Coucou tout le monde ! Voici pour la première fois une petite fic de One Piece, un truc un peu plus sérieux que d'habitude dans lequel je me suis beaucoup investie ! J'espère que ça vous plaira autant que ça m'a plu de l'écrire.

Disclaimer : Si le monde de One Piece m'appartenait, je saurai la fin ! Et c'est pas le cas...

Genre : Amitié au sein de l'équipage, plus accès sur la relation entre Chopper et Sanji. Pas de couples. AUCUN SPOIL !


Résumé :

Tout le monde a ses petits secrets. Même au sein de l'équipage. Même Sanji. Ces deux ans auraient dû le rendre plus fort et le préparer pour le Nouveau Monde. Il ne voulait pas être un boulet. Et pourtant, le corps humain possède ses propres limites.


Note : Le début de l'histoire commence à l'arc Punk Hazard mais ne suit pas sur celui de Dressrosa, vu que je ne connais pas la fin (je ne lis pas encore les scans, rattraper mon retard de 650 épisodes c'est déjà bien xD ! Pour ça je m'en excuse platement, il n'y a pas beaucoup d'actions à proprement dites mais ce n'était pas mon intention de toute manière.

Je trouvais qu'il y avait très peu de fics sur Sanji, que j'adore autant que Zoro mais pas du tout pour les mêmes raisons, donc j'ai encore pas mal d'idées de fics avec Sanji, mais elles sont à peine à l'ébauche ! Celle-ci est terminée alors je la publierai toutes les semaines, surtout pendant les week-ends sauf en cas d'imprévus !

Bonne lecture !


Fierté mal placée

Il donna un nouveau coup de pied à ces crétins de la marine, les poussant à se surpasser pour éviter la vague de poison lugubre à deux pas derrière eux.

- Avancez, bande d'imbéciles ! Si vous voulez crever, je vais vous faire la peau moi-même !

Les marines crièrent de peur en voyant l'un de leur camarade être propulsé dans les airs par le pirate, loin devant. Son air sérieux et sa hargne déformaient son visage, une cigarette en coin plus mâchouillée que fumée. Sanji continua de pousser autant que possible ces hommes qu'il n'arrivait décemment pas à abandonner à leur sort. Il serra les dents, refoulant la douleur de sa jambe. Une autre douleur, plus insidieuse, devenue presque familière, commençait à devenir gênante. Mais quoiqu'il arrive, il ne pouvait pas se permettre de se montrer faible devant qui que ce soit.

Ne s'arrêtant qu'un instant pour voir les marines barricader sommairement la porte de la Chambre des Biscuits, il prit une longue inspiration, contenant difficilement les piqures aiguës perçant son cœur. Il ne savait pas encore combien de temps il serait obligé de courir et, en réalité, il avait déjà couru pendant bien plus longtemps alors il n'était pas vraiment fatigué. Cependant, s'il était amené à se battre une nouvelle fois contre ce drôle de type aux lunettes de soleil, il risquait de ne pas lui refaire le portrait comme il fallait. À cette pensée, il se décida à avaler rapidement une pilule, à l'abri des regards. Ainsi, il pouvait bien courir une centaine de kilomètres et botter le cul de toute la marine s'il en avait envie et sans aucun souci.


Les plats mijotaient tranquillement, des cris et des rires s'entendaient depuis le pont et le cuisinier sourit. La bataille n'avait pas été de tout repos. Encore une fois, ses pilules miraculeuses avaient été d'un grand secours. Il sortit le flacon de sa poche, pratiquement vide. Il ne restait plus que quelques gélules et bientôt, il serait obligé de faire sans. Il avait bien pensé en discuter avec Chopper, le médecin de bord, avant de renoncer aussitôt. Il avait l'impression que lui demander de l'aide, révélant ainsi une faille dans la force qu'il avait pris soin de façonner depuis deux ans, allait comme à l'encontre même de ses principes. Sa fierté prenait le dessus, au risque de souffrir inutilement. Mais après tout, comme l'avait dit un jour le marimo : « Contrairement aux hommes qui deviennent plus forts à travers les batailles, les objets accumulent les blessures et ne pourront jamais les surmonter. ». Puisqu'il était un homme, il souffrirait et surmonterait cette épreuve, seul. Les autres n'avaient pas besoin de le savoir.

