Sains et saufs
Chapitre 1
Je me faufile sous le grillage qui sépare l'évasion de la compression. Qui sépare la liberté de l'esclavage, qui sépare la richesse et la pauvreté. Je pénètre dans une nature luxuriante où se mélangent toutes sortes de teintes verdâtres. Les Geais Moqueurs chantent joyeusement sur les épaisses branches d'arbres, couleur chocolat.
Je cours silencieusement pour attraper mon arc et mon carquois sous la souche d'arbre où l'arc de mon père est encore présent. Avec sa veste marron en cuir, sentant encore le mélange du charbon et de l'odeur des plantes.
Je le vois. Il saute gracieusement. Je vois ses petites dents sortir de son repère. Ses petites oreilles ne se font pas discrètes. Je le vois aussi renifler sûrement, mais il saura, un peu tard que sa vie est en danger. Je bande mon arc et laisse voler ma flèche qui siffle dans l'air et qui atteint ma cible entre ses deux yeux noirs. Elle se renverse en arrière et je cours l'attraper.
Depuis que cet homme courageux et généreux est parti, je chasse des écureuils. Je continue à m'aventurer dans la nature, tirant par-ci par-là, amassant les écureuils avec différent poids. Plus j'avance, plus je sens quelque chose de pas normal. Mes doutes sont confirmés lorsque je vois des lapins piégés dans des collets, artistiquement formés, d'une main experte. Impossible que ce soient ceux de mon père, sa dernière fois en forêt était à mes côtés et nous n'avions fait que tirer des flèches avec nos arcs sans plus.
Si je suis ici, c'est grâce au garçon d'hier que je surnomme depuis, garçon des pains. J'entends des pas, certes recouverts, mais présents tout de même. Je secoue la tête pour avoir les pensées plus claires.
Je continue ma découverte. Je viens de tirer sur un lapin et de découvrir des plantes sauvages décrites dans le livre de mon père. Je trouve encore et toujours des collets, aussi bien faits. Je ne peux plus faire comme si de rien n'était.
Quelqu'un d'autre que moi s'aventure dans MON domaine, MON territoire.
Je m'abaisse et les étudie de plus près, les roches et les cordes avec quelques lianes et un appât, tout ce qui forme ce piège mortel pour les cupides. Je commence à le tâter, voir s'il est aussi solide qu'il ne le paraît. Soudain, une voix s'élève.
« Le vol est punissable de mort. »
Je retourne ma tête d'un coup sec et reste inerte. La personne présente en face de moi est un jeune homme de quatorze ans, environ. Il vient de la veine car il a, comme moi des cheveux bruns, des yeux gris et un teint olivâtre. Et s'échappe de lui le parfum familier de la mine. Voyant que je ne bouge et que je ne fais de toutes les façons pas le poids face à lui, il m'interroge.
« Comment tu t'appelles ? »
J'attrape le bout de ma natte et joue avec, les joues en feu. Je n'ai jamais été sociable, et c'est pas aujourd'hui que cela changera. Mais, quelque chose me pousse à l'intégrer dans mon groupe de connaissances. Je dis d'une voix presque inaudible.
« Katniss »
Il s'avance et me pousse tout doucement pour voir si il y'a un quelconque dégât dans ses pièges. Les voyants intacts, il se tourne vers moi, un visage moins fermé.
« Heureusement que tu n'as rien touché, Catnip. »
Je force mes cordes vocales qui n'ont pas fait d'efforts depuis longtemps.
« C'est Katniss. Et puis je ne contais pas toucher à ton butin, j'ai le mien. »
Il me scrute, cherchant le vrai du faux. Ses yeux se baissent rapidement sur ma besace, puis il me ré observe de la tête aux pieds. Il lance.
« C'est toi qui a rempli ta besace, aujourd'hui ? »
J'hoche la tête, indifférente à son air incrédule car je vois ses yeux sourire.
« Tu as chassé avec quoi ? »
Je lui montre l'arc fait pour ma morphologie, fabriqué et sculpté soigneusement par mon père. Je décide de demander un peu plus sur lui, du jamais vu pour ma part.
« Et toi, c'est quoi ton nom ? »
Nous utilisons tous deux ce langage rustique, non pas que l'on n'en connait pas d'autres, loin de là, mais nous sommes plus à l'aise. Plus libres.
« Gale. (il avance dans le sens inverse, et, à quelques mètres loin de moi, il s'écrie :) Viens voir mes collets Catnip ! »
Je serre les poings et m'avance, faisant comme si de rien n'était. Un miaulement retentit. Je suis le regard de Gale pour découvrir un lynx. Celui-ci avance vers moi et se frotte contre mes jambes. Je fulmine tandis que mon nouveau compagnon part dans un éclat de rire.
