Disclaimer : Le monde de Harry Potter et les personnages inventés par JK Rowling ne m'appartiennent (évidemment) pas. Je me contente simplement de rajouter quelques uns de mes propres ingrédients à sa délicieuse soupe.

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Chapitre 1er

Picoti, picota…

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« N'oublie pas d'analyser l'eau du robinet avant de la boire, sait-on jamais, lança Bret, un grand gaillard nonchalamment affalé sur un des canapés de la Salle Commune. »

« Et vérifie aussi s'il n'y a pas de monstres sous ton lit, compléta Quintus en riant. »

Au milieu des éclats de rire, le « C'est cela, oui… » sarcastique d'Amy passa presque inaperçu.

« Bon, c'est pas tout ça, les enfants, mais moi je vais aller me coucher, poursuivit-elle, un peu plus fort. »

« Je crois bien que je vais suivre ton exemple, intervint Aurélie. Bonne nuit tout le monde. »

« Eh Amy, fait gaffe à ne pas te coincer les doigts dans la porte, hein ? jeta Quintus avant que les deux filles ne passent le pas de la porte. »

Une fois de retour dans leur dortoir, Amy poussa un soupir fatigué. La pièce avait apparemment été désertée par les deux filles avec qui Aurélie et elle la partageaient, et Amy n'était pas mécontente de cette absence. Elle avait besoin d'un peu de calme pour réfléchir. Elle enfila son pyjama sans prononcer un mot, perdue dans ses pensées. Qu'était donc cet étrange pressentiment qui ne l'avait pas quitté depuis le matin même ? C'était la première fois de sa vie qu'elle ressentait quelque chose de semblable – un peu comme un mot qu'on a sur le bout de la langue, mais dans ces cas-là, on savait au moins ce qu'on cherchait, alors qu'elle n'avait aucune idée de ce que pouvait bien être cette pensée qui ne cessait de poindre dans un coin de son esprit, pour disparaître aussitôt.

Avec un nouveau soupir, elle rejoignit Aurélie dans la petite salle de bain attenante au dortoir.

« Tu sais, dit finalement Aurélie, tu ne devrais pas t'en faire pour leurs moqueries. Tu connais Bret et Quin – ils s'en souviendront bientôt plus... »

« Je sais, la coupa Amy, prenant le temps d'essuyer son visage dégoulinant d'eau avant de poursuivre, c'est pas tant ça qui me gêne. A la limite, qu'ils me prennent pas au sérieux, c'est pas exactement agréable mais bon, les connaissant... »

« C'est ce pressentiment qui te préoccupe alors ? »

Amy jeta un coup d'œil à son amie dans le miroir avant de se mettre à se brosser les dents vigoureusement. Finalement, décidant que la voix d'Aurélie était dépourvue de toute trace de moquerie ou d'exaspération, elle se rinça la bouche et s'assit, le dos contre un des murs de la petite salle d'eau.

« J'arrive pas à déterminer ce que c'est, mais il y a quelque chose qui me… tracasse, je suppose. C'est pas comme d'habitude, tu sais, l'impression d'avoir oublié quelque chose ou bien un déjà vu. C'est comme si quelque chose avait changé, ou allait changer, j'arrive pas à mettre le doigt dessus… Je suis désolée, tu dois avoir envie d'aller te coucher et tout… »

« T'inquiète, je suis pas à quelques minutes près, répliqua Aurélie en s'asseyant à côté de son amie. Mais t'es sûre que c'est pas un rêve que tu aurais fait la nuit dernière qui t'aurait laissé cette impression-là ? »

Amy se frotta les tempes dans l'espoir que cela l'aiderait à réfléchir.

« Je pense pas… mais d'un autre côté, je me souviens plus du tout de ce dont j'ai rêvé, donc c'est possible. Je dois sûrement prendre tout ça trop au sérieux. Si ça se trouve, c'est juste un début de grippe qui me donne des vertiges ou un truc du genre… »

« Tu es convaincue par ce que tu viens de dire ? »

« Pas vraiment… »

Et pour la énième fois de la soirée, Amy soupira.

