Bonjour tous le monde !

Me revoilà avec cette fic que certains auront déjà commencé à lire puisque j'en avais déjà posté les quatres premiers chapitres, mais souffrant du syndrôme de la page blanche, je l'avais mise en pause...

Mais grâce à Madoka qui m'a encouragé à la reprendre, je pense que cette fois, j'arriverai à la mener à son terme, et pour ceux qui se poseraient la question, j'ai déjà modifié les quatre premiers chapitres, et j'en suis actuellement au chapitre 11...

J'essaierai de poster à raison d'un chapitre par semaine, mais je ne promets rien, car j'ai un rythme d'écriture assez aléatoire en raison de mon emploi du temps fluctuant (entre les cours et le boulot...)

Comme vous vous en doutez, je ne suis pas rémunéré pour écrire ces histoires, et pour mon plus grand malheur, les personnages de la série Castle ne m'appartiennent pas. Seuls les personnages secondaires sortent tout droit de mon imagination fertile et sont ma propriété exclusive...

Voilà, je pense avoir tout dit. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !

PS : chapitre édité le 04/03.2014, donc s'il reste des fautes, merci de me le signaler en restant cependant courtois...

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Tu es à moi…

Chapitre 1 :

POV de Rick :

La ruelle était sombre. Pourtant, à cette heure de la matinée, c'était plutôt surprenant, mais les murs de briques épais, et les différentes couches de crasses filtraient efficacement les rayons du soleil. Pas un bruit ne se faisait entendre. Le silence aurait pu être paisible, mais c'était loin d'être le cas. Du moins ce n'était pas ce que je ressentais en cet instant. Alors que j'avançais lentement, aussi silencieusement que ma carrure me le permettait, j'avais plutôt l'impression que l'air se chargeait de danger, qu'une menace planait dans cette atmosphère saturée de mauvaises ondes. Si j'écrivais cette scène, j'aurais planqué l'assassin dans le coin le plus sombre de cette sinistre ruelle, attendant patiemment de pouvoir se jeter sur la victime inconsciente. Et je devais impérativement arrêter de penser à ça. J'avais définitivement passé l'âge de jouer à me faire peur. Une fois encore je me demandai pourquoi j'avais accepté de me rendre à ce rendez-vous.

Beckett m'avait pourtant déconseillé de le faire, mais comme bien souvent, je ne l'avais pas écouté, l'accusant même d'être jalouse. J'en jubilais encore. Enfin j'en jubilerais encore si mon cœur cessait de battre aussi frénétiquement. Si les yeux pouvaient tuer, je serais probablement mort à l'heure qu'il était, mais ça m'était égal. Je savais que j'avais encore une fois visé juste. Tout dans son attitude me l'avait crié. Elle ne supportait pas l'idée que j'ai une femme dans ma vie qui ne soit pas elle. Pourtant, elle ne cessait de me rejeter dès que je tentais une approche. Elle jouait avec moi comme le chat avec la souris, et lorsque l'espoir d'une fin heureuse m'envahissait, elle me griffait méchamment, me rappelant que rêver n'était pas permis. Mais dès que je m'intéressais à une autre femme, elle agissait comme une femme trahie, alors qu'elle n'en avait aucun droit. Elle était jalouse de la femme avec qui j'avais rendez-vous.

Pourtant, je ne lui avais pas parlé d'elle. Ne m'étais pas vanté de cette nouvelle conquête, et étais resté aussi discret que possible. Tout le contraire de mon comportement habituel. Même les gars n'avaient rien pu tirer de moi en dehors d'un sourire mystérieux. Et c'était justement ce changement de comportement qui avait alerté Beckett. Tant que je parlais ouvertement des femmes qui traversaient ma vie, elle savait que ce n'était que de la frime, rien de sérieux ni de conséquent, et pouvait donc se permettre de s'en montrer indifférente. Mais pas cette fois. Cette fois, elle avait senti que les choses étaient différentes, que cette femme pourrait bien être plus qu'une aventure d'un soir dont j'oublierais facilement le nom, si je m'étais donné la peine de le retenir. Oui, Beckett avait perçu dans mon comportement tout les signes avant coureur d'une catastrophe. Après cette discussion, elle s'était replongée dans ses dossiers, m'ignorant ostensiblement malgré mes efforts pour attirer son attention.

