tous les enfants en costumes qui étaient venus claironner à sa porte le fameux trick or treat ! Les gamins étaient alors repartis sans demander leur reste... sauf un qui, n'ayant pas reçu de trick, avait choisi l'option treat. En effet, quelques minutes après avoir refermé sa porte au garçon, Antoine était retourné regarder des vidéos sur Internet, dans sa chambre. C'est alors qu'à l'extérieur, il avait soudain entendu une voix enfantine crier : « Pee pee ! ». Il avait donc ouvert sa fenêtre et avait découvert, non sans une certaine surprise, que le gamin qui se trouvait quelques instants plus tôt sur le seuil de sa maison s'enfuyait en courant après avoir uriné sur la portière avant gauche de sa voiture, poignée comprise. Enfin ça, Antoine ne l'avait découvert que le lendemain en voulant monter dans son véhicule...
- … Oh que non ! Pas cette année ! déclare le grand chevelu en articulant bien chaque syllabe.
Dans un brusque regain d'espoir, il se dirige d'un pas décidé dans sa cuisine et se met à fouiller frénétiquement dans tous ces placards. Ce n'est que dix minutes plus tard, après avoir fait disparaître la seule table de la pièce sous un amas de paquets alimentaires, qu'il retrouve un gros sachet de bonbons piquants à peine entamé, ouvert depuis plus de huit mois.
- Bon, soupire-t-il, rassuré. Ça suffira au moins à sauver ma voiture cette année.
Enfin apaisé, il s'en retourne aux côtés de Samuel et Richard.
o
Il regarde par la fenêtre : il croit bien avoir entendu quelqu'un pousser le portail de son jardin. En effet, trois petits monstres marchent en chahutant en direction de sa porte d'entrée, une sorcière, un garçon momifié avec du papier toilette, et un autre vêtu d'un ample habit noir ayant rabattu son capuchon sur sa tête, une faux en plastique à la main. Le youtuber s'empare alors de son sachet de bonbons dans le but d'aller à leur rencontre. Mais à peine est il sortit de sa chambre...
Pfvooouuuvv ! (Ou pfiou ! ou encore pfouw !, c'est comme vous voulez.) Un parfait inconnu vêtu d'un vieux manteau marron et rapiécé apparaît comme par magie devant lui dans un flash lumineux rouge et bleu. Les bras dressés face à lui, il barre le passage à Antoine. D'étranges lunettes noires à verres épais retiennent en arrière ses cheveux bruns en bataille dont certaines mèches sont poisseuses de sang. Son visage couvert de cicatrices et d'hémoglobine à la teinture claire affiche une expression d'extrême urgence.
- NON ! lui crie-t-il alors. Surtout, ne donne pas de bonbons à ces enfants !
Ce qui a pour effet de faire bondir Antoine en arrière, totalement pris au dépourvu.
- Qui êtes-vous et que faites-vous chez moi ? lâche-t-il précipitamment, son visage trahissant un intense sentiment d'affolement.
- Là n'est pas le principal, lui explique l'inconnu, complètement essoufflé. Non, le plus important, c'est qu'il ne faut surtout pas que tu donnes ces friandises aux mômes qui arrivent.
- Mais... Mais pourquoi ?
- Parce que sinon, voilà ce qui va se passer...
L'homme en manteau prend une grande inspiration et lâche avec précipitation :
- Les enfants qui vont venir sonner à ta porte sont, comme tu l'as constaté, au nombre de trois. Une fille et deux garçons, pour être plus précis. Tu vas leur ouvrir avec le sourire au lèvres et ils vont te scander (il emprunte un timbre de voix aigu) : « Trick or treat ! ». Tu vas donc leur offrir à chacun une poignée de sucreries que tu tiens là dans ta main, et ils seront très heureux et s'en iront sans demander leur reste... et ta voiture n'aura rien.
Il fait une pause, faisant penser à Antoine qu'il a enfin terminé.
- Bon alors dans ce...
- MAIS CE N'EST PAS TOUT ! se ravive soudain l'inconnu, le faisant de nouveau sursauter. Comme tu es peu pointilleux avec les dates de péremption sur les paquets de nourriture, tu te fiches bien de savoir que la date limite du sachet que tu détiens est le 23/03. Et de plus, situation totalement scandaleuse, tu l'as laissé pourrir ouvert dans un placard pendant huit mois !
Sidéré, le youtuber retourne machinalement le paquet de bonbons dans sa main et se rend compte que sa date de péremption correspond exactement à celle que l'autre homme lui a énoncée.
- Alors, une fois que tu leur auras donné ce qu'ils t'auront demandé, les enfants vont bien entendu les manger malgré leur goût atroce. Mais, fait totalement rarissime, une bactérie encore inconnue à votre époque s'est développée dans ces bonbons et les enfants, ne le sachant pas, vont tous les ingurgiter. C'est alors que cette bactérie dont je t'ai parlé va s'attaquer à leur système immunitaire avant d'aller se loger dans leur cerveau, au niveau de leurs synapses, ce qui va perturber les messages perçus par leur organe directeur et les transformer en...
- … zombies, achève Antoine.
- Exactement ! s'exclame l'intrus mystérieux.
- Mais les zombies, c'est coo...