« Pourquoi t'es pas allé voir Mme Pomfresh ? »

« Pour lui dire quoi exactement ? 'Excusez-moi, vous n'auriez pas quelque chose contre les mauvais pressentiments inexplicables ?' En plus, plus j'y réfléchis, moins ça devient clair. Je pense que la meilleure chose qui me reste à faire c'est me coucher en espérant que demain tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes… »

Comme pour donner plus d'impact à ces paroles, les deux voisines de chambre d'Amy et Aurélie choisirent ce moment pour entrer dans le dortoir, coupant court à toute tentative de poursuivre la conversation. Répondant par deux ou trois petites remarques devenues presque rituelles avec le temps aux commentaires de ses camarades, Amy se glissa dans son lit et referma ses rideaux, non sans avoir échangé auparavant un regard éloquent avec Aurélie. Et, au son assourdi des bavardages familiers de ses compagnes de dortoir, Amy sombra rapidement dans un sommeil inquiet.

...

Quelques heures plus tard, Amy se retourna dans son lit. Deux yeux tristes, c'était tout ce dont elle se souvenait du rêve qu'elle venait de faire. Elle les connaissait, ces yeux, même si elle ne se souvenait plus vraiment d'où elle avait bien pu les voir. Tournant et retournant cette question dans son esprit, Amy se rendormit graduellement – ou du moins, c'était l'impression qu'elle eut sur le moment. Elle rêvait qu'elle était allongée dans son lit, dans son dortoir de Poudlard. Elle se redressa, prit sa baguette magique et quitta la chambre sur la pointe des pieds.

« Picoti, picota, prend sa baguette et puis s'en va. »

Alors qu'elle parcourait les couloirs déserts de l'école, elle ne parvenait pas à déterminer pourquoi cette phrase lui était soudainement venue, ni pourquoi elle la mettait tellement mal à l'aise.

« Picoti, picota… »

Elle descendit un nouvel escalier et tourna à droite.

« Picoti, picota, lève la baguette et puis… »

Et là, au milieu d'un couloir du deuxième étage, Amy s'évanouit.

...

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, quelques secondes ou quelques heures après, elle constata qu'elle était toujours au même endroit. La seule différence était qu'elle n'était désormais plus seule dans le couloir. Elle eut la désagréable surprise d'accrocher du regard l'éclat d'un badge de préfet. 'Au moins, c'est pas un prof,' relativisa-t-elle avant de lever les yeux vers la personne à qui appartenait le badge. Un garçon qui devait avoir son âge était accroupi à côté d'elle. Elle fronça légèrement les sourcils : peut-être était-ce le choc qu'elle venait de recevoir, mais elle ne parvenait pas à replacer ce visage mince et pale. Il lui rappelait pourtant quelque chose… elle fit défiler la liste des préfets dans son esprit : Matt ? Non, il avait les cheveux trop courts. Percy ? Il manquait les lunettes et ses cheveux n'étaient pas roux. Silvius ? Non. Alex ? Marcus ? Non.

« Euh, ça va ? demanda le garçon. »

« Oui, oui. »

'M'allonger en pyjama dans les couloirs est un de mes passe-temps préférés,' faillit-elle ajouter, mais se contenta finalement de serrer ses bras nus contre sa poitrine en quête de chaleur. L'inconnu-qu'elle-avait-l'impression-d'avoir-dèjà-vu-quelque-part reprit la parole :

« Attends, je vais te passer ma robe. »

« Euh… merci… »

« Remus, compléta-t-il avec prévenance. »

« Remus ? »

Et la lumière fut. Comment n'avait-elle pas fait le rapprochement plus tôt ? Remus Lupin, le meilleur professeur de Défense qu'elle ait jamais eu, Remus Lupin aux yeux de lune triste se tenait à présent devant elle. Remus Lupin, le professeur ? Pas tout à fait, non…

« Oui, Remus… reprit-il plus doucement, surpris par la lueur de panique qu'il venait de voir dans les yeux de la jeune fille. »

« Ah, d'accord. Euh… moi c'est Amy… je… je crois qu'on devrait aller voir le directeur. »

« Je crois bien que t'as raison. »