C'était sans compter sur une autre bataille féroce, un autre combat à mort, un autre adversaire extrêmement puissant. Sanji n'hésitait jamais à pousser son corps au maximum, envoyant les plus puissants coups de pieds qu'il connaissait sans s'arrêter. Puis là, en plein milieu, la douleur sourde arrêta son élan, et peut-être que s'il avait été n'importe qui, il serait mort. Mais Sanji restait fort. Il était extrêmement coriace. Sa résistance aux coups et la volonté de battre son adversaire était certainement plus forte que tout. Il gagna. Après tout, il n'était pas un membre de l'équipage du futur Roi des pirates pour rien !

C'était ce qu'il s'évertuait à penser, agenouillé, serrant fortement sa chemise sous ses doigts crispés. Sa main, posée au niveau de son cœur, tentait d'apaiser la douleur. Douce illusion dont il ne se berçait plus depuis longtemps. Il réussit à extirper le flacon de pilule et en avala deux à la fois. Il n'était pas stupide et savait que ce n'était pas de cette manière que la douleur disparaitrait plus vite. Cependant, il savait qu'une seule ne l'aiderait pas à se relever. Il attendit que l'effet commence à se faire ressentir avant de se mettre debout, se maudissant, s'injuriant, et, secrètement, au plus profond de lui-même, s'inquiétant. Il ouvrait peu à peu les yeux sur la réalité. Continuer ainsi n'était plus permis. Il ne pouvait plus se le permettre.

S'appuyant pesamment contre le mur, il avança vers le point de rendez-vous fixé à la va-vite, comme d'habitude. Ce ne fut que lorsqu'il se sentit capable de courir qu'il le fit, son obstination l'empêchant de montrer son état de faiblesse devant les autres. Il serra les dents, serra son poing sur le flacon, se sentant faible comme jamais il ne l'avait été, ne pouvant pas régler son problème seul, d'un bon coup de pied. Il avait désespérément besoin d'aide.


Il avait besoin d'aide. Maintenant qu'il se l'était avoué, il restait néanmoins réticent à aller voir Chopper. Lui balancer un « Salut Chopper ! J'ai un problème sûrement très grave alors tu peux m'aider s'il te plait ? » n'était assurément pas ce qu'il fallait faire de mieux. D'abord parce que dit comme ça, le renne pourrait se mettre à paniquer comme un fou et chercher un médecin dans tout le bateau en alertant tout le monde, de plus parce que Sanji n'était pas vraiment le genre à crier au secours de cette façon.

Planqué près de l'infirmerie depuis dix bonnes minutes, il inhala la fumée de cigarette, se régalant à chaque fois de la nicotine s'infiltrant dans son corps. Ce n'était pas difficile pourtant. Il n'avait qu'à entrer, dire qu'il ne se sentait pas bien sans préciser exactement ce qui le gênait et le médecin n'aurait qu'à lui prescrire un remède miracle. Sanji soupira, relâchant toute la fumée devant son visage. Même lui ne croyait plus aux miracles. Il devait se résoudre une bonne fois pour toute à franchir cette porte avant que qui que ce soit ne l'aperçoive.

Il extirpa le flacon de sa poche et l'examina. Il ne restait plus que deux pilules. Il devait au moins en garder une pour Chopper afin qu'il puisse en reproduire puisque c'était la seule chose qui fonctionnait jusqu'à présent. Des bruits de course dans sa direction le firent sursauter et il manqua de faire tomber le flacon qu'il rattrapa de justesse. Cependant, les pas rapides ne s'arrêtaient toujours pas et pour ne pas le surprendre devant l'infirmerie, il y entra précipitamment.

Le petit renne, assis sur son tabouret, était de dos et semblait écraser des graines avec un pilon. Il chantonnait, heureux de concocter de précieux médicaments pour ses compagnons des mers. Sanji l'observa quelques instants, s'assurant en même temps que Luffy, Brook et Franky ne l'aient pas remarqué.

Ce ne fut qu'en reprenant son tabac quotidien que Chopper sursauta, effrayé. L'occasion d'exprimer sa frousse ne manqua pas et Sanji tenta tant bien que mal de le calmer. Enfin, le petit renne percuta qu'il était rare que le cuisinier vienne délibérément dans l'infirmerie. Ce n'était pas l'heure du dîner et il n'apportait aucun encas. Chopper pencha sa petite tête, piqué de curiosité.

