Hello à tous ! Voilà une fic sur ma nouvelle obsession du moment : Detroit Become Human.

Cette fic se passant à la fin du jeu, veuillez ne pas lire un mot suivant cette ligne si vous ne souhaitez pas spoiler ! Vous êtes averti(e)s !

Nous sommes donc ici suite au jeu, avec un Connor deéviant et un Markus pacifiste avec succès et opinion publique favorable. Je n'ai pas aimé la romance Markus/North, la trouvant trop forcée à mon gout (elle passait son temps à vouloir dézinguer tout le monde, mon Markus était un pur pacifiste et juste parce qu'il accepte de partager des souvenirs, ils tombent amoureux ? Erh…non, je n'y crois pas une seconde. -_- ). Donc ! Voici un moyen de régler ça ! Et de plus Connor a besoin d'un peu d'amour aussi :D

Classée M car certains personnages seront assez libérés dans leurs actions et paroles!

Sur ce, bonne lecture et n'hésiter pas à commenter ! (constructifs please !)


Nous autres

1 : Clarke

Un son violent dans la pièce principale la réveilla en sursaut. S'asseyant sur son lit et essayant de calmer son cœur qui battait la chamade, elle tendit l'oreille, essayant de reconnaître des voix familières dans le soudain brouhaha qui emplissait la demeure familiale au beau milieu de la nuit.

- Clarke ! résonna soudain la voix de sa sœur ainée dans le couloir. On a besoin de toi ! Vite !

Sans attendre et sans prendre le temps d'enfiler quelque chose par-dessus sa chemise de nuit malgré le froid nocturne, elle se leva et sortit de sa chambre pour se diriger rapidement en direction du vacarme.

Dans la salle de consultation de la clinique, c'était le chaos. Jonah vociférait et pestait plus qu'elle ne l'avait jamais entendu faire, Cameron courait dans tous les sens et plusieurs personnes inconnues étaient groupées autour de la table à massage, bloquant le passage.

- Ca suffit, dehors, tous ! hurla soudain Cameron, à bout de nerfs. Je ne peux pas le traiter dans ces conditions ! Clarke, fit-elle d'un ton soulagé. Viens m'aider, vite.

La jeune femme s'approcha de la table, les inconnus la dépassant à pas lourds pour quitter la pièce visiblement à regret. Ils dégageaient tous une odeur âcre de fumée. Qu'avait il bien pu se passer ?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir, sa sœur la mettant immédiatement au travail lui ordonnant de presser de toutes ses forces une compresse sur une plaie ouverte afin de juguler le saignement. L'odeur piquante qu'elle connaissait bien emplit ses narines et elle dut retenir la nausée familière qui venait toujours dans ce type de situation. Face à elle, Jonah maugréait toujours, traitant d'autres blessures alors que Cameron s'affairait dans son dos, nul doute en train de préparer un remède dont elle avait le secret.

- Que s'est-il passé ? demanda Clarke à voix basse, essayant d'ignorer le contact de plus en plus poisseux de la compresse sous ses doigts.

Aucune idée, répondit Jonah en continuant à s'agiter face à elle. Un moment nous étions tranquillement en train de revenir du théâtre et d'un seul coup ce groupe de types débarque sur la route, cramés comme s'ils venaient de sortir d'un incendie !

- Il y a d'autres blessés ? s'enquit-elle en tournant la tête vers sa sœur qui était réapparue à ses côtés.

- Tous les autres tenaient debout, répliqua cette dernière avec le pragmatisme qui la caractérisait si bien. Celui -là était le seul sans connaissance. Cette blessure est sévère, je vais cautériser.

Clarke se retira vivement, l'odeur de brulé remplaçant un faible instant les effluves d'alcool autour d'elle. Elle se dirigea vers l'évier, rinçant ses mains sous l'eau avant de les désinfecter. Elle ne pouvait pas faire grand-chose d'autre pour le moment, n'ayant pas de formation médicale appropriée pour ce genre de cas. Elle se doutait que Cameron l'avait principalement appelée pour la savoir à ses côtés et non seule dans une pièce alors qu'un groupe d'étrangers était à présent sous le même toit qu'eux. Elle fit donc la seule chose qu'elle pouvait faire. Elle s'assit sur un tabouret au bout de la table, posant doucement ses mains de chaque côté de la tête de l'homme allongé là. Le plus légèrement qu'elle put, elle se mit à masser ses tempes et ses joues, chantonnant un air apaisant, espérant que cela puisse l'atteindre et le rassurer, où qu'il soit. Plusieurs patients lui avaient dit que sa voix était douce et tranquillisante. Aussi elle avait pris l'habitude de murmurer des chansons pendant les soins qu'elle prodiguait et elle le faisait parfois sans même s'en rendre compte. Jonah et Cameron ne dirent rien, peut être habitués à cet étrange comportement, ou simplement trop concentrés pour s'en rendre compte. Alors elle continua à chantonner une de ces vieilles chansons que leur mère écoutait toujours, effleurant du bout des doigts les tempes moites du blessé.

