Titre : A Neutrino Walks Through a Bar
Auteur : Moku
Disclaimer : Je ne fais que la traduction, l'histoire ne m'appartient pas. La version originale en anglais est disponible sur AO3.
Note de la traductrice : Merci à Moku pour me laisser traduire cette histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé lire et traduire cette histoire, j'espère que vous aimerez aussi ! A l'origine, il s'agit d'un one-shot mais l'histoire étant vraiment longue, j'ai décidé de la diviser en 6 chapitres.
Stiles était devenu l'entremetteur le plus populaire de Beacon Hills en moins d'un an.
Et il ne savait vraiment pas comment cela était arrivé.
Ok, il le savait probablement.
Un jour, il était un nerd ringard avec des lunettes à monture épaisse quand il ne prenait pas la peine de mettre ses lentilles de contact, et le moment suivant, il était assis à la table des élèves populaires, ne se sentant absolument pas à sa place et comme un vilain petit canard au milieu de jolis cygnes.
En fait, ce n'etait meme pas la table habituelle des élèves populaires. Nope. C'était autrefois la table de Scott et Stiles. La table des Losers. Ou les élèves populaires avaient soudainement décidé de s'asseoir sans aucune forme de mise en garde, ou même attendre une invitation. Comme si c'était leur droit. Ce qui l'était probablement.
Stiles aimerait prétendre qu'il ne savait d'où cela venait. Malheureusement, il le savait.
Scott avait été choisi pour jouer en première ligne et il était étonnamment bon. Il avait travaillé d'arrache-pied pendant les grandes vacances donc Stiles savait qu'il méritait amplement sa place. Quelques semaines plus tard, il s'était trouvé un petite-amie super sexy; qui se trouvait être la meilleure amie de Lydia Martin, actrice récurrente des rêves érotiques de Stiles depuis ses onze ans et avait découvert comment il pouvait utiliser sa bite.
C'est ce qui s'était passé.
Scott avait un vie de lycéen cool.
Et Stiles avait été entraîné avec lui.
Dire que le début avait été difficile serait l'euphémisme de l'année.
Lydia l'avait regardé avec dédain; comme s'il était la saleté sous ses ongles parfaitement manucurés — et considérant comment elle avait ses lèvres enroulées autour de sa queue plus d'une fois par semaine dans ses rêves, ce n'était probablement pas injustifié. Mais cela le faisait quand même se sentir comme de la merde. Il avait un faible pour elle depuis des années; il préférerait être à nouveau ignoré si cela signifiait qu'elle cesse de lui jeter des regards noirs.
Jackson avait toujours été un con et cela ne faisait qu'empirer plus ils passaient du temps ensemble. Boyd avait rendu douloureusement clair qu'il détestait Stiles, même si Stiles ne savait pas pourquoi. Danny l'ignorait généralement.
Après deux semaines — pendant lesquelles Stiles avait craint que Scott ne le laisse finalement tomber pour une vie sociale délirante — tout avait explosé.
Stiles était malheureux, ce qui rendait Scott malheureux, ce qui rendait Allison malheureuse, ce qui rendait Scott encore plus malheureux, ce qui conduisit Stiles à perdre patience.
Il ramassa son amour-propre meurtri, jeta un regard noir à chacun d'entre eux, et leur dit d'aller se faire foutre, que s'ils ne l'aimaient pas, ils n'avaient qu'à les laisser seuls, parce que Scott et Stiles ? Ils étaient un lot ! Et s'ils voulaient faire ami-ami avec Scotty, ils feraient mieux de traiter Stiles avec le respect qu'il méritait ou il les frapperait dans les couilles, littéralement ou métaphoriquement.
Lydia était choquée. Boyd était amusé. Danny avait honte. Et Jackson était… Jackson.
Cela leur prit un certain temps mais des excuses finirent pas être faites de manière très subtile. Parfois, c'était pire qu'un arrachage de dents. Lydia lui avait offert sa main pour qu'il l'embrasse comme une étrange forme de réconciliation. Stiles réfléchit pendant une seconde pour savoir s'il avait assez de fierté pour refuser et finit par conclure que non, il n'en avait pas. Sa seule condition était que Jackson soit obligé de regarder l'échange.
Lydia roula des yeux. "Et tu te demande pourquoi tout le monde te déteste ?"
"Allez, Lydia, tu m'aimes."
La jolie rousse lui jeta un regard noir.
"Trop tôt ?" Demanda Stiles.
"Trop tôt," confirma Lydia, en jetant ses cheveux par-dessus son épaule et en s'éloignant.
Finalement, tout commença à se stabiliser et six mois plus tard, Stiles se retrouvait régulièrement dans ou sur le lit de Lydia, parlant de politique et de philosophie, et ouais, ce n'était pas ce qu'il avait imaginé quand il les avait imaginé partagé un lit ou du temps l'un avec l'autre, mais c'était agréable et facile, et il l'aimait encore probablement un petit peu, il l'aimerait probablement toujours, mais être amis avec elle, lui allait parfaitement bien.
Il s'entendait même bien avec Jackson, cependant leur relation consistait principalement à se disputer à propos de matchs de basketball et à se faire la tête.
Boyd avait aidé Stiles à s'entraîner, même s'il soupçonnait toujours l'autre garçon de le détester encore un peu en secret. Il le poussait presque jusqu'à ce qu'il s'évanouisse.
Et après avoir fait l'erreur de demander une fois, Danny avait commencé à lui expliquer le sexe gay. De façon très détaillée.
Et c'était comme ça que c'était arrivé.
Stiles se retrouva soudainement le groupe des 'populaires'. Et ils l'aimaient bien. Plus ou moins. Maintenant ce n'était plus eux et ce petit animal qui était accroché à la hanche de Scott.
Nope.
C'était eux.
La team Magnifique et leur mascotte.
Il n'y avait plus d'érections inappropriées à cause de la sexitude de Lydia. Ou de celle de Danny. Ou même parfois de la sexitude de Boyd, quand Stiles s'était surpris à regarder ses abdos.
Il était totalement passé au-dessus de ça.
Et tout était absolument génial.
C'était à peu près à cette époque que Erica de son cours d'EPS s'était rapproché de lui dans un couloir, bégayant et jouant nerveusement avec ses cheveux blonds, et Stiles était déjà en train de réfléchir à comment la repousser gentiment quand elle lui demanda s'il pouvait peut-être découvrir si Boud avait une petite-amie. Ou s'il pouvait être intéressé pour avoir quelque chose comme ça. Avec elle.