Et il lui tendit la main pour l'aider à se mettre debout. Les dalles étaient froides sous ses pieds nus. Elle resserra frileusement la robe de Remus contre elle. La chaleur de son propriétaire émanait encore d'elle et Amy tenta de se concentrer sur ce fait pour faire ralentir le train de ses pensées. Etait-elle encore en train de rêver ? Elle regarda autour d'elle. Non, tout avait l'air trop réel. Et puis dans les rêves, même les choses les plus absurdes semblaient aller de soi, alors que là, ça n'était pas le cas. Elle ne rêvait donc pas. Mais alors, que s'était-il passé ? Elle ne se rappelait pas avoir prononcé la moindre parole ou fait le moindre mouvement de baguette. Ce n'était donc pas de son propre accord qu'elle s'était retrouvée ici… dans le passé ? Dans un univers parallèle ? Elle avait lu quelques articles sur ce sujet pour un devoir d'Histoire de la Magie, lorsqu'elle était encore en 6e année. Et ce qu'elle était en train de vivre ne ressemblait en rien aux descriptions qui en étaient faites dans ces textes, mais qui sait…

« On est arrivé. Frambouille. »

Après une courte pause, il jugea bon de préciser :

« C'est le mot de passe... »

« Je sais, répondit-elle avec une pointe de soulagement dans la voix. C'est Dumbledore votre directeur, non ? »

« Tu le connais ? »

« Oui, répondit Amy sans approfondir sa réponse. »

Et, sur ce, elle frappa trois petits coups à la porte du bureau et attendit une réponse pour pousser la porte.

« Tu crois qu'il dort ? fit Amy après quelques instants de silence. Il est quelle heure ? »

« Pas loin de minuit… qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

Ils étaient sur le point de revenir sur leurs pas quand la porte s'ouvrit en grand. Dumbledore, une cape de voyage à la main, leur adressa un sourire radieux.

« Il me semblait bien que j'avais entendu des voix. Entrez, entrez, je vous en prie. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »

Dans le bureau, éclairé par la lueur d'un feu de cheminée dont les derniers reflets verts se dissipaient, ils prirent place en face du directeur.

« Eh bien, c'est-à-dire que… bredouilla Amy sans trop savoir par où commencer. »

Elle prit une grande inspiration et jeta un regard en biais à Remus. Etait-il vraiment prudent d'expliquer la situation en sa présence ? Mais comme Dumbledore ne paraissait pas avoir l'intention de lui demander de partir, elle décida de se lancer :

« Voilà ce dont je me souviens : hier soir, je me suis couchée comme d'habitude. Vers le milieu de la nuit, je me suis réveillé, puis j'ai fait un rêve étrange dans lequel je me levais et je marchais dans les couloirs de l'école. Puis, je suis tombée dans les pommes et je me suis réveillée ici. »

« Ici ? Que voulez-vous dire par cela, Miss… ? »

« …McGrath. Amy McGrath. Eh bien, 'ici', c'est un endroit différent de celui dans lequel je me suis évanouie hier. Par exemple, Remus, je le connais, mais là d'où je viens, il a une trentaine d'années et c'est mon professeur de Défense contre les Forces du Mal, alors que là… »

Remus se retourna vivement vers elle. Un instant, elle se demanda pourquoi il paraissait tellement surpris, puis elle retourna son attention vers le directeur.

« Je vois. Pourrais-je savoir quelle était la date, la veille de votre… départ ? »

« Le 14 octobre 2005. »

« Je vois, je vois. Parce qu''ici', nous sommes le vendredi 14 – ou plutôt le samedi 15 octobre 1990. »

« Ah. »

Ce fut la seule chose que la jeune fille trouva à répondre à cette constatation. Elle s'y attendait, mais ça ne rendait pas pour autant le fait plus facile à accepter. Elle déglutit péniblement et demanda :

« Et… je fais quoi maintenant ? »

« C'est une excellente question, Miss McGrath, fit Dumbledore. »

Il n'aurait pas été plus enthousiaste si on lui avait annoncé que son voeu le plus cher venait d'être exaucé. La surprise d'Amy dut se lire sur son visage car il reprit sur un ton plus modéré.

« Vous n'avez aucune idée de comment vous êtes parvenue à effectuer ce voyage dans le temps ? »

« Absolument pas. Je n'ai rien fait du tout. C'est comme si quelqu'un avait contrôlé tous mes mouvements et m'avait, d'une manière ou d'une autre, envoyé ici sans me demander mon avis. Je me souviens d'une comptine pour enfant qui me trottait dans la tête lorsque je me suis évanouie… 'Picoti, picota…' ou quelque chose du genre… »

Amy marqua une pause.

