Titre: La Chasse (pas difficile à comprendre pourquoi!)

Auteur: Mangue-Rouge (pour plus d'info, voir ma bio)

Résumé: en gros Harry décide de partir à la chasse au Snape avec Charlie et ce dernier décide de lui apprendre deux trois trucs au passage.

Disclaimer: si j'étais JK Rowling, je n'irais pas manifester contre les CPE (ou alors ce serait par pure sympathie)!

Avertissement: j'ai jamais bien compris où s'arrêtait le M et où commençait le NC17. . . La faute à tous ces gens qui le savent et qui s'en moquent! Donc je vais faire pareil, je préviendrais juste si je pense qu'il peut y avoir une scène choquante. . . C'est quoi une scène choquante?

La Chasse 1

La nuit venait à peine de tomber quand tout à coup une silhouette sombre se glissa entre les battants des hautes portes du château. A quelques secondes près, cela aurait été trop tard. Il serait alors resté seul toute la nuit, sans aucune protection. . . C'était un règlement assez dur, certains parents ne l'avaient pas apprécié, mais Mac Gonagal avait fait son choix. Si un petit malin voulait jouer avec le couvre-feu, c'était à ses risques et périls. Elle n'irait pas mettre en danger le reste de l'école en n'élevant pas les Barrières de Garde à la nuit tombée, surtout quand on ne savait pas ce qui avait bien pu arriver au plaisantin. Mieux valait une nuit de peur pour ce dernier (il y avait peu de risques de voir survenir une attaque quand les Barrières étaient érigées, même si elles ne protégeaient pas le parc) que d'introduire un monstre dans le château. Merci, mais elle avait déjà servi. Celui qui se faufilait à présent dans les couloirs savait tout cela, et d'autant plus qu'il avait joué un grand rôle dans la création des Barrières. Il en était un peu l'inventeur. . . Mais même lui n'aurait pu combattre leur pouvoir alors qu'elles sélevaient, un scintillement argenté le long des vieux murs de pierres, les rayons de lune leur donnant un aspect féérique. C'était la seule véritable protection du château à présent, et c'était cela qui le préoccupait, qui l'avait fait revenir sur ce lieu de son enfance. Cela semblait si loin. . .

"Harry! Que fais-tu là?"

C'était une voix un peu autoritaire, mais où la bonté était loin d'être absente.

"Bonjour Minerva."

La directrice fit une petite moue, mais accepta le reproche silencieux. Elle hocha la tête et invita le jeune homme dans son bureau. Alors qu'ils marchaient en silence vers la grande pièce du quatrième étage où Minerva avait établi ses quartiers à la mort de Dumbledore (c'était moins impressionnant que le fameux griffon, mais Minerva avait toujours associé cette pièce à Albus et elle mourrait avant d'oser se l'approprier), Harry obsverva en silence son ancien professeur. La vieille dame (s'en était bel et bien une, à présent, pas encore ratatinée mais déjà bien flétrie par l'âge) semblait bien se porter, mais Harry se méfiait car elle avait été l'élève de Dumbledore, et peut-être même son disciple. Il cherchait un indice qui confirmerait ses craintes, et lui permétrait de faire un choix.

"Arrête, je suis vieille, pas sénile. Je sais ce que tu veux. Que je te prouve que tu as raison de me ménager, et te donne ainsi une excuse pour ne pas me dire ce que tu as découvert. Mais ne t'inquiète pas, je peux encore faire de vieux os. Il ne sera pas dit que Voldemort me tuât d'une manière indirecte."

Harry sourit à cette tirade, il retrouvait là sa chère Minerva vindicative. Quel dommage qu'elle ne montre pas davantage cet aspect d'elle-même à ses élèves! Il aurait appris plus tôt à l'apprécier.

"Je pense que les Barrières ne seront pas suffisantes pour assurer la protection du château."

Il avait le timbre rauque d'un homme qui passe trop de temps dans des lieux enfumés et qui prend rarement la peine de se soigner quand il est enrhumé. Mais le professeur ne réagit pas, elle connaissait trop bien le mode de vie de son ancien élève et le questionner apporterait plus de mal que de bien. Et ce qu'il avait à dire était bien plus important.

"Et en quoi cela te surprend? Il me semblait que tu avais prévu qu'elles faibliraient à un moment ou à un autre?"