Après sa confusion initiale, Stiles acquiesça, parce que:
a) elle tremblait comme une feuille, rien qu'à lui parler. Mis à part le groupe principal composé de Scott, Allison, Lydia, Boyd, Jackson et Danny, il y avait quelques vrais connards avec eux à leur table maintenant, et ils la mangeraient toute crue si elle osait ne serait-ce que les approcher.
Et:
b) il savait que Boyd avait un béguin pour elle aussi profond que la fosse des Mariannes.
C'est pourquoi, il traqua Boyd et un mois plus tard, Erica avait rejoint leur table, toute souriante, merveilleusement heureuse et douloureusement amoureuse. Boyd cessa amicalement de le détester. Il s'avéra que Erica avait un béguin pour Stiles au collège — il pouvait facilement admettre qu'il était flatté — ce qui était apparemment la cause de la haine infondée de Boyd contre Stiles. Lydia et Allison avaient adopté la blonde et l'avaient emmené faire du shopping. Après ça, Erica était revenue avec un jean moulant, des cheveux bouclés et un regain de confiance qui faisait croire à Stiles que de la magie avait été utilisée.
De la magie secrète de filles sexy.
Il en voulait un peu.
A des fins de recherche uniquement, bien entendu.
Cependant, quand Matthew Daehler mis en ligne une vidéo de l'une de ses crises épileptiques, cette confiance fraîchement acquise avait presque volé en éclat. Erica s'était cachée, en pleurs, dans les toilettes des filles. Boyd était prêt à le tuer. Allison et Lydia étaient si effrayantes que Stiles pensait que ses testicules pourraient être en danger juste parce qu'il faisait partie de l'espèce masculine — et cela le poussa à se demander comment il pouvait encore avoir des testicules, considérant ses pensées fortement inappropriées à propos de Lydia dans sa robe rouge moulante dont il était sûr qu'elle était au courant. Il lui avait peut-être dit. Quand il avait été saoul. Elle avait bu aussi. Heureusement.
Dans tous les cas, Stiles eut une meilleure idée que de simplement tabasser cet enfoiré jusqu'à le réduire en bouillie — ce que Boyd devait encore faire et personne n'était plus sage que lui d'après l'opinion générale. Tout ce que Stiles avait à faire était de parler aux bonnes personnes et Matthew Daehler, aspirant journaliste, ne pourrait désormais plus jamais mettre les pieds à Berkeley. Ou à l'université Columbia. Ou l'université du Missouri. Ou vraiment n'importe quelle école de journalisme aux Etats-Unis. Stiles savait que Matt visait Berkeley depuis qu'il était enfant et qu'il courait partout avec un appareil photo, et ouais, il avait probablement détruit la vie de ce mec mais c'est ce que tu récoltais quand tu embêtais l'un de ses amis.
Quelques semaines plus tard, Isaac Lahey l'avait approché en lui disant qu'il avait entendu parler de ce que Stiles avait fait pour Erica. Le brun avait déjà un stylo et un papier, préparé pour une brute qui brutaliserait le gentil petit Isaac, et il commençait à se sentir comme un super-héros, quand l'autre garçon lui expliqua que ce n'était pas à cause de ça mais le, 'tu sais, le truc de sortir avec quelqu'un'.
Apparemment, Boyd avait négligé d'informer Erica qu'il était amoureux d'elle depuis la maternelle, parce que c'était en réalité la seule raison pour laquelle Stiles avait réussi à les mettre ensemble.
Stiles n'était pas 'Amor', 'Kadameva', 'Eros', ou toute autre forme de Dieu de l'amour, merci beaucoup.
Mais maintenant, le doux et innocent, aux grands yeux bleus Isaac lui demandait de lui arracher un rendez-vous. Avec Danny. Il n'y avait aucun moyen que Stiles puisse dire non à ce maudit regard implorant de chiot. Mais encore une fois. C'était Danny. Danny était ouvert d'esprit et prêt à donner une chance à quiconque. Et ce n'était pas comme si Danny n'était pas au moins un peu intéressé, si ses regards insistants était une quelconque indication.
Alors, il approcha Danny, tous effronté et confiant.
Et il reçut un non instantané. Un lent 'non, Stiles, va-t'en'.
Le matchmaker en devenir fixa son ami s'éloigner pendant quelques minutes. Littéralement minutes, parce que cela avait été une réaction très inhabituelle et qu'il savait qu'il y avait une histoire derrière cette réaction, et il voulait vraiment en connaître la raison.
Il n'avait jamais été du genre à abandonner, pas quand son intérêt était piqué, il avait harcelé Danny pendant des heures et des jours, jusqu'à ce que l'autre garçon finisse par craquer et lui explique la raison de son refus.
Apparemment, Danny aimait Isaac.
Beaucoup.
Et il n'était pas intéressé à n'être qu'un coup d'un soir, ce qui était généralement le résultat des rencontres de Danny.
Stiles lui assura que ça ne finirait pas comme ça. Qu'il avait le sentiment que Isaac était là pour le long terme, pour la très guimauve 'je veux te faire du pied sous la table et prendre soin de toi quand tu es malade parce que je t'aime et même avec la morve qui te coule du nez, tu es toujours adorable' relation. Il ajouta que c'était dégoûtant. Juste d'après son opinion.
Quelques jours plus tard, Danny avait déjà beaucoup aimé Isaac. Dans les toilettes des garçons. Bruyamment. Ou peut-être était-ce Isaac qui avait aimé Danny. Stiles n'était pas vraiment sûr de la logistique de leurs habitudes de copulation, et il n'était pas enclin à demander, mais l'un d'eux avait aimé l'autre fortement et intensément dans les toilettes des garçons de l'école, et cela les avait rendu très très heureux.
Isaac s'était jeté sur Stiles une heure plus tard. À la cafétéria. Devant tous les élèves de l'école.
Stiles essayait de ne pas penser à l'endroit où avait été ses mains juste avant.
Et c'est ainsi que sa carrière de matchmaker commença.
Après qu'il ait réussi à mettre en couple Greenberg avec une fille — il y avait eu cette étrange élève de seconde qui était folle de lui pour une raison ou pour une autre — Stiles avait été proclamé dealer de rendez-vous au marché noir en quelque sorte. Le problème était que Stiles n'était pas vraiment un matchmaker. Il était vraiment loin d'être doué à gérer des gens en dehors de sa zone de confort et même ceux dans sa zone devaient supporter sa maladresse sociale, ne serait-ce qu'à un niveau légèrement inférieur.