« Et puis, je ne pense pas que ça ait été fait par accident : je savais qu'il allait se passer quelque chose. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a mis sur la voie, mais depuis plusieurs jours, je le sentais. Et hier, ça s'est brusquement amplifié, et puis… voilà. »

« Vous pensez donc que quelqu'un vous aurait sciemment transporté dans le passé, malgré tous les risques que cela peut comporter, demanda Dumbledore avec un air calculateur. »

« Je sais que ça a l'air complètement absurde dit comme ça mais c'est l'impression que j'ai. Quant à savoir pourquoi je me retrouve ici… »

« Je vois. Je ne pourrais pas vous l'affirmer avec certitude, mais il se pourrait que je sache de quoi il s'agit. Cependant… continua-t-il en voyant que Amy brûlait de lui poser une question, cependant, je préfèrerais prendre le temps d'y réfléchir avant de vous donner de fausses indications. Pour ce qui est de la présente situation, je vous avouerais que je n'ai jamais rien connu de semblable. Vous étiez encore à Poudlard à votre époque, c'est cela, Miss McGrath ? »

« Oui, j'étais en 7e année. »

« Bien. Etant donné le fait que je ne peux vous garantir la courte durée de votre passage ici, je suggère que vous poursuiviez vos études ici même. »

Amy ne s'attendait évidemment pas à ce que le directeur ait une solution miracle à sa présente situation, mais l'entendre dire qu'elle allait devoir poursuivre ses études ici, dans un Poudlard qui lui était pratiquement inconnu, sans ses amis, sa famille, sans tout ce petit univers qu'elle s'était créé au cours de ses six années dans l'école… Elle ne parvenait même pas à saisir pleinement tout ce que cela signifiait. Elle ne ressentait rien que de l'incompréhension et un sentiment diffus, mélange de désespoir, de désorientation et de terreur.

« Vous voulez dire qu'il se pourrait bien que je reste ici pendant plusieurs semaines ? Plusieurs mois même ? demanda-t-elle en levant les yeux vers le vieil homme. »

Elle dut se faire violence pour empêcher sa voix de trembler.

« Je crains que ça ne soit le cas, Miss McGrath, répondit-il avec gravité. A moins que nous ne trouvions le moyen d'inverser le sortilège ou que la personne qui vous a envoyé ici ait la gentillesse de vous renvoyer dans votre époque, je ne vois pas comment vous aider pour le moment. »

Amy avait la tête qui tournait. Comme dans un rêve, les figures de Remus et Dumbledore flottaient autour d'elle, tour à tour définies et floues. Le directeur parlait toujours mais elle avait du mal à se concentrer sur ses paroles. Il se pencha vers elle par-dessus son bureau et elle sursauta de le trouver soudain si près.

« Je ne peux pas vous promettre de trouver une solution, disait-il. Je peux cependant vous assurer que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire en sorte que votre séjour ici soit d'aussi courte durée et aussi confortable que possible. A ce propos, il se fait tard. »

Les cinq aiguilles de l'étrange horloge accrochée au-dessus de la cheminée pointaient vers divers symboles dont Amy ignorait la signification. Le bâillement étouffé de Remus était nettement plus simple à déchiffrer et lui fit prendre conscience de son propre épuisement.

« Voilà ce que je vous propose Miss McGrath. Si vous le voulez bien, demain, vous vous rendrez sur le Chemin de Traverse pour vous procurer ce dont vous aurez besoin – uniformes, matériel nécessaire pour les cours auxquels vous souhaitez assister… Vous avez votre baguette avec vous si mes souvenirs sont bons ? »

« Oui, répondit-elle d'une voix terne. »

« Parfait, il se pourrait aussi que vous ayez besoin de vous rendre dans la partie moldue de Londres, mais je suppose que vous savez comment faire. »

« Oui. »

« Très bien. Une fois que cela sera réglé, je vous demanderais de passer me voir dans mon bureau, pour que nous puissions discuter des modalités de votre nouveau statut d'élève. Il me semble que le plus sage serait de mettre sur pied une histoire qui contienne suffisamment de vérité pour que vous puissiez vous y tenir sans rien révéler de compromettant, mais qui permette d'expliquer votre arrivée tardive et votre léger décalage avec notre époque. Votre aide, M. Lupin, sera alors la bienvenue pour assurer qu'il n'y ait pas de dérapage majeur. »

Remus, qui s'était légèrement redressé lorsque le directeur s'était adressé directement à lui, hocha la tête et jeta un coup d'œil à Amy, avachie sur son propre siège. Elle ne semblait pas avoir entendu le moindre mot du discours du directeur.

