Et hop, voici le premier chapitre de ma nouvelle fic qui promet d'être assez longue. Attention aux spoilers sur tout le manga.

Bonne lecture.

disclamer: les personnages ne m'appartiennent pas et tout et tout...


Le pacte

Chapitre 1 : La rencontre

Tranquillement installée sur son lit, une adolescente blonde d'à peine douze ans lisait un épais volume emprunté à la bibliothèque de son père. Elle aurait préféré s'étendre dans l'herbe du jardin, mais celle-ci était si peu entretenue qu'elle lui arrivait jusqu'à mi-mollet, aussi la jeune fille craignait-elle de faire une mauvaise rencontre. En effet, bien que Liza n'osât pas l'avouer, elle avait peur des insectes, surtout des rampants qui pourraient grimper partout sur elle, et la chatouiller du léger contact de leurs pattes. Elle savait que ces petites bêtes ne lui feraient pas de mal, mais c'était plus fort qu'elle, elle les trouvait si hideuses qu'elles la dégoûtaient carrément. À chaque fois qu'elle en croisait une, elle ne pouvait réprimer un cri qui alertait toujours son père qui arrivait mort d'inquiétude et qui repartait en la réprimandant, pestant qu'elle l'avait encore dérangé pour rien.

Berthold Hawkeye n'était pas ce que l'on pouvait appeler un père exemplaire ; sa femme était décédée depuis environ trois ans, et depuis, l'alchimiste s'était enfermé dans ses recherches, délaissant sa fille, et pour cela, Liza haïssait l'alchimie. Cependant, l'ouvrage qu'elle tenait traitait de cette science si mystérieuse qui, malgré tout, l'intriguait. Oui, elle voulait comprendre pourquoi son père ne s'intéressait qu'à elle et non pas à sa fille. Jamais il ne demandait à connaître ne serait-ce que ses résultats scolaires, jamais il ne cherchait à savoir s'il ne lui payait pas une école au-dessus de ses moyens pour rien. C'était d'ailleurs la seule chose qu'il eût fait pour elle. Cependant, la jeune fille se demandait si son père était réellement conscient de l'état de leurs finances puisqu'après tout c'était elle qui gérait tout depuis la mort de sa mère, que ce soit pour l'entretient de la maison ou de leur compte en banque approvisionné elle ne savait comment; bien que son père ne travaillât pas, il semblait percevoir un revenu tous les mois. Toutefois, bien qu'intriguée quant à son origine, elle n'avait jamais osé lui poser une seule question à ce sujet. Elle avait également appris à imiter la signature de son père pour signer les chèques qui permettaient de payer son école, même si, plus d'une fois, elle avait été tentée de quitter cet établissement pour un autre moins coûteux, certaine qu'il ne le remarquerait pas, mais elle se rappelait toujours avec amertume à quel point sa mère avait été fière qu'elle y soit entrée. Plus que tout au monde, Liza Hawkeye voulait croire que sa mère aurait été fière d'elle si elle avait été encore de ce monde.

En outre, son père lui faisait peur, lorsqu'il se plongeait de longues heures durant dans l'étude d'un épais traité d'alchimie, comme possédé par une mystérieuse force. La jeune fille referma son livre en s'asseyant en tailleur sur son lit ; contemplant la couverture, elle se demanda si elle ne s'était pas lancée dans cette voie pour qu'il la remarque. Pourtant, malgré ses efforts, il semblait ne pas la juger digne de suivre ses pas. Le matin même, alors qu'elle lui apportait un café pour être sûre qu'il le boive, il lui avait annoncé qu'il avait reçu la réponse qu'il attendait depuis des semaines. De prime abord, elle n'avait pas compris, mais elle se rappela bien vite que quelqu'un avait écrit à son père pour lui demander de le prendre en apprentissage. Elle le savait solitaire, elle ne s'en était donc pas souciée outre mesure, toutefois, l'alchimiste avait été ravi d'accueillir un élève avec qui partager son savoir, au plus grand malheur de Liza.

Elle ne voulait pas de cet apprenti ; il n'était pas encore arrivé et il était déjà le centre de l'attention de son père. Elle le savait, tout ne tournerait plus qu'autour de lui, et elle serait définitivement effacée. À la suite de cette annonce, il lui avait demandé de préparer la chambre d'amis de manière à ce qu'il soit bien installé. Bien sûr, elle devrait également lui préparer ses repas et faire son ménage, comme elle le faisait avec son père. Jamais il ne s'était soucié de savoir si elle ne manquait de rien ! Pour couronner le tout, il avait décidé d'aller le chercher lui même à la gare, il allait sortir de sa tanière pour lui, alors que c'était toujours à elle de venir à lui si elle désirait le voir, et encore, la plupart du temps elle se faisait jeter ; elle n'avait rien à faire dans son bureau, elle l'indisposait.