Stiles était simplement l'observateur le plus affûté à avoir jamais… observé.
La seule raison pour laquelle il avait, en réalité, pu mettre ensemble deux personnes était à cause de ses capacités d'observations. Et si, par un quelconque miracle, il savait déjà qu'il y avait une sorte d'attirance mutuelle, il tenterait sa chance et leur parlerait.
Par conséquent, son taux de réussite était de 100%.
Mais quand sa voisine Mlle Avery vint soudainement le voir, son chihuahua sous le bras, Stiles sut que ce n'était plus qu'une simple affaire de lycée.
C'était devenu une si grosse affaire, il n'était même plus surpris, quand des gens d'âges différents, de tailles différentes, de looks différents ou même de positions sociales différentes venaient le voir de façon inattendue et lui remettaient un nom et un numéro de téléphone avec un petit sourire.
Si quelqu'un lui avait dit que des inconnus allaient lui donner leur numéro de téléphone presque tous les jours, il aurait laissé Boyd les frapper au visage.
Mais il en était là.
Le Eros pas si secret de Beacon Hills.
Étrangement beaucoup demandé.
Presque un an après le début de sa carrière douteuse de matchmaker, alors qu'il luttait contre l'envie de jeter ses frites molles à la poubelle parce qu'il les avait quand même payés, quelqu'un l'aborda dans la cafétéria de l'école. Bien qu'il est presque sursauté de plusieurs centimètres par surprise quand la personne posa brutalement sa main à côté de son coude, il ne regarda que brièvement les mots inscrits sur le papier coincé sous la main incriminée.
La main ne ressemblait pas à celle d'un Derek, mais c'était le seul nom écrit sur le papier, alors. "Tu es censée écrire deux noms," remarqua-t-il alors que son regard suivait le bras jusqu'à l'épaule et le visage, puis il retint difficilement une grimace étranglée quand il réalisa à qui il parlait.
"Euh, hé… Cora ?" Demanda-t-il en couinant, il avait définitivement couiné, mais qui s'en souciait, elle était tellement effrayante. Parce que Beacon Hills ? N'avait pas de bad boy. Beacon Hills avait une bad girl. Qui hier encore, pour une raison quelconque, avait tabassé trois garçons derrière le gymnase.
"Que puis-je faire pour toi ?" Continua-t-il sous son regard indifférent.
Elle retira sa main du papier, le désignant de la tête sans un mot avec un haussement de sourcil impressionnant.
"Alors, tu, euh, aime ce gars, Derek ?"
Elle arqua un autre sourcil imperturbable. "C'est mon frère."
"Je suis presque sûr que c'est illégal," murmura Stiles. "Je veux dire, pas que je juge. Le vrai amour, tu sais ? Comme avec ce chat et ce chien ? Je, ouais, je veux dire, je ne jugerais jamais—"
"Je veux que tu lui trouves quelqu'un, idiot," l'interrompit-elle avec un grognement, fronçant le nez avec dégoût, et oh merci mon dieu, car sérieusement, il ne voulait pas que Cora le tabasse près d'une benne à ordures parce qu'il ne la mettrait pas en couple avec son propre frère. "C'est un peu un connard, mais il est misérable et seul, et c'est toujours mon frère. Donc je veux que tu lui trouve quelqu'un qui l'aimera pour plus que son visage. Parce que c'est ce qu'il mérite, d'accord ?"
Stiles cligna des yeux.
"Ce n'est pas ce que je fais," répondit-il lentement, poussant ses frites dégoûtantes sur le côté alors que Cora se laissait tomber à côté de lui avec un froncement de sourcils interrogateur. "Je ne trouve pas des gens, tu sais." C'était eux qui le trouvait la plupart du temps et il vérifiait s'ils étaient compatibles ou non, ou s'il y avait une attirance mutuelle, ou il essayait peut-être de trouver un moyen de les séduire en les traquant virtuellement en quelque sorte et en trouvant leurs préférences. Et ouais, la dernière partie était un peu louche, il pouvait le reconnaître. "Je ne cours pas dans tous les sens en pensant: Oh, ces deux-là pourraient bien aller ensemble. Je ne suis pas un chérubin, ou quoi que ce soit que tu pense." Elle lui jeta un regard. "Je suis désolée ?" Couina-t-il à nouveau.
Sérieusement, d'où venait ce couinement?
Bon sang, il n'était pas un écureuil stupide, même si sa capacité d'attention n'était pas du même avis.
"Je ne vois pas beaucoup de différence," déclara-t-elle finalement, tirant son plat abandonné vers elle et commençant à manger les frites. Normalement, Stiles serait scandalisé. Mais c'était Cora Hale. Le bras droit de Lucifer et dirigeante du septième cercle de l'enfer, où des gens comme Descartes reposaient en paix ou avec un peu de chance, pas tant que ça. "Écoute," commença-t-elle après un moment de silence, ses mains tombant sur ses genoux. Elle avait l'air un peu vulnérable mais toujours intimidante. Stiles savait que tout le monde gardait ses distances avec elle et Scott — ce traite — lui fit signe depuis l'entrée et lui indiquait la table la plus éloignée d'eux, et tous les autres le suivirent rapidement, évitant coupablement ses yeux.
Pire. Amis. De tous les temps.
"Il n'a pas eu beaucoup de chance. Avec ses relations." Elle se mordit la lèvre, essayant probablement de déterminer ce qu'elle devait lui dire et ce qu'elle ne devait pas.
"Et ?" Questionna doucement Stiles, parce qu'il n'était rien si ce n'est curieux. Il ne connaissait pas Derek, mais il connaissait la réputation de la famille Hale: des beautés brutes, intelligentes et athlétiques et des personnes supers de toutes les manières possibles. Son père était constamment fou de Talia Hale à chaque fois qu'elle venait au département de police, et si ce n'était pour le fait qu'elle était mariée et son père concentré sur son travail, il le soupçonnerait presque d'avoir un béguin pour elle. Et son mari. Oh mon dieu, son mari. Stiles avait beaucoup entendu parler de Frédérick Hale à la maison. Beaucoup. De la part de son père. Stiles reconnaissait un béguin quand il en voyait un, et son père avait sans aucun doute un béguin très viril et très clair pour un homme marié. Et sa femme.
