La différence c'est Elle

La différence c'est Elle

Michael était assis à son bureau, essayant de se concentrer sur ce fichu plan. Il soupira d'agacement. Il adorait son travail et la société dans laquelle il était architecte mais vraiment, se prendre la tête sur un plan le mettait de très mauvaise humeur. Alors qu'il tentait encore une fois de se focaliser sur cette foutue fenêtre qui n'était pas à sa place sur ce dessin, il sentit des yeux le fixer. Il releva lentement la tête et sourit en voyant sa douce petite amie les bras croisés, accotée au chambranle de la porte. Elle lui sourit.

Sara : Ce plan te pose encore des problèmes ?

Il hocha la tête pour dire que oui. Elle s'approcha du bureau, se plaçant ainsi face à lui et jeta un coup d'œil sur la feuille.

Sara : Enlève la fenêtre…

Il sourit devant cette proposition particulièrement farfelue.

Michael : Personne n'aime vivre dans le noir.

Sara : C'est une chambre non ? On s'y repose, on y dort, on y fait l'amour…

Il la regarda en souriant.

Sara : Toutes ces activités ne nécessitent pas de lumière, au contraire.

Michael : Certaines personnes aiment faire l'amour avec la lumière du jour.

Sara : Construits leur une pièce exprès pour ça.

Il rit légèrement avant de remettre le nez dans son plan. Sara le regarda faire puis s'éloigna en direction de la grande baie vitrée qui donnait une vue directe sur la rivière Chicago qui traversait la ville du même nom. Elle adorait la vue qu'on avait d'ici et c'était la raison pour laquelle Michael lui avait installé un canapé juste devant la baie. Elle resta un instant silencieuse. Michael, troublé par la présence de la femme qu'il aimait, releva la tête vers elle.

Michael : Tout va bien ?

Sara se tourna vers lui. Son visage avait les traits tirés par la fatigue et une sorte de tristesse se dégageait de ses yeux.

Sara : J'ai perdu un patient aujourd'hui…

Michael savait que Sara ne pouvait s'empêcher de ramener à la maison les images de douleurs de l'hôpital où elle travaillait. Il posa son crayon et se leva pour la rejoindre. Il s'assit à côté d'elle sur le dossier du canapé.

Michael : Raconte-moi.

Elle se tourna vers la baie et la fixa.

Sara : Un AVP. Il avait 12 ans et sa mère le conduisait à l'école quand une voiture a grillé un feu et est rentrée dans la portière du passager.

Michael baissa les yeux et plaça sa main sur celle de Sara.

Michael : Tu as fait ce que tu pouvais.

Elle le regarda.

Sara : Oui… mais je ne l'ai pas sauvé.

Michael : Peut-être, mais tu ne peux pas sauver tout le monde, tu n'es pas superman.

Elle sourit avec tristesse.

Sara : J'aimerais pourtant.

Il sourit à son tour et posa son front contre celui de la jeune femme.

Michael : Tu fais déjà beaucoup pour l'humanité Sara… Ton métier est le plus beau du monde et je suis très fière de toi. Tu essayes à ton échelle de rendre ce monde plus facile pour nos enfants…

Elle se recula et sourit.

Sara : Ca tombe bien que tu évoques les enfants Michael…

Il la regarda avec surprise.

Sara : L'implant contraceptif que je porte depuis un peu moins de trois ans arrive bientôt à la fin de son efficacité et ma gynécologue, avec qui j'ai rendez-vous demain, va vouloir savoir si je veux le remplacer.

Michael la fixa, voyant où elle voulait en venir. Elle devina qu'il avait compris et se tut. Mais voyant qu'il ne disait rien, elle reprit la parole.

Sara : Tu sais que c'est actif pour trois ans et que, bien qu'on puisse le retirer avant, il est normalement fait pour ne pas concevoir un enfant pendant cette durée.

Il hocha la tête.

Sara : On est ensemble depuis plusieurs années maintenant et j'ai 29 ans alors je me demande si 32 ans ce n'est pas un peu tard pour avoir un enfant.

Michael se retourna et posa ses deux avant-bras sur le canapé.