« People help the people / les gens aident les gens
And if your homesick, give me your hand and I'll hold it / et si tu as le mal du pays, donne moi ta main et je la tiendrai dans les miennes
People help the people / les gens aident les gens
And nothing will drag you down"... / et rien ne t'entraînera vers le fond.

Après ce qui lui parut une éternité, Cameron poussa un soupir tremblotant.

- Je crois qu'il va s'en sortir, murmura-t-elle alors que Jonah la rejoignait de l'autre coté de la table, pressant ses lèvres contre sa tempe.

Joli travail Cammie, chuchota-t-il tout contre ses cheveux.

- Je n'ai pas fini mais…je pense que ça ira.

Elle se laissa aller quelques secondes à peine à l'étreinte de son compagnon avant d'inspirer profondément et de se redresser, prête à reprendre son travail :

- Clarke, dit-elle à l'attention de sa jeune sœur qui avait cessé de chantonner. Peux-tu aider Jonah à installer les autres dans le dortoir ? Il devrait y avoir assez de lits de disponibles.

- Bien sûr, répondit Clarke en se levant, laissant doucement glisser ses doigts sur le visage de l'homme avant de faire le tour de la table.

- Les draps propres doivent être dans le placard du fond, continuait Cameron, de nouveau penchée sur les blessures à soigner. Si besoin, il y a des oreillers en plus dans…

- Je sais où tout se trouve, l'interrompit gentiment la jeune femme avec un petit sourire.

Elle sentit le regard de sa sœur se poser sur elle alors que Jonah ouvrait la porte pour rejoindre le groupe qui attendait des nouvelles avec impatience.

- Oui…oui bien sûr, fit Cameron en secouant la tête. Excuse-moi.

- Ce n'est rien. Je repasse une fois qu'ils sont installés.

Ne recevant pas de réponse de sa sœur aînée, Clarke quitta la pièce, fermant le plus silencieusement possible la porte derrière elle. Elle se dirigea vers le dortoir, attrapant au passage sa blouse blanche afin de couvrir le plus possible ses jambes et bras nus, autant pour le froid que les regards de tous ces hommes inconnus. Ca ne valait pas un bon vieux pantalon et un bon gros pull, mais cela devrait faire l'affaire. Alors qu'elle sortait les draps et couvertures du placard, elle entendait les voix inquiètes du groupe et celle rassurante et posée de Jonah. Personne ne sembla prêter attention à elle lorsqu'elle pénétra dans la pièce pour poser son chargement sur un matelas.

- Il est dans un état stable, répéta Jonah pour la troisième fois depuis qu'elle avait commencé à écouter la conversation. Il reste encore du travail mais il s'en remettra.

- Mais quand ? demanda un des hommes présents.

- On peut le voir ? fit un autre, lui coupant la parole.

- Non, pas avant demain, répondit Jonah avec son éternelle patience. Docteur Valentine est en train de terminer les soins et il faudra attendre plusieurs heures pour pouvoir avoir un diagnostic final.

- Et qu'est ce qui nous dit que l'on peut vous faire confiance ? rétorqua un troisième homme, la voix dure.

Il y eut un lourd silence alors que Jonah dévisageait longuement celui qui venait de parler. Il finit par pousser un soupir, secouant la tête :

- Rien, admit-il d'un ton calme. Rien du tout. A part que vous vous êtes littéralement jetés sous nos roues pour nous demander de l'aide. Mais si vous souhaitez tenter votre chance là-dehors, vous êtes les bienvenus. Allez chercher votre ami et fermez la porte en partant. Quant à nous, nous allons nous coucher. Bonne nuit Messieurs.

Sur ce, il se dirigea vers Clarke qui n'avait pas bougé et lui prit gentiment le bras. La jeune femme fit un petit signe de tête poli au groupe en signe d'au-revoir et se laissa guider dans le couloir, Jonah refermant la porte derrière eux.

- Tu crois qu'ils vont partir ? chuchota-elle alors qu'ils rejoignaient la salle de consultation où Cameron se trouvait toujours.