"Et je veux qu'il soit heureux. Même si c'est un connard qui ne m'aide pas avec mes devoirs. Ou qui ne fait pas mes corvées quand je n'ai pas le temps. Ou—"
"J'ai compris. Ton frère. Heureux. Désolé, peux pas faire."
Parce que c'était un sacré fardeau. Qu'est-ce qu'il était supposé faire ? Il ne connaissait même pas le gars, sans parler des filles qu'il pourrait possiblement lui présenter. Quoi ? Cora s'attendait-elle à ce qu'il court dans tous les sens, organise des entretiens avec des gens pour découvrir leurs goûts et puis les comparer ? Facebook serait d'une plus grande aide que Stiles pour ce genre de choses.
Et de toute façon, il était un garçon de dix-sept ans avec une vie sociale, d'accord ? Il n'avait pas le temps. Il y avait deux jeux Bioware qu'il n'avait pas encore touché. Deux ! Il était seulement à la moitié de Brotherhood, et Witcher 2 était sur le point de sortir. Et toutes ces séries qu'il avait besoin de suivre !
"Tu n'as même pas essayé," dit Cora d'un air renfrogné.
Stiles se mordit fortement ses lèvres en contemplation. Il devrait probablement le prendre pour un bon signe qu'elle n'ait pas encore essayé de le tuer. Cependant, même si son regard était très intimidant, elle avait les mains fermement jointes et ses épaules étaient raides et tendues alors, ouais, elle était super-super sérieuse et un petit peu désespérée.
"D'accord," céda-t-il, un sourire sournois sur le visage alors qu'il se penchait en avant, posant son coude sur la table et ensuite sa joue sur sa main. Il était supposé avoir l'air cool et décontracté mais cela le faisait se sentir stupide. Cependant, maintenant, il était trop tard pour changer de position sans que cela ne paraisse encore plus étrange. Les yeux de Cora s'illuminèrent, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, il leva la main pour la faire taire. "Mais tu dois me dire le secret de ta famille."
Elle fronça les sourcils.
"Parce que," il se pencha en avant lentement, sa voix basse. "Loup-garou ?"
Avant qu'il ait eu le temps de réagir, sa tête fut cogné contre la table. Il eut de la chance qu'elle n'ait pas visé le bord de la table, parce qu'il aurait sûrement été mort si son front avait heurté le bord. Ça faisait toujours aussi mal. "Owww, mec. C'était pour quoi ?"
"Tu es le gamin le plus intelligent ici, trouve toi-même," grogna Cora, puis elle s'éloigna de la table et le fixa. "Retrouve-moi après les cours," ajouta-t-il, avant de partir dans un tourbillon de fureur et d'indignation effrayante.
Une seconde plus tard, Scott s'assit à côté de lui. "Mec, qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Je pense que j'ai énervé Cora Hale," répondit-il, grimaçant de douleur et frottant sa main sur son front comme si cela pouvait aider.
"Ouais, j'ai vu. Pourquoi tu ferais ça ?"
"Elle m'a approché, d'accord ?" Répondit-il, renfrogné.
"Qu'est-ce qu'elle voulait ?"
Stiles le regarda, puis haussa les épaules. "L'arc du Cupidon, je suppose."
Scott cligna des yeux à lui.
Ouais, c'est ce qu'il pensait aussi.
0100
Cora l'attendait déjà avec impatience quand il se retrouva derrière le gymnase, parce que ce n'était pas comme si elle lui avait donné un lieu de rencontre en premier lieu. Il observa avec prudence les bennes à ordures dans lesquelles elle était connu pour jeter des gens. A elle seule. Parce que probablement un loup-garou. Stiles aurait dû demander à Boyd de l'accompagner. Pour le protéger. Ce n'était pas comme si Cora lui avait dit de venir seul.
"Il travaille chez Hilda," fut tout ce qu'elle lui dit avant d'attraper son poignet et de le traîner derrière elle.
"Quoi ? Attends ! Je n'ai pas dit oui !"
"Si tu l'as fait," dit-elle, puis elle se retourna et ohmondieuserieusement?
"Des crocs ?" Cria-t-il et elle le regarda avec des yeux bleus.
"Si tu le dis à qui que ce soit-"
"Je le savais !" L'interrompit-il, levant victorieusement son poing en l'air. "Je le savais putain. Je veux dire, il n'y a aucun moyen que ta sœur ait pu sauver tous ces écoliers en sortant un bus d'un lac. Avec sa voiture."
Elle le fixait comme s'il était fou. "Donc ta première hypothèse était un loup-garou ?"
"Putain non. C'était une Hulk féminine en réalité."
Elle grogna.
"Alors euh… toute ta famille ?"
"Non," dit-elle en secouant la tête.
"Derek ?"
Elle s'immobilisa pendant un moment et Stiles faillit lui tomber dessus. "Oui", répondit-elle après une longue pause hésitante.
"Alors je dois, quoi ? Trouver quelqu'un qui aime les chiens et qui aime Derek pour plus que son indéniable beauté ?" Non pas qu'il savait à quoi ressemblait ce gars mais si c'était dans les gènes, eh bien, Dieu grec pourrait être une bonne hypothèse.
"Et qui ne veut pas le tuer lui et sa famille," répondait-elle, les lèvres pincées.
Stiles pensait qu'elle plaisantait. Mais elle ne sourit pas. Et puis, il se rappela de l'incendie criminel d'il y a quelques années.
Pas de chance en amour ?
Euphémisme de l'année.
1001
Stiles avait l'habitude de venir à la bibliothèque de Hilda tous les jours avant de passer au rang d'élève populaire et de matchmaker; et de commencer à avoir d'autres amis que Scott. La bibliothèque était un café avec un menu limité et une vaste collection de livres à disposition des clients. La plupart des livres étaient des dons et étaient vendus au prix que les gens choisissaient, l'argent allait directement à l'orphelinat local. Stiles avait l'habitude d'y aller l'école avant de rentrer chez lui quand son père avait fini de travailler. Essentiellement, il faisait simplement ses devoirs, lisait les livres les plus étranges qu'il pouvait trouver ou passait simplement son temps à bavarder avec Linda, la soixantenaire à qui appartenait la bibliothèque.
Là-bas, ils avaient l'habitude de servir le meilleur café de tous les temps.
Stiles le savait, même s'il n'avait pas été autorisé à en boire.
Parce qu'il était trop jeune.