Michael : Je t'avoue ne pas y avoir pensé.

Sara le regarda.

Sara : Moi en revanche j'y pense depuis quelques temps. Je suis souvent à même de voir des femmes enceintes dans mon boulot et je crois que mon désir d'être mère s'est réveillée il y a quelques mois déjà.

Il fixa la baie vitrée.

Sara : Tu n'as pas envie d'avoir un bébé ?

Il tourna son regard vers elle.

Michael : Si… mais en faite c'est la période qui n'est pas vraiment idéale… j'ai pas mal de boulot en ce moment et si je souhaite devenir associé dans le cabinet, je dois me concentrer à fond sur ma carrière.

Sara sembla contrariée.

Sara : Notre carrière ne fera pas notre bonheur éternellement.

Il se redressa alors qu'elle commençait à s'en aller.

Michael : Tu n'as pas possibilité de prendre un moyen contraceptif plus souple ? La pilule par exemple ?

Sara : Je suis allergique à la pilule…

Elle croisa les bras.

Sara : Je ne te forcerai pas si tu ne veux pas d'un bébé avec moi Michael

Il ferma les yeux.

Michael : Je veux un enfant avec toi, mais j'aurais préféré qu'on en reparle plus tard. Peut-être que tu peux essayer d'en parler à ta gynécologue et trouver un autre moyen contraceptif que tu pourras arrêter dans un an.

Elle se rapprocha légèrement de lui.

Sara : Il y a un moyen… l'abstinence…

Elle s'en alla sur ces derniers mots, visiblement vexée. Michael baissa la tête dans un soupir, et s'accouda de nouveau au canapé. Il regarda la porte puis ses yeux se posèrent de nouveau vers le bureau où le plan l'attendait. Il poussa un autre soupir et retourna à son bureau. Au bout de deux heures de travail, il se décida à rejoindre son lit dans lequel Sara dormait déjà. Il se glissa lentement sous les couvertures et regarda la jeune femme. Il lui déposa un léger baiser sur l'épaule et se coucha à son tour. Quand il se réveilla le lendemain, Sara était déjà partie au travail. Il se leva, se prépara et se rendit alors à son bureau. A la pause de midi, il alla déjeuner dans un petit bar qui se trouvait juste en bas de l'immeuble où se situait son bureau. Il s'installa à une table et commanda un steak. Alors qu'il était plongé dans son journal, une ombre se profila dessus. Il leva la tête et sourit.

Michael : Véro…

Elle sourit à son tour et se pencha vers lui pour lui déposer un baiser sur la joue.

Véronica : Bonjour Michael

Elle s'assit face à lui.

Véronica : Je t'ai vu rentrer ici alors comme il me fallait un endroit où déjeuner, je me suis dis qu'on pourrait partager cette heure ensemble… si tu n'attends personne bien sûre.

Il hocha la tête pour dire que non. Le serveur vint prendre la commande de la jeune femme. Quand ce fut fait, elle enleva son manteau et posa les avant bras sur la table.

Véronica : Alors quelles sont les nouvelles ? Il y a bien trois mois qu'on ne s'est pas vu.

Michael : Je dirais plutôt six…

Véronica : Oui… je crois qu'on est beaucoup trop accaparés par nos boulots respectifs. Comment va Sara ?

Michael : Ca va.

Elle hocha la tête.

Véronica : Des nouvelles de Linc ?

Il la regarda un instant.

Michael : Il m'appelle quand il a des ennuis. D'ailleurs il y a quelques mois que je n'ai pas reçu de coup de téléphone de la police me demandant de venir le chercher dans une cellule où il dessaoule. C'est bon signe.

Véronica le regarda avec une légère sévérité.

Véronica : C'est ton frère.

Michael : Oui… mon grand frère et j'aimerais parfois qu'on arrête d'inverser les rôles. Je n'ai pas le temps de jouer au père avec lui.

Véronica : Tu connais Lincoln, il a le don de se mettre dans des situations impossibles. Néanmoins il a veillé sur toi pendant votre adolescence.

Michael sourit légèrement.