- Non, répondit-il avec assurance. Ils savent bien que la meilleure chance de survie de leur compagnon est ici pour l'instant. S'il est sur pieds demain, ce sera une toute autre histoire.

Elle allait lui demander s'il pensait vraiment que cet homme inconscient pouvait se remettre si vite de ses blessures quand Cameron sortit de la salle, retirant ses gants de nitrile.

- Fini ? s'enquit Jonah en s'approchant d'elle pour la prendre dans ses bras.

- Je l'espère, souffla-t-elle, l'air épuisée. Je ne peux rien faire de plus en tous cas. Il faudra voir demain matin si les pansements sont efficaces.

- Alors allons tous nous coucher. Demain va être une grosse journée si l'on doit gérer ce groupe en plus des patients habituels.

Cameron acquiesça avant de se détacher de lui pour prendre Clarke dans ses bras :

- Bonne nuit, souffla-t-elle en la serrant contre elle. Ferme bien ta porte.

- Vous aussi, répondit la jeune femme en lui rendant son geste, avant d'accepter la même étreinte de la part de Jonah. Faites de beaux rêves.

Elle entra dans sa chambre et enclencha le verrou magnétique qui se mit en place dans un claquement sourd. Puis elle posa sa blouse sur la commode avant de se glisser dans son lit. Là, elle tendit l'oreille pour saisir des sons provenant du nouveau petit groupe qui logeait désormais sous leur toit. Mais seulement le silence résonnait entre les murs. Aussi, elle se retourna dans son lit, essayant d'oublier l'odeur de désinfectant sur ses mains, et attendit que le sommeil vienne l'emporter.

oOo

Elle se leva à six heures le lendemain matin, comme tous les matins de semaines. Elle s'habilla, revêtit immédiatement sa blouse puisqu'elle était à portée, et brossa ses cheveux. Elle attrapa ses lunettes qu'elle plaça sur son nez puis sortit de sa chambre, prête à commencer sa journée.

Il n'y avait personne dans la cuisine, ce qui n'avait rien d'étonnant suite aux évènements de la nuit précédente. L'odeur de café flottait néanmoins dans la cuisine ce qui indiquait que Cameron et Jonah étaient bel et bien debout. Ils s'étaient sans aucun doute levés plus tôt pour s'occuper du nouveau patient et le déplacer dans le dortoir le plus tôt possible. Les patients habituels arriveraient à partir de huit heures et avoir un homme sanguinolent sur la table réservée à leur massage n'était pas quelque chose qu'ils s'attendaient à voir, même si ça ne les auraient pas forcément surpris. Mais mieux valait éviter les questions trop indiscrètes.

Clarke se servit un café et avala une tartine avant de se diriger vers la salle de consultation. Jonah s'y trouvait et était sans surprise en train de nettoyer la table de consultation avec du désinfectant.

- Hello Clarke, lança-t-il en souriant en la voyant. Bien dormi ?

- Plus que vous deux en tous cas, répondit-elle en entrant dans la pièce. Vous êtes levés depuis longtemps ?

- Nous n'avons pas vraiment dormis en fait, avoua-t-il en attrapant la bouteille d'alcool. Nous avons passé la nuit à lire les nouvelles pour en apprendre un peu plus sur nos mystérieux visiteurs mais rien de nouveau malheureusement.

Il s'interrompit et Clarke fronça les sourcils, légèrement irritée de cette attitude. Il essayait de lui cacher quelque chose. Encore une fois.

- Et … ? fit-elle pour l'encourager à continuer.

- Et ils avaient tous disparus ce matin, lâcha-t-il avec regret. Tous sauf un et le blessé, ajouta-t-il rapidement en la voyant soudain ébranlée.

- Ça n'a pas de sens, murmura-t-elle en s'entourant se des bras, prise d'un frisson. Sauf…

- Sauf s'ils sont allés chercher du renfort, oui, finit Jonah d'un ton sombre.

Elle frissonna de nouveau, de mauvais souvenirs revenant à la surface. Elle sentit alors les mains de Jonah se poser gentiment sur ses bras pour la rassurer :

- Cameron a déjà appelé Allie pour qu'elle vienne nous rendre visite, dit-il avec un sourire. Elle ne va pas tarder.

- Alors nous sommes sauvés, déclara Clarke sans pouvoir retenir un éclat de rire.

