Titre : Après la guerre, il y a des larmes puis le soleil
Rating : R-16 (dans l'ensemble, il n'y a rien qui puisse corrompre l'innocence des jeunes. Une grande partie de la fic peut-être classé R-13, mais justement pour certaines petites scènes, je préfère la mettre en rating M)
Genre : Romance / Drame / Shojo-aï / Song-fic
Résumé : La fin de la guerre n'est pas que synonyme de paix. Elle laisse parfois des blessures et cicatrices qui font mal. Deux porteuses de keyblade vont tirer ce malheureux constat, jusqu'à ce que l'espoir et le soleil repeignent à nouveau leur vie.
Crédit : Les personnages et l'univers de Kingdom Hearts ne m'appartiennent pas. Il sont la propriété de Tetsuya Nomura, Squarenix et Disney
Note de l'auteure 1 : Cette fic est un two-shot (je poste le premier chapitre maintenant et le second dans quelques jours). Dans chaque chapitre, le narrateur est différent (Kairi pour le premier, Aqua pour le second). C'est certes une song-fic, mais la chanson est plus là pour donner l'ambiance et surtout montrer les sentiments des principaux protagonistes. Vous n'êtes pas concrètement obligés de les écouter (au cas où, vous pouvez les écouter gratuitement sur You tube)
Note de l'auteure 2 : Cette fic se passent après KHIII, soit après la bataille finale contre Xehanort. Certaines déductions quant aux derniers combats sont donc de mon invention et apparaîtront principalement dans le second chapitre (le jeu est encore loin d'être dans nos mains… Mais il faut du temps pour faire un bon jeu).
Note de l'auteure 3 : Pour les amateurs, le shojo-aï ne sera présent que dans le second chapitre. On a aussi un petit Yaoi en arrière plan (mais important quand même).
La musique de ce premier chapitre est Ne viens pas de Roch Voisine
Bonne lecture
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Ne viens pas
Les nuages gris de cette journée m'accompagnent dans ma mélancolie. Assise sur l'arbre paopu, je balance mes pieds et regarde les vagues s'écraser contre la roche, ne cachant nullement mon air morne. L'île était déserte par ce temps. C'est avec la garantie que je m'y retrouverai seule que je m'y suis rendue. Pourtant, j'entends des pas derrière moi. C'est toi, je le sais, mais je n'esquisse pas le moindre mouvement pour me retourner. Je veux que tu comprennes combien tu m'as blessée, combien ton inattention va te coûter chère :
« Kairi… »
Ta voix triste et remplie de remords suffit à ébranler ma détermination. Mes membres se mettent à trembler. Je ravale ma salive et concentre mon regard sur l'horizon, mais tes paroles atteignent de nouveau mes oreilles avant de dégringoler directement vers mon cœur :
« Je suis désolé »
Et par ces simples mots, je savais que je te laisserai une place sur cet arbre.
Encore, je cède à mes sentiments pour toi.
Ne viens pas
Réveiller ma mémoire
Dire que tout se répare
Qu'il faut savoir pardonner
Ne viens pas
Faire basculer ma vie, toi qui l'as affaiblie
Sans coeur et sans merci
Je ne quitte pas mon tronc, c'est toi qui me rejoins, t'asseyant le plus naturellement du monde à côté de moi, à un mètre de distance comme tu le faisais avant. Une poussée de nostalgie envahit alors mon cœur. Je nous revoie, toi, moi et Riku, assis sur ce même arbre, à élaborer des plans pour échapper à la vie monotone de cette île. Pourquoi ai-je décidé de m'isoler en ce lieu porteur de tant de souvenirs de nous trois ?
Ce minuscule îlot, réputé pour son romantisme, est synonyme de tant de promesses. Comme celle de partir ensemble explorer les autres mondes, autrefois, il y a si longtemps…
Mensonge !