« D'autre part, poursuivit Dumbledore gravement, être projeté dans un monde totalement inconnu, sans repères fiables, est loin d'être une expérience facile. Enrichissante certainement, mais difficile. Je compte sur vous, M. Lupin, pour apporter tout le soutien nécessaire à votre camarade en cas de besoin. Vous serez la seule personne à connaître sa véritable identité, et donc la seule personne à pouvoir la soutenir pleinement en connaissance de cause. Je vous encourage tous les deux à garder le silence sur la particularité de la présence de Miss McGrath ici. »

Dumbledore les regarda un instant attentivement, ses étranges yeux bleus éclairés d'une lueur qu'Amy aurait pris pour de l'exultation si la situation avait été différente. Mais d'un autre côté, elle n'avait jamais été capable de déchiffrer le regard du directeur. Elle allait reprendre le cours de ses pensées lorsque Remus se mit à parler pour la première fois depuis leur arrivée dans le bureau.

« Je me demandais, Monsieur… comment faire pour éviter de créer une situation qui changerait le cours de l'histoire… ? Je suppose que le problème dans le cas de Amy est plus ou moins le même qu'avec les Retourneurs de Temps… »

« Effectivement M. Lupin. C'est une des raisons pour lesquelles je vous voudrais de nouveau vous conseiller de ne rien révéler à vos camarades. Je n'ai aucun de moyen de m'assurer de votre silence, il en va donc de votre sens de responsabilité. Il sera sûrement mis rudement à l'épreuve, d'autant que vous venez d'une époque suffisamment proche de la notre pour que certain des visages que vous aurez à côtoyer ne vous soient pas inconnus. Il est cependant crucial que vous preniez pleinement conscience du risque que représente une révélation prématurée. »

Cette question semblait avoir attiré l'attention la jeune fille. Amy s'agita un peu sur son siège avant de s'exclamer :

« Mais comment est-ce que je peux savoir si le moindre de mes gestes ne risque pas de tout faire s'écrouler ? Comment savoir si j'étais effectivement supposée faire ce que je faisais ou non ? »

« Miss McGrath, savoir si nos actions les plus insignifiantes ont un effet sur le déroulement des événements est une question à laquelle il est difficile de répondre. Vous serez cependant peut-être rassurée d'apprendre que, si vous êtes là en ce moment même, c'est que vous étiez déjà incluse dans ce que vous considériez comme le 'passé' lorsque vous étiez encore à votre époque. »

« Vous voulez dire que l'histoire avait pris note de mon passage alors même que j'ignorais que j'allais aller dans le passé… ou quelque chose comme ça ? »

« Effectivement. »

« J'ai l'impression d'être un chat cherchant à attraper sa propre queue… geignit la jeune fille. »

« C'est un peu cela, oui, concéda Dumbledore avec un sourire. Il est grand temps de prendre un peu de repos à présent. Miss McGrath, je vais vous conduire à une des chambres d'hôtes de Poudlard. Les elfes de maison vous y apporteront votre petit déjeuner, et je viendrai moi-même vous chercher pour organiser votre départ pour le Chemin de Traverse…. »

« Oh, Monsieur… commença Amy, se souvenant brutalement de quelque chose. Je n'ai pas d'argent. Et pas d'habits. Du tout… »

« Ne vous en faites pas. Vous trouverez des vêtements de rechange à votre disposition dans votre chambre. Quant à l'argent, si vous le permettez… »

« Vous n'allez pas me donner des sous… ? se récria Amy, éberluée. »

« Considérez cela comme un prêt sans intérêts, fit le directeur en sortant une bourse en cuir d'un de ses tiroirs. »

« Mais… comment est-ce que je pourrais faire pour vous rembourser ? »

« C'est un des problèmes auxquels il nous faudra trouver une solution demain. Cependant, avant d'aller nous coucher, il reste un petit détail à régler : votre apparence. »

« Pardon ? »