Je savais que je n'aurais pas dû l'asticoter sur sa jalousie, mais ça m'avait agacé qu'elle me traite comme un enfant incapable de prendre soin de lui tout seul. Alors j'avais réagi comme un gamin et l'avais poussée à bout. Résultat, elle ne broncha même pas quand je me levai, annonçant que je me rendais à mon rendez-vous. Du moins en apparence resta-t-elle impassible, parce que je remarquai que la main qui tenait le stylo avec lequel elle rédigeait son rapport s'était légèrement crispée. Me retenant de lui en faire la remarque, j'annonçai que je ne reviendrais pas avant le lendemain, ce qui me valut des sourires entendus de la part des gars. J'avais conscience que je jouais avec le feu, et que le retour de flamme risquait de m'être fatal, mais cette situation m'était devenue insupportable, et il était temps d'y mettre un terme. Et j'en étais venu à la conclusion, douloureuse mais inévitable, que j'allais devoir tirer un trait sur Beckett.

Elle restait ma muse, et je le pensais, mon amie, mais elle ne serait jamais plus que ça. Alors j'allais me comporter avec elle comme je le faisais avec les gars, à quelques nuances près. Et j'allais commencer maintenant, autant qu'elle s'y fasse rapidement. Après un ultime regard vers Beckett qui s'obstina à fixer le dossier qu'elle avait sous les yeux, je gagnai l'ascenseur et quittai les lieux. Je n'agissais pas ainsi de gaieté de cœur, mais elle ne me laissait pas le choix. Elle m'avait fait comprendre qu'il ne se passerait jamais rien entre nous, qu'elle ne me verrait jamais autrement que comme un éternel adolescent gouverner par ses hormones et incapable de se stabiliser. Alors elle avait gagnée, je renonçais et me sentais donc libre de tenter de faire ma vie avec une autre, aussi difficile que soit ce processus de renoncement. Et maintenant, je regrettais de ne pas l'avoir écouté et d'être venu.

La ruelle était déserte, et malgré que le soleil fût encore haut dans le ciel, la pénombre régnait en maître et je devais plisser les yeux pour y voir quoique ce soit. En soupirant, j'avançai encore un peu, cherchant du regard le signe d'une quelconque présence, mais rien. Beckett rirait bien quand elle apprendrait que mon rendez-vous m'avait posé un lapin. J'entendais déjà d'ici ses réflexions sarcastiques, sans parler de celles des gars. Un grognement m'échappa, et je flanquai un coup de poing colérique et frustré sur le couvercle d'une poubelle, le son métallique se répercutant sans fin sur les murs en brique. Pourtant, elle n'avait pas semblé être du genre à se dégonfler et à fuir ses engagements. Elle paraissait être une femme posée et sur laquelle on pouvait compter. Elle devait sûrement avoir une bonne raison pour ne pas être venue. Je ne devais pas la condamner sans savoir ce qu'il s'était passé.

En soupirant, je m'arrêtai et jetai à nouveau un regard autour de moi, espérant la voir surgir, mais bien sûr, rien ne se produisit. J'avais rencontré la jeune femme deux mois plus tôt en surfant sur un site de fan. D'ailleurs, je priais pour qu'Alexis ne l'apprenne pas, parce qu'elle allait m'en faire baver, vu le nombre de fois où je lui avais interdit de s'inscrire sur l'un de ces sites ! J'étais tombé par hasard sur ce forum, et avais tout de suite apprécié l'ambiance un peu déjantée qui y régnait. Après quelques hésitations, je m'y étais inscrit en mélangeant fiction et réalité dans mon profil, et m'étais mêlé aux membres sans difficulté. Je m'étais vite pris au jeu, et je constatais que si de temps en temps, je les trouvais limite flippants, ils aimaient vraiment mes livres et avaient des discussions passionnées et très approfondies sur le sujet. D'ailleurs, ils m'avaient donné quelques idées intéressantes concernant la relation entre Nikki et Jameson.