Liza avait tout accepté d'un hochement de tête mais était vite repartie, les larmes aux yeux. Son père voulait qu'elle essaie de devenir l'ami de son élève, pour qu'il ne se sente pas de trop alors qu'au final, c'était elle qui serait de trop, c'en était plus qu'elle ne pouvait supporter. Elle n'avait pas d'amis, mais ça, il ne le savait pas parce qu'il ne lui avait jamais demandé. À l'école, elle arrivait à cohabiter avec les trois filles qui partageaient sa chambre d'internat, mais elle était tellement discrète et renfermée que personne ne s'intéressait à elle. Elle était toujours plongée dans ses livres de cours pour ne pas penser à tout ce qu'elle manquait.

Non, non, non, Liza ne voulait pas de ce Roy Mustang qui viendrait d'ici deux jours s'immiscer dans sa vie. Soit, elle cuisinerait pour lui, puisqu'elle cuisinait déjà pour deux, mais elle se refusait à être agréable avec cet importun qui venait détruire le peu de relation qu'elle avait avec son père. Lorsqu'elle était au collège, elle pouvait croire qu'il pensait à elle de temps en temps, seul dans sa grande maison, mais à présent tout son temps allait être accaparé par son enseignement. Elle le détestait avant même de l'avoir rencontré, cela s'ajoutant à sa haine irascible de l'alchimie. Son père voulait qu'elle sympathise avec lui, mais lui ne se soucierait certainement pas d'elle, trop occupé à étudier cette science si passionnante.

Elle s'enferma dans sa chambre, pleurant de rage. Adossée à la porte, elle avisa l'ouvrage posé sur la table de nuit qu'elle jeta violemment à terre. La journée commençait bien mal pour elle. Elle ne voulait pas accompagner son père à la gare. Elle se consola un peu en se disant que lorsque septembre arriverait, elle retournerait au collège pour y passer la plus grosse partie de la semaine. « Il faudra bien qu'il se débrouille, son prodige ! » Il n'avait même pas remarqué que sa fille connaissait un peu d'alchimie. Elle prit une grande inspiration, elle devait se calmer, après tout, peut-être n'était-il pas si antipathique, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne voulait pas de cet intrus chez elle. Pour se changer les idées, elle décida de se replonger dans l'étude de son livre de chevet « Traité d'alchimie élémentaire ».

Le jeudi arriva trop rapidement à son goût. La chambre était prête à accueillir son nouvel occupant, le dîner, tenu au chaud, était prêt, de même que Berthold Hawkeye et sa fille. Liza n'avait voulu faire aucun effort pour l'arrivée de l'élève de son père, les draps étaient simplement posés sur le lit, le repas n'était qu'un plat de pâtes qu'elle cuirait rapidement à l'heure du dîner et dont seule la sauce était faite, de même que sa tenue était si sobre que la jeune fille passait totalement inaperçu. L'alchimiste avait été déçu par le manque de bonne volonté de sa fille, cependant, puisqu'elle paraissait de mauvaise humeur, il préféra ne rien dire. Le village étant petit, ils arrivèrent rapidement à la gare, les passants se retournant sur leur passage, surpris de voir M. Hawkeye sortir de chez lui, qui plus est, en compagnie de sa fille.

Quand ils arrivèrent sur le quai, le train était déjà entré en gare, toutefois, peu de passagers descendaient à cet arrêt. Liza repéra un adolescent un peu plus loin, il semblait n'avoir pas plus de quinze ou seize ans, les cheveux noirs, l'air perdu. Elle sourit à cette idée, après tout, c'était elle qui était en position de force tant qu'il n'avait pas trouvé ses marques. Elle se garda bien de demander à son père s'il s'agissait de leur visiteur et feint de ne pas l'avoir vu. Toutefois, celui-ci le vit également et se dirigea immédiatement vers lui sans un mot pour la fillette qui fit mine de ne pas le suivre, mais qui se résigna, voyant qu'il ne se retournait même pas.

Les présentations furent faites rapidement. L'adolescent arborait un air gêné et fatigué. Il lança un timide bonjour à la jeune fille qui lui répondit d'un regard peu engageant avant de tourner les talons pour repartir. Dans son dos, elle entendit son père s'excuser pour elle, prétextant qu'elle n'était pas très sociable ; mais qu'en savait-il? Elle se retint de faire un scandale dans la gare, cependant, elle bouillonnait de rage, voilà qu'il lui inventait une personnalité pour cacher qu'il ne connaissait pas sa propre fille.