Cependant, après que le brun ait eu une vie personnelle à lui, il avait en quelque sorte oublié l'endroit. Chaque fois qu'il passait devant le bâtiment, il pensait à entrer, saluer Linda et discuter avec elle du bon vieux temps, mais son attention était généralement détournée par autre chose. Et puis, il y a trois mois, il avait entendu dire que la bibliothèque avait été fermée parce que Linda s'était fracturée la hanche ou quelque chose comme ça. Stiles ne savait même pas que la bibliothèque était à nouveau ouvert.
A la seconde où Stiles entra dans le bâtiment et respira l'odeur de moisi des vieux livres et des grains de café, il se sentit immédiatement chez lui. En fait, cet endroit avait été une maison pour lui pendant longtemps. Son père avait probablement économisé des montagnes d'argent en renonçant à prendre une baby-sitter pour son fils car il traînait avec Linda depuis des années.
La première chose que Stiles remarqua fut que le café était… plein.
Enfin, pas vraiment plein, ou surpeuplé ou quoi que ce soit, mais certainement plus de gens que ce à quoi il était habitué. Et des clients différents aussi. Aux côtés des habitués — deux gars dans la cinquantaine jouaient aux échecs dans un coin et quelques personnes âgées qui devaient avoir dans les quatre-vingt ans, parlaient de la dernière mode en matière de prothèse dentaire — il y avait de jeunes mères, des femmes d'une vingtaine d'années bien trop bien habillé, et des adolescentes. Des adolescentes. Se jetant sur un gars sexy au hasard et c'était comme la Twilight Zone. Où étaient toutes ces personnes sexy ou mignonnes quand Stiles vivait pratiquement là ?
Et ouais, d'accord.
La seconde où ses yeux se posèrent sur le comptoir du café, il devint assez clair pourquoi les livres étaient soudainement revenus à la mode.
Parce que ouais, un super canon là-bas, grognant à tous les gens qui s'approchaient de lui ?
Assurément les gènes des Hales là-bas.
Cora sortit Stiles de ses rêveries et le traîna jusqu'à une table, jetant un regard noir à deux filles qui se mettaient du vernis — ce qui était sérieusement grossier — et gloussaient quand Derek se retournait vers elles. Mais dès qu'elles remarquèrent le regard noir de Cora, les filles se ruèrent vers la sortie tellement vite que le vernis encore humide de leurs ongles, laissa des tâches de couleurs sur la table. Stiles haussa un sourcil devant cette furie brune mais elle le poussa sur une chaise sans un mot, puis s'éloigna dans un accès de fureur. Comme toujours. Il était presque sûr que personne n'était aussi enragé que ces deux frères et sœurs.
Peut-être que c'était une affaire de famille ?
Il espérait que non, parce que cela apporterait un nouvel éclairage sur les deux êtres humains — ou pas si humain que ça — préférés de son père.
Parce que d'après ce qu'il pouvait voir en lui jetant des regards furtifs, Derek Hale était putain d'effrayant. Ce mec pourrait le tuer avec seulement ses mains et son regard. Et il était un putain de loup-garou en plus de ça.
D'accord, les loups-garous existent vraiment ? Super cool!
Des loups-garous avec un problème d'attitude, empestant la soif de sang ? Pas si cool.
Et il était grossier avec les clients, aussi. Leur grognant dessus à la seconde où ils approchaient. En fait, ils leur disaient 'tais-toi' ou 'va-t-en'.
Stiles leva les yeux au ciel à ce qu'était sa vie, parce que c'était juste sa chance d'essayer de trouver un rendez-vous au cookie le plus méchant de Beacon Hills. Il jeta un nouveau coup d'œil à Derek, qui regardait Cora avec ce qui ressemblait à une tendresse agressive. Comme s'il ne pouvait pas décider s'il devait lui faire un câlin ou la frapper. Ou faire les deux en même temps.
Probablement un truc de frère et sœur.
Bien que Derek ait toujours un regard noir, ses yeux étaient au moins un petit peu plus chaleureux, ses expressions faciales un peu plus douces. Cela le resta jusqu'à ce qu'une femme se rapprocha d'eux et alors, il lui aboya de les laisser seuls.
Et ouais, un connard juste là.
Il espérait que Linda avait toujours cette boîte à réclamations parce qu'il pourrait enfin en faire un très bon usage. A propos de Linda. Il pourrait profiter de cette occasion pour la chercher, parler un peu de son problème de hanche si elle était toujours dans les parages. Elle n'était pas à l'avant mais elle s'était peut-être retirée dans le petit bureau à l'arrière.
Cora avait le même air renfrogné que son frère alors qu'elle observait la femme indignée qui avait finalement compris le message et s'éloignait, puis elle le frappa une fois à l'épaule avant de se retourner et de se diriger vers leur table, sortant au hasard des livres des étagères sur son chemin.
"C'est une bibliothèque, génie," dit-elle en roulant des yeux, poussant les livres dans sa direction. "Tu es censé lire."
Stiles haussa un sourcil, décidé à ne pas se disputer avec elle et changea de sujet. "Qu'est-ce que c'était tout ça ?"
Cora renifla de dédain. "Tous ces gens," grogna-t-elle et secoua la tête sans plus de détail.
"Tu ne peux pas leur en vouloir," raisonna-t-il distraitement, inspectant le verso des livres qu'elle avait poussé vers lui. "Je veux dire regarde-le. Avec ces muscles, tu ne peux pas t'attendre à ce qu'il veuille que les gens se mettent au travail.
"Eh bien, il ne le veut pas," cracha-t-elle et Stiles recul face à son ton déterminé. "Et les gens devraient respecter ça et ne pas littéralement se jeter sur lui comme s'il n'était qu'une poupée en caoutchouc qu'ils pouvaient utiliser pour assouvir leurs besoins désespérés et dégoûtants."
"Ooookay," dit Stiles en clignant des yeux, parce que vraiment, qu'étiez-vous censé répondre à ça ? Il ne pouvait pas vraiment comprendre pourquoi quelqu'un avait un problème avec le fait que des femmes sexy qui se jetaient sur eux, mais il n'était qu'un putain de puceau, désespéré d'avoir un peu d'action et ça, c'était trop pathétique pour s'attarder dessus. Il jeta un coup d'œil à Derek avant de sortir son carnet de son sac à dos. "Alors qu'est ce que tu attends que je fasse ? Chercher des femmes avec un intérêt honnête ou quoi ?"