"Oui, mais pas aussi vite et surtout pas de cette manière."

Minerva fronça les sourcils, si Harry finissait toujours par lui dire ce qui n'allait pas malgré son désir de la ménager il essayait toujours de lui cacher son inquiétude. Ce n'était pas le cas ce soir là. Elle le fit entrer dans ses quartiers, alluma le feu d'un coup de baguette (elle n'avait jamais réussi le petit tour d'Albus) et lui proposa un siège.

"Il était chez le Professeur, celui-là."

"Il m'a toujours dit que les interlocuteurs étaient plus conciliants quand ils étaient bien installés."

Harry fit la grimace, il ne se souvenait que trop bien des chaises qu'elle était capable de conjurer.

"Raconte-moi tout"

Harry la jaugea une dernière fois, puis commença à lui expliquer le problème.

"Quand j'ai dit que les Barrières ne seraient pas éternelles, je prenais en compte la nature de l'énergie -de la magie, plutôt- qui les faisait fonctionner. Je ne te l'avais pas expliqué alors, car je voulais que l'information reste la plus secrète possible, mais j'ai fait appel à la Magie de Merlin. Comme tu le sais peut-être, c'est cette magie que Viviane est sensée avoir utilisée pour emprisonner Merlin. . . Mais ce que tu ne sais pas, c'est qu'il sagit d'une magie consciente (le regard de Minerva devint plus vif) et qui peut choisir, en quelque sorte, d'agir. Je dis en quelque sorte car elle n'a aucune possibilité de création, elle ne peut rien faire seule, elle ne peut mettre en place une idée qu'elle concevrait car elle ne peut rien inventer, mais elle est libre de décider de son action quand on la sollicite. Pour m'assurer de ses bonnes grâces, sachant que la sécurité de Poudlard ne dépendrait peut-être que d'elle, j'ai fait plus que l'amadouer, je suis devenu son ami, comme Viviane l'était devenue pour être sûre que le sort qu'elle avait jeté à Merlin ne cesserait jamais. Et c'est cela qui me préoccupe. Je savais que les Barrières prendraient fin, car l'un des aspects de cette magie est qu'elle s'auto-génère et que pour ce faire elle doit de temps à autre cesser toute activité. Viviane avait évité ce problème en lui faisant promettre d'endormir Merlin avant chaque arrêt, mais je n'ai pas pu faire de même, je n'ai pas trouvé de compromis. Mais je savais qu'elle n'aurait pas besoin de se retirer avant une bonne cinquantaine d'année. Or, elle est en train de se retirer des Barrières. Et je n'arrive plus à la contacter, alors qu'un autre de ses principes est un attachement presque irrationnel à la loyauté. Je pense que quelqu'un a trouvé le moyen de la détourner de nous, bien qu'il soit très difficile de lui mentir."

"Tu as quelqu'un en tête, n'est ce pas?"

Harry sourit, il était difficile de lui cacher quoi que ce soit. Il savait qu'il était même probable qu'elle ai déjà deviné de qui il voulait parler.

"Je pense que Snape est là-dessous."

Il ne précisa pas pourquoi, tellement c'était évident. Le professeur Severus Snape, un Occlumens si habile qu'il avait pu abuser le plus grand sorcier de ce siècle. . . Lui seul avait la capacité d'embrouiller une chose aussi fidèle que la Magie de Merlin. Et même si Minerva ne savait que ce que Harry lui avait dit sur cette magie, la Gryffondor qui dormait en elle comprenait tout à fait le problème que sous-entendait ce revirement. Il fallait un sorcier incroyablement puissant et habile pour pervertir une chose d'une telle pureté.

"Il nous reste combien de temps?"

"A l'allure où elles se dégradent, trois mois environ. Mais elles ont déjà beaucoup perdu de leur efficacité, et c'est pour ça que je suis venu aujourd'hui. Il faut mettre en place de nouvelles règles. Je pense que le mieux serait de limiter l'espace disponible dans le château pour concentrer tout le pouvoir restant sur un espace réduit. Je sais que tu voudrais que Poudlard reste le plus possible fidèle à lui même, mais aujourd'hui c'est sa survie qui est en jeu. Je pense qu'il faudrait oublier le principe des maisons et rassembler les rares élèves encore présents dans le Grande Salle, qui deviendrait une sorte de salle commune et de dortoir, et n'utiliser que les salles adjaçantes. Cela ne maintiendra pas les Barrières plus longtemps mais concentrera le peu de magie qui y reste."