Et puis un soir, sur la MB, j'avais commencé à discuter avec elle. Notre conversation était vite devenue animée, et les autres membres nous avaient gentiment conseillé de poursuivre notre discussion ailleurs. Du coup, nous avions continué à discuter par MP. Et c'était devenu une sorte de rituel. Nous discutions tous les soirs ou presque. Je ne pouvais plus me passer de nos conversations, et je savais qu'elle était dans le même cas. Au départ, nous n'avions discutés que des œuvres de Richard Castle, et j'avais été agréablement surpris qu'elle en connaisse autant sur mes ouvrages. Elle avait même lu mes tout premiers romans, ceux que seuls les fans chevronnés connaissaient, ceux que j'avais écrits avant le succès des Derrick Storm. Et elle était incollable. Je l'avais taquinée sur le sujet, allant même jusqu'à insinuer qu'elle devait être le genre de fan à faire la queue pendant des heures pour un simple autographe, et j'avais été surpris d'apprendre que je lui avais dédicacé deux de mes livres.

Mon cœur avait fait un bond à l'idée que je l'avais déjà rencontrée sans savoir à côté de quoi je passais. Elle m'avait retourné la question et j'avais souri en lui répondant que j'avais tout les ouvrages de l'auteur en version exclusive et toutes dédicacées. Ce à quoi elle avait répondu que je ne devrais pas m'étonner si je recevais la visite d'un mystérieux cambrioleur et que mes livres disparaissaient. Du tac au tac, je lui avais rétorqué que je ne risquais pas grand-chose puisqu'elle ne savait pas où j'habitais. Nous avions continué à discuter littérature une bonne partie de la soirée, défendant avec fougue notre avis, et j'avais passé mon temps à rire à gorge déployée, ce que je n'avais plus fait depuis très longtemps, trop longtemps. Puis sans que nous nous en rendions compte, nous nous étions mis à aborder des sujets plus personnels, nous découvrant de nombreux points communs.

Avec elle, je me sentais libre d'être moi-même, et je me savais apprécié pour l'homme que j'étais et non pas pour ma célébrité. C'était la relation la moins sexuelle que je n'avais jamais entretenue avec une femme, en dehors de Beckett. Et je trouvais ça libérateur. Je ne l'avais jamais rencontrée, et pourtant, j'avais l'impression de la connaître depuis toujours. Je me sentais connecté à elle, sans mauvais jeu de mots. J'avais l'impression que nous étions sur la même longueur d'ondes, qu'elle me comprenait parfaitement. Parfois, nous avions les mêmes idées au même moment, et nous les écrivions quasi-simultanément, ce qui nous amusait beaucoup. Même si je trouvais ça troublant d'être à ce point en osmose avec une personne que je ne connaissais pas. Avec Beckett, cela s'était fait naturellement, mais nous nous connaissions, alors que là, nous n'avions pas l'avantage de pouvoir lire l'attitude de l'autre.

Mais j'aimais l'idée que deux personnes pouvaient apprendre à se connaître à ce point, être si proches sans contact physique d'aucune sorte. Et un soir, j'avais osé lui demander un rendez-vous. Elle ne m'avait pas répondu immédiatement, et j'avais craint de l'avoir effrayée, surtout que nous n'avions jamais abordé la question, comme un accord tacite entre nous. Mais en découvrant au détour d'une conversation qu'elle habitait New-York elle aussi, je n'avais pas pu résister à ce signe du destin. L'Univers me faisait passer un message, et je n'allais pas l'ignorer. Mais si elle ne voulait pas me rencontrer ? Si elle se contentait très bien de cette relation virtuelle et sans pression ? Puis finalement, sa réponse était arrivée, et avec elle le soulagement. Elle acceptait. Et pour la mettre à l'aise, je lui avais proposé de choisir l'endroit et le jour du rendez-vous. Elle m'avait donné le lieu du rendez-vous sous forme d'énigme, et m'avait dit que si je voulais vraiment la rencontrer, je devais la résoudre avant le jour J.