"Ne pense même pas à regarder ici," se moqua-t-elle. "Je voulais juste que tu ais une impression de lui. Tous ces gens ici—"
Stiles regarda autour de lui. La vieille Lady Béatrice était toujours là, tricotant ce qui devait être un millionième pull pour l'un de ses vingt mille petits-enfants. La famille s'était reproduite comme des lapins. Au moins, la plus grande partie de la famille était très gentille, amicale et serviable. Avec seulement une poignée de mauvaises graines. L'un résidait dans une prison d'Etat quelque part dans l'Iowa et l'autre étant son professeur de chimie-slash-biologie-slash-physique. Parce que pourquoi ruiner la vie de Stiles dans une seule matière quand tu peux la lui ruiner dans trois ?
Bobby et Benny grognaient et se disputaient doucement autour de la table d'échecs, des tasses pleines de café à côté d'eux. Comme d'habitude, les tasses n'étaient pas touchées, et Stiles pourrait parier mille dollars qu'ils étaient déjà froids, dégoûtants et oubliés depuis longtemps.
"Je te l'ai dit, je ne suis pas un détective privé de l'amour." Il rit intérieurement à cela. PI Love. Ce serait un bon nom pour une émission de télé. Et toutes les blagues sur π qu'il pouvait faire. "Et je n'ai pas le temps de chercher des personnes compatibles. Comment je saurais s'ils l'aimaient bien ?" (PI : Inspecteur de police en anglais)
"Très bien, je vais te faciliter la tâche," déclara Cora en se penchant en avant. "C'est un bon gars, quoique un grand frère de merde, parce que—"
"Ouais, j'ai compris ça. Il ne fait pas tes devoirs. Quel crétin."
Elle fronça le nez comme si elle avait senti quelque chose de dégoûtant. Probablement le sarcasme de Stiles. "Tu l'étudies," continua Cora somme s'il ne l'avait pas interrompu. "Tu te fais une impression de lui et après, quand tu rencontrera quelqu'un qui, selon toi, pourrait véritablement être intéressé par lui, qui a une bonne personnalité, qui n'est pas une connasse psychotique, qui ne prendra pas plaisir à lui faire du mal, qui ne le voit pas seulement comme un beau garçon sans sentiments et qui pourrait éventuellement être assez stable mentalement pour accepter notre… situation familiale sans essayer de brûler notre putain de maison, tu me le feras savoir." Stiles la regardait avec méfiance. alors qu'elle cochait sa liste avec ses doigts, et si cela ne venait pas de ses propres idées et que c'était la vraie histoire qui parlait, Stiles se sentait un peu désolé pour Derek et pouvait comprendre son attitude de merde.
"Et puis ?"
"Et puis, j'essayerais de les mettre ensemble."
"Et s'il s'avère que cette personne ne possède que certains de ces critères ?"
"Alors, tu es mort."
"Pas de pression alors." Stiles soupira.
Cora ouvrit son livre. Un livre d'images ridiculement mignon sur un lapin et sa journée à la ferme. Elle sourit un peu aux images, et Stiles était sur le point d'oublier ce qu'il était sur le point de dire, mais ensuite, il haussa les épaules, parce que, merde, c'était Cora Hale.
"Qu'est-ce que j'obtiens de tout ça ?"
Elle posa le livre, surprise. "Je t'ai parlé de ma famille."
"C'était l'acompte," expliqua Stiles, agitant la main.
"Je pensais que tu travaillais bénévolement."
"Tout d'abord, je ne sais pas vraiment comment cette rumeur a commencé, parce que je n'ai pas autant de temps libre pour la vie amoureuse des autres. Bon sang, je n'ai même pas une vie amoureuse à moi—"
"Qu'est-ce que tu veux alors ?"
Il se mordit les lèvres. "Une cavalière pour le bal."
Cora se recula, clignant des yeux. "Tu veux un rendez-vous avec moi."
"Eh bien, pas forcément toi. Je veux emmener quelqu'un qui est intéressé par moi et avec un peu de chance, d'une manière qui implique des moments sexy et des bisous, ouais, des bisous ce serait bien. Mais toutes les personnes à qui j'ai demandé ont dit non, puis m'ont demandé si je pouvais plutôt leur trouver quelqu'un, alors c'est tout."
"Et tu l'as fait ?"
"Fait quoi ?"
"Leur trouver quelqu'un ?"
"Bien sûr. Ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien dans ma vie, que je bloque mes collègues célibataires ou… peu importe. Alors ouais, si tu pouvais prétendre d'être à fond sur moi pendant cinq minutes, alors que mon père ait l'air tout fier et que je ravale ma haine de soi, ce serait magnifique."
Elle le regarda. Puis: "D'accord."
"Vraiment ?"
Elle renifla. "Ouais, aucun problème. Mais j'ai une petite amie. Et si tu pense à moi ne serait-ce que d'une manière inappropriée, elle te découpera morceau par morceau."
"Attends, quoi ?"
"Morceau. Par. Morceau."
"Non. Ne préférerais-tu pas y aller avec elle du coup ?"
Cora se mordit les lèvres avant de détourner les yeux. "Elle ne peut pas y aller."
Eh bien, étrange.
"Alors, d'accord !" S'exclama Stiles, simplement pour changer le sujet. "Maintenant que tout est réglé, Derek. Hommes ou femmes ?"
Cora se moqua. "Ma famille ne se soucie pas vraiment de ce genre de choses."
Stiles cligna des yeux. "Ouais, eh bien, ce n'est pas à propos de ta famille mais de savoir si oui ou non Derek toucherait une bite."
"Ouais il le ferait. Si c'est la bonne bite."
Stiles faillit s'étouffer avec sa propre salive. Cette conversation devenait de plus en plus bizarre.
"Stiles, Je t'ai vu mettre ensemble des gens qui ne parleraient même pas dans des circonstances normales. Je veux dire: Erica et Boyd ?"
"Oh mon dieu ! Les gens pourraient-ils, s'il vous plaît, cesser d'en faire mon plus grand succès ? Parce que ce n'était pas le cas ! Boyd a le béguin pour Erica depuis la maternelle. La maternelle !"
"Aies simplement un peu confiance." Elle sourit. "Mec."
"Ouais, de la confiance," murmura Stiles, regardant Derek qui tenait le poignet d'un homme dans une étreinte serrée, lui sifflant quelque chose au visage.
Il était foutu.
Putain de foutu.