Minerva hocha la tête: elle aurait certes souhaité que Poudlard reste toujours identique à lui-même, comme un pôle immuable, mais elle devait prendre en compte la réalité. Et la réalité, c'étaient cinq professeurs dont le fidèle Hagrid, pour une trentaine d'élèves. Le château n'était pas en crise, il était moribond. Et seule l'assurance pour les parents qu'il restait un lieu de sûreté l'empêchait d'agoniser. Elle rassura Harry, elle prendrait ses dispositions, et ce dernier lui assura que les Barrières s'adapteraient automatiquement. C'était une manière de dire qu'il ne reviendrait pas de si tôt. Elle ne lui demanda pas ce qu'il allait faire, car elle savait qu'elle n'obtiendrait pas de réponse.

Harry jeta avec désinvolture ses clefs sur la table basse du salon et alla se passer un coup d'eau sur la figure. Il détestait et adorait tout à la fois revenir à Poudard, l'endroit où il avait été le plus heureux et le plus meurtri. . . Il fixa son reflet dans la glasse, qui lui montrait un jeune homme dans la trentaine alors qu'il n'avait que vingt-trois ans, et rejeta ses longs cheveux noirs en arrière. Il n'y avait pas touché depuis que Hermione les lui avait coupés pour la dernière fois, presque quatre ans auparavant. Il lui semblait qu'elle était morte la veille. Il ferma le robinet et quitta la salle de bain, il avait mieux à faire que de contempler les ravages que sa vie avait provoqué sur son visage. Il devait trouver Severus Snape, et ce ne serait pas facile. Mais c'était faisable. Il n'en avait pas parlé avec Minerva pour ne pas lui faire de fausses joies, mais Snape semblait s'occuper des Barrières en solo. Si Harry ne s'était pas trompé et qu'il s'agissait bien de son ancien professeur, il n'avait rien dit à Voldemort. Et cela voudrait dire que la Pensine de Dumbledore n'avait pas été falsifiée.

Il sonna chez son ami Charlie Weasley tôt le lendemain, si tôt que ce fut un Charlie un peu ébouriffé et mal enroulé dans son peignoir qui vint lui ouvrir.

"Je peux entrer?"

Charlie répondit par un grognement, avant de s'écarter pour le laisser entrer. Il régnait dans le couloir un bazard monstrueux fait de vêtements jetés dans tous les coins, et Harry sourit.

"Une nouvelle conquête?"

Charlie répondit par un sourire en coin alors qu'il l'invitait d'un geste à s'installer au salon, puis disparut quelques secondes pour enfiler un pantalon.

"Je repars en chasse."

Charlie hocha la tête, sans rien dire, mais son regard était des plus explicites.

"Je n'ai pas le choix, tu pourras le dire à Ron?"

Charlie soupira, et quitta son fauteuil pour rejoindre Harry sur le canapé.

"Tu sais Harry, je crois que tu es l'une des rares personnes qui comptent pour Ron, surtout depuis. . . l'accident. Je ne te demande pas d'explication, je sais que tu fais ce qui doit être fait. Et je ne te demande pas d'être prudent car je sais que tu le seras autant que tu le pourras. Mais je pense que tu devrais aller voir Ron avant de partir."

Harry fit la grimace, il savait que Charlie lui demanderait cela et qu'il serait contraint d'accepter. Mais il n'était pas venu uniquement pour cela.

"J'aimerais que tu viennes avec moi."

Et là, Charlie en resta baba. Harry Potter, le gars le plus solitaire de l'Ordre du Phénix, -tellement solitaire qu'il n'y venait jamais, au grand désarroi de Fol Oeil-, lui proposait une chasse! Mais il était suffisement intelligent pour comprendre qu'il y avait un intérêt pour Harry derrière tout cela.

"Je vais chasser une proie tellement agile et méfiante qu'il me semble que les deux meilleurs chasseurs de l'Ordre ne seront pas de trop pour que j'arrive à mes fins."

Charlie hocha la tête, appréciant le compliment, mais il se garda de donner son accord. Il savait que Harry était loin d'avoir tout dit, et les règles de prudence les plus élémentaires déconseillaient de s'engager dans une voie avant d'en connaître tous les aspects.

"Je dois trouver Severus Snape."