Le retour fut moins rapide que l'aller, du fait des bagages de Roy qu'il fallait porter, mais bien sûr, Liza refusa d'aider, ce qui ne plut pas à son père qui ne manqua pas de la traiter d'enfant gâtée. À ces mots, la fillette retint difficilement ses larmes, mais elle ne voulait pas pleurer devant lui, ce serait comme s'avouer vaincue, et elle voulait vraiment gagner ce combat, c'était à lui de s'effacer devant elle et pas l'inverse. Elle se répétait qu'elle n'avait cure de ce garçon, néanmoins, elle ne put s'empêcher d'écouter la conversation qui se déroulait derrière elle. L'alchimiste faisait tout pour mettre son élève en confiance. Contrairement à ce qu'elle aurait cru, il lui parla d'elle, lui disant qu'il serait heureux s'ils pouvaient se lier d'amitié, si d'aventure sa fille daignait rentrer ses griffes. Elle fut d'autant plus surprise qu'elle l'entendit murmurer que ce serait aussi bien pour lui que pour elle, qu'elle ait enfin quelqu'un à qui se confier, et avec qui passer son temps libre. Alors il savait... Cette révélation ébranla la jeune fille qui resta dans ses pensées durant le reste du trajet.

Une fois devant l'imposante demeure de la famille Hawkeye, Berthold se tourna vers sa fille pour lui demander de montrer sa chambre à Roy afin qu'il s'installe.

« Liza t'as préparé une chambre, j'espère que tu t'y sentiras bien. Je vais dans mon bureau, appelles-moi à l'heure du dîner, ajouta-t-il à l'adresse de sa fille. »

La fillette resta sans voix, alors voilà qu'à présent il acceptait de manger en sa compagnie. Ce garçon amenait trop de changements dans sa vie, certes ils étaient positifs d'un certain point de vue, mais ce n'était pas pour elle que son père faisait des efforts. Elle lança un regard noir à Roy qui la suivit à l'intérieur. Elle avançait d'un pas rapide pour se débarrasser de lui au plus vite, espérant presque le perdre au détour d'un couloir. Elle poussa la porte de sa chambre et attendit sa réaction devant le lit non fait. L'adolescent posa son sac à terre avant de se tourner vers elle, la remerciant avec un sourire sincère. Presque vexée qu'il n'ait pas mal réagi, elle allait repartir quand il demanda innocemment :

« Vous avez besoin d'aide pour le dîner, mademoiselle ? »

Surprise, elle se retourna pour faire face à ce garçon plus âgé qu'elle qui pourtant la vouvoyait. Elle le regarda avec de grands yeux ronds avant de l'envoyer balader. Non elle n'avait pas besoin de SON aide, non mais pour qui se prenait-il, peut-être pensait-il qu'elle ne pouvait pas se débrouiller seule sans l'aide d'un représentant du sexe masculin. Elle n'avait peut-être que douze ans, mais elle n'était pas pour autant incapable de dresser une table.

Liza resta enfermée dans un mutisme total durant tout le dîner, vexée de voir son père si loquace ; il ne cessait de poser des questions à son nouvel élève autant sur sa vie personnelle que sur ses connaissances en matière d'alchimie. Cependant, quand le dîner se termina, elle se rendit compte que le fossé que son père avait creusé entre elle et Roy était plus profond qu'elle ne le pensait. Alors qu'ils se levaient, la jeune fille commença à empiler les assiettes pour les vider et faire la vaisselle ; spontanément, le jeune garçon voulut aider à débarrasser la table.

« Laisse ça Roy, Liza va le faire. »

Outrée, elle ouvrit la bouche pour protester qu'elle n'était pas la bonne de la maison. De son côté, Roy regardait son maître d'un air désapprobateur en insistant pour participer aux tâches ménagères autant qu'il pourrait. L'alchimiste se contenta de hausser les épaules et tourner les talons, laissant les deux adolescents ranger la cuisine. Elle regarda le nouvel arrivant d'un air inquisiteur, celui-ci lui lança un sourire timide en lui demandant ce qu'il pouvait faire pour l'aider.

Une fois la vaisselle finie, Liza partit s'enfermer dans sa chambre sans adresser un remerciement à Roy qui terminait d'essuyer les assiettes propres. Elle s'effondra sur son lit avec un soupir, peut-être avait-elle eu tort de mal juger ce garçon avant même de le connaître, mais pourtant, il lui prenait la place qu'elle n'avait jamais eue. Avec son arrivée, elle voyait s'envoler tous ses espoirs qu'un jour son père soit fier d'elle, bien qu'elle ne comprenne pas exactement d'où lui venait ce besoin de reconnaissance. Elle se roula en boule en pensant que ce n'était sûrement pas son intention, il était venu dans le but d'apprendre l'alchimie et pas de briser une famille déjà dessoudée. Elle s'endormit en se disant que dès le lendemain, elle laisserait une chance à l'élève de son père.