Après le départ de Cora, Stiles resta à la bibliothèque, continuant à gribouiller dans son carnet, parfois écrivant des choses comme 'déteste parler', 'déteste les gens', 'déteste les glaces', 'déteste probablement aussi les chiots, qui fait ça ?', 'déteste la vie', 'déteste tout'. Une heure plus tard, il leva les yeux au ciel devant ses notes, arracha la page du carnet et la jeta à la poubelle.
Vraiment, il ne savait pas ce que Cora attendait de lui.
Derek ne semblait même pas intéresser par aucune formes d'interactions humaines, si la façon dont il gardait son corps tendu, ses réponses courtes et son attitude stoïque, était un signe. Ce qui en était un. Stiles n'était pas Paul Ekman, mais il en savait assez sur le langage corporel pour comprendre que toute la posture de Derek était en train de crier 'Laisse-moi seul, putain' dans cinquante langues différentes.
Que certaines personnes essaient encore de le draguer était un mystère en soi. Derek n'était simplement pas intéressé. Par personne. Pas même un soupçon de quelque chose. Un regard persistant, une petite inclinaison dans la direction de quelqu'un; une détente minimale de ses épaules et une expression qui s'adoucissait.
Rien. Nada. Zilch.
Il n'était.
Simplement.
Pas.
Intéressé.
Et Stiles était foutu.
Ah, mec. Il n'y avait que Cora Hale pour transformer en cauchemar la meilleure chose qui lui soit arrivée.
Il attendit une heure de plus en faisant ses devoirs parce que quel était le but à rester simplement assis quand il pouvait prétendre être productif pendant un moment. Étonnamment, ce n'était pas très difficile de revenir à sa routine. S'il pouvait vraiment se concentrer. Son ordinateur lui manqua à quelques reprises, mais il découvrit que la bibliothèque offrait les réponses de ces mêmes questions. Tout comme l'ordinateur, qui était si ancien et tellement long, qu'il commença en fait à regarder dans des livres ou quand il était désespéré avec son téléphone parce que évidemment, la réception était nulle aussi. La recherche à l'aide de livres prenait plus de temps, mais n'était pas moins utile. Considérant qu'il n'était pas pressé parce qu'il traquait apparemment un homme de vingt-trente ans, Stiles s'en fichait. La seule chose qui lui manquait vraiment était Linda, mettant du jus à la place du café sur sa table, lui ébouriffant les cheveux avec tendresse avant de repartir tranquillement.
Il se demandait toujours où était la vieille dame. Parce que Derek gérait seul le comptoir de prêt et, le minuscule et insignifiant comptoir à café. Ce qui n'avait jamais été un problème quand il n'y avait que Stiles et quelques autres vieux.
Mais maintenant, avec la nouvelle clientèle, surtout si on considère que Derek — hein ?
Qui était en train de parler à un client. Toujours avec ce demi-froncement de sourcil, mais l'aura énervée qu'il avait eu quand il parlait avec d'autres clients, était absente. Quelque soit ce qu'il avait avalé de travers — ou pas, il avait réussi à passer outre, alors que Stiles observait Derek s'occuper déjà d'une autre personne.
Vu la façon dont Derek dirigeait cet endroit, Stiles ne serait pas surpris si Linda déposait le bilan avant l'été. Non pas qu'il y avait beaucoup de business à proprement parler. Stiles n'était même pas sûr de comment elle avait gardé cet endroit, qui était en proie à une crise d'identité et n'avait pas pu décider s'il s'agissait d'un café ou d'une bibliothèque, ouvert pendant toutes ces années. Peut-être qu'elle était secrètement riche. Peut-être que la bibliothèque était une façade pour une opération super secrète et Derek était l'agent malheureux qui avait perdu à pierre-papier-ciseaux ou qui avait tiré la paille la plus courte, et qui se retrouvait, à présent, obligé de s'occuper de la réception.
Peut-être… ouais, peut-être que Stiles devrait aller se faire un café.
Et un snack.
Quelque chose.
Ses yeux se posèrent sur Derek.
Mon dieu, il avait peur.
Peut-être que Derek pourrait, par exemple, lui arracher le bras pour avoir demandé deux choses en même temps ? Mais bon sang, il devait se montrer courageux parce que de toute évidence, il n'apprendrait rien sur Derek s'il n'essayait pas de lui parler. Et comment pourrait-il même vanter les mérites de ce gars à d'autres personnes s'il était trop effrayé pour lui parler lui-même ?
'Hé, tu as déjà vu X-Men ? Le mec est comme Wolverine, méchant à l'extérieur, mais un grand sentimental à l'intérieur — peut-être — et super sexy ?'
Ouais, ce serait probablement trop génial.
Non, Stiles allait se comporter comme un Stilinski. De la façon dont son père l'avait élevé. Comme un homme. Qui se sentait comme un enfant. Mais Derek n'était même pas le plus gros problème de cette situation, non, Stiles était un peu intimidé par la femme qui parlait actuellement à Derek. Elle lui jeta un regard noir alors qu'il s'approchait, parce que son existence signifiait qu'ils devaient arrêter quoi que ce soit dans lequel il étaient engagés. Parler d'hémorroïdes ou du moins, c'était ce à quoi faisait penser l'expression légèrement peinée de Derek.
Mon Dieu, elle avait un enfant en bas âge avec elle.
Que pouvait-elle réellement vouloir de Derek ?
A moins, bien sûr que ce gamin n'ait pas de père.
Maintenant, il s'était rendu lui-même triste.
La femme lui jeta un nouveau regard noir et Derek le regarda, acquiesçant pour montrer qu'il l'avait vu. La brune le regardait encore plus à présent comme si elle pouvait le faire partir avec sa seule force de volonté. Si Stiles n'était pas déjà habitué au regard de la mort de Lydia, il se serait peut-être enfui en courant, hélas, il connaissait bien Harris et Lydia, et il était en quelque sorte immunisé contre les regards d'amateur qu'elle lui jetait. Au lieu de ça, il roula simplement des yeux, parce que, sérieusement, il était un client qui payait ici. Il avait son portefeuille dans la main. Comment pourrait-il être plus évident ?
Il fallut deux tentatives bourrues à Derek pour finalement lui échapper, ce qui était juste impoli.