Sinon elle me fixerait un autre rendez-vous jusqu'à ce que je résolve ses énigmes. Et voilà comment je me retrouvais dans cette ruelle, à la recherche d'une femme qui m'avait très certainement posé un lapin. Et je devais bien reconnaître que j'étais déçu. Durant nos conversations, j'en arrivais à oublier Beckett, et c'était ce qui m'avait encouragé à vouloir la rencontrer. Je ne pouvais pas passer ma vie à attendre que Beckett quitte Josh, ce qu'elle ne semblait pas décidée à faire. J'avais fini par comprendre que nous avions laissé passer notre chance et que nous ne serions rien d'autre que des amis. En cela, cette rencontre cybernétique avait été providentielle. J'y avais vu le signe qu'il était temps pour moi de tourner la page. Beckett et moi ne formerions jamais ce couple auquel j'aspirais tant, et je devais me faire à l'idée que Beckett n'était pas la femme de ma vie, et que mieux valait pour moi de refaire ma vie sans elle, comme elle semblait l'avoir fait.

Il était donc temps pour moi de faire de nouvelles rencontres, même si cela signifiait que les choses risquaient d'être tendues entre ma muse et moi pendant quelques temps. Avec un soupir de dépit, j'arrivai au bout de cette maudite allée, et constatai qu'il s'agissait d'un cul de sac. A nouveau, un sentiment diffus de malaise s'empara de moi, et je m'empressai de rebrousser chemin. Je me repassai son énigme dans la tête, cherchant si j'avais pu mal interpréter les choses. J'aurais l'air malin si de son côté, elle m'attendait devant notre véritable lieu de rencontre. Peut-être que tout comme je le faisais, elle pensait que c'était moi qui lui avais fait faux bond. Je me sentais bête d'avoir placé autant d'espoir dans cette rencontre. Si ça se trouvait, cette femme m'avait mené en bateau, et elle n'avait jamais eu l'intention de me rencontrer. Pourtant nos discussions avaient été si animées, si passionnées, si libres que j'avais du mal à l'accepter.

Il y avait tout de suite eut une petite étincelle entre nous, un je ne sais quoi qui nous avait poussés à vouloir en apprendre toujours plus à propos de l'autre. Alors je ne pouvais accepter que tout ceci n'ait été qu'un mirage, qu'elle ait feint de s'intéresser à moi comme je m'intéressais à elle. Au départ, à cause de certains détails, de certaines expressions, j'avais cru que cette femme et Beckett ne faisaient qu'un, mais je m'étais vite traité d'idiot. Beckett était avec Josh. Pourquoi perdrait-elle son temps à chatter sur internet avec un parfait inconnu ? Elle avait bien mieux à faire de ses soirées, pas comme moi qui me traînait comme une âme en peine. Je devais simplement arrêter de prendre mes désirs pour la réalité et faire avec. Et pour commencer, je devais arrêter de tout ramener à Beckett, et de lui comparer toutes les femmes que je rencontrais. Perdu dans mes pensées, le bruit d'un grincement me fit sursauter, et je me retournai brusquement, cherchant l'origine du bruit.

Mais rien. La ruelle paraissait toujours aussi déserte. Me traitant de froussard, je repris mon chemin, me demandant pourquoi elle n'était pas venue. Avait-elle eu un empêchement ? Si ça se trouvait elle m'avait envoyé un message pour me prévenir et me fixer un nouveau rendez-vous. Aussitôt je sortis mon téléphone de ma poche et me connectai à internet. En quelques tapotements impatients, j'arrivai sur le forum et allai consulter mes MP. Et effectivement, elle m'avait envoyé un message. Elle s'excusait de ne pas être là à notre rendez-vous, mais une urgence de dernière minute la bloquait au travail. Elle avait l'air tellement désolée et dépitée de ne pouvoir me rencontrer que j'oubliai ma propre déception et lui répondis, lui assurant que ce n'était que partie remise et que nous pourrions remettre ça à plus tard. J'étais soulagé de savoir que j'étais au bon endroit, et surtout qu'elle avait toujours envie de faire ma connaissance.

