Dans mon monde il faut veiller toutes les nuits.
Je monte la garde et m'assure que rien ne vienne troubler le sommeil de mes hommes, de mes femmes et surtout de mon fils et de ma fille.
On se relève chacun son tour.
Mais même quand je ne suis pas de garde, le sommeil ne vient jamais tout de suite et il est toujours troublé.
Je n'arrive pas à me souvenir la dernière fois que j'ai pu passer une nuit complète.
En fait si, quand j'étais plongé dans le coma.
Cela remonte il y a quoi, 15 ans.
C'était un autre monde, une autre époque, une période révolue, qu'on ne connaîtra plus jamais.
Et encore moi j'ai eu la chance de la connaître.
Les immunisés, la nouvelle génération ne connaîtront jamais ce monde.
Je pense notamment à ma petite Judith, je ne suis plus inquiet pour elle désormais quand elle tombe malade, mais je dois encore la protéger coûte que coûte.
Je me souviendrais toute ma vie de la douleur que j'ai ressentie quand elle s'était fait mordre.
Ce jour là j'avais été faible je n'avais pu me résoudre à abattre ma petite fille, grâce au ciel !
Au début personne n'avait voulu me croire quand je proclamais qu'elle s'était fait mordre il y avait plus de 72 heures.
Il me prenait tous pour un fou.
Heureusement j'avais su les convaincre et ils avaient alors pu constater par eux mêmes.
Par la suite il y a eu d'autres cas, jusqu'à que cela devienne une certitude:
Toute personne née après le début de l'épidémie, n'était ni infectée par les maladies ni par les morsures.
Pire (ou mieux) une fois morts ils ne revenaient pas…
Aujourd'hui les morts dans notre groupe se sont considérablement réduites.
Tous les gestes de survie sont devenus des habitudes, des gestes quotidiens.
Nous ne tombons plus sur des groupes cinglés car si ils ont réussi à rester en vie jusqu'à maintenant, c'est qu'ils sont assez intelligents et soudés pour ne pas se massacrer ou se faire bouffer !
Le temps passe, les journées se ressemblent et l'ennui commence tranquillement à s'installer.
Mais là tout de suite la période la plus dangereuse de l'année approche, le plus important est donc de se préparer à affronter le prochain danger:
Car l'hiver vient !