- Qu'est-ce qui t'amène, Sanji ?

- Hein ? Hum, comment dire…

Le blond se gratta le menton, réfléchissant. Le regard brillant de son ami, pourtant si jeune, le fit hésiter. Il n'avait pas l'intention de révéler tous ses problèmes à ses compagnons mais peut-être que pour un problème d'ordre médical, il avait besoin d'être complètement franc envers son médecin, non ?

Sanji se racla la gorge, voulant d'abord s'assurer que la boule de poils ne balancerait pas tout à Luffy ou aux autres.

- D'abord, il faut que tu me promettes de ne le dire à personne.

- Quoi ? Un secret ?!, s'écria presque le renne, sautillant sur place de joie.

Cette réaction enfantine n'amusa pas Sanji pour autant, plus inquiet que Chopper ne soit réellement trop immature pour garder son état secret aux yeux des autres.

- Écoute Chopper, c'est pas n'importe quel secret. J'ai besoin de tes compétences médicales, tu comprends ?

Le sourire se fana aussitôt et un air sérieux prit place sur son visage.

- Quoi ? Tu ne te sens pas bien ?

- Si tu me promets de ne rien dire, même pas à Luffy, je te dirai tout ce que tu veux savoir.

- Même à Luffy ? Mais, c'est pas grave au moins ?

La petite bouille inquiète n'attendrit pas du tout le blond, attendant toujours la réponse du renne. Là-dessus, il serait intransigeant. S'il avait connu un autre médecin à qui il ferait totalement confiance, il n'aurait jamais été voir Chopper, un membre de son équipage, le même équipage qui ne devait absolument rien savoir de toute cette histoire.

Le renne au nez bleu, voyant la mine grave de Sanji, ne put que constater le sérieux de cette discussion. Des tas de questions virevoltaient dans son esprit, se bousculant entre elles. Qu'avait Sanji ? Pourquoi ne voulait-il rien dire aux autres ? Est-ce qu'il avait au moins les compétences requises pour le soigner ?

- Je veux juste que tu me promettes de ne jamais dire quoi que ce soit à propos de moi aux autres. Je ne peux pas les inquiéter et, en plus, je suis sûr que tu trouveras une solution.

Le sourire et la flatterie du cuistot finit par détendre le renne qui l'insulta, appréciant un peu trop bien ce compliment.

- Alors ?, redemanda Sanji, écrasant sa cigarette sur son talon avant de jeter le mégot dans la poubelle, se voulant désinvolte.

- D'accord. Je ne dirai rien.

Le cœur de Sanji fit un bond de joie, soulagé, avant qu'une pointe de douleur ne lui fasse serrer les dents. Ces piques incessantes devenaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus douloureuses. Il était temps qu'il en parle avec le médecin de bord.

Il tendit d'abord le flacon, présentant les deux dernières gélules précieusement conservées. Chopper l'attrapa entre ses deux sabots, l'examinant de plus près.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je sais pas trop exactement, mais c'est quelque chose fabriqué à partir d'hormones. Enfin, j'ai pas très bien compris mais ça soulage.

- Ça soulage quoi ?, demanda Chopper.

Alors Sanji parla.


La première fois qu'il sentit cette douleur, elle fut fulgurante, surprenante, violemment insupportable. Sanji s'était écroulé, d'abord sous les cris de joie des travestis de l'île. Puis, le voyant se recroqueviller au sol, ne résistant nullement à leur emprise pour enfiler la robe, ils remarquèrent que son état était loin d'être normal. Il était bien trop blanc et ses traits étaient défigurés par la douleur. Le seul indice identifiant la cause de son état était sa main se crispant sur sa poitrine.

Emporio Ivankov accourut lorsqu'il apprit la nouvelle. Le blond avait été amené sur une couchette. Les cernes de ses nombreuses nuits blanches restaient profondes mais ce n'était pas ça qui inquiéta la Reine des Okama. Ce jeune homme souffrait d'un mal invisible. Il avait réussi à se calmer un tant soit peu mais qu'il s'effondre ainsi n'était pas normal. Ainsi, dans ce genre de cas, seul un véritable médecin aurait pu diagnostiquer son mal. Heureusement, Ivankov était bien plus que cela. Il pouvait « créer » des miracles.