Je conclus mon message en lui demandant si nous discuterions le soir même, et envoyai mon texte. Elle avait parlé d'une urgence au travail et je réalisai que j'ignorais ce qu'elle faisait dans la vie. C'était un sujet que nous avions tacitement évité d'aborder, et je n'avais jamais cherché à savoir de peur qu'elle ne me retourne la question. Je ne voulais pas avoir à lui mentir. Jusqu'à présent, tout ce que je lui avais révélé était la vérité, même si je lui avais caché ma véritable identité. Pourtant je me sentais prêt à ce qu'elle découvre qui j'étais. N'était-ce pas pour ça que je lui avais proposé cette rencontre, parce que je ne voulais plus de cette ultime barrière entre nous ? Je savais qu'une relation stable ne pouvait pas fonctionner sur la base d'un mensonge, et j'espérais qu'elle ne m'en voudrait pas trop de lui avoir dissimulé ma véritable identité. En avalant les derniers mètres qui me séparaient de la sortie de cette ruelle, je me demandai ce qu'elle faisait dans la vie.

Le fait d'avoir été sur le point de la rencontrer m'avait donné envie de la rendre plus réelle. Je me surpris à vouloir en apprendre autant que possible sur elle. Dire que je ne connaissais même pas son prénom. Juste le pseudonyme qu'elle utilisait sur le forum. J'avais presque quitté la ruelle lorsque le même grincement se fit entendre, et à nouveau, je me retournai, scrutant les environs, mais là encore, je ne vis rien. Pourtant, je me sentais espionner, comme s'il y avait bien quelqu'un tapi dans les ombres mouvantes de cette ruelle sombre et malodorante. Lentement, je scrutai le moindre recoin, et refis marche arrière, malgré mon instinct qui me criait de prendre mes jambes à mon cou. Je ne fis que quelques pas, lorsque soudain, une masse sombre passa à toute vitesse devant moi. Je ne mis qu'une fraction de seconde à réagir, et tendis instinctivement le bras pour me saisir de la personne qui tentait de fuir.

Heureusement pour moi, j'avais appris quelques trucs en travaillant chaque jour avec Beckett, et je n'eus aucune difficulté à maîtriser l'inconnu qui se débattit furieusement entre mes bras, ruant et donnant des coups, comme un animal sauvage pris au piège.

« Du calme, je ne te ferai aucun mal » grognai-je en évitant un énième coup de pied.

Qui que soit cette personne, elle empestait. Elle ne devait pas avoir pris de douche depuis bien longtemps, comme beaucoup de sans-abris. Elle avait de longs cheveux, qui devaient être magnifiques, mais ils étaient tellement emmêlés et sales que je n'arrivai même pas à en définir la couleur. Quant à sa peau, elle était devenue noire par la saleté. Je ne comprenais pas qu'à une époque comme la nôtre, il puisse y avoir encore tant de sans-abris dans les rues. Pour un de mes romans, j'avais étudié ce milieu, et je savais que ceux-ci ne faisait pas confiance aux centres d'hébergement, préférant vivre dans la rue où ils se sentaient bizarrement plus en sécurité. Probablement parce qu'ils n'avaient de compte à rendre à personne et qu'ils pouvaient y passer inaperçus. La loi du silence y était plus présente que n'importe où ailleurs, mais je savais que les sans-domiciles fixe se serraient les coudes entre eux.

Je sentis les forces de cette personne diminuer, et j'attendis qu'elle se calme toute seule. Doucement, pour ne pas l'effrayer, je la retournai vers moi et repoussai la capuche crasseuse qui lui recouvrait le visage. Et ce que je découvris m'arracha un hoquet de stupéfaction. Face à moi se tenait une toute jeune fille. Elle paraissait terrifiée, et je remarquai qu'elle se tenait le bas-ventre, comme si elle était blessée.

« Tu n'as pas à avoir peur, je ne te ferais aucun mal… » Répétai-je après être revenu de ma stupeur « Qu'est-ce que tu fais là ? » M'enquis-je, ne sachant pas trop par où commencer alors que les questions se bousculaient dans ma tête.