« Je crois bien que le surnom deviendra officiel ! »
« Oh non », maugrée-je, ce qui le fait rire une fois de plus.
Nous continuons à avancer, le lynx ne voulant pas me lâcher d'une semelle. Nous nous en sortons plus facilement à deux, et je pense que j'ai trouvé le moyen de ne plus la voir les joues creuses et les yeux éteints.
Je fais tomber le lynx d'un coup de pied, et l'abat d'un coup de flèche dans la gorge. L'avantage chez les animaux est que, pour la majorité, ils réagissent très lentement aux mouvements des humains. Gale se tourne vers moi, et fais semblant d'être offusqué.
« Comment as-tu pu le tuer ? Non, j'avoue que moi aussi il me tapait sur les nerfs à faire fuir le gibier, et puis on aura de quoi faire vivre nos familles. »
« Comment est ta famille ? », demandais-je, poussée par je ne sais quel élan de curiosité qui ne me ressemble pas. Pour la première fois, le garçon sourit. Et il commence à dépeindre le tableau de sa famille que je l'écoute avec aucun doute sur son authenticité.
Il a deux petits frères et une sœur encore toute jeune. Ses frères se ressemblent et ont un air similaire avec l'aîné tandis que la jeune sœur a des cheveux cours, châtains, des yeux bleus-gris et une peau blanche comme neige. Je le questionne sur ses ancêtres. Il y'en aurait qui venait de la ville, le pourquoi du comment concernant le physique de sa sœur. Je raconte mon histoire de famille. Mon amour inconditionné envers ma sœur et ma mère qui est morte en même temps que mon père. Je lui décris ma sœur aux cheveux dorés, aux yeux bleus profonds au teint de porcelaine et aux visage d'ange, qui garde toujours en elle les effluves purs de la Primevère. Il sourit en m'entendant la décrire.
Je lui demande par quel hasard se retrouve-t-il en forêt. J'apprends que son père est mort dans le même coup de grisou que le mien. Il a découvert que la forêt est une source de nourriture abondante. Je souris à mon tour avant de quitter la forêt avec une besace dix fois plus remplie que ce matin.
Nous nous quittons et allons respectivement chez nous. Je pose une partie du gibier sur la table de la cuisine. Je sors pour aller à la Plaque, cherchant à vendre le gibier de trop. Le lynx a été lui-même arraché des mains et on m'a proposé des sommes exorbitantes. Du coin de l'œil, j'aperçois Gale qui me regarde d'un air envieux. Je continue tout de même mes ventes. Gardant des écureuils pour le boulanger.
Quand la foule se dispersa et que j'eus plus de facilité à respirer, je m'avance vers mon compagnon et lui tends une somme d'argent qu'il refuse tout net. Je le taquine en le défiant, et il finit par accepter avec « mauvaise grâce ». Je sors du marché noir et m'aventure dans la boutique où, hier encore, je mourrai de faim. En allant dans les ruelles pour arriver dans la boutique, j'entends des rumeurs comme quoi le fils du boulanger (le benjamin) s'appellerait Peeta et que ce serait lui qui s'occuperait du glaçage des gâteaux car, malgré son jeune âge, il a du talent.
Je ne sais pas pourquoi des rumeurs courent sur la famille Mellark, mais rien n'y change à ma trajectoire. J'entre, faisant tinter la cloche accrochée à la porte. C'est le garçon d'hier qui est à la caisse. Je décide tout de suite de faire marche arrière et de repartir à la maison. Mais la vieille mégère crie.
« Peeta, bon à rien, viens faire la table ! »
Alors le garçon d'hier est celui dont on parlait, dans les ruelles du Centre-Ville. Peeta. Au moins, je connais le nom du garçon des pains. Monsieur Mellark s'empresse de remplacer son fils et il m'accueille avec un grand sourire. Je lui donne mes écureuils et il s'extasie sur ma précision, surtout pour mon jeune âge. Il me donne plusieurs baguettes de pains, un peu d'argent et me donne un gâteau. Un muffin. Apparemment c'est de la part de l'un de ses fils.
Je rentre chez moi, dépose mes courses et vois le lapin cuit. Avec l'argent du lynx (et il en reste une montagne encore) j'ai acheté un ruban rose pour Prim qui m'étreins, façon comme une autre de me remercier. Je développe le dit muffin de son papier d'aluminium avec une prudence extrême et découvre le glaçage.
Un pommier. Un pissenlit.
Vraiment, je dois remercier Peeta. Pour tout.
Bon j'espère que ça a plu et donc Peeta fera sa véritable apparition au prochain chapitre, ne vous inquiétez pas. =D =p a+