Toutes les règles furent subitement oubliées. C'était tellement énorme qu'il ne restait que deux possibilités, soit Harry était fou à lier, soit il avait une raison plus qu'excellente de le faire. Mais dans tous les cas il ne pouvait pas manquer ça. Il aurait eu du mal à refuser quoi que ce soit à Harry de toute façon, mais là son intérêt personnel entrait en jeu. Il devait en être.

"On commence quand?"

Harry sourit, il savait depuis le début que Charlie l'accompagnerait. Il aimait trop la chasse pour refuser, surtout quand la proie était si belle. Et le fait qu'il lui propose d'être son équipier devait également jouer, il n'était pas sans avoir remarqué ses petits regards qui se voulaient discrets. . .

"Dès que tu pourras te passer de ta nouvelle conquête."

Autrement dit immédiatement, et Harry le savait très bien. Il se leva et se rendit dans sa chambre pour se préparer. Harry entendit des bruits de voix étouffés, un soupir, et vit passer dans le couloir un jeune homme qui devait être un peu plus vieux que lui, à moins que cela ne soit dû au maquillage. Charlie réapparut quelques secondes après que la porte se fut refermée, fin prêt. Il portait un ensemble en cuir noir, qui comprenait un pantalon souple et moulant disparaissant à partir du genou dans des bottes également en cuir, un corset laissant les bras libres et noué sur le torse, et un manteau que l'on pouvait si nécessaire utiliser comme une cape. Autour de ses biceps étaient attachés des sortes de bracelets en cuivre où des poignards étaient glissés, et il portait à la ceinture un fourreau d'où dépassait le manche de sa baguette magique. Enfin, son arme de chasseur pendait dans son dos, polie et meurtrière, une double hache taillée sur mesure dans un os de dragon. Harry eut un sifflement admiratif auquel Charlie répondit par une oeillade, mais il s'agissait là plus d'un jeu que d'autre chose. Ils sortirent du vieil appartement donnant sur une rue commerçante de Londres, Charlie dissimulé sous un sort de camouflage, et prirent le métro pour se rendre à Ste Mangouste. Harry avait une promesse à tenir.

Il ressortit de l'hôpital avec un air impénétrable, mais Charlie savait que ce n'était qu'une façade. Il savait que Harry était tout aussi démoli que le reste de sa famille par ce qui était arrivé à son frère. A la mort d'Hermione, tuée par un fuyard qui venait de perpétrer un attentat alors qu'elle se précipitait pour venir en aide aux victimes, il s'était coupé de tout le monde, fuyant même son meilleur ami alors qu'ils auraient pu être plus forts s'ils avaient affronté le deuil à deux. Harry ne lui en avait pas voulu, mais s'était lui-aussi replié sur lui-même, travaillant à devenir le chasseur qu'il était à présent. Et puis un soir d'Octobre, alors que la pluie battait aux fenêtres, Charlie était venu sonner chez Harry pour lui apporter la nouvelle. Ron était aux portes de la mort, victime d'un poison que l'on savait neutraliser mais non pas guérir. Cela faisait maintenant deux ans que les Médicomages le maintenaient entre la vie et la mort, dans une sorte de coma nébuleux, sans que l'on sache même comment il s'était trouvé à proximité de ce poison. Cela avait été la première chasse de Harry, une chasse harassante et infructueuse dont il était sorti d'autant plus meurtri. Charlie l'avait sauvé de la dépression en lui proposant son amitié, et même quand il était devenu évident que chacun préférait chasser seul ils avaient toujours gardé contact. Au fond, cela n'étonnait pas Charlie que son ami se soit tourné vers lui pour cette chasse, il aurait fait de même s'il s'était trouvé face à une tâche aussi hardue. Il se leva, sortit du café où il avait attendu le jeune homme, et vint marcher en silence à ses côtés. Il savait d'expérience que Harry ne parlerait pas avant longtemps, peut-être même pas avant la fin de la journée.

Ils arrivèrent au Centre peu après midi, et Charlie força Harry à aller se restaurer. Lui-même passa plus de temps à écarter les importuns qu'à véritablement manger, mais il s'en moquait. Autant passer tout de suite au régime de chasse, grignoter quand c'était possible. Mais Harry ne mangea pas réellement non plus, et l'un et l'autre en eurent vite assez de cette mascarade. Ils se levèrent de concert pour se préparer et partir enfin.