Jonah acquiesça avant de retourner à sa tache. Malgré ce qu'elle venait de dire, Clarke se sentait vraiment rassurée de la venue de son amie. Allie ne faisait pas partie des services de police de Cleveland mais elle vivait dans la caserne et connaissait tous les policiers du voisinage. S'il y avait le moindre problème, il n'y avait aucun doute que toutes les voitures de patrouille du coin seraient là en moins de cinq minutes. Elle se sentait toujours un peu coupable d'utiliser leur amitié de cette façon, son amie ne sachant pas ce qu'il se déroulait véritablement dans la clinique. Mais elle s'était promis de lui dire toute la vérité si jamais la situation l'exigeait. Elle espérait de tout cœur ne pas avoir besoin d'avoir cette discussion dans cette journée.

Se sentant soudain plus légère, Clarke se dirigea vers le dortoir. Elle n'eut pas le temps d'y arriver qu'une tornade la tira vivement hors course jusque dans le local des produits ménagers.

- OK, raconte-moi tout !

- Bonjour à toi aussi Allie, fit-elle avec un sourire en remontant ses lunettes sur son nez. Comment vas-tu ce matin ?

- Bien bien, passons les bavardages insipides, répondit son amie d'une voix irritée. Allez balance : qui est le beau gosse de la chambre bleue ?

Clarke ne savait pas pour sûr que Cameron et Jonah avait installé le blessé dans une des deux chambres individuelles que la clinique possédait, mais elle se doutait que ce fut le cas. Avant la veille au soir, il n'y avait qu'un seul lit du dortoir qui avait été occupé pour un sans abri et les deux chambres avaient été libres. Avant qu'elle n'ait pu répondre, une autre voix résonna depuis le couloir, la faisant légèrement sursauter. Elle ne s'était pas aperçue que quelqu'un d'autre était présent.

- Hey, ça veut dire quoi ça ? grommela le jeune homme, visiblement blessé dans son amour propre.

- Tu as des yeux comme moi non ? répliqua Allie d'un ton sec. Ce mec devrait être en couverture de magazine !

Elle se retourna vivement vers Clarke :

- Comment tu as pu me cacher ça ? accusa-t-elle d'une voix blessée.

- Désolée, répondit la jeune femme avec un petit sourire. Mais je n'ai plus vraiment les capacités de voir le visage de mes nouveaux patients, aussi sexy qu'ils soient.

Elle entendit inspirer rapidement sur sa droite et saisit que le nouveau venu venait juste de comprendre.

Clarke était aveugle.

Malgré les larges lunettes teintées qui cachaient ses yeux laiteux, il était possible de voir les rebords de la large cicatrice témoignant de l'accident qui lui avait fait perdre la vue. Comme de coutume dans ces cas là, elle ressentit la gêne du jeune homme, entendit le bruit du tissu de son pantalon alors qu'il déplaçait son poids d'une jambe à une autre, mal à l'aise. Allie en revanche s'en contrefichait royalement. C'est une des raisons pour lesquelles Clarke l'appréciait tant.

- Mouais, j'y crois de moins en moins à ton personnage de pauvre petite aveugle perdue au milieu de beaux gosses blessés, reprocha-t-elle avec un reniflement dédaigneux. A mon avis, c'est du flan ! Dis-moi, tu vois combien de doigts là ?

Clarke retint un éclair de rire en entendant le gargouillis outré du jeune homme à côté d'elle alors qu'Allie avait très certainement levé sa main devant ses yeux, avec seulement certains doigts levés. Ne pouvant tenir à peine quelques secondes d'un silence pesant, il bredouilla un « à plus tard » mortifié avant de filer. A peine le bruit de la porte d'entrée résonnait à leurs oreilles que les deux jeunes filles éclatèrent de rire.

- « Combien de doigts ? » répéta Clarke en hoquetant. Tu as osé, je n'y crois pas ! Il ne va plus jamais te reparler !

- Pas grave, ce n'était pas un si bon coup que ça, répliqua Allie en balayant le sujet avec son flegme habituel quand il s'agissait des hommes. Alors, tu me racontes ?

- Il n'y a rien à raconter, répondit son amie avec sincérité. Il est arrivé hier soir blessé et maintenant nous attendons qu'il se réveille.