Je ne suis finalement jamais partie l'aventure, n'importe laquelle que ce soit. Malgré toute ma bonne volonté, Riku et toi avez finalement jugé qu'il valait mieux que je reste en arrière, car j'étais trop inexpérimentée. Même après un entraînement acharné auprès de Maître Yen Sid et de Lea, je n'étais pas de taille face aux chercheurs des ténèbres de Xehanort. J'étais un poids, la faible fille, tout juste bonne à rester en arrière et vous encourager puis vous féliciter.
J'étais pourtant si déterminée, motivée, consciente des dangers, prête à me sacrifier pour mettre fin à cette menace qui durait de puis des années. J'étais même prête à te servir de bouclier à n'importe quel moment. Je voulais briller à mon tour. Pour toi, pour te prouver que j'étais assez forte et que tu pouvais parfois te reposer sur mes épaules. Je voulais être réellement utile, et non pas rester dans votre ombre. Dis comme ça, cela parait très ironique, mais c'est vraiment ce qui s'est passé. Tu n'as fait que m'enfoncer vers le bas, te servant de ma tête comme un trampoline pour t'aider à rebondir. J'aurais pu me satisfaire d'avoir été ton soutien, ta courte échelle, un maillon indispensable, mais alors que je restais au bas des marches à te regarder courir vers la victoire, toi tu grimpais, et tu n'étais pas seul à avancer.
A tes côtés se tenait Riku, celui qui te vola à moi.
Mon erreur se trouve là, à moins qu'elle ne date d'encore avant.
Je me souviens, à mon arrivée surprenante dans ce monde, Riku s'est, au départ, montré méfiant. Mais toi, tu m'as d'emblée adoptée en me proposant de venir jouer avec vous. C'est toi-même qui m'as dévoilée votre projet secret de quitter cette île un jour, ce qui t'as valu un regard noir de notre aîné. Après tout, c'était votre secret à tous les deux. J'étais une intruse, je n'avais pas en faire partie, mais je le fus quand même, car tu avais pris ma défense en disant : « Elle est notre amie, alors on ne doit pas avoir de secret ». Ce à quoi Riku, pour une fois vaincu, avait répliqué « Une fille, c'est bien utile dans un voyage pour les corvées ménagères ».
Tout le monde parlait d'une rivalité entre toi et Riku, mais les vrais rivaux, c'était moi et cette tête d'argentée prétentieux qui nous disputions ta précieuse sympathie. Toi, tu souriais sans cesse, ne te rendant même pas compte que tu étais au cœur de nos querelles.
C'est tout toi, gentil, naïf, pacifique. C'est la première raison pour laquelle je t'ai aimé.
Je m'en suis rendue compte bien jeune, et je me persuade chaque jour que toi aussi tu m'aimais… Autrefois. Oui tu m'aimais, je n'en doute pas. Autant tu agissais naturellement avec Riku, autant tu restais dans la réserve avec moi, esquivant les questions douteuses, rougissant aux allusions mesquines des autres. J'aurais pu garder la meilleure place dans ton cœur. J'avais de nombreux avantages, dont celui d'être une fille, principalement. Sans doute ai-je trop compté sur cette simple chose, j'aurais dû me méfier. Ton cœur n'est pas comme les autres.
Tes sentiments ont évolué au décours de nos aventures. Tu aimes aider Sora, tu es comme ça, tu ne laisses jamais un cœur dans la détresse. Riku avait plus besoin de toi que moi. Il avait sombré, et toi tout naturellement, tu t'es senti coupable de n'avoir pu l'aider. Tu t'es même persuadé d'avoir attiser ses ténèbres en le délaissant quelque peu depuis mon arrivée sur l'île, puis en héritant à sa place de la keyblade.
Tu as développé une sorte d'obligation envers lui. Ta culpabilité et ton obsession de réparer de tes fautes ont transformé ton amitié fusionnelle en amour passionnel. Peut-être que ça aurait été différent si toi et moi étions restés ensemble, au lieu de t'attendre bêtement sur les Îles du destin.