Le lendemain, elle se réveilla tôt comme à son habitude ; depuis la mort de sa mère, Liza n'était plus adepte des grasses matinées ; il y avait tant à faire dans la maison qu'elle n'avait pas le temps de traîner au lit. Elle descendit donc préparer le petit déjeuner des dormeurs, toutefois, elle se rendit compte qu'elle avait oublié de demander à Roy ce qu'il mangeait le matin. Elle soupira, elle avait été tellement contrariée par sa venue qu'elle en avait oublié toutes les règles de politesse, elle se demandait bien ce qu'il devait penser d'elle. Soit, elle ferait chauffer un peu plus d'eau au cas où, sans y ajouter ni thé ni café, elle déposa également la bouteille de lait sur la table. Roy arriva le premier, mais cela ne la surprit pas, son père descendait rarement pour le petit déjeuner.

« Veuillez m'excuser Monsieur Mustang mais j'ai oublié de vous demander ce que vous preniez au petit déjeuner.

-Il n'y a pas de mal, Mademoiselle Hawkeye, je prendrai ce qu'il y a, ne vous dérangez pas pour moi. »

Il affichait de nouveau ce petit sourire désolé et plein de gratitude. Elle resta un instant sans savoir quoi lui répondre avant de poser le pain sur la table. Ils mangèrent en silence, mais la gêne de la veille avait disparu, sans doute était-ce parce que la fillette était plus détendue. À la fin du repas, il l'aida de nouveau à tout ranger avant d'aller rejoindre son maître dans son bureau en lui apportant son café à la demande de Liza. Après avoir pris sa douche, elle entreprit de faire le ménage dans la grande maison, un peu trop grande à son goût dans ces moments là d'ailleurs. Son père n'avait pas les moyens de l'entretenir correctement mais il se refusait à déménager.

Une fois l'étage terminé, à l'exception du bureau dans lequel elle n'avait pas le droit d'entrer, elle se dirigea vers la chambre de l'élève de son père en trainant les pieds ; elle ne voulait pas faire son ménage, il pouvait bien faire cela non ? Elle prit une grande inspiration avant de frapper à la porte, ne sachant pas s'il s'y trouvait. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit, laissant apparaître l'adolescent, surpris de voir la jeune fille, un balais à la main. Hésitant, il lui demanda la raison de sa présence et parut plus qu'étonné lorsqu'elle la lui annonça en le poussant un peu pour entrer dans la chambre. Cependant, Liza se stoppa net ; le lit était déjà fait, ses vêtements sales attendaient dans la corbeille prévue à cet effet, Roy avait même ôté ses chaussures à l'entrée de la pièce pour la salir le moins possible. Devant l'air hébété de la jeune fille, il lui expliqua qu'il ne voulait pas lui causer une surcharge de travail et qu'il pouvait très bien s'occuper de sa chambre. Timidement, il lui demanda s'il avait fait quelque chose de travers pour qu'elle le regarde ainsi. En effet, Liza le dévisageait, de plus en plus honteuse de son comportement de la veille. Elle bafouilla que tout était parfait avant de sortir pour continuer son ménage pendant que Roy se replongeait dans son livre.

Elle passa la matinée à s'occuper de la maison, tiraillée entre l'envie de s'excuser et une certaine fierté qui le lui interdisait. Elle voulait le détester, cependant, il ne semblait pas enclin à lui faciliter la tâche. Elle paraîtrait bien ingrate de montrer de l'aversion pour lui s'il ne lui donnait aucune raison de le faire, et pour cela, elle lui en voulait encore plus. Elle faisait la poussière dans le salon où personne ne venait plus depuis des années, son père ne recevant jamais d'invités, lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec un énorme monstre pourvu de huit pattes velues. À la fois surprise et effrayée, elle lâcha son chiffon, laissant échapper un cri. Une grimace de dégoût sur le visage, elle resta immobile à dévisager la monstrueuse créature qui agitait ses pattes pour tendre son piège entre le rebord de la cheminée et le mur. À sa grande surprise, ce ne fut pas son père qui accourut à son secours, mais l'élève de celui-ci, visiblement inquiet. Il regarda la jeune fille puis tourna ses yeux vers l'endroit qu'elle fixait avec effroi. Le garçon retint un rire en voyant la petite araignée empêtrée dans sa toile.

