Hermione entra dans la salle commune des Préfets en Chefs et fut étonnée d'y trouver Drago Malefoy. D'habitude, il s'enfermait dans sa chambre pour ne pas avoir à « supporter la vue de son abominable colocataire ». Elle s'arrêta au milieu de la pièce et les deux se regardèrent en chiens de faïence, attendant que l'autre dégaine le premier. Cependant, aucun d'eux n'ouvrit la bouche. Lasse, Hermione décida de laisser tomber et reprit son chemin sans adresser un mot à Malefoy. Elle alla dans sa chambre et se vautra sur son lit, réfléchissant à l'attitude de son ennemi.
Cela faisait 2 mois qu'ils étaient rentré à Poudlard. La guerre finie, les 7e année avait été invités à refaire leur dernière année. Malefoy n'ayant pas participé à la guerre, la « seule » chose que l'on pouvait lui reprocher était la marque qui ornait son bras. Mais après un interrogatoire sous Véritasérum, il avait été démontré qu'il n'avait suivit le Lord que par peur des représailles pour sa mère et non parce qu'il adhérait à ses idées. Apprendre que le Lord lui même était en réalité un sang-mêlé avait remis en question tout ses croyances sur la supériorité du sang pur, et même s'il gardé quelques séquelles de son endoctrinement, il essayé de changer d'opinion. Ou en tout cas, arrêter d'afficher partout sa soi-disant puissance. Il était donc ressorti libre et avait été nommé Préfet en Chef au même titre qu'Hermione pour qu'il puisse montrer le bon exemple.
On aurait pu s'attendre à ce que ces événements changent le comportement du Serpentard, mais pas du tout. S'il ne l'insultait plus de Sang-de-bourbe, les «Castor », « Paillasson » et autres joyeusetés continuaient de pleuvoir. A la suite des nombreuses remontrances des professeurs, allant de la retenue à la menace de l'interdiction de faire du Quidditch, son ennemi ne l'insultait plus que dans l'intimité de leur salle commune. Sauf aujourd'hui. Qu'est-ce qui avait pu se passer pour qu'il ne l'insulte pas ? Non qu'elle s'en plaignait. Mais elle ne pouvait s'empêcher de craindre une entourloupe de la part du Serpentard.
Drago, de son côté réfléchissait. Il avait passé l'après-midi avec ses amis Serpentards Théodore Nott et Blaise Zabini. Après s'être (encore) plaint de sa colocataire, ses 2 amis (qui en avaient plus qu'assez de l'entendre geindre) lui demandèrent ce qui le dérangeait exactement dans le fait de vivre avec Hermione Granger. Il avait lui-même admis le mois précédent qu'elle n'invitait pas ses amis pour éviter une esclandre (Merlin merci, il n'aurait pas supporter de voir Weasmoche et Saint Potter déambulaient dans son « chez-lui »), ils se croisaient, ne se parlant que pour les obligations de préfets et s'arrangeant pour que ses conversations durent le moins longtemps possible. Drago avait beau eut leur dire qu'elle était la meilleure amie du Survivant et qu'en plus, elle osait être plus forte que lui dans toutes les matières (sauf Potion mais vu comment Rogue les privilégiait, ce n'était pas vraiment de son fait), réunissant toutes les conditions pour être haïs, ses amis avaient réfuté ses arguments, en disant que ce n'était que de l'orgueil mal placé de sa part. En réalité, il ne savait pourquoi il la haïssait. De toute façon, il le faisait depuis tellement longtemps que si demain, il changeait de comportement, elle appellerait l'infirmière avant même qu'il ait eut le temps de dire « Quidditch ». Cependant, il décida de faire un effort et d'arrêter de l'insulter. Un sourire machiavélique apparu sur son visage. Elle ne changerait pas de comportement et peut-être même qu'elle serait plus agressive car déstabilisée et que comme ça, il aurait une bonne raison de se plaindre de Granger. Il était définitivement le Prince des Serpentards.