Je t'aimais, et pourtant je n'ai rien fait pour te garder près de moi. J'ai eu la prétention de croire que tu m'aimerais toujours malgré les épreuves et la distance. Involontairement, j'ai creusé ma propre tombe.
Ne viens pas, si tu n'as pas choisi
S'il reste à tes silences encore un peu de lui
Ne viens pas, si c'est pour t'endormir
En essayant à chaque nuit de repartir
Pourquoi ai-je choisi de me réfugier ici, porteurs de souvenirs à la fois si doux et si amers ? Je me souviens, c'est ici même que tu m'as embrassée pour la première fois, que tu as enfin fait la déclaration que j'attendais depuis des années et que je n'espérais plus. Tu m'avais juré que tu m'aimais et que tu envisageais une relation sérieuse avec moi.
Mensonges !
C'était il y a trois mois déjà. J'ai été surprise de cet aveu avant d'assimiler rapidement les derniers évènements. J'avais cru comprendre que, dernièrement, ta relation ave Riku était devenue quelque peu compliquée. Mais si je ne m'attendais pas à ce que notre aîné rompe définitivement votre relation. Comment pouvait-on te quitter, Sora ? Cela me paraissait tout bonnement impensable ! Ce serait comme refuser le grand prix d'une loterie. Malgré tes défauts, tu es tout ce qu'on peut espérer de mieux comme compagnon.
Quelque chose ne tournait pas rond, mais j'ai laissé de côté ma logique et j'ai accepté ta demande. Parce que je t'aimais et qu'une occasion pareille ne se représenterait peut-être pas. Après des années d'attente et des déceptions, la chance me souriait enfin. J'étais aux anges. L'homme de ma vie, celui j'aimais depuis toujours, m'avouait son amour, me complimentait, énumérait tout ce qu'il aimait chez moi, me faisait des promesses digne d'un prince. Je t'ai écouté et cru, parce que je t'aimais, même si ces éloges sonnaient faux. Ca ne te ressemble pas, Sora, de bonder les autres de compliments. Tu te contentes habituellement d'un simple « Nous sommes amis », ou bien d'un « Je t'aime », sans te justifier d'avantage. Est-ce toi que tu voulais convaincre, à travers toutes ces bonnes paroles, que tu avais finalement fait le bon choix ?
Je l'ai remarqué dès le départ. Je savais que cet aveu n'était pas sincère. Mais quand tu m'as embrassée, c'est comme un volcan qui s'alluma en moi. Je n'en ai que davantage compris que je t'aimais et que je voulais te garder, même si mon sentiment n'était pas pleinement partagé. J'ai savouré le contact de tes lèvres, ne pouvant plus m'en passer, jurant intérieurement de tout imaginer pour te faire oublier notre aîné. Je te retenais pour prolonger notre première étreinte. Celle qui devait être le début d'une belle histoire dont rêve toutes les filles, mais qui finalement ne fut qu'un énorme fiasco.
J'ai pourtant fait des efforts pour ignorer cette tristesse dans ta voix, et surtout l'odeur de Riku qui traînait encore sur tes vêtements. J'ai fermé les yeux sur tellement de chose, par amour pour toi, pour sauver notre relation qui ne tenait que sur un support très bancale. J'ai rempli tes silences d'anecdotes inutiles, j'ai étouffé tes appels nocturnes avec un oreiller. J'ai tout donné de mon être, jusqu'à mon corps que je souhaitais pourtant garder chaste encore longtemps. Je n'étais pas prête à ça, mais toi tu en avais envie. Alors je t'ai cédée, par amour pour toi. J'ai tu ma douleur, j'ai même simulé pour que tu te sentes satisfait, et j'ai pris des initiatives qui m'ont presque dégoûtées du corps masculin.