"Va t'habiller, je m'occupe de la nourriture. On verra ensemble pour les équipements."

Harry ne hocha pas la tête, mais se rendit néanmoins vers sa chambre. Le Centre était un lieu qui regroupait tous les hommes souaitant se battre contre Voldemort et ce qu'ils appartiennent ou non à l'Ordre du Phénix, et leur fournissait tout ce dont ils pouvaient avoir besoin: des maîtres pour s'entraîner, des armes et des vêtements, des appartements, de quoi se nourir et s'équiper. . . L'Ordre du Phénix gérait tout cela, par l'intermédiaire de gens sûrs qui connaissaient les deux organisations, mais il avait été clair depuis le début que ce ne serait pas là un lieu d'entrainement de l'Ordre mais bien un endroit qui permettrait à toutes les victimes de Voldemort d'acquérir ce qu'il leur fallait pour assouvir leur vengeance. Harry venait souvent loger là, quand la solitude lui pesait trop mais qu'il n'avait pas non plus le goût de retrouver des gens qu'il connaissait. Il restait immobile à côté du gigantesque tapis, petite silhouette apparement inoffensive à côté des monstres qui s'attaquaient parfois, pendant des heures et des heures. Quand s'était posée la question du lieu où il rangerait son matériel, il n'avait pas réfléchi bien longtemps. Une heure après la remise de son certificat (car le Centre était également une école, concurrente du Ministère et proposant de nombreux types de combats en complément au duel magique) tout était soigneusement plié dans les armoires. Aujourd'hui tout était en vrac, il mit plusieurs minutes à tout rassembler, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne prenait pas soin de sa tenue. Elle se composait d'un pantalon assez semblable à celui de Charlie mais qui s'élargissait vers le bas pour tomber sur ses bottes courtes aux boucles de cuivre, d'une chemise à la texture soyeuse aussi noire que le cuir et plus résistante que de la peau de dragon, et une veste longue en cuir incrusté de cuivre que lui avait offert Charlie la première fois qu'ils avaient chassé ensemble. En plus de sa baguette accrochée à sa ceinture dans son fourreau il ne portait qu'une arme, contrairement à son ami, un arc aussi haut que lui au bois sombre tirant sur le rouge. Harry avait découvert la chasse alors qu'il cherchait les Horcrux, et depuis il préférait cela au combat. Même lorsqu'il avait découvert celui ou celle qu'il cherchait, il s'en remettait aux lois de la chasse pour les neutraliser. Il sélectionna ses flèches, choisissant les mieux empennées et les plus droites, et glissa dans la large ceinture de son pantalon trois petites bouteilles contenant des poisons qui tuaient plus ou moins lentement si l'on n'avait pas les antidotes. Il voulait ne pas les prendre, mais se dit au dernier moment qu'il ne pouvait pas punir la terre entière de l'état de Ron. Il les mit dans la poche de sa veste et partit rejoindre Charlie.

Le lendemain ils étaient fin prêts, ils avaient de quoi manger pour deux semaines, des cordes, du bois de rechange s'ils cassaient leur baguette, des sacs de couchage, une petite tente, un peu de rechange. . . La liste n'était pas longue, mais les deux hommes savaient que la chasse serait difficile et que moins ils seraient chargés, plus vite ils iraient. Ils se rendirent tout d'abord à Spinner End, sachant qu'ils n'y trouveraient pas leur proie mais qu'ils pourraient peut-être récolter quelques indices. La maison était plongée dans l'obscurité, des voiles noirs couvrant les fenêtres, mais les chasseurs se gardèrent bien d'y toucher. Ils étaient dans l'antre d'un Mangemort, et tout pouvait être piégé. Dans le salon et toutes les salles du bas, ils ne purent rien trouver qui les renseignât sur le propriétaire du lieu. Ce fut Charlie qui découvrit l'escalier escamoté derrière la bibliothèque, et ils y montèrent avec prudence. Même si en bas tout était parfaitement rangé, sans qu'aucune trace de magie néfaste ne soit détectable, cela ne s'appliquait pas forcément à toute la maison. Ils pénétrèrent dans une grande pièce qui semblait faire pendant à celle du bas, toute aussi miteuse mais aux murs couverts de livres, qui semblaient être classés par ordre alphabétique selon le sujet qu'ils traitaient. Snape avait toujours été quelqu'un de méticuleux.

