OS écrit durant les 24h du Fof, où il fallait écrire à partir de la phrase souligné dans le texte.
Bonne lecture :)
Les souvenirs sont dangereux. On les tourne et on les retourne jusqu'à en connaître chaque détail et chaque recoin, mais ça n'empêche pas qu'on continue à y trouver quelque chose qui nous blesse. Quelque chose qui justifie qu'on en fasse des cauchemars, lorsqu'elle ne nous hante pas pour provoquer des insomnies. On pourrait penser que les souvenirs s'accrochent à nous, qu'ils sont une plaie dont on ne peut pas se débarrasser. Mais c'est l'inverse : c'est nous qui nous nous accrochons à eux, parce que c'est tout ce qui nous reste de notre passé.
Mais que faut-il faire, quand ce passé n'a jamais existé ? Quand nos souvenirs se rattachent à un monde disparu de toutes les mémoires sinon la nôtre ? Frisk n'en sait rien. Tous ceux qui sont proches de lui n'ont qu'une vague impression de déjà-vu de ses vies passées, et ça s'arrête là. Il ne peut partager avec personne les routes Neutres qu'il a fait la première fois qu'il est tombée dans l'Underground, quand il n'était qu'un enfant apeuré et perdu. Il a retenu ses larmes avec peine, après la première réinitialisation, lorsqu'il s'est rendue compte que personne ne se souvenait de lui. Réessayer de gagner leur confiance, ou de trouver un moyen d'être amie avec eux alors qu'il n'avait pas réussi la fois précédente, cela a quelque chose d'humiliant, et lui donne l'impression qu'il n'arrive à rien.
Aucun monstre ne peut expliquer pourquoi il peut remonter dans le temps, ni comment il peut ressusciter. Cette abilité qu'il a d'abord vu comme un super pouvoir providentiel est rapidement devenue une malédiction. Parfois les souvenirs de la mort glace son coeur au point qu'il n'est plus capable de respirer, et il cherche son souffle désespérément, noyé dans une réminiscence qu'il ne peut chasser. Il n'arrive à s'en dépêtrer, il ne peut se calmer que si une main réconfortante, celle d'Asgore ou de Toriel quand il était enfant, se pose doucement sur son corps pour l'apaiser.
Mais maintenant qu'il est adulte, qu'il a quitté le nid pour apprendre à grandir par lui-même, personne ne peut le consoler. Personne ne peut sécher ses larmes, il n'y a plus que lui, lui et ses souvenirs, les uniques compagnons de son infortune qui restent tapis au fond de sa conscience et qu'il repêche malgré lui, parce que c'est tout ce qui lui reste, sa mémoire, son passé, son identité, des lambeaux de son âme dont il ne peut se débarrasser parce que ce serait faire disparaître une partie de lui-même dans le cas contraire.
Alors, la main serrée sur sa poitrine, où cogne son coeur affolé, il reste là, seul, désarmé face au danger de sa mémoire.
Et il ne peut que pleurer.
Tout avis est le bienvenu :D À bientôt !