J'ai menti en affirmant que j'aimais m'unir avec toi. Toi, tu semblais prendre ton pied, mais bien vite j'ai remarqué que mon corps de femme ne t'excitait plus, et tu passais directement au final, me préparant à peine à te recevoir. Tu me regardais à peine pendant l'acte, cela me permettait de laisser échapper quelques grimaces.
Alors que je commençais enfin à m'habituer à cette besogne, tu as fait s'écrouler, en plein acte, le peu d'équilibre du pilier de notre relation. Juste quelques mots pendant l'amour qui ont coupé court à mon désir de t'avoir pour l'éternité.
Je te sens gesticuler à côté de moi, puis tes lèvres bougent, brisant ainsi le lourd silence qui s'est installé entre nous :
« Je te jure que je ne l'ai pas fait exprès. C'est sorti comme ça, je n'ai pas réfléchi… Enfin, je te jure qu'il n'y a plus rien entre lui et moi. C'est fini, c'est toi que j'aime maintenant Kairi, toi seule. »
Ne cherche pas des fausses excuses avec cet air désolé. Alors que ce n'est pas ce que tu penses réellement.
Je ne bouge pas, je ne dis rien, ne te regarde pas, cela m'influencerait. Mais tes paroles m'ébranlent. J'hésite, que devrais-je faire ? J'essaie de réfléchir, mais ta présence me déconcentre. Flûte, je n'aurais pas dû venir ici, il n'y avait aucun doute que tu saches où me trouver… Mais au fond, peut-être que je l'ai fait exprès. Malgré mon envie de solitude, je ne nie pas que j'attendais ta venue. Je suis triste, c'est toi qui m'as peinée, mais pour autant tu restes un élément vital à ma survie.
En dépit de ce que s'est passé, en moi résidait une once d'espoir. Je t'ai attendu, espérant que, comme toujours, tes excuses, tes mots doux puis tes baisers allaient me convaincre encore une fois, me rappeler combien je t'aime bien trop pour envisager de rompre notre relation, même si elle est immorale…
Mais pas cette fois
Je n'y arrive pas. Tes regrets ne me touchent pas. La blessure est cette fois trop profonde, trop infectée, et elle va me tuer lentement si nous continuons à nous mentir ainsi. Le moins douloureux pour moi est encore que ce soit moi qui mette un terme à tout ça. J'agis égoïstement sans doute, mais ça fait trop mal. Vous aviez raison Riku et toi, je ne suis pas assez forte.
Ne viens pas
Remuer ciel et terre
Jurer qu'il t'indiffère
Si tu n'es pas sûre de toi
Ne viens pas
Ou tu vas me tuer
Tu as beau le jurer
As-tu vraiment changé ?
Je te regarde, tes yeux bleus reflètent l'anxiété. Tu attends ma réponse. Que tu es beau, même ainsi. Je t'aime quelque soit ton expression. Je t'aime tellement que je crois que je pourrais en mourir de chagrin si tu me quittais. Mon cœur de lumière me le permettrait-il ? Est-ce lui qui me pousse à toujours espérer que demain sera meilleur ?
J'espère, mais je regrette en même temps. Il semble tellement loin ce temps où tu étais juste un adolescent simple et heureux, qui parlait beaucoup et réfléchissait peu. Maintenant, tu es devenu laconique, encore quelque chose d'anormal. Est-ce si dur d'avoir une simple conversation avec moi ?
Et pourquoi n'es-tu plus capable de sourire bêtement sans raison comme avant ? Penses-tu à lui en cet instant ? Et tous les moments que nous avons passés ensemble, me regardais-tu vraiment ? Etais-tu réellement heureux de passer tout ce temps avec moi ?
Au final je ne te demande rien, car je connais les réponses. Longtemps, je les ai ignorés, mais aujourd'hui je ne peux plus. La goutte d'eau a débordé le vase, on ne peut plus faire marche arrière.