Grâce à lui, Sanji put se rétablir, rapidement pour le commun des mortels, lentement au goût de la fierté de cet homme. Mais il était loin d'être guéri. Tout ce que la Reine avait pu découvrir, c'était qu'il souffrait du cœur. Ivankov, sans plus d'informations, ne pouvait rien faire à part donner quelques hormones pour calmer la douleur.

Sanji avait réussi son entraînement malgré ce handicap. Les travestis n'avaient cependant absolument pas retenus leurs coups et ne lui avaient fait aucune concession. Pour cela, le blond pouvait leur en être reconnaissant. Cependant, son problème était loin d'être réglé. De plus, depuis qu'il avait retrouvé l'équipage, les pilules-hormones été avalées de plus en plus vite, provoquant déjà la pénurie. Les deux malheureuses restantes, mises entre les doigts de Chopper, étaient pourtant devenues indispensables au quotidien du blond. Il avait conscience depuis longtemps qu'elles n'étaient pas un stupide placebo et que sans elles, il ne pourrait plus cacher qu'un cœur abîmé battait douloureusement dans sa poitrine.


Chopper l'écouta silencieusement, réalisant tardivement qu'il aurait dû remarquer l'état de son compagnon. N'échouait-il pas en tant que médecin, ou pire, en tant qu'ami ? Personne n'avait rien vu, Sanji souffrant seul de son côté. Il était vrai qu'ausculter son cœur aurait dû lui mettre la puce à l'oreille mais le blond ne s'était jamais plaint et il semblait au jeune renne que rien d'anormal n'avait été détecté lors de ses précédents examens.

- Chopper, je veux que tu comprennes que si je m'en remets à toi, c'est pour ne pas devenir un poids mort pour l'équipage.

Le petit renne réagit aussitôt, retenant difficilement ses larmes, mélange entre la peur, la honte et l'admiration devant le courage de son compagnon durant tout ce temps.

- Tu n'es pas un poids mort ! Tu ne le seras jamais alors… !

Sanji posa sa main sur le chapeau de Chopper en souriant.

- Tu sais bien de quoi je veux parler.

Chopper laissa échapper quelques rares larmes sur son doux pelage. En effet, même si Sanji était un homme comme les autres, parmi l'équipage, il restait l'un des trois monstres, l'un des membres les plus forts, l'égal de Zoro et Luffy. Le moral en prendrait un coup si on apprenait qu'il ne possédait pas ce corps invincible que tous se plaisaient à imaginer. Sanji le savait et pour cette raison, il ne voulait pas informer le reste de l'équipage.

Le petit renne essuya ses larmes et commença à ausculter Sanji, ce dernier suivant chacune de ses directives à la lettre. Le blond ne pouvait s'empêcher de se rassurer maintenant qu'il était entre les mains de l'un des meilleurs médecins qu'il connaisse. De plus, grâce à la promesse faite par Chopper, son secret resterait bien à l'abri. Il pensa un instant qu'il n'allait finalement pas devenir inutile, que tous ses efforts paieraient, définitivement.

Le visage sérieux du médecin se renferma au fur et à mesure qu'il faisait faire des exercices sommaires au blond. Des patchs sur le torse et les bras permettaient de mesurer sa tension, son rythme cardiaque, son flux sanguin…

- Tu te sens fatigué ?

- Non.

- Tu en es sûr ? Pas plus que d'habitude ?

- Je t'assure que ça va, je vais très bien !

Chopper soupira. Le blond coopérait d'une étrange manière. Il pouvait lui faire faire n'importe quoi mais dès qu'il lui posait une question sur son état, il affirmait encore et toujours qu'il allait parfaitement bien.

- Sanji, pour un médecin, tu es le pire patient possible.

Le blond allait répondre quelque chose mais le renne reprit la parole :

- On va devoir faire quelques radios. Et, s'il te plait, tu dois me dire ce que tu ressens sinon je ne pourrais pas te soigner !

Le cuisinier acquiesça docilement, sans pour autant être prêt à ravaler sa fierté. Il releva deux secondes la tête vers la pendule et réalisa que ce petit échauffement improvisé avait pris pas mal de temps.

- Merde, il est déjà cette heure-là ? Je dois préparer le dîner !

En l'espace d'un instant, le cuisinier pressé enleva les patchs et reboutonna sa chemise, déjà en train de renouer sa cravate avant que le pauvre médecin ne puisse placer un mot.

