Bonjour maman,

Tout est fin prêt pour votre arrivée. Je te vois d'ici, tu es en train de secouer la tête, de te dire que tu me connais depuis ma naissance, que j'ai forcément oublié quelque chose, mais je t'assure, cette fois, tout est prêt !

J'ai parlé à mes patrons de votre venue, ils m'ont accordé deux journées complètes de congé, et m'ont donné la permission de vous amener avec moi pendant une journée de travail, à condition qu'on ne fasse rien de trop dangereux pour des civils. Bon, on va essayer de viser quelque chose de plus palpitant qu'une journée sous la tente à indexer des artéfacts ; Percy adorerait certainement, mais je suis sûr que les jumeaux s'attendent à quelque chose de plus excitant. On vient de découvrir une vieille tombe, j'aurai encore sûrement deux ou trois trucs à vous montrer dans dix jours.

Tu verras, il y a plein de choses à faire ici. Et non, pas que des trucs dangereux. Il y a un petit marché au village, avec des étalages d'étoffes et de bijoux qui feront l'envie de Ginny. C'est là que j'ai trouvé le collier que je t'ai envoyé à Noël, tu te souviens ? Les bijoux sont fabriqués par une jeune femme du nom de Fatima. Pour tout te dire, elle a un truc pour les cheveux roux, alors elle nous fait des bons prix. Il y a aussi plein de vêtements égyptiens bon marché, je prédis que papa va insister pour en acheter un.

Malheureusement, je n'ai rien pu avoir de mieux comme logement que la petite baraque dans laquelle je suis. Mes deux colocs vont passer la semaine chez leurs copines, mais on va quand même être tassés, à neuf dans une petite maison à trois chambres à coucher. À ce propos, tu diras qu'il est hors de question que Charlie amène son œuf de dragon. Il va dormir dans ma chambre, avec Percy, et je n'ai pas l'intention de dormir avec un machin qui peut exploser n'importe quand. Je me fiche qu'il en ait la responsabilité pour l'été, il se débrouillera pour se trouver un baby-sitter pour la semaine.

Crois-le ou non, j'ai même pensé à la nourriture ! Il y a plusieurs mignons petits restaurants dans le coin, et mon ami Haroun fait des kebabs à couper le souffle. Il y a des semaines entières où je ne me nourris presque que de ça ! Euh, non, j'aurais pas dû dire ça… Je mange très équilibré, maman, je prends toujours mes portions de fruits et de légumes, je bois beaucoup d'eau, et j'avale religieusement les vitamines que tu m'as envoyées à Pâques. La copine de mon coloc prépare des desserts fabuleux, des Konafa. Je lui demanderai d'en préparer pour vous. Ron va adorer. D'ailleurs, il serait possible de m'emmener une caisse de Bièraubeurre ? Ça fait des mois que je n'en ai pas bu, ça me manque.

Finalement, j'ai fait des arrangements pour que mon harem soit hébergé dans une auberge du village pendant votre visite. Je ne crois pas que tu apprécierais la présence de mes trois femmes dans la maison.

C'est une blague, maman, du calme ! Respire par le nez, voilà.

Je vais vous chercher à l'aire d'arrivée des Portoloin internationaux à 17 h samedi prochain, alors.

J'ai hâte de vous voir !
Bill

Bill plia soigneusement la lettre, la glissa dans l'enveloppe qu'il avait déjà adressée de sa meilleure écriture – celle qui donnait l'impression qu'il avait dix ans, pas cinq – et la confia à la chouette de son collègue.

— Et tu te perds pas cette fois, hein ! dit-il d'une voix ferme. La dernière fois maman m'a renvoyé une Beuglante parce que TU avais deux semaines de retard, je n'ai pas envie de répéter l'expérience.

L'oiseau lui jeta un regard torve et s'envola au moment où Kelly, l'interne qui travaillait avec lui depuis le début de l'été, passait la tête par l'entrée de la tente.

— Tu viens, Weasley ? Sinon je dirai à toute ta smala que tu laisses tout le boulot difficile aux filles.

Il lui tira la langue et, sortant de la tente dans le grand soleil du désert, demanda à la jeune femme où ils en étaient.

— On est presque à la porte. Akil a déchiffré le panneau. Un truc charmant sur des scarabées dévoreurs d'entrailles.

Bill leva les yeux au ciel. Les jumeaux allaient décidément l'adorer, celui-là.