Une seule question a un jour traversé mes lèvres. J'avais besoin de savoir pourquoi vous aviez rompu Riku et toi ? Curiosité, ou bien trouverais-je là une nouvelle raison de me persuader que tu m'as choisie parce que tu m'aimes, et non par dépit.
Dès qu'il s'agissait de notre aîné, tu parlais sans t'arrêter, avec un regard passionné que tu ne m'as jamais accordé. Ou peut-être autrefois, mais plus maintenant.
Tu m'as avouée que Riku t'avait largué après trois mois de relation parce qu'il assumait mal le regard des autres, et surtout de sa famille homophobe. Ses parents vous avaient surpris dans une position douteuse, et il a fallu bon nombre d'explications pour écarter le malentendu qui n'en était bien sûr pas un. Tout avait été orchestré et inventé par Riku, apparemment très doué pour mentir. Vous vous étiez disputé après ça. Tu en voulais à Riku de ne pas assumer. Tu en avais assez de te cacher, et tu avais même pensé que Riku te mentait à toi, question sentiments. Il t'avait giflé, blessé dans son orgueil, et après un long dialogue de sourd, Riku avait décrété qu'il te valait mieux vous séparer car votre relation était bien trop compliquée.
Je m'en souviens, à la fin de cette histoire, tes yeux se sont embués de larmes puis tu as quitté prestement ma chambre. Je ne t'ai pas poursuivi, car je savais que le souvenir de Riku te donnait envie de pleurer mais que tu ne voulais pas le faire devant moi par peur de te trahir, et aussi de me vexer.
J'ai pleuré moi aussi. Ca ne faisait qu'un mois, et c'était déjà le début de la fin.
Ne viens pas, si tu n'as pas choisi
S'il reste à tes absences encore un peu de lui
Ne viens pas, si c'est pour t'endormir
En essayant à chaque nuit de repartir
Par la suite, nous n'avons plus parlé de notre ami quand nous étions ensemble, évitant soigneusement le sujet. A bien y réfléchir, j'avais été bien maladroite de poser cette question. Qu'en serait-il si les rôles s'inversaient, si toi tu me quittais et que j'allais me réfugier dans les bras d'un autre. Est-ce que j'accepterais qu'il me demande des détails sur une relation dont je souffre encore de sa finalité ? Quelle idiote je fais !
Nos conversations se limitaient aux cours du lycée et à la météo, des dialogues basiques et dénués d'intérêt que j'étais obligée d'animer pour deux, car toi il fallait un tsunami pour te faire arracher une syllabe. Tu ne parlais que pour m'appeler, dire mon nom avec douceur.
Kairi Kairi Kairi Kairi Kairi…
J'ai souvent eu envie de me boucher les oreilles. Mon propre nom me faisait horreur, car le prononcer avec une fausse intonation amoureuse te rendait chaque jour plus triste. Je n'étais pas celle qu'il te fallait, celle que tu voulais. Je le savais, mais je surmontais tous tes mensonges, parce que je t'aimais plus que tout.
Je t'aime, oh oui que je t'aime. Si les filles de notre école n'en ont que pour Riku, plus grand, mieux bâti, plus calme et intelligent avec son air mystique et ténébreux, moi j'ai toujours préféré ton sourire lumineux qui a mis du soleil dans ma pauvre petite tête d'amnésique. Et tu n'es pas convaincu, sache que je n'ai jamais pu t'oublier complètement même lorsque tes souvenirs ont été dispersés par Naminé. Mon coeur savait qu'il y avait un jeune garçon que j'adorais.
Pour toi j'ai traversé des couloirs obscurs, j'ai affronté des dangers alors que je ne savais même pas me défendre. Parce que je t'aimais et que je voulais absolument te revoir. Quel accueil chaleureux tu m'as réservée ! Rien à voir avec Riku pour qui tu as carrément pleuré. J'aurais dû être jalouse, mais la jalousie appartient aux ténèbres et n'a pas de place dans mon cœur de lumière.