- Attends, Sanji !

Ce dernier ouvrait déjà la porte et se retourna légèrement vers Chopper.

- J'ai pas fini, tu dois encore faire tes…

La tête de Brook passa devant le cadre de la porte et avant que le petit renne ne puisse finir sa phrase, Sanji eut le temps de passer au blanc puis au bleu avant d'envoyer le squelette dans l'océan d'un puissant coup de pied.

- … radios…

Sanji lui jeta un regard noir avant de porter son index devant ses lèvres, l'intimant de se taire.

- Après le dîner. Et rappelle-toi, pas un mot ok ?, finit-il par murmurer.

Il attendit que Chopper acquiesce avant de partir rejoindre sa cuisine.

- Brook ! Pourquoi t'as sauté dans l'eau ?!, hurla Usopp alors que l'épéiste borgne partait le repêcher.

Heureusement pour Sanji, le squelette lui-même n'avait pas compris ce qui lui était arrivé et ce n'était pas la grosse bosse sur le crâne qui allait l'aider à s'en rappeler.

Le dîner se passa sans encombre, aussi agité qu'à l'accoutumée. Chopper réussissait à occulter momentanément son devoir de médecin. Sauf qu'il surveillait de près les faits et gestes du blond et que le cuisinier s'en aperçut. Ce dernier fronça deux secondes les sourcils avant de retrouver le sourire, plaçant un plat succulent devant le renne. Aussitôt, l'inquiétude du médecin laissa place à l'appétit, se bagarrant déjà avec Luffy pour manger sa part.

Le repas terminé, il était de coutume que chacun vaque à ses occupations, souvent dans des pièces aussi variées que leur personnalité. Souvent, Sanji faisait la vaisselle seul. Il aimait beaucoup ce répit, s'amusant à concocter en pensée des menus fantaisistes avec leurs provisions. Ce soir-là, il n'y pensait pas trop, plutôt préoccupé par ce que découvrirait Chopper. Il fallait faire des radios apparemment. Ce n'était jamais bon signe. Mais puisqu'il avait demandé de l'aide au médecin, il ne pouvait plus que se plier à ses ordres afin de guérir le plus vite possible.

La porte de la cuisine s'ouvrit, le faisant presque lâcher une assiette. Des pas pesants et las s'avancèrent dans la pièce avant que le nouvel arrivant ne s'accoude au bar.

En réalité, il aimait bien les soirs parce que, parfois, le marimo s'incrustait dans son antre en silence pour boire une bouteille de saké avec lui. C'était un instant de calme, rare entre eux, une sorte de trêve seulement à ce moment de la journée. Sanji n'était pas friand de la compagnie des hommes et encore moins de celle de l'épéiste, mais il avait l'étrange impression que c'était le seul instant où ils pouvaient se reposer de leurs incessantes disputes. Leur voyage était parfois éprouvant et méritait bien quelques pauses de temps en temps.

Cependant, ce n'était pas vraiment le bon soir. Même s'il voulait faire comme-ci de rien était, quitter la cuisine et laisser Zoro en plan dans son antre pour aller faire des radios était hors de question. C'était impensable. Inimaginable. Ainsi, le cuisinier s'essuya les mains, prit une bouteille de saké et la posa sur le bar. Deux verres la rejoignirent, vite remplis, aussi vite vidés. Sanji finit la vaisselle tranquillement et, tandis que la soirée avançait, la bouteille se vidait et la cuisine empestait le tabac.

La porte de la cuisine s'ouvrit, encore, et laissa apparaître un Chopper légèrement énervé.

- Sanji ! Je t'avais dit de venir pour… Ah !

Le renne sursauta en voyant Zoro, se barrant la bouche de ses deux sabots. Zut, il croyait que le cuisinier était seul ! Est-ce qu'il avait trop parlé ?

- Ah oui !, s'empressa de reprendre le blond d'un air enjoué. Tu veux que je vérifie s'il n'y a pas de fantômes dans le dortoir c'est ça ? J'avais complètement zappé !

Essayant de paraître le plus naturel possible, il rejoignit Chopper et le poussa vers la sortie.

- Tu devrais arrêter de croire tout ce que te raconte Usopp quand même !