Michael : Je vois que tu lui trouves toujours des excuses. Tu fais ça depuis qu'on est mômes. Quand on était petit, ça m'attristait mais quand j'ai découvert les sentiments que tu avais pour Linc j'ai compris et j'ai fini par trouver ça touchant.

Elle sourit.

Véronica : Je n'ai plus les mêmes sentiments qu'avant pour Lincoln. On a grandi.

Il sourit tandis que le serveur apportait les plats.

Michael : Bien sûre.

Elle le regarda puis remarqua qu'il fixait quelque chose sur le côté. Elle tourna la tête en suivant la direction du regard de son ami et vit une femme jouer avec un enfant, probablement le sien, qui ne devait pas avoir plus de 8 mois. Elle tourna de nouveau son regard vers Michael et remarqua une lueur d'attendrissement dans ses yeux. Elle sourit.

Véronica : Oh oh oh…

Michael la regarda intrigué par le sourire entendu de Véronica.

Michael : Quoi ?

Il piocha dans son assiette.

Véronica : Michael me cacherais-tu quelque chose ?

Il la regarda avec interrogation puis sembla comprendre en regardant de nouveau l'enfant.

Michael : Non.

Véronica : Pourtant la façon dont tu regardais ce bébé est assez équivoque.

Michael baissa les yeux, semblant hésiter.

Michael : Sara veut un enfant.

Véronica : C'est formidable.

Michael : Je ne me sens pas prêt.

Elle cessa de sourire et reposa sa fourchette.

Véronica : Michael, tu es sans conteste beaucoup plus mature que ton frère et pourtant, même lui a réussi à avoir la fibre paternelle. De quoi as-tu peur ?

Michael : Je n'ai pas peur. Ce n'est pas le moment c'est tout.

Véronica : Parce qu'il y a un moment idéal pour faire un enfant ?

Michael : Oui, une période où Sara et moi serons plus disponibles. J'ai beaucoup trop de boulot et…

Véronica éclata de rire sous le regard stupéfait de Michael.

Véronica : Ne me dis pas que c'est l'excuse que tu as donnée à Sara ?

Il baissa les yeux.

Véronica : Michael tu es architecte, tu n'auras jamais le temps. Si tu me disais plutôt la vraie raison qui te pousse à lui refuser le bonheur d'être mère. Il y a un problème avec elle ?

Il releva la tête.

Michael : Non, tout va très bien entre Sara et moi.

Il hésita puis devant le regard de Véronica il décida de lui dire la vérité.

Michael : J'ai peur de ne pas être un bon père.

Véronica : Parce que ton père t'a abandonné ?

Il hocha la tête pour dire oui.

Véronica : Michael…

Michael : Et si c'était génétique le fait d'abandonner ses enfants ? Regarde Linc, il est en train de faire la même chose que notre père, avec LJ.

Véronica : Lincoln n'abandonne pas LJ, il est juste un peu paumé. C'est quelque chose qui ne t'arrivera pas à toi.

Michael : Et pourquoi ?

Véronica : Parce que Sara est ton âme sœur… Parce que c'est une femme bien et que tu es fou amoureux d'elle.

Il sourit.

Véronica : Tu seras un père génial Michael. Sara et toi méritez vraiment ce bonheur alors cesse d'écouter tes peurs. Et puis tu sais, un bébé met neuf mois avant de venir, tu auras le temps de t'y préparer.

Il sourit.

Michael : Comment tu fais pour être si sage ?

Véronica : J'ai bien dû apprendre comment rassurer les hommes puisque j'ai grandi avec deux frères aussi rebelles que trouillards.

Il sourit de nouveau.

Michael : Linc et moi on n'est pas des trouillards.

Véronica : Si, face aux femmes… Va voir Sara et dis-lui que tu veux un enfant avec elle.

Il hocha la tête, hésita puis se leva. Il se pencha vers Véronica.

Michael : Tu es un ange Véro. Merci.

Il lui déposa un baiser sur le front et s'en alla.

Véronica : Le prochain coup c'est toi qui m'invites…

Il se retourna vers elle et sourit tout en continuant à marcher.