Que je déteste mon cœur empli de lumière, soit disant un don. Fait-il de moi une fille inintéressante, sans caractère ? Il peut briller autant que tu le souhaites, tu as préféré t'enticher des ténèbres qui valsaient chez Riku. A bien regarder, vous formez un beau mélange tous les deux, vous vous complétez bien. Alors que nous, nous ne faisons que briller tellement fort que ç'en est aveuglant.
Peut-être que si j'avais su t'aimer encore plus, te le prouver, te le dire, te gâter autant que toi. C'est toi qui menais les opérations, qui décidais quand nous embrasser ou faire l'amour. Je n'ai fait que me laisser bercer par tes bras comme une princesse. Encore là, je vois que tu tiens dans tes mains un bouquet de fleurs. Tu cherches à te faire pardonner. Comme toujours, tu te sens le seul fautif de notre fiasco, alors que j'ai peut-être aussi ma part de responsabilité. J'imagine que c'était très différent de ta relation avec Riku.
Riku, ce nom ne peut traverser mon esprit sans que je ne pense à nouveau à cette seconde qui a ébranlé mon cœur d'un telle force que j'en viens à ne plus vouloir lutter pour te garder. Oui, je revois très bien cette scène qui n'est pas prête de me quitter : toi sur moi, tes yeux fermés, ton souffle saccadé, tes coup de reins qui me brûlent mon intimité. Moi, m'accrochant à tes épaules, me mordant la langue, priant intérieurement pour que ce supplice cesse au plus vite. Malgré le préservatif quelque peu lubrifié, l'acte me fait plus mal que d'habitude. Que s'est-il passé pour que cette fois-là soit des plus catastrophiques ? Ah oui, nous avions vu Riku en train de batifoler avec Linoa, la nouvelle au lycée, et il semblait prendre du plaisir à la taquiner de façon quelque peu osée. Toi et moi étions restés figés face à ce spectacle. Ta main dans la mienne s'est serrée puis tu m'as emmenée prestement chez toi, tirant sur mon bras avec une sauvagerie peu commune chez toi.
A peine la porte de ta chambre fermée, tu as été pris d'un soudaine envie. Tu m'as poussée sur ton lit, m'a répétée encore et encore que tu m'aimais et que tu avais envie de moi. J'étais surprise, nous n'avions jamais fait ça en pleine journée. Tu ressemblais à une bête en chaleur, me faisant presque peur.
Je t'ai laissé me baisser ma culotte, relever ma jupe et me pénétrer avec force sans prendre le temps de me déshabiller, encore moins de me préparer. Riku était la cause de tout ça, à n'en pas douter. Probablement que tu cherchais à oublier cette horrible scène. Si je t'aimais vraiment, j'aurais dû comprendre et te laisser faire. Mais j'avais trop mal, je voulais que ça cesse. Encore une fois j'ai fait preuve de faiblesse.
Il fallait que je t'excite un peu pour accélérer les choses. Je n'avais pas l'habitude, je me suis juste contentée de passer mes mains sous le tee-shirt de ton uniforme pour caresser ta poitrine et pincer tes perles de chair apparemment très sensibles. Ta réaction fut presque immédiate. Tu as rejeté ta tête en arrière et presque hurlé tout en te libérant :
« Riku, Riku je t'aime. »
Je suis restée figée d'horreur. Ce fut comme si on venait de m'empoigner le coeur. Lorsque tu réalisas ta bévue quelques secondes ensuite et que tu remarquas mon visage choqué, tu pris immédiatement un air gêné, bégayant, ne sachant que dire pour te rattraper :
« Euh… Kairi… »
Je n'ai pas attendu tes explications. Je me suis levée prestement, renfilant mon sous-vêtement à la hâte avant de partir en courant.