Puis se tournant vers Zoro, reprenant comme il put le ton grognon qu'il usait à chaque fois qu'il s'adressait à lui :

- Hé marimo ! Te sers pas d'une deuxième bouteille sans mon accord, compris ?

Ne laissant même pas à son éternel rival le temps de répliquer quoi que ce soit, Sanji ferma la porte de la cuisine et continua de pousser Chopper jusqu'à l'infirmerie.

Une fois entrés, à l'abri des regards, Sanji s'excusa :

- C'est rare mais quand le marimo vient boire le soir, je peux pas vraiment l'abandonner comme ça. Ça paraîtrait louche.

Chopper pencha la tête, ayant du mal à comprendre le raisonnement de Sanji. C'était vrai qu'il ne voulait pas révéler son problème de santé mais ce n'était pas une raison pour ne pas déroger une seule fois de ses habitudes. Et, plus important…

- C'est vrai qu'il y a des fantômes dans le dortoir ?!

Sanji soupira, se rallumant une énième cigarette en passant.

- Mais non, rassure-toi. Bon, on fait vite-fait ces radios, j'aime pas l'idée de laisser le marimo seul dans ma cuisine trop longtemps.

Le petit renne acquiesça, revenu en mode médecin.

- Ah !

- Hum ?

Chopper attrapa la cigarette et l'éteignit sur le rebord de la corbeille avant d'y jeter le mégot.

- Qu'est-ce que tu fous ?! Je viens de l'allumer !

- Interdit jusqu'à nouvel ordre !

- Heiiiiiiin ?! Mais pourquoi ?

- Ordre du médecin. En plus, c'est mauvais pour la santé.

- Je m'en fous, je fais ce que je…

Le regard blessé du jeune renne coupa Sanji dans son élan.

- Bon, d'accord, mais juste le temps des radios, après…

- Après, si je vois que ça peut affecter ton état, tu arrêteras définitivement.

- Heiiiiiiin ?! C'est pas possible ça !

- Sanji !

Le blond sursauta à l'appel de son nom.

- Si pour te soigner je dois te forcer à arrêter de fumer, même si je dois employer la force pour ça, je le ferai !

Le blond souffla bruyamment, un brin énervé mais acquiesça en grognant. Il rechignait à obéir à ce seul sacrifice mais après tout, pour lui, la clope, c'était vital !

- Bien, enlève ta chemise. Au fait, tu as bu beaucoup ?

- Pas plus que d'habitude.

- J'espère que ça ne va pas fausser les résultats, murmura pour lui-même le petit renne.

Rapidement, Chopper fit les radios de Sanji et commença à les examiner pendant que le cuisinier se rhabillait. Ce qu'il vit ne le rassura pas, au contraire. Ses yeux s'écarquillèrent, parcourant les quelques radios plusieurs fois de suite, n'aimant vraiment pas que ses pires craintes soient fondées.

- Bon j'y vais, bonne nuit Chopper, fit Sanji pressé de retourner dans sa cuisine, une clope déjà de retour dans sa bouche.

- Non attends !

Le blond avait à peine baissé la poignée de la porte alors il attendit, croisant un regard grave qu'il ne lui connaissait pas. Aussitôt, Sanji sut que le petit médecin avait mis le doigt sur la cause de son état et ça avait l'air loin d'être rassurant. L'hésitation du renne ne faisait qu'accroitre son anxiété et il décida de revenir s'asseoir sur le lit. Chopper ne l'avait pas quitté des yeux, cherchant ses mots. Patiemment, Sanji retira la cigarette non allumée de sa bouche et la fit rouler entre ses doigts, observant le précieux bâton blanc.

- J'imagine que je vais devoir arrêter de fumer…

Chopper se mordit la lèvre inférieure mais finit par acquiescer.

- Sanji, répond-moi honnêtement, réussit-il à articuler. Depuis quand ton cœur te fait mal ?

Le cuistot n'eut pas à réfléchir bien longtemps, le sachant déjà.

- Depuis deux ans. Juste après que Bartholomew Kuma nous ait éparpillés aux quatre coins du monde.

Le renne ne jeta même pas un œil aux radios. Il avait juste demandé pour en être certain.

- Tu n'as pas été soigné si je me trompe ?

Sanji repensa à son arrivée sur l'île des travestis et à ses nombreuses nuits blanches à leur échapper. Il hocha la tête de gauche à droite, un léger sourire sur ses lèvres au souvenir de son séjour en enfer.