Au moins,cela donna assez de temps à Stiles pour étudier le menu, ce qui, comme d'habitude, n'offrait pas grand chose. Thé, café, chocolat chaud, sodas, jus de fruits et quelques snacks. Rien de chic comme ce que l'on pourrait avoir à Starbucks, ou au café situé plus bas dans la rue, mais suffisant pour vous tenir éveillé pendant de longues heures de travail. Et en moins cher. Surtout moins cher.
"Que veux-tu ?" Demanda Derek d'une voix grincheuse.
Stiles roula des yeux. "Un café et un brownie à la menthe."
"Tu compte rester plus longtemps ?" Demanda Derek et wow.
"Quelle façon de virer quelqu'un, mec," répondit-il. Derek arrêta d'appuyer sur les touches de la caisse enregistreuse, levant les yeux vers Stiles et fronçant les sourcils.
"Recharge ou pas," demanda-t-il et ohhh.
"Oh. Oh, ouais, recharge. Désolé." Oups. Hé, jusqu'ici, Derek avait été un pur con. Comment aurait-il pu savoir qu'il demandait, en fait, pour les recharges ? Évidemment qu'il le faisait, et Stiles était stupide. Il devrait vraiment cesser d'écouter avec son oreille relationnelle et prêter plus attention au sens des mots des autres personnes. Surtout quand il faisait face à quelqu'un comme Derek envers qui il ne pouvait s'empêcher d'approcher avec une certaine quantité de préjugé.
Ah mec.
Stiles essaya de cacher la rougeur embarrassante qui se développait dans son cou et sur ses joues, attrapa le brownie et le café, et se retourna pratiquement en courant à sa table.
Sans payer.
Oh, bon sang.
Il posa la tasse et le brownie, et retourna honteusement au comptoir où Derek haussait les sourcils. Il mit un billet dans sa main, marmonna un 'garde la monnaie' et repartit.
Quand Derek renifla, il rougit encore plus mais ne s'arrêta pas, trop honteux. Voilà pour la virilité des Stilinski. Ouais, son père aurait été si fier s'il avait vu ça. Complètement.
Pourtant, en ce qui concernait les premières impressions, ce n'était pas la pire, se rassura-t-il, il prit une gorgée de café et fit la moue, parce qu'il était Dégoûtant. Avec un D majuscule. Comment pouvait-on rater un simple café ?
Mon dieu, non, Linda ne méritait pas ça.
Il avait peut-être peur de Derek, mais bon sang, elle était la femme la plus gentille de la planète, et elle avait peut-être un fort accent hollandais qui la rendait parfois très difficile à comprendre, mais un service clients de merde et un café de merde ?
Mon dieu, cet endroit ne méritait pas ça.
Après une réflexion déterminée — et anxieuse, il ne faut pas mentir — il se dirigea à nouveau vers le comptoir, posant la tasse sur le comptoir et faisant signe en direction de Derek. "Ça," commença-t-il et il attendit que Derek se retourne car celui-ci avait déjà été à nouveau attiré dans une conversation unilatérale à propos de quelque chose par la même femme brune avec le gamin — Stiles suspectait qu'elle s'appelait Jamila — encore une fois, en raison du manque total d'intérêt de la part de Derek, "ce n'est pas du café. C'est de l'eau avec des gouttes de quelque chose vaguement caféiné. Tu as une machine à café. Il n'y a aucun moyen que tu arrive à gâcher quelque chose comme ça ! C'est simple. Du café noir !"
Derek haussa les sourcils. Et ouais, d'accord, Stiles couina intérieurement. Peut-être même extérieurement, il n'était pas sûr. "Où est Linda, je veux lui parler," continua-t-il avant que Derek puisse penser à l'assassiner. S'il n'y avait pas déjà pensé évidemment.
"Pas ici."
Stiles secoua la tête de frustration, puis ouvrit le loquet coulissant de la porte battante et passa derrière le comptoir pour aller jusqu'à la machine à café avant que Derek ne puisse l'arrêter. Ha, l'avantage de la maison !
"Recule," grogna Derek.
"Non," répondit Stiles. "Tu sais que je viens ici depuis des années," expliqua-t-il, prenant une boîte de sous la petite table de travail et posant sur la surface. "J'ai vu Linda utiliser les mêmes grains pendant des années et préparer le café — owowowowow." Derek éloigna son bras du paquet de grains de café, le tirant par les poignets, ignorant complètement les gémissements de Stiles. "Hé, ça fait mal !"
"Bien," grogna Derek et il le poussa derrière la porte battante. Certains des clients les regardaient, la femme souriait. Benny eut le courage de rire fort.
"Sérieusement, Benny ?" Lui cria Stiles. "Jamais entendu de rester silencieux dans une bibliothèque."
"Dixit le gars qui est en train de crier ?" Rétorqua Bobby. Stiles plissa les yeux et lança un regard noir à Derek qui, d'accord, lui rendit son regard. Avec un soupir indigné, il tourna les talons et se dirigea vers les vieils hommes, s'accroupissant devant eux.
Benny gloussait toujours, doucement maintenant.
"Que se passe-t-il avec ce tyran ?" Demanda Stiles en pointant Derek avec son pouce.
"C'est un bon gamin," déclara Bobby. "Juste un peu… dépassé par la situation."
"Oui, j'ai remarqué."
"Il fait de son mieux, cependant," ajouta Benny.
"Ça… je ne comprends pas," Stiles leva les yeux au ciel. "Il a l'air d'être un gros con. Avec tout le monde."
Les deux hommes froncèrent les sourcils. "Non, ce n'en est pas un."
"Ouais, bien sûr," souffla-t-il.
"Il donne toujours à Béatrice des recharges en secret," déclara Bobby comme si cela allait remettre l'univers en place. "Même si elle ne paie jamais pour et qu'elle est juste assise là, à lui parler sans s'arrêter."
Stiles se contenta de rouler des yeux et retourna à sa table.
Pendant les quelques minutes suivantes, il tenta d'ignorer Derek, mais échoua spectaculairement. Frustré, il ramassa ses affaires, les fourra dans son sac à dos, enfonça le brownie dans sa bouche et partit. Il allait dire à Cora que cela ne fonctionnerait pas. Qu'il n'y avait absolument personne qui sortirait avec un connard comme lui pour autre chose que son apparence. Du moins, pas quelqu'un avec une belle personnalité. Ou alors seulement avec la personnalité d'un ange. Et Stiles n'était pas sûr de vouloir condamner un être angélique à rester avec Derek même pendant une seule heure.
A la semaine prochaine pour le deuxième chapitre ! Hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette première partie !