Je fais ce que je peux pour m'en sortir
Je confonds la haine et l'amour a force de souffrir
je ne pourrai pas oublier le mal que tu m'a fait
Si ton amour se déguise
Tôt ou tard je le saurai
Ton cri fut comme le gong sonnant la fin de notre relation. C'était décidé et rien n'y changerait. Ni tes fleurs, ni tes excuses, ni mon amour débordant pour toi. Ce n'est ni ta faute, ni la mienne, ni celle de Riku. Nous sommes justes victimes de ce coeur qui décide pour nous.
Je sais pourtant que derrière tes mensonges, tu as fait des efforts pour essayer de m'aimer et sauver notre relation. Tu as pris sur toi pour ne pas fondre en larmes chaque fois que l'on évoquait Riku. Tu m'as fait tant de cadeaux. Tu m'observais longuement pour te convaincre que j'étais belle et que tu avais de la chance de m'avoir. Tu évoquais souvent le passé pour te rappeler l'époque où tu m'aimais. Tu me répétais tous les jours « Je t'aime », pour te convaincre que c'était vrai… Mais ça n'a pas suffit. Malgré toute ta bonne volonté, tu n'as jamais réussi à m'aimer comme tu aimes Riku. Il faut se rendre à l'évidence, j'ai perdu la bataille :
« Kairi, je t'aime vraiment tu sais » dis-tu encore.
Je n'en doute pas. Tu m'aimes comme une sœur de cœur, mais ça s'arrête là. Entre nous, il n'y a pas de place pour une relation amoureuse. Il faut que cela cesse :
« Finissons-en, Sora. »
Pour nos derniers instants, c'est moi qui dirigerais les opérations. Je prends tes fleurs d'une main et ton poignet de l'autre, te traînent jusque chez notre aîné, toquant avant même que tu ne protestes. C'est Riku lui-même qui ouvre, l'air surpris de nous voir. Il arbore une tenue décontractée, voire un peu négligée. Ses cheveux ont poussé, sa frange cache ses yeux turquoise, comme durant cette année où il luttait seul contre les ténèbres de son cœur. On jurerait qu'il ne prend pas bien soin de lui.
Il me regarde en premier. Je lui lance un regard non pas haineux, mais pas amical non plus, puis son regard devit sur toi resté en retrait, la tête basse. Son visage se crispe, l'état critique du châtain aux épis semble le faire réagir :
« Que se passe-t-il ? Qu'arrive-t-il à Sora ? »
Ses yeux, pourtant à moitié cachés, me donnent la réponse que j'attendais. J'avais besoin de la confirmation que Riku lui aussi t'aime éperdument et lutte contre ce sentiment à sa manière. En les ignorant et en fricotant avec des filles, mais tout comme toi il ne peut se défaire de ce sentiment qui dévore son cœur. Si je ne fais rien, toi comme lui sombreraient dans les ténèbres, et je resterais seule avec un fort sentiment d'inutilité.
Je tiens toujours ton poignet, toi tu restes muet. Tant mieux dans un sens, ça me facilite la tâche. Entendre ta voix me ferait hésiter. Je n'en donne pas l'air, mais ça me coûte énormément de faire ça. Je t'aime encore malgré tout.
Je te tire subitement et te pousse sans ménagement dans les bras de Riku qui te réceptionne sans comprendre. Immédiatement, lorsque tu entres à son contact, tu scelles tes bras autour de la taille de notre aîné, et tu étouffes un sanglot dans sa poitrine.
Je le savais, mais les larmes me montent quand même aux yeux. Je recule doucement d'un pas, puis un autre, avant de lâcher :
« Soyez heureux »
Puis je pars en courant, sourde à l'appel de Riku. Que me veut-il ? Je t'ai ramené à lui et ça ne lui suffit pas ?
Je cours sans m'arrêter jusqu'à la plage où je m'agenouille sur le sable, en sueur et le souffle court. Je prends quelques minutes pour récupérer de cette course avant de remarquer que je tiens toujours dans ma main gauche les fleurs que tu m'avais cueillies afin que l'on puisse se réconcilier.