- Sanji… Ton cœur a subi une blessure qui aurait dû être traitée immédiatement et par manque de soin, il s'est mal cicatrisé.

- En clair Chopper.

Les détails médicaux ne l'intéressaient pas, il voulait juste savoir s'il était possible d'être guéri.

- En clair, tu as deux possibilités. Mais dans tous les cas, tu vas devoir subir une grosse opération.

Sanji écarquilla les yeux et releva enfin les yeux vers le petit médecin. Ce dernier n'avait réellement plus l'air d'une petit boule de poils toute mignonne tant l'anxiété se lisait sur son visage.

- Dans le pire des cas, tu pourrais avoir besoin d'une greffe.

- Une greffe ? Une greffe de quoi ?

Chopper déglutit avant de répondre.

- Une greffe de cœur.

Sanji resta silencieux, sentant son propre cœur marteler sa poitrine, avec ses piques de douleur familières l'accompagnant à chaque battement. Sa main serra la cigarette et la réduisit en miette sans qu'il n'y prête réellement attention, les dents grinçant en serrant la mâchoire. Il prenait peu à peu conscience de sa faiblesse, se rendant compte à quel point il avait été stupide de croire qu'en ignorant la douleur tout rentrerait dans l'ordre tout seul. Il devait accepter le fait de n'être qu'un homme et non un être surmontant tous les obstacles par la seule force de sa volonté. Il n'était plus l'égal de Zoro ou Luffy, à ce niveau-là. Son cœur ne suivait plus le rythme. Pourtant, une chose restait claire dans sa tête.

- Chopper.

Le petit renne attendit que Sanji reprenne la parole, inquiet quant à sa future réaction.

- Quoi qu'il arrive, je ne veux pas de greffe.

- Mais si…

- Tu as dit qu'il y avait une deuxième possibilité non ?, le coupa le blond, ravalant son envie furieuse de s'allumer une clope.

- Ça ne fonctionnera que si…

- Je te fais confiance, tu y arriveras, le coupa une deuxième fois Sanji.

- Mais…

- Écoute. C'est mon cœur, j'en fais ce que je veux. Mais je ne pourrais pas vivre en sachant qu'un homme est mort à ma place.

- Ça arrive que des mourants soient consentants et donc ce serait plutôt irrespectueux de ne pas utiliser leur cœur…

- Et t'en connais beaucoup des donneurs compatibles avec moi sur le point de mourir ?!, s'énerva le blond.

Cette fois, Chopper ne sut quoi répondre et garda la bouche close. Les larmes perlèrent sur le coin de ses yeux, pinçant discrètement le cœur de Sanji. Pourtant, il savait ce qu'il ne voulait pas. Il ne pouvait recevoir le cœur d'un autre, ça lui était inconcevable.

- Mais, Sanji…, sanglota le renne. Si ton cœur est trop abîmé pour que je le soigne, tu vas…

Le talon d'une chaussure noire s'abattit violemment sur le plancher, secouant tout le bateau. Pas un membre de l'équipage ne pourrait l'ignorer mais Sanji avait pour l'instant d'autres préoccupations.

- Ne pense pas à ça Chopper. Ça n'arrivera pas parce que tu n'es pas un médecin de pacotille et je ne suis pas un patient comme les autres. D'accord ?

Chopper acquiesça, la peur toujours présente mais l'espoir regagnant peu à peu du terrain.

- Alors, dis-moi, c'est quoi cette deuxième solution ?

Sanji sourit presque en voyant la petite bouille s'essuyer les yeux, rassuré. Lui-même était loin d'être serein mais bizarrement, il arrivait à le supporter en voyant avec quelle détermination le petit médecin prenait son travail à cœur.

Chopper se mit alors à lui expliquer que si son cœur lui faisait mal, c'était le résultat d'une mauvaise cicatrisation. Chaque battement manquait de rouvrir la plaie et le tuer et chaque pointe de douleur était le signe que la cicatrice se rouvrait. Le médecin omit de lui dire qu'un homme normal serait déjà mort à cause de la blessure en elle-même et le fait qu'il ait cicatrisé, même de la mauvaise manière, était une sorte de miracle en soit. Chopper lui expliqua qu'il allait devoir rouvrir la plaie avant d'y poser des sortes de pansements spéciaux, lui permettant de retrouver toute la puissance de son cœur et retirant toute gêne ou douleur.

