Je me suis levé tôt ce matin. Je suis parti, sans faire de bruit, me glisser dans les rues de ma ville dans l'espoir de le voir. Lui.

La première fois. Je suis en retard pour la fac. Je cours presque. Et lui, au milieu des passants, qui me demande une pièce ou un sourire.

Une pièce.

La deuxième fois. Décidément, mon réveil est un batard. Tu es encore là, sur le perron de la chapelle Sainte Anne, avec tes dreads et ton pétard.

Une pièce ou un sourire ?

Une pièce.

Et puis, je sais plus quand, je ne suis pas en retard. Je n'ai rien de prévu. Je me surprends à te chercher des yeux. Et tu es là, sur le perron, avec tes dreads et ton pétard.

J'essaye de voir ta vie d'avant. Tu me demande. «- Une pièce ou une sourire ? - Je suis désolé, mais j'ai pas d'argent sur moi… - Alors un sourire ! – Je suis désolé, mais j'ai de pas sourire sur moi… »

Et me voilà assis sur le perron de la Chapelle Sainte Anne. « Tu subis le regard des gens tout les jours ?, je lui demande. – Non, il n'y a que le tien que je cherche, qu'il me répond. »

Je reste un moment sans lui parler. Il est beau. Ses dreads lui cachent ses yeux. Je suis sûr qu'ils sont bleus. J'aimerai voir ses lèvres sans cette clope.

« - Tu viens d'où ?, je lui demande. – Je viens de loin, qu'il me répond. – Raconte. – Je suis issus de l'amour interdit d'une étoile et du soleil, et je suis tombé de très haut, pour me poser ici, sur ces marches en pierres. Pourquoi tu ne souris pas, qu'il me demande. – En tombant, tu as dût voir quelqu'un monter. C'est ma sœur, je lui réponds. »

Et on ne parle plus. Et il me tend son pétard. Et je le vois, sans artifices dans la bouche. Je n'ai pas remarqué, ce piercing à l'arcade, ce piercing à la lèvre, ce piercing au nez. Je me demande si tout ton corps est percé ?

« - Ce soir, mange chez moi, je lui dis. – Je peux pas, tes parents me haïront. – Je dirais que tu es un ange qui est resté trop longtemps sur Terre et qui c'est prit d'affection pour un con dans mon style. – Dans ce cas… »

Et me voilà. Il fait encore nuit, et il fait encore froid. Tu as encore passé la nuit dehors. Tu trembles et tu es aussi sec que du bois.

« - Tu me fais un sourire ?, je te demande. – C'est ma question, Zoro. – Je sais. Allé, lèves-toi, on va chez moi. – Tes parents. – J'ai mon appart maintenant. »

J'entends l'eau couler dans la salle de bain. Je suis certain que tu es heureux. Une douche. Depuis combien de temps tu n'as pas vu un appartement ?

Je prépare le repas, pas grand-chose, je n'ai jamais été grand cuisinier, mais assez pour te rassasier.

Et je te vois. Dans mes fringues. T'es tout petit. Tu es heureux.

« - Reste. Je te dis. – Je ne peux pas, ils feront comment les autres ? – C'est grand chez moi, fais les venir, tant que tu vas bien, je me fiche du monde. Tu m'as demandé où était mon sourire. Il n'est jamais partie, c'est juste que tu me l'avais pas encore donné. – Zoro, c'est gentil ce que tu fais. »

Et tu es resté.