Ahuri d'avoir affaire à une pré-adolescente, je relâchai la prise que j'avais sur ses bras, ne voulant pas la blesser, et aussitôt, elle tenta de s'échapper. Par réflexe, je la ceinturai, mon bras encerclant fermement la taille de l'adolescente qui se mit à hurler de douleur. Surpris et inquiet, je repoussai le bras qu'elle maintenait contre son ventre, et constatai que son sweat crasseux était poisseux. Le repoussant, je découvris une vilaine blessure qui, vu la couleur, commençait à s'infecter. Sans perdre une minute, je me saisis de mon téléphone et appelai une ambulance. Cette petite avait besoin de soins urgents. En la saisissant comme je l'avais fait, j'avais rouvert la blessure qui saignait de nouveau, et je me sentis coupable. J'ignorais ce qui était arrivé à cette gamine, mais une chose était sûre, je comptais bien le découvrir. Je ne croyais pas au hasard, et si c'était moi qui m'étais trouvé ici en cet instant précis, c'était que l'Univers cherchait à me faire passer un message, et je pensais bien l'avoir décrypté. En attendant l'arrivée des secours, j'appelai Beckett, oubliant complètement que nous étions en froid.

« Beckett » entendis-je au bout du fil.

« C'est Castle. J'ai absolument besoin que vous me rejoignez à l'angle de la 5ème Avenue et de la 34ème Rue » déclarai-je sans préambule, tout en apposant ma main sur la blessure de cette jeune fille qui avait cessé de se débattre.

Elle se contentait de me fixer de ses grands yeux bleus avec un mélange d'hostilité et de peur. Tout dans son attitude me signifiait qu'elle n'avait aucune confiance en moi, et qu'à la moindre occasion, elle tenterait à nouveau de prendre la clé des champs. Je soupirai sans vraiment m'en rendre compte, et c'est la voix courroucée et légèrement agacée de Beckett qui me ramena au moment présent, me rappelant par la même occasion qu'elle était furieuse contre moi, et qu'elle ne devait pas être particulièrement réjouie de mon appel. Mais là, il y avait urgence et je devais absolument le lui faire comprendre. Nous réglerions nos comptes plus tard, mais pour le moment, cette jeune fille passait avant tout le reste, y compris Beckett.

« Ecoutez Castle, je ne suis pas à votre disposition ! Une nouvelle affaire vient de nous tomber sur les bras, alors profitez bien de votre rendez-vous et laissez-moi faire mon job en paix » soupira-t-elle d'un ton froid.

« Et vous ne m'avez pas appelé ? » m'indignai-je avant de me rappeler la raison de ce coup de fil « Écoutez, en ce moment, j'ai la main sur la blessure d'une adolescente qui a l'air d'avoir traversé l'Enfer. J'ai besoin de vous pour découvrir ce qui lui est arrivé » déclarai-je en soupirant de soulagement alors que les sirènes de l'ambulance se faisaient enfin entendre.

« Si c'est une autre de vos plaisanteries douteuses… » commença-t-elle d'un ton lourd de menace, même si je perçus le changement dans sa voix, signe qu'elle baissait momentanément sa garde pour m'écouter vraiment.

« Beckett, vous me connaissez suffisamment pour savoir que je ne plaisanterais pas avec un sujet pareil » soupirai-je en m'écartant pour laisser les secouristes faire leur job sans pour autant quitter l'adolescente des yeux.

« J'arrive » déclara-t-elle après quelques secondes de silence.

« On l'emmène au Sinaï » lança soudain un des ambulanciers « Sa blessure n'est pas belle à voir, elle doit avoir été poignardée depuis plusieurs jours… » ajouta-t-il à l'adresse de son collègue qui opina du chef en posant une perf'.

« Beckett ? » m'enquis-je en leur emboîtant le pas alors qu'ils couraient vers l'ambulance.

« J'ai entendu. Restez avec elle Castle, je vous rejoints là-bas » lança-t-elle avant de raccrocher.

Soulagé, je grimpai dans l'ambulance et répondis aux questions des ambulanciers. Ils avaient l'air inquiet, ce qui ne présageait rien de bon, et le fait que l'ambulance fonçait à travers les rues ne pouvait signifier qu'une chose. L'état de cette jeune fille était encore plus inquiétant que ce que j'avais imaginé.