"Les potions, art ou outil? de Rêve O'Riviery. Ce livre est introuvable, il coûte une fortune! Mon maître m'en avait parlé, c'est l'un des plus beaux ouvrages jamais écrits sur la nature des potions. C'est presque un livre d'art!"

Il y avait de l'émerveillement dans la voix de Harry, et Charlie prenait plaisir à le voir se passionner pour quelque chose. Mais le jeune homme se garda bien de toucher au livre, la tentation était grande mais il ne voulait pas tenter le diable. Il savait qu'il pouvait faire confiance à Snape pour ce qui était de se protéger et de protéger ses biens. Il était néanmoins surpris de trouver un objet sans prix dans ce bouge. . . Pendant ce temps Charlie poursuivait l'exploration, passant de la bibliothèque à une grande chambre, sans doute celle du maître des lieux. Elle aussi était misérablement meublée, elle ne contenait qu'un lit aux rideaux poussiéreux, une vieille armoire dont les portes baillaient et un bureau branlant. Il tira avec précaution l'un des tiroirs, prêt à toute éventualité, mais il ne se passa rien. Le tiroir était vide, comme tous les autres meubles qu'ils avaient inspectés. Il appela Harry.

"Toujours rien. C'est à croire qu'il n'a jamais vécu ici."

Harry resta silencieux un moment.

"Dehors. Immédiatement."

Les deux hommes sortirent en courant, Charlie savait que les explications viendraient ensuite.

"Quand tu m'as dit que tu n'avais rien trouvé, je me suis demandé ce que l'on cherchait. Je pense qu'il protège la maison avec un sort de Confusion, qui nous empêche de voir ce que l'on cherche et qui peu à peu nous fait oublier ce que l'on fait là, jusqu'à ce que l'on devienne prostré, jusqu'à la mort."

"On va avoir besoin de Fol Oeil."

Harry hocha la tête, mais il était évident que cette visite ne l'enchantait pas. Il observait la maison comme s'il s'agissait d'un défi à relever, une injure personelle qu'il ne pouvait laisser passer.

"Tu ne trouves pas cela étrange, qu'il n'y ait pas de labo de potions?"

La question était plus rhétorique qu'autre chose, et l'instant d'après il poussait la porte et courait à l'étage. Il chercha frénétiquement dans la chambre, puis dans la bibliothèque, en se répétant comme une litanie ce qu'il cherchait et pourquoi. Il avait l'impression d'affronter à nouveau l'esprit de son ancien professeur, la magie luttant pour le bloquer dans sa recherche. Mais il finit par trouver, en appuyant un peu par hasard sur le seul espace de mur laissé vide. Tout à coup les étagères se réassemblèrent, cachant ce mur mais en découvrant de l'autre côté de la pièce un étroit passage qui se perdait dans le noir. Harry s'y engagea avec prudence, mais sans lancer de sort de lumière car il craignait que sa magie ne déclenche quelque piège. Il déboucha finalement sur ce qu'il cherchait et là, bien en évidence, sur une paillasse encombrée de tubes à essai sales, se trouvaient deux flacons au liquide verdâtre apparement identiques. Mais Harry, malgré sa difficulté de plus en plus grande à se concentrer, n'avait pas perdu sa prudence. Il saisit les deux flacons et s'empressa de ressortir, au grand soulagement de Charlie qui s'apprêtait à se lancer à sa recherche. Harry lui raconta ce qu'il avait fait.

". . . et je pense que dans l'un de ces flacons se trouve un antidote au sort de Confusion. Mais l'autre contient probablement du poison."

"Tu es sûr que tu as bien pris tous les flacons, qu'ils ne sont pas tous les deux piégés?"

Harry répondit par l'affirmative, et les deux hommes rentrèrent à l'hôtel où ils avaient élu domicile. Même s'ils devaient se cacher derrière des sorts de Camouflage, l'endroit était tenu par un sorcier et celui-ci avait mis à leur disposition son établi à potions.

Ils s'aperçurent très vite que la tâche serait encore plus hardue qu'ils ne s'y attendaient, car même si les deux potions présentaient des compositions différentes elles réagissaient de la même façon aux tests basiques. Ils allaient devoir complexifier tout cela, cela prendrait du temps et de l'argent, mais ils ne baissèrent pas les bras.