- C'est pas un truc que tu peux faire, là maintenant ?, demanda plus pour confirmer Sanji.

- Tu plaisantes ?! Il va me falloir beaucoup de temps pour créer ces pansements spéciaux ! D'ailleurs, j'aurai besoin de ton sang pour les fabriquer afin d'être sûr que ton corps ne les rejettera pas.

- Ouais ouais, d'accord, tout ce que tu veux. Mais ton opération, tu crois que ça te prendra combien de temps ? On pourra le faire entre les repas pour ne pas alerter les autres ?

Chopper prit une teinte rouge, énervé, sincèrement en colère de voir son ami prendre tout cela à la légère.

- C'est pas une petite opération ! Tu ne pourras jamais cacher ça aux autres !

Sanji tiqua, tâtant déjà sa poche pour trouver son paquet de cigarettes.

- Tout ce que je peux faire, reprit Chopper, c'est de faire en sorte de ne pas t'opérer à cœur ouvert grâce à une toute nouvelle technique. Ça raccourcira le temps de l'opération et de ton temps de repos.

- Je peux pas vraiment m'accorder le luxe d'un temps de repos, tu le sais aussi bien que moi.

- Tu n'as qu'à le dire aux autres ! Ça les concerne tout autant que toi !

- Pas question !

Le médecin sursauta, comprenant un peu tard qu'il avait été trop loin. Pour Sanji, il était important que tout ceci reste secret, même si cela était extrêmement difficile. Il ne voulait pas inquiéter les autres alors que son état était loin d'être rassurant. Chopper en oubliait la fierté du cuisinier qui ne pouvait se résoudre à s'avouer plus faible que les autres devant ses amis.

- Il faut juste trouver le moyen d'éloigner les autres du Sunny pendant un certain temps, c'est ça ?

- En pleine mer ?!

- Non, ça me semble impossible. Attendons la prochaine île, ça te va ?

Chopper hésita à acquiescer. Il sentit le poids des responsabilités s'abattre sur ses épaules tout en culpabilisant à l'avance, n'aimant décidément pas cacher tout ça aux autres. Cependant, il avait promis, et pour la vie de son ami, il devait respecter cette promesse.

- Oui…, murmura-t-il en baissant la tête.

- Au fait, juste pour savoir, après l'opération, j'aurai le droit de fumer ?

- Ce n'est pas recommandé mais j'imagine que oui, quand tu seras guéri.

Sanji lui tendit son paquet avec un sourire confiant.

- Tu veux bien me le garder jusque là ? Je pourrais pas m'en empêcher je pense.

- Oui, répondit timidement Chopper en attrapant le précieux paquet.

- Bon, j'y vais, l'autre marimo a sûrement déjà fini la bouteille.

Chopper ne répondit pas et laissa son ami quitter l'infirmerie. Quant à lui, il ne pouvait pas se morfondre plus longtemps. Sa priorité était de soigner son ami et pour son bien, il devait étudier les précieuses radios d'un cœur meurtri depuis deux ans. Il avait déjà examiné les pilules de Sanji et avait découvert leurs propriétés apaisantes. Cependant, elle ne le guérissait pas. Pire, grâce à elles, il était capable de pousser son corps à bout. Il ne devait plus en reprendre et afin de calmer les futures douleurs du cuisinier, il devait lui administrer un autre traitement. Coûte que coûte, il devait terminer les préparatifs de l'opération et des médicaments adéquats avant qu'ils n'atteignent une nouvelle île, qui, il en était persuadé, ne serai pas de tout repos, comme d'habitude.


J'espère que le début vous plait ! Je n'ai pas encore bien décidé comment découper les chapitres, l'ayant vu comme un long OS au début. Du coup, je ne sais pas non plus combien de chapitres il y aura dans cette fic (juste plus de 3 xD).

J'aimerais beaucoup votre avis, n'ayez crainte, un monstre ne sortira pas du pc pour vous maudire sur 36 générations xD ! Mais comme je suis très attachée à cette histoire, ça me semble important de savoir ce qu'en pense les gens (même ceux qui n'aiment pas mais en m'expliquant pourquoi). En tout cas, merci d'avoir lu jusqu'ici !

Pour les reviews anonymes, je répondrai sur mon profil ;) !