ATTENTION : Les mises à jour du récit se produiront tous les deux jours. En attendant, n'hésitez pas à rajouter le lien de cette fanfiction en favori pour vous tenir au jus !


"Il y a, je le sens, un âge auquel l'homme individuel voudrait s'arrêter ; Tu chercheras l'âge auquel tu désirerais que ton Espèce ce fut arrêtée. Mécontent de ton état présent, par des raisons qui annoncent à ta Postérité malheureuse de plus grands mécontentements encore, peut-être voudrais-tu pouvoir rétrograder ; Et ce sentiment doit faire l'éloge de tes premiers aïeux, la critique de tes contemporains, et l'effroi de ceux, qui auront le malheur de vivre après toi."

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.


1. Les premiers pas d'un Amiral

Opening theme : Le Grand Voyage by Tsunemori

« – Où sont mes clés ? Tu ne saurais pas où je les aurais posées ?

– Aucune idée, Amiral, me répondit-elle.

On était bloqués tous les deux devant l'immense bâtiment apposé aux docks, face à l'océan. Elle ne pouvait accéder à ses appartements, et je ne savais même pas à quoi ressemblaient mes bureaux. Le quartier-général m'avait donné la responsabilité de repousser les envahisseurs, ces êtres infâmes infectant nos eaux pures comme le ciel bleu de ce jour-là. Si par malheur j'avais oublié de les demander, ou même de les faire venir avec moi, un aller-retour là-bas allait me faire passer pour le premier des incapables, et mes supérieurs ne me permettraient plus quelconque office.

– Vous ne les auriez pas mises dans vos poches à l'intérieur de votre gilet ? Me suggéra-t-elle.

J'ouvrai ma tirette suite à son intuition, plongeai la main dans ma veste de cuir, trop épaisse pour cet été trop chaud, cela afin de découvrir les épaisses clés des immenses quartiers à ma disposition. Un petit rire fraya son chemin entre deux fracas de vagues joyeuses contre le ponton non loin de nous. Elle rigolait bien. Au moins, l'ambiance était au rendez-vous. Je ne sais pas ce que sont devenues les quatre autres, mais j'espère sincèrement qu'elles vont bien. Selon mes supérieurs, ma première secrétaire n'était pas la meilleure. Ses habiletés au combat penchaient en ma défaveur, et les premières missions, même si les plus faibles ennemis s'y trouvaient, ne nous permettaient pas la moindre l'erreur.

Chose horrible pour un Amiral, depuis mon enfance, j'avais un problème avec les noms. Contre mon gré, je ne réussissais plus à me rappeler de celui de l'unique fille m'accompagnant pour le moment. Je ne connaissais que ses capacités. Une guerrière légère, choisie selon mes goûts personnels, plus que pour ses compétences. Quel était son nom... Quel était son nom... Avant d'insérer cette fichue clé dans la serrure neuve de la double porte en bois épais, je devais lui poser une question, juste une... Tout de même timide en ma présence, elle restait derrière moi, ainsi je ne me retournai pas pour ne pas la faire paniquer.

– Tu comptes dormir à quel étage ?

– Euh...

Elle hésita une courte seconde avant de répondre avec douceur.

– Je pense que l'on va organiser chaque étage selon les escouades. Donc le premier pour l'instant, je pense.

Mince. Je pensais qu'elle allait au moins me donner la première lettre de son nom. Si j'avais juste eu une lettre, peut-être que j'aurais pu me souvenir du reste ! Mais pour le moment, le temps était venu d'ouvrir les portes. En inaugurant les quartiers par une poussée de poignée, elle rajouta une remarque inattendue :

– Vous savez, je suis fière que vous m'ayez choisie. Les autres étaient vraiment meilleures au combat, et ce fut un véritable choc pour moi de sentir votre main se poser sur mon épaule. Par choc, je veux dire, un soulagement renforcé par une joie incomparable. Je suis maladroite, mais je compte bien vous épauler dans votre lourde tâche, Amiral.

Ému par ses propos, j'abandonnai mon regard de la poignée pour la fixer. Voilà, je m'en souvenais enfin, de ce nom.

– Samidare...

– Faisons de notre mieux ! Me lança-t-elle en fermant les yeux, le sourire aux lèvres.