Elle sentit clairement Allie faire la moue. Son amie détestait rester statique. Il fallait toujours du mouvement, du bruit, de l'excitation. Voilà pourquoi elle passait ses journées dans les garages à réparer tout un tas de vieilles et nouvelles mécaniques, qu'elle passait ses soirées dans les clubs et ses nuits entre les draps de séduisants étrangers. Clarke était admirative, et peut être un peu envieuse, de la facilité qu'avait Allie à créer ainsi des liens avec les autres. Des liens fugaces, certes, souvent d'une seule nuit et purement charnels avec les personnes de sexe masculin, mais des liens tout de même. Elle laissait glisser les critiques et n'écoutait jamais les mauvaises langues qui la traitaient de fille facile ou pire encore. Clarke avait été là une fois où un amant éconduit avait vidé sa bile et elle en avait éclaté en sanglots. Allie qui n'avait pas bougé pendant le flot d'insultes avait alors collé sa main dans la figure de bellâtre pour avoir fait pleuré son amie. Sinon elle aurait simplement haussé les épaules et tourné les talons tout en lui faisant un doigt d'honneur. Clarke lui trouvait une certaine classe et lui en était secrètement un peu jalouse. Elle était bien incapable de faire la même chose. Elle arrivait à peine à sortir de la maison par peur de se perdre et ne parlait qu'à sa famille ou aux patients qui allaient et venaient rapidement. Créer un nouveau lien tenait de l'insurmontable.

Elle revint à la réalité lorsqu'Allie posa un baiser sur sa joue en guise d'au revoir :

- Si le beau au bois dormant refuse d'émerger, je file voir Jonah. Le connaissant il doit être en train de réparer un truc quelque part. Et avec de la chance, sans sa chemise !

- Ma sœur est encore ici à cette heure-ci tu sais, rappela Clarke avec un sourire.

- Je suis toujours prête pour relever un défi ! fit la voix de son amie déjà au bout du couloir.

Clarke secoua la tête, toujours le sourire aux lèvres avant de prendre la direction de la chambre bleue, laissant ses doigts glisser sur les murs familiers. Elle savait qu'Allie plaisantait. Son amie aimait flirter, ouvertement et parfois outrageusement, avec tous les hommes qui captait son intérêt. Mais dès qu'il y avait une relation sérieuse en jeu, elle gardait ses distances. Jamais elle n'aurait tenté quoique ce soit pour s'immiscer entre Cameron et Jonah. Elle faisait presque partie de la famille après tout.

Tout était calme dans le dortoir et également dans la chambre lorsqu'elle y pénétra. Elle resta quelques instants en silence, essayant de capter le moindre son, moindre indication d'un geste effleurant le drap ou d'un mouvement de la part de patient mais rien. Pas un bruit.

S'approchant du lit, elle passa doucement ces doigts sur la tablette posée là, lisant le message laissé par Cameron à son intention une dizaine de minutes plus tôt à en croire de temps entré dans la tablette. Le patient était stable et sa vie n'était plus en danger. Il était néanmoins assoupi par le traitement et elle demandait à Clarke de ne pas le déranger. Elle avait ajouté que son ami, celui qui était resté, était à présent en salle de consultation avec elle. Clarke serait donc tranquille. Elle savait qu'elle irait à l'encontre des demandes de sa sœur mais elle souhaitait vérifier qu'aucune articulation n'avait été touchée par l'explosion. C'était pour le bien du patient, Cameron comprendrait. Elle était soulagée que le compagnon de l'inconnu ne soit pas présent à son chevet. Elle détestait avoir quelqu'un qui l'observait travailler, lui posant toujours des questions sur sa cécité et la façon dont cela impactait son travail. Ca ne l'impactait pas. Par le toucher, elle pouvait reconnaitre les muscles, les points de tension à masser pour détendre un corps stressé, les points de pressions pour aider le sang à circuler ou soulager une migraine. Elle pouvait réaligner des os et détendre des articulations douloureuses. Non, vraiment, ce n'était pas sa cécité qui la dérangeait pour faire son travail. Mais plutôt les blablas incessants des observateurs.

Elle se dirigea vers le lavabo, lavant ses mains à l'eau chaude avant de les désinfecter. Puis elle s'approcha doucement du lit et tâtonna avec légèreté jusqu'à toucher l'homme qui se trouvait allongé là. Toujours avec délicatesse et commençant à chantonner sans même s'en rendre compte, elle laissa glisser ses doigts sur la peau nue du bras, arrivant au poignet et ne rencontrant aucune blessure ou brûlure sur son passage. Là, elle entreprit de détendre les doigts un par un pour relâcher la tension et délasser les jointures. Alors qu'elle allait reposer la main de l'homme sur le matelas, elle ne put retenir un sursaut lorsque les doigts de l'homme se refermèrent imperceptiblement sur les siennes.