- NON ! Ça n'est pas cool du tout, l'apocalypse, mon cher ! Car, oui, tu te doutes bien qu'une fois que ces enfants seront métamorphosés, ils seront pris d'une irrésistible envie de dévorer de la chair humaine vivante, et ils mordront tous ceux qui auront la malchance de se trouver sur leur chemin, les contaminant à leur tour. Et cette action va se répéter sur d'autres gens encore, répandant l'épidémie de zombification (ce mot existe dorénavant) dans tout Paris en seulement trois heures et onze minutes. Et ce n'est pas tout car, une fois que tous les Parisiens auront été contaminés, crois-tu que ces monstres de chair putréfiée vont s'en arrêter là ? Non ! Ils vont continuer leur défilé macabre et mordrons tous les humains de la France, ta chère maman comprise, puis de la Terre entière ! Ce sera la fin de l'humanité et les quelques survivants de cette terrible apocalypse seront condamnés à vivre constamment sur leur garde, dans la peur la plus totale, en guettant le moindre zombie aux alentour. De plus, ils seront obligés de passer le restant de leurs jours sous terre pour survivre – comme moi, achève l'inconnu d'un ton dramatique.
- Mais qu'est-ce que... Attendez. Vous venez du futur ?
La réflexion d'Antoine a pour effet de surprendre l'autre :
- Euh... Oui. Mais euh... Mais là n'est pas le problème ! reprend-il en pointant le chevelu du doigt.
- D'a... D'accord. Alors... euh... J'en étais où, moi ? Ah oui ! Mais qu'est-ce que je dois faire pour éviter ça ? s'affole le concerné qui s'est plaqué contre le mur derrière lui, une expression d'effroi affichée sur le visage.
- C'est très simple, tu ne dois pas donner de bonbons à ces enfants, lui explique l'homme mystérieux en l'agrippant sans ménagement par les épaules. Tu m'as bien compris ?
Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir.
- Oui, oui, oui... ! lâche le pauvre vidéaste en tremblant.
- Bien.
Le perturbateur recule ensuite en levant son bras gauche devant son visage. C'est alors qu'Antoine remarque l'étrange machine munie d'un petit écran qu'il porte en bracelet. Puis, son propriétaire place un doigt sur l'un des multiples boutons qui la constituent et dit encore :
- Je te fais confiance. Oh ! et ne t'inquiète pas, je vais disparaître, c'est tout à fait normal. Surtout, ne donne pas de bonbons à ces enfants !
Son image oscille soudain et se brouille avant de disparaître dans le même flash qu'à son arrivée avec un bruit de jouet qui couine en mauvais état.
Mais Antoine reste planté là, tétanisé par ce brusque événement tandis que son cerveau fonctionne aussi vite que son cœur bat. Haletant, il passe une main sur son visage en sueur, encore complètement sonné.
Justement, la sonnette vers sa porte d'entrée retentit, le faisant bondir de nouveau. Son esprit s'est figé mais pas son corps qui, tel un automate, se dérouille et s'en va immédiatement ranger le paquet qu'il détient dans la cuisine, bien au fond d'un placard. Il éteint ensuite toutes ses lumières, se dirige à pas de loup du côté de la porte principale et tend l'oreille. De l'autre côté de la lourde surface faite en bois et en verre translucide, il perçoit trois ombres bien distinctes dont l'une est surmontée d'un chapeau pointu. Silencieusement, il écoute les voix infantiles étouffées qui parviennent à ses oreilles :
- 'Y a personne, tout est éteint.
- Mais non ! J'ai vu de la lumière tout à l'heure.
- Il est peut-être parti se coucher.
- Ce n'est pas vrai ! J'ai vu une silhouette regarder par la fenêtre, là-haut. Il nous a vus.
- Zut ! Ça veut dire qu'il ne veut pas nous donner de bonbons ?
L'ombre d'un doigt s'élève et un nouveau bruit de sonnette retentit. Persuadé qu'ils finiront par s'en aller, Antoine ne bouge pas d'un iota.
- Laissez tomber, il ne nous ouvrira pas.
- Alors nous repartons ?
- Oui. Mais pour le punir, je vais faire pipi sur sa voiture !
Quoi ? Comment ? Le chevelu se redresse brusquement et se précipite sur la porte pour l'ouvrir.
- Hey hey ! Les p'tits monstres ! s'exclame-t-il alors en prenant un ton faussement enjoué. Pardonnez-moi pour cette attente, je viens d'avoir une panne d'électricité et j'étais justement descendu dans ma cave pour jeter un coup d'œil au disjoncteur quand vous avez sonné. Ah ! Mes pauvres ! Je suis vraiment désolé mais je n'ai pas de bonbons pour vous, ce soir. Je suis arrivé trop tard devant le magasin.
Il remarque alors que le plus petit des garçons, celui qui est enrubanné dans du papier blanc, se penche vers son camarade vêtu de noir pour lui souffler à l'oreille quelque chose du genre :
- Je prends la portière de gauche. Toi, tu t'occupes du pare-brise.
A ces mots, le visage d'Antoine perd toute trace de jovialité pour se décomposer en une moue grave. C'est en regardant le plus petit des garçons qu'il se dit qu'une apparence de zombie lui siérait à merveille.
- Ah non, attendez ! Je m'en souviens. Je crois bien que j'ai peut-être quelque chose pour vous dans l'un de mes placards. Ne bougez pas, je vais le chercher.
A suivre... Rendez-vous le 21 octobre.