« Vous avez peur ? Vous voulez que je m'en occupe ?

-Non merci, je peux le faire lança-t-elle sur la défensive. Bien sûr que non je n'ai pas peur qu'est-ce que vous croyez ? Que je suis si facilement impressionnable ? Je... Je vais le faire... »

Elle déglutit difficilement, incapable de faire le moindre mouvement vers la créature hideuse qui remuait comme suspendue en l'air. Roy s'approcha du monstre, un petit sourire moqueur sur les lèvres. Liza réprima un grognement de dégoût en le voyant toucher cette chose immonde à mains nues et la mettre dehors. La fillette bégaya un remerciement, baissant la tête, les joues rouges, honteuse de n'avoir rien pu faire face à un insecte. En riant le garçon lui assura qu'il n'y avait pas de honte à avoir peur de quelque chose et qu'elle n'avait qu'à l'appeler la prochaine fois qu'une ignoble créature de ce genre pointerait le bout de son nez. Elle lui répondit d'un faible sourire tandis que Roy Mustang remontait dans sa chambre avec la certitude que les choses s'arrangeraient avec la jeune fille. Liza Hawkeye n'était en fait qu'un chaton sauvage qu'il fallait savoir apprivoiser. Il savait également que les chats s'enfuyaient à l'approche d'un inconnu, il fallait les laisser venir d'eux-même, cela prendrait peut-être du temps, mais il était sûr que s'il feignait l'indifférence, elle chercherait elle-même à se rapprocher de lui.

Plusieurs jours s'écoulèrent durant lesquels l'adolescente resta perdue entre son aversion pour le garçon qui vivait désormais chez elle, et sa curiosité. En effet, l'élève de son père était un garçon très poli et bien élevé, toujours courtois au point de la vouvoyer et ne rechignant pas à l'aider à entretenir la maison, ou même à faire les courses, mais il semblait veiller à toujours laisser une certaine distance entre eux de manière à ne pas la mettre mal à l'aise ; elle avait même parfois l'impression qu'il ne se souciait d'elle que parce qu'elle s'occupait des tâches ménagères. De surcroît, elle ne le voyait que durant les repas ou lorsqu'il cherchait à se rendre utile. Ils ne se parlaient que très peu, bonjour, bonne nuit, et autres banalités, mais ils n'avaient jamais de vraie conversation, jamais ils ne se posaient de questions personnelles, si bien que la fillette en déduisit que le garçon était aussi peu intéressé par elle qu'elle par lui. Au fil des jours, elle avait vu son père changer de manière radicale ; depuis l'arrivée de Roy, il mettait un point d'honneur à être présent au dîner, de même qu'il s'inquiétait sans cesse de la condition du garçon : était-il bien ? Sa fille était-elle correcte avec lui ? Ne voulait-il pas sortir rencontrer les autres adolescents du village ? Jamais il n'avait posé ces questions à Liza qui se sentait de plus en plus abandonnée, et pour cela, elle ne voulait pas le connaître, elle ne voulait pas faire ce plaisir à son père.

Parfois, elle se disait qu'elle était ridicule de penser ainsi, de se servir de Roy pour punir son père, d'autant plus qu'elle était convaincue qu'elle pourrait devenir amie avec lui, si seulement elle se donnait la peine d'être plus aimable. Elle se disait que c'était très certainement pour cela qu'il ne cherchait plus à la faire parler ou sourire, sans doute pensait-il qu'elle était d'un naturel exécrable. Elle était partagée entre l'envie de faire bonne impression, de montrer que malgré tout elle n'était pas une fille mal élevée et associable, et l'envie de tenir tête à son père, au moins faisait-il quelque peu attention à elle, bien que ce ne soit que pour s'assurer du bien être de son élève. Elle se disait qu'il devait avoir une bien mauvaise opinion d'elle à présent, mais au moins, il lui parlait. Liza apprit donc à cohabiter avec Roy tout en continuant à vivre comme s'il n'était pas là. Elle passait tous ses repas en silence, perdue dans ses pensées pour ne pas entendre la conversation qui se déroulait à côté d'elle bien que son cerveau enregistrât plusieurs fois son prénom.

Toutefois, la curiosité était trop forte et la fillette devait bien admettre qu'elle mourait d'envie d'en savoir plus sur ce mystérieux apprenti alchimiste. Plusieurs fois, elle se surprit à lui jeter de discrets regards alors qu'il tournait la tête. Il restait toujours enfermé dans sa chambre lorsqu'il n'étudiait pas avec son père et lorsqu'ils étaient ensemble il ne lui adressait que rarement la parole