Mes larmes redoublent. A quoi bon les garder puisque je viens de te perdre ?
Je sers le bouquet contre moi, pleurant de plus belle, regardant l'eau, songeant à me noyer. Mais le suicide n'est que ténèbre, et moi je suis censée rester lumineuse, continuer à vivre et à sourire, parce que je suis une princesse de cœur, même si ce dernier vient d'être entièrement déchiqueté. Quel destin maudit que celui de rester éternellement dans la lumière sans jamais avoir de répit, de droit de souffrir, d'envie d'abonner et d'en finir.
J'envois valser les fleurs qui atterrissent dans l'eau puis reviennent sur la plage, éparpillées par les vagues.
Ne viens pas, si tu n'as pas choisis
S'il te reste une seule chance d'avoir besoin de lui
Ne viens pas, si c'est pour me mentir
En essayant à chaque nuit de repartir
Je regarde mes mains aux doigts fins, mes bras au duvet doux, mes jambes blanches et imberbes. Je touche ma poitrine et ma taille svelte. J'entends tous ces gens me dire combien j'ai de la chance d'être aussi jolie. Ca n'a pourtant pas suffit à garder le garçon que j'aime.
Je rechigne cette apparence de jolie poupée, comme certains aiment m'appeler. A croire que c'est là ma seule qualité. Mais elle ne m'a servi à rien, car comme toute poupée, on finit par s'en lasser et la jeter.
Ne viens pas
Si un jour tu devais repartir
Je m'assis sur la dune, les jambes repliées et la tête sur mes genoux, me remémorant ces jours heureux où toi et moi sommes sortis ensembles. Heureux pour moi bien sûr. Pourquoi m'as-tu choisie immédiatement après ta rupture avec Riku ? Parce que tu savais combien je t'aimais, et tu as sincèrement voulu me rendre heureuse, te trouver un autre objectif pour continuer à avancer. Tu as fait de ton mieux, je t'en suis reconnaissante.
Tout n'est pas si noir dans notre relation. Grâce à elle, j'ai pu comprendre l'ampleur de tes sentiments pour Riku et te pousser à nouveau dans ses bras. Peut-être que ça n'aurait pas été le cas si nous n'étions pas sortis ensemble. Certes, ça a mis du temps. Tu étais sur le point de sombrer, mais il faut des fois reculer pour mieux sauter.
Et moi aussi. Mon moral est actuellement eu plus bas, cela signifie que je ne peux qu'aller mieux maintenant. Je dois juste me trouver une nouvelle raison de vivre.
Je relève mes yeux rougis vers la mer, puis je tends mon bras pour invoquer ma keyblade Appel du Destin avant de la pointer vers l'horizon. Malgré mon pouvoir, j'ai été faible et placée encore une fois au second plan. Je n'ai jamais réellement pu prouver ma valeur, briller aux yeux de quelqu'un. Peut-être que derrière les vagues et les écumes se cache un destin joyeux, où l'on me regarderait non pas pour mon apparence ou mon cœur de lumière, mais pour ma vaillance, ma volonté et ma combativité. Ce n'est sans doute pas pour rien si j'ai hérité de cette keyblade.
Un jour, je quitterai cette île, et j'irai chercher mon bonheur ailleurs.
L'espoir rejaillit en moi. Finalement, ce n'est pas si mal d'avoir un cœur empli de lumière.
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Note de l'auteure : Merci d'avoir lu
J'espère que Sora et Kairi ne paraissent pas trop OOC. J'ai essayer de montrer combien Kairi aime Sora. Notre héros peut vous paraître un vrai s*****, mais j'ai voulu montrer qu'il a le cœur brisé, mais que malgré ça il a vraiment essayé d'aimer Kairi. L'un comme l'autre sont des personnages sensibles selon moi.