« Ne vous en faites pas, je ne ferai que quelques modifications superficielles. De cette manière, le lien entre vous et votre famille – vos parents étaient eux-mêmes élèves à Poudlard il n'y a pas trop longtemps – mais surtout, le lien entre vous et votre futur vous ne sera pas trop apparent. »

« Je vois… »

« Vous permettez, Miss ? »

Les yeux fixés sur la baguette du directeur, Amy hocha brièvement la tête. Un instant plus tard, elle dévisageait son nouveau visage dans le miroir conjuré par Dumbledore. Ce n'étaient effectivement que des changements mineurs, si on les considérait séparément. Ses cheveux raides étaient à présent plus sombre et ondulés, sa peau plus mate, ses yeux d'un bleu plus soutenu. En reculant un peu le miroir, la jeune fille constata que son nez semblait s'être allongé, de même que son visage. Ses sourcils étaient plus arqués et ses mains plus fines. Et elle avait des taches de rousseur. Sidérée, elle leva les yeux vers Dumbledore.

« Vous êtes sûr que je ne suis plus reconnaissable, Monsieur ? fit-elle d'une voix légèrement plus grave qu'auparavant. »

« Pas immédiatement du moins. Le plus gros risque vient de votre maintien. C'est là qu'apparaît clairement que vous êtes la fille de Claire Millar. Elle a quitté Poudlard il y a plus de sept ans maintenant, il n'est donc pas évident que les professeurs l'ayant connue fassent immédiatement le rapprochement. Je vous conseille cependant de vous montrer prudente. »

De nouveau, Amy hocha.

« Bien, cela étant dit, Morphée nous appelle, il me semble. »

Et d'un mouvement décidé, le vieil homme se leva et fit signe à Amy et Remus de le suivre. Quelques minutes plus tard, le petit groupe s'arrêta devant le portrait d'une fileuse.

« Bonsoir Magde. Pourrais-je avoir recours à tes services pour un instant seulement ? Cette jeune fille souhaiterait utiliser la Chambre d'Amy… »

Au coup d'œil interrogateur de la jeune fille, il se reprit rapidement.

« Je vous demande pardon, la chambre d'ami qui se trouve derrière votre portrait. »

« Mot de passe, lança la vieille femme, sans lever les yeux de son ouvrage. »

« Si mes souvenirs sont bons, le dernier invité avait porté son choix sur 'Mouche' pour une raison quelconque… »

« Quel sera le nouveau mot de passe ? »

« Miss McGrath, je vous en prie… »

Amy considéra un instant le tableau qui cachait l'entrée de la chambre.

« Candélabre, annonça-t-elle après un instant d'hésitation. »

« Parfait. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne nuit et à demain, Miss McGrath. Remus, je compte sur votre discrétion… »

« Oui, Monsieur. Bonne nuit. A bientôt Amy ! »

Et Amy se retrouva seule devant le tableau. Elle tira légèrement sur le cadre afin de révéler l'entrée de sa chambre. Sa fatigue eut rapidement raison des dizaines de questions qui se bousculaient dans sa tête. Elle remarqua à peine la première pièce qu'elle traversa. La première porte qu'elle trouva donnait sur une petite salle de bain, et elle ne put s'empêcher de sursauter en se voyant dans le miroir. Elle eut plus de succès avec la deuxième porte, derrière laquelle se trouvait un lit douillet, recouvert d'un édredon on ne peut plus accueillant. Sans attendre, Amy s'effondra dedans et s'endormit immédiatement.

...

A/N : Chers lecteurs, soyez les bienvenues dans ma toute nouvelle histoire ! J'espère que ce premier chapitre vous aura plu ! Petite précision avant de vous laisser – ceci est un récit qui se divisera en deux ou trois 'livres'. Je sais combien il est frustrant de lire des histoires sans fin et je n'ai décidé de commencer à mettre mes premiers chapitres sur que parce que je suis (presque) certaine d'arriver à mener mon projet à bout.

En attendant d'y arriver, conseils, opinions et compliments sont les bienvenus (si vous avez des critiques négatives, n'hésitez pas à m'en faire part aussi, tous les commentaires sont les bienvenus et m'aideront, j'espère, à progresser dans mon écriture.)

Merci d'avoir pris le temps de lire ce chapitre !