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Trois semaines étaient passées depuis que Malefoy avait décidé d'être « sympathique » (enfin, arrêter de l'insulter, il fallait pas pousser non plus) et Hermione se demandait de plus en plus quel était le plan de son ennemi. Bien qu'elle n'est pas réagit comme le blond l'attendait - à son indifférence, elle répondait une indifférence toute similaire - elle avait fréquenté assez de Serpentard pour savoir que quelque chose l'attendait au tournant. La question était quoi. Elle en était là de ses pensées (cette histoire l'empêchait presque de dormir la nuit) quand elle entra dans la salle commune qu'elle partageait avec sa Némésis. Quelle ne fût pas sa surprise quand elle le vit couché dans le canapé, mal en point, elle craint un nouveau piège. Cependant, quand elle s'approcha, elle vit qu'il avait les yeux fermés, comme endormi mais qu'il divaguait, prononçant des mots sans queue ni tête mais qu'il semblait légèrement apeuré. Subissant elle-même des cauchemars, résultat de la guerre, elle se dit qu'elle ne pouvait le laisser comme ça. Si ça avait été elle, elle aurait aimé que quelqu'un la sorte de son enfer personnel. Alors elle approcha sa main pour le secouer. Mais quand elle toucha sa peau, elle se rendit compte qu'il était brûlant de fièvre. Hermione avait toujours entendu dire qu'une fièvre trop élevé pouvait avoir des conséquences très graves sur le corps humain. Craignant pour la santé du blond, elle alla chercher un gant de toilette pour mouiller le visage du jeune homme. Lorsqu'elle vit que cela ne changeait rien, elle se dit qu'à événement exceptionnel, action exceptionnelle. A l'aide d'un Levicorpus, elle emmena le corps de Drago dans la salle de bain. Elle le déposa sur le carrelage, le temps de faire couler un fond d'eau froide dans le fond de la baignoire. Elle le déshabilla d'un sort, ne lui laissant que son caleçon et le fit léviter dans la baignoire, prenant bien soin de lui laisser sa tête hors de l'eau. Se rendant compte qu'elle avait fait son maximum et qu'elle ne pouvait pas remplacer une infirmière diplômée, elle sortit en courant pour aller chercher Mrs Pomfresh. Dans le couloir menant à leur salle, elle croisa Zabini qui allait voir Malefoy. Elle s'arrêta 2 secondes, le temps de lui expliquer ce qui s'était passé et ce qu'elle avait fait. Elle lui demanda d'aller le veiller et de vérifier qu'il ne se noyait pas, le temps qu'elle aille chercher l'infirmière.
Blaise se dirigea en courant vers son ami, criant de loin le mot de passe, il entra en trombes et monta les escaliers qui menaient à la salle de bain. Quand il entra, il s'arrêta à cause du spectacle. La Préfète avait fait du bon travail, il y avait assez d'eau pour le refroidir mais il n'aurait jamais pu se noyer. Il s'approcha et posa sa main sur son front pour vérifier sa fièvre. Si Granger avait estimé qu'il fallait le baigner, c'était que sa fièvre devait être très importante, hors là, elle était perceptible mais pas affolante. D'ailleurs, le blond commençait à ouvrir les yeux. Ils tombèrent directement sur le regard de Blaise puis il regarda autour de lui et se rendit compte de là où il était. Quand il vit qu'il avait toujours son caleçon, il murmura d'une voix moqueuse :
- Je crois que tu sais comment est fait un garçon, t'aurais pu m'enlever mon caleçon !
Blaise sourit, non à cause de la réflexion mais à cause de la réponse :
- C'est Granger qui t'a déshabillé !
La tête de son ami valait tout son or à Gringott et il regretta de ne pas avoir d'appareil photo. Il avait les yeux et la bouche grande ouverte et semblait ne plus respirer. Un Malefoy est toujours maître de ses émotions, tu parles, on dirait un poisson hors de l'eau. C'est ce moment là que choisit Granger et l'infirmière pour arriver, faisant reprendre à Drago son air impassible.
Quand Mrs Pomfresh avait vu Hermione arriver e n courant, elle avait cru que quelqu'un était mort. Lorsque la jeune fille lui expliqua la fièvre et surtout sa réaction, la vieille infirmière se rassura. En prenant sa baguette magique et en suivant la jeune fille, elle se dit qu'elle n'avait plus l'âge pour ça. Elle avait soigné Harry Potter à chaque fois qu'il s'était blessé (et Merlin sait qu'il l'avait beaucoup été), elle avait guérit chaque fracture de ce maudit groupe de Maraudeurs (et en fait, le jeune Potter avait de qui tenir vu le nombre de fois où son père et son parrain avaient fini dans son office), elle avait pansé les plaies de beaucoup de monde - avec plus ou moins de succès - lors de la Bataille Finale, elle avait tenté de venir en aide à Severus chaque fois qu'il rentrait mal en point de chez Voldemort. Ça faisait quarante ans qu'elle prenait soin de chaque élève de Poudlard comme s'ils étaient ses enfants, avec la même dextérité et la même attention. Elle n'avait plus les jambes pour courir partout dans le château à la poursuite d'un enfant malade. Il serait temps qu'elle se retire pour prendre soin d'elle-même. Ces réflexions, ça faisait des années que l'infirmière se les faisait. Malheureusement, elle aimait trop son métier et chaque année, elle se disait « Celle-là, ce sera la dernière ». Mais elle était incapable de quitter Poudlard et ses habitants, c'était sa maison, c'était sa famille et sa place était auprès d'eux. Elle en était arrivée à cette conclusion quand elle entra dans la salle de bain. Miss Granger avait fait un bon boulot, le patient était revenu à lui et semblait censé, loin des divagations que la jeune fille lui avait conté. Elle décida cependant de l'emmener à l'infirmerie pour vérifier sa fièvre et trouver ce qui l'avait provoqué. Elle demanda à la Préfète et à l'ami du Préfet de sortir. Si la première le fit rapidement - aidait Malefoy inconscient oui, être à ses côtés alors qu'il avait les yeux ouverts, non -, le second marcha à pas lents, apparemment hilare. Elle ne savait pas pourquoi mais vu l'air grognon que prit le blond quand il se rendit compte que le noir riait, il devait être le sujet de la plaisanterie.
Drago n'en revenait pas. Elle lui était venue en aide ! Okay, il avait arrêté de l'insulter mais de là à L'AIDER ! Après, il se fit la réflexion que, vu son caractère gryffondorien, ils auraient pu être en train se battre l'un contre l'autre, elle lui serait venue en aide. Ces Rouge et Or n'étaient que des faibles. Même si - et ça, il ne l'avouerait jamais, même sous la torture - il était content que quelqu'un ait fait baisser sa fièvre parce que ses hallucinations étaient terrifiantes. Mais maintenant, il se retrouvait bloqué à l'infirmerie avec interdiction de sortir tant que Mrs Pomfresh n'avait pas trouvé pourquoi il avait été malade. Et comme il allait mieux, il s'ennuyait. Ses amis étaient en cours et il était seul dans l'infirmerie donc personne à faire pleurer. Si ça continuait, il allait simuler une crise d'épilepsie pour rire aux dépends de l'infirmière.
Hermione n'avait pas raconté à ses meilleurs amis qu'elle avait « sauvé » Malefoy, ils n'auraient pas compris et lui auraient dit qu'elle aurait dû le laisser mourir dans son sommeil. De plus, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si ça changerait quelque chose entre eux. Son cœur de Gryffondor espèrait que oui, elle en avait marre de marcher sur des œufs dès qu'elle était dans la même pièce que lui, attendant son prochain coup bas. Mais son cerveau lui disait qu'il n'avait déjà sûrement pas apprécié d'être aidé par elle, alors espérer qu'il soit reconnaissant relevait plus de l'aliénation mentale que de la simple naïveté. Cependant, une chose avait changé. Quand elle avait été à la bibliothèque, elle s'était assise comme à son habitude à « sa » table, au fond de la salle, bien cachée par les étagères. Mais alors qu'elle était plongé dans son devoir de Sortilège, une personne s'était raclé la gorge. Relevant la tête, elle vit Blaise Zabini et Théodore Nott, debout, en train d'attendre quelque chose. C'était ce dernier qui avait attiré son attention et il lui demanda s'ils pouvaient s'asseoir à sa table, la bibliothèque étant pleine. Trop abasourdie pour dire quelque chose, elle hocha la tête et débarrassa la table de ses affaires, leur laissant la place de s'installer. Ils travaillèrent tous en silence jusqu'à ce que Blaise le brise pour poser une question à Théo à propos du sujet de Runes. Théo lui lança un regard blasé, lui signalant que lui faisait Arithmancie et non Runes. Blaise soupira et ne vit pas Hermione relever timidement la tête. D'une petite voix, elle lui expliqua ce que le professeur attendait d'eux et différentes pistes pour commencer son devoir. Le noir hocha la tête, reconnaissant. C'était le signe dont ils avaient besoin. Peu à peu, chacun posa des questions aux autres car chacun avait son sujet de prédilection ou des options en commun avec personne d'autre. Au bout de deux heures et demi de travail, le ventre de Blaise gargouilla, signalant au groupe qu'il était l'heure de manger. Ils récupérèrent leurs affaires, et sachant pertinemment que Ron allait râler si elle arrivait en retard, Hermione se hâta de sortir, faisant une signe de tête poli à ses compagnons de révision.
Depuis ce jour, au moins un jour sur deux, on pouvait voir un serpent et une lionne en train de travailler à la même table de bibliothèque. Personne n'avait rien remarqué à cause de l'isolement de cette table mais les trois compères appréciaient de pouvoir travailler ensemble, en silence, mais en ayant toujours quelqu'un pour les aider au cas où. Ils n'avaient parlé de cet arrangement à personne. Les deux autres membres du Trio d'Or auraient crié à la trahison, et, assez ironiquement, le Prince de Serpentard aurait sûrement eut la même réaction. Drago était sorti de l'infirmerie deux jours après son entrée, après avoir menacé l'infirmière de l'éviscérer si elle le forçait à passer une minute de plus dans cet antre de Satan. Son état ne s'étant qu'améliorer, à l'inverse de son humeur, l'infirmière l'avait laissé partir, non sans lui arracher la promesse de revenir s'il se sentait mal.
Une routine s'était mise en place. Hermione continuait de maintenir cette indifférence avec Malefoy, même si un léger changement était apparu, à peine perceptible. Une sorte de respect envers celle qui avait prit soin de lui.
Drago retournait à la salle commune des Préfets d'un pas rapide. Il venait de faire tout le tour du château pour trouver ses amis. Et il n'avait jamais remarqué qu'il y avait une telle distance entre la bibliothèque, les cachots et le terrain de Quidditch. Il faudrait qu'il demande le droit de se déplacer en balais dans le château un jour. Par dépit, il s'était rabattu sur sa chambre, se disant qu'il pourrait au moins avancer un peu ses devoirs. Quand il prononça le mot de passe, il s'arrêta net sur le pas de la porte. Là, à la table étaient assis ses amis en train de travailler et à côté d'eux se trouvait … Granger. Et le plus bizarre est qu'ils semblaient n'avoir aucun soucis à partager leur table avec elle, comme si … ils en avaient l'habitude. Absurde.
- Salut les gars ! Vous me cherchiez ?
Blaise releva la tête et voyant une opportunité de se moquer de son ami, répondit franchement :
- Pas vraiment ! On cherchait un coin calme pour bosser, la bibliothèque est blindée de monde !
- Et Granger vous a ouvert ? Je suis surpris. Répondit le blond, un sourire moqueur sur le visage, tentant de ne pas montrer que le fait qu'ils ne soient pas là pour lui l'avait dérangé.
Comprenant où voulait en venir le noir, Théo répliqua :
- A dire vrai, c'est même elle qui nous a invité ! On galéré tous les trois à trouver une table alors elle nous a proposé votre salle commune, comme ça, on peut continuer à s'aider !
- Comment ça « continuer » ? Demanda Drago en s'étranglant.
C'est ce moment-là que choisit Granger pour se manifester :
- Les garçons, quand vous aurez fini de le faire tourner chèvre puisque apparemment, vous lui en avait dit autant sur nos rendez-vous que moi à Ron et Harry, on pourra peut-être se remettre à bosser ?
Les deux garçons lui sourirent et opinèrent, retournant à leur travail sans faire plus attention au Préfet, au grand damne de ce dernier.
- Depuis quand ce petit jeu dure ?
Alors que ses compères allaient répondre, Granger les devança, d'une voix légèrement acerbe :
- C'est grâce à toi Malefoy ! Apparemment, le fait que j'aille chercher l'infirmière n'a rien à ce que toi, tu pensais de moi mais eux semblent penser que quelqu'un qui prend soin de leur ami ne peut pas être totalement méchante, et ce, sans prendre en compte mon sang ! Maintenant, tu peux aller ailleurs célébrer ton acte qui nous a permit de nous rapprocher !
Avant que Drago ne puisse répliquer, elle ajouta d'une voix plus douce :
- Ou tu peux t'installer avec nous ! Je suppose que puisque tu n'avais pas trouvé tes amis, tu as dû te décider à faire tes devoirs.
Le blond resta sans voix. D'ailleurs, les deux autres Serpentards étaient ébahis aussi. Sans leur laisser le temps de réagir, elle retourna à son devoir, se coupant du monde extérieur.
Hermione se dit qu'à partir de ce moment, ça ne dépendait plus d'elle. Elle était devenue, peut-être pas ami avec ses deux compagnons de travail mais elle était assez proche d'eux pour les appeler par leur prénom et les réprimander quand ils se dissipaient, et eux, osaient la taquiner sans jamais être blessant. Elle venait de prouver à Malefoy qu'elle pouvait s'entendre avec un Serpentard et elle lui avait proposé de rentrer dans la dynamique. La suite, c'était à lui de la décider. Soit il acceptait sa main tendue maintenant soit il s'en allait. Elle n'était pas assez naïve pour penser qu'il pourrait s'en aller maintenant et revenir plus tard, il avait trop d'orgueil pour admettre qu'il avait eut tord. Sa réponse était décisive pour l'avenir.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que Drago faisait face aux mêmes réflexions. Si Théo et Blaise pouvaient l'apprécier, il ne devrait pas avoir de problème à l'accepter et ça serait plus simple pour le rôle de Préfet. En conclusion, Drago opina, avança, poussa les affaires de Théo et s'installa, leur demandant s'ils avaient fait leur devoir de Potion.
Ginny trouvait que sa meilleure amie avait changé. Bien sûr, les garçons n'avaient rien noté mais c'était pas étonnant. Elle semblait plus guillerette et elle avait cessé de se plaindre de Malefoy. La rousse décida d'avoir une discussion avec son aînée alors elle prit la direction de sa chambre. Arrivée devant le tableau gardant son entrée, elle tapa 3 coups. Elle entendit des voix s'élever derrière la porte et soudain, elle s'ouvrit, laissant apparaître une Hermione qui, aux tâches d'encre présentes sur ses mains, devaient travailler. Ce qui étonna la plus jeune des Weasley, c'était le tableau derrière la brune. Trois Serpentards, assis autour de la table avec une quatrième personne puisque un parchemin et une plume était devant la chaise vide. Ginny su immédiatement que cette personne était Hermione et comprit mieux son sourire de ces derniers jours. Elle avait trouvé des gens avec qui travailler, elle qui n'arrivait jamais à emmener Ron et Harry à la bibliothèque. Elle aurait peut-être dû crier au traître, c'était apparemment la réaction qu'attendait son amie au vue de son visage paniquée. Mais Ginny n'était pas son frère ni son petit ami. Si la brune trouvait ces garçons agréables, alors elle ferait un effort. Elle changea donc de plan et redirigea son regard vers Hermione et dit, en souriant :
- Je voulais savoir si tu avais le temps de m'aider pour mon devoir de Métamorphose.
Hermione comprit que par ces mots, Ginny acceptait cet étrange partenariat qu'elle avait fait avec ses ennemis d'antan et qu'elle la soutenait. La brune sourit, son soulagement perceptible sur son visage.
- Tu as tes affaires ? Alors va les chercher. Je t'aiderais.
La rousse entendit à peine le refus de Malefoy mais sourit quand elle entendit trois voix lui dire de se la fermer.
Le sourire malicieux qu'affichait sa petite ami intrigua Harry au plus haut point. Malgré ce que Ginny pouvait penser, il avait remarqué le changement d'humeur de sa meilleure amie et au vu du visage de la rousse, elle venait de découvrir le fin mot de l'histoire. Il se leva et fit mine de se diriger vers elle pour lui tirer les vers du nez mais Ginny le vit, rigola car elle connaissait les plans du brun et elle se dépêcha de s'en aller dans son dortoir pour récupérer ses affaires. Comprenant le message, Harry alla se rasseoir. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il connaîtrait la raison de la bonne humeur d'Hermione et de l'hilarité de Ginny.
Ron vit l'échange entre son meilleur ami et sa sœur mais n'y prêta pas attention. Il s'était rendue compte qu'Hermione était plus heureuse en ce moment mais il ne savait pas pourquoi et ça l'énervait. Ce qui l'énervait surtout, c'était de ne pas être la raison de sa bonne humeur. Il était jaloux. Il voulait qu'elle soit heureuse quand il était là et triste quand il partait, il voulait tout savoir de sa vie et qu'elle ne voit que par ses yeux à lui. Malheureusement, Hermione n'était pas du genre à s'arrêter de vivre pour un homme. Il était vraiment curieux et il craignait que la raison de sa joie ne soit un homme. Il avait bien essayé de convaincre Harry de l'espionner mais celui-ci avait refuser, arguant que s'il y avait quelque chose dont elle voulait leurs parler, elle le ferait et que l'espionner ne serait que purement et simplement une trahison.
Ginny finit par quitter la Salle Commune de Gryffondor et retourna vers la chambre d'Hermione, ses affaires sous le bras. Elle frappa trois coups à la porte, qui s'ouvrit sur Nott, qui s'écarta pour la laisser entrer. Elle s'installa à côté d'Hermione et sortit sa plume, son encre, ses parchemins ainsi que ses cours. Le silence régnait dans la salle, seulement entrecoupé par le grattement frénétique des plumes sur le papier. A voix basse, elle informa Hermione de l'énoncé de son devoir et prit des notes lorsque cette dernière lui proposa des pistes. Il fut très surprise quand Zabini releva la tête et lui proposa un autre point de vue, tout aussi intéressant, qu'elle finit d'ailleurs par prendre. Encouragé par cette ambiance studieuse et cette assurance qu'elle aurait de l'aide si besoin, elle se lança dans l'écriture de son devoir.
Hermione était contente que Ginny ne lui en veuille pas. Maintenant, il fallait qu'elle en parle aux garçons. Elle avait bien pensé ne rien leur dire, comme si c'était un événement qui ne méritait pas d'être conté, mais elle savait pertinemment que cela reviendrait à leur mentir et aux vues de le relation, ce serait une trahison. Cependant, le courage lui manquait et elle décida d'en discuter avec sa meilleure amie. Après avoir fait leurs devoirs, elle invita la rousse dans sa chambre, et une fois installé, lui fit part de ses craintes. Cette dernière la rassura :
- Ils risquent de bouder un peu mais ils ont confiance en ton jugement, en leur expliquant, ils devraient comprendre. Ce qu'ils risquent de moins apprécier, par contre, c'est le temps qui tu auras mis à leur parler.
Consciente du fait qu'elle devait se hâter de leur parler, elle leur fit parvenir un mot les invitant à discuter dans la Salle-sur-Demande, le soir même, après le repas.
Ron et Harry étaient ensemble lorsqu'ils avaient reçu le mot, et s'ils étaient contents qu'elle leur dise enfin ce qu'elle cachait, ils étaient quand même inquiets. Quelle nouvelle nécessitait un rendez-vous, isolés de tous ? Ce soir-là, le Trio d'Or mangea ensemble mais sans vraiment parler, tous tendus à cause du rendez-vous. Chacun jetait des coups d'œil à la dérobé à ses voisins.
Ginny s'amusait beaucoup de cette scène mais espérait qu'aucun des garçons n'auraient une réaction excessive et blessante. Quand ils finirent par se lever, manifestement pressés d'aller au 7e étage, la rousse attrapa la main de son petit-ami et lui chuchota à l'oreille :
- Tâche de ne rien dire que tu pourrais regretter par la suite.
Étonné par un tel conseil, le garçon hocha cependant la tête, se faisant la promesse mental de respirer un grand coup avant de répondre à sa meilleure amie. Avec Ron, ils suivirent Hermione dans un silence religieux. Ils la laissèrent effectuer trois passages devant la tapisserie de Barnabas-le-Follet et entrèrent à sa suite. La pièce invoquée par la Préfète était grande et spacieuse. Par sa décoration, elle rappelait la salle commune des Préfets-en-chef et si on faisait bien attention, on pouvait voir ici et là, des tâches de vert et d'argent. Ils s'installèrent dans les trois fauteuils confortables situés au milieu de la pièce. Voyant que leur meilleure amie ne semblait pas savoir par où commencer, Harry sourit et lui dit de commencer par le début. Le regard étonné que le lui lança Hermione l'amusa, comme si elle se rendait compte à quel point son meilleur ami la connaissait bien. Elle prit une grande inspiration et se lança :
- Il y a environ un mois et demi, je suis rentrée dans ma salle commune et pour la première fois, Dr … Malefoy ne m'a pas insulté. Il semblait juste … indifférent. Je me suis demandais quelle entourloupe il préparait mais j'ai profitais de ce calme pour répondre à son indifférence par mon indifférence.
Si Ron s'était tendu à l'entente de son ennemi, s'apprêtant déjà à proposer à Hermione d'aller lui casser la gueule, Harry, lui, avait surtout entendu son hésitation sur l'appellation de sa Némésis. Ses idées partirent très loin et il entendait déjà Hermione lui annonçait qu'ils étaient amoureux, qu'ils allaient se marier et que d'ailleurs, elle était enceinte. A cette idée, le Survivant pâlit.
Hermione ne se rendit pas compte des réactions de ses amis, préférant finir son récit avant de les regarder.
- Nos relations se sont un peu calmées. Deux semaines plus tard, en retournant à ma chambre, j'ai vu Malefoy, les yeux fermés, sur le canapé, apparemment en proie à des cauchemars. Alors j'ai décidé de le réveiller.
Ron ouvrit la bouche pour crier à la trahison quand il croisa le regard d'Harry. Ils subissaient tous des cauchemars, des souvenirs de la guerre, des morts et des blessés. Bien que lui n'aurait jamais réveillé Malefoy - il était persuadé qu'il le méritait - le caractère d'Hermione l'amenait à porter secours à tout le monde, et quelque part, c'était pour ça qu'il l'aimait tant. Il ferma donc la bouche, acceptant implicitement qu'elle ait aidé le Prince des Serpentards.
Inconsciente du débat intérieur du roux, la brune continua :
- Mais en touchant son front, je me suis rendue compte qu'il était brûlant de fièvre. J'ai essayé de le rafraîchir avec un gant de toilette mouillé mais ça servait à rien alors je l'ai allongé dans la baignoire avec un fond d'eau fraîche et j'ai été cherché Mrs Pomfresh. Mais en chemin, j'ai croisé Zabini et je l'ai prévenu alors il est parti s'occuper de Malefoy. Je me suis dit que ça ne changerait rien. Après tout, Malefoy n'est qu'un con prétentieux. Mais le soir même, j'étais à la bibliothèque et Zabini et Nott m'ont demandé pour s'asseoir à ma table et depuis, on bosse ensemble. Et y'a quelques jours, Malefoy l'a découvert et on lui a proposé de se joindre à nous. Et hier, Ginny est venue nous voir pendant la séance de travail. Et, je me suis dit qu'il fallait que je vous le dise.
Ron était perplexe. Alors il demanda :
- Ça signifie quoi ? T'as aidé Nott et Zabini sur un devoir ! Bon, c'est injuste quand on voit que tu nous rembarres mais c'est pas comme si vous étiez amis !
- Ron, ce que je suis en train de te dire est que je suis devenue amie avec Blaise et Théo et que j'arrive presque à supporter Drago D'ailleurs, maintenant, notre boulot de Préfet est mieux fait et on est plus efficace et je peux rester dans la salle commune avec lui et même discuter ! C'est ça que je suis en train de te dire !
- QUOI ? T'es sérieuse là ?! Mais c'est des connards Hermione ! Ils t'ont insulté pendant plus de six ans et maintenant, ils se pointent avec un sourire et tu les acceptes ? Il s'est passé quoi ? Ils t'ont dit que t'étais jolie, tu t'es enfin sentie désiré sous tes airs de Miss Je-Sais-Tout et t'as ouvert les cuisses ?! Tu me dégoûtes !
Hermione était pétrifiée. Son meilleur ami venait de la traiter de pute. Elle le regarda sortir de la salle, puis elle se tourna vers Harry, les yeux remplient de larmes contenues. Elle ouvrit la bouche et bégaya des mots incompréhensibles. Le brun se précipita vers elle et la prit dans ses bras. Il se rassit, la plaçant sur ses genoux et la berça, lui murmurant des mots rassurants :
- Rien de ce que Ron vient de dire n'est vrai. Je suis admiratif de ta capacité à pardonner et à aller au-delà des apparences. Et c'est bien que tu rencontres d'autres personnes, avec qui tu peux travailler et discuter de sujets qui nous passionnent pas forcément. C'est pas un crime. Et je ne t'en veux pas. Et je ferais un effort si je les croise un jour dans le couloir ou dans votre salle commune. Calme-toi Mione. Tout ira bien.
Il continua ainsi jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle s'était endormie dans ses bras. Il se leva, la portant comme une jeune mariée et se dirigea vers les chambres des Préfets. Hermione leur donnait le mot de passe, à n'utiliser qu'en cas d'urgence. Arrivé devant le tableau, il murmura Trêve (mot de passe qu'il comprenait mieux maintenant) et entra. Il tomba sur les trois Serpentards en train de discuter. Ils s'arrêtèrent tous quand ils le virent entrer, Hermione dans les bras, les yeux gonflés d'avoir pleuré. Nott attaqua :
- Qu'est-ce que vous avez fait Potter !
- Ron a parlé avant de réfléchir, comme d'habitude. Il viendra s'excuser une fois que sa sœur l'aura pourrit.
Il aurait dû s'en vouloir d'attaquer Ron devant ses ennemis mais ce soir, les rôles étaient inversés. C'était les Serpentards qui prenaient à cœur l'état de son amie et c'était Ron qui l'avait fait pleurer. Il se dirigea vers la chambre d'Hermione. Zabini se précipita pour ouvrir la porte, lui permettant d'entrer. Il attendit sur le bord du lit pendant que le noir défaisait les couvertures pour qu'il puisse coucher Hermione. Une fois cela fait, il lui enleva ses chaussures, remit les couvertures, attrapa une plume et un parchemin et écrivit :
Te flagelles pas Mione, Ron est un crétin.
Tu deviens amie avec qui tu veux et après ce que j'ai vu ce soir, peut-être que ces serpents font plus attention à toi que Ron.
Il finira pas ce rendre compte qu'il est un crétin, quitte à ce que je lui colle mon poing dans la face. Je serais toujours là pour toi.
Je t'aime.
Harry
Il posa le mot sur sa table de chevet, sachant qu'elle le verrait quand elle regarderait son réveil et sortit en silence. Dans la salle, la tension était palpable. Harry referma la porte et lança un sort de silence.
- Ce soir, elle nous a raconté qu'elle commençait à vous apprécier, qu'elle avait arrêté de vous voir comme ses ennemis et elle estimait qu'elle devait nous en parler.
Lorsqu'il les vit ouvrir la bouche pour le vilipender, il les stoppa :
- Ne vous méprenez pas, je suis content qu'elle se fasse d'autres amis, qu'elle trouve des gens avec qui discuter de sujets qui m'intéressent pas forcément. Si ça la rend heureuse, je ramènerai la lune pour elle. Il s'avère que vous fréquenter la rend heureuse. Alors je l'accepterai et je ferai un effort. Je suis même prêt à vous parler gentiment et à … non, faut peut-être pas exagérer. Enfin, je ne ferai rien qui pourrait la blesser. Mais Ron …
Harry se frotta les tempes et s'assit sur le fauteuil situé face à la cheminée, leur tournant le dos.
- Ron est plus impulsif. Plus jaloux aussi. Il est désespérément amoureux d'elle et il a peur que quelqu'un la lui vole. Même s'il n'ose pas faire ne serait-ce qu'un pas vers elle. Il lui a dit des choses horribles. D'ailleurs, y'a de grandes chances que je lui colle un coup de poing pour avoir oser lui parler comme ça. Et ce qu'il pense, ce qu'on pense, compte pour elle. C'est important qu'on lui dise qu'on sera toujours là, quoiqu'elle fasse. Je m'attendais pas forcément à ça et ça me rend pas particulièrement joyeux de savoir qu'elle passe plein de temps avec vous parce que j'aurais tout le temps peur que vous la blessiez. Mais ce soir, … ce soir, c'est Ron qui l'a blessé, au-delà du possible alors que vous, vous êtes là, prêts à me casser la gueule pour l'avoir fait pleurer. Alors, quand elle passera du temps avec vous, j'aurais pas peur, parce que je sais que vous ferez attention à elle.
Sans leur laisser le temps d'ajouter quelque chose, il se leva et sortit, décidé à aller voir Ginny. Il avait besoin de parler à quelqu'un.
Dans la salle commune, Théo regardait ses deux amis, ébahis. Premièrement, quand il avait vu Hermione les yeux rouges, ça l'avait mis dans une colère noir. Jamais il ne l'aurait dit à voix haute mais il l'appréciait. Elle était douce, le cœur sur la main mais avec une langue acérée, et savoir que quelqu'un l'avait fait pleurer lui avait donné envie de frapper cette personne. Et à voir la tête de ses compères, il n'étais pas le seul. Deuxièmement, Potter venait de faire une proposition de paix, assassinant son meilleur ami devant eux, avouant à voix haute que finalement, ils faisaient plus de bien à Hermione que le roux. Soufflé, il se laissa tomber sur le fauteuil dans lequel Potter était assis quelques minutes plus tôt. Relevant la tête, il regarda ses amis et su qu'ils avaient fait les mêmes constations que lui. Alors, il demanda :
- Et maintenant, on fait quoi ?
Blaise eut un petit sourire :
- On accepte la trêve de Potter. On ne l'insulte plus, juste quelques vannes.
Les deux autres hochèrent la tête, un peu dépité de devoir arrêter leur distraction préférée Et à ce moment-là, Blaise afficha un sourire méchant :
- Par contre, la belette va pleurer.
La réplique de son sourire apparue sur le visage de Théo et de Drago. Aucun d'eux ne pouvait expliquer comment ils s'étaient attaché aussi rapidement à la brune mais ce qu'ils savaient, c'est que si Weasley se donnait le droit de la faire pleurer, il n'y avait aucune raison que eux se privent de le faire pleurer. Que le jeu commence.