- Bonjour, fit-elle un sourire soulagé en tournant son visage vers lui tout en gardant ses mains refermées sur la sienne. Vous êtes réveillé ?

Elle tendit l'oreille, essayant de capter un son ou même un grognement. Mais seuls les doigts se resserrant un peu plus entre ses mains lui firent comprendre que l'homme était bel et bien en train de reprendre connaissance.

- Vous avez soif ? Je vais vous cherchez un verre d'eau.

Elle posa doucement la main sur le matelas, essayant d'ignorer avec un petit pincement un cœur le fait que les doigts de l'homme s'étaient légèrement crispés sur les siens comme pour la retenir, et se dirigea vers la commode où elle savait que Jonah tenait toujours prêt un plateau avec des verres et une bouteille d'eau filtrée. Quand elle ouvrit le bouchon néanmoins l'odeur piquante vint effleurer ses narines et elle se fit violence pour ne pas suspendre ses gestes, ne voulant pas alerter son patient. C'était donc ça. Pas étonnant que Jonah et Cameron aient entamé leur petite danse du mensonge à son égard. Elle ne dirait rien, une fois de plus, malgré l'irritation qui grandissait dans sa poitrine à chaque situation de ce type. Elle avait un patient à traiter, qui qu'il soit. Le reste importait peu.

Elle revint vers le lit, faisait glisser sa main sur le matelas jusqu'à trouver la commande pour relever l'homme en position semi assise. Puis, touchant tout d'abord son épaule et ensuite plaçant une main légèrement sur sa joue afin de pouvoir localiser le coin de sa bouche, elle porta doucement le verre à ses lèvres. L'homme but à petites gorgées et quand elle sentit sa tête repartir en arrière, elle retira le verre, le posant sur la table à côté du lit.

- Merci, souffla-t-il.

Il avait la voix rauque, fatiguée. Mais il parlait, ce qui était une excellente nouvelle. Aussi, lui reprenant la main, elle lui adressa un grand sourire.

- Je vous en prie. Comment vous sentez vous ?

Il y eut un bref silence durant lequel elle sentit les doigts de l'homme tressauter dans les siens. Il était en train d'essayer de comprendre ce qu'il se passait et s'il était en sécurité. S'il pouvait lui faire confiance. Aussi, elle attendit patiemment, souriante et détendue. Elle savait conserver les apparences mieux que quiconque après tout. Cela faisait des années que ni Cameron ni Jonah ne se doutaient qu'elle avait saisi leur petit manège. Un sang-froid parfait.

- Bien, compte tenu des circonstances, finit-il par répondre. Mais je n'arrive pas à bouger correctement.

- C'est normal, le rassura-t-elle en serrant sa main en signe d'apaisement. Afin que vous puissiez vous remettre, le Docteur Valentine vous a administré un léger sédatif. Vous devriez vous sentir mieux très bientôt.

Elle sentit clairement son regard sur elle. Il devait essayer de comprendre, de la percer à jour. Néanmoins, elle ne venait de lui dire qu'un demi-mensonge. Mieux, elle lui resservait uniquement les faits qu'elle était sensé connaître, les faits donnés par Cameron et Jonah. Combiné à son sang froid et son sourire, elle aurait passé haut la main n'importe quel détecteur de mensonges. Elle le sentit se détendre, sa main se relaxant dans le siennes et cela lui fit plaisir. Trop de stress n'était bon pour personne, encore moins pour une personne qui avait été grièvement blessée la veille au soir.

- Où est ce qu'on est ? demanda-t-il enfin.

- Dans la clinique Valentine d'Oakwood, Cleveland. Je suis Clarke et je m'occuperais de vous pendant votre convalescence chez nous. Et vous êtes ?

Il y eut un autre silence, durant lequel elle sut qu'il hésitait à lui dire ou non la vérité. Si seulement il savait que peu importait, que la moitié des patients venaient sous de fausses identités dans cette clinique. Cela aurait été rafraichissant d'avoir pour une fois un vrai nom, mais elle se doutait bien que ce ne serait pas le cas.

- Mark, répondit-il enfin. Je m'appelle Mark.


A suivre… Chapitre 2 : Markus

Voilà ce premier chapitre ! Clarke n'est pas si dupe que tout le monde le croit ! La chanson est de Birdie « People help people » si vous voulez l'écouter. L'histoire se découpera sur quatre personnages, chacun aura un chapitre dédié à son point de vue. La prochaine fois, notre Markus va essayer de comprendre ce qu'il se passe ! N'hésitez pas à commenter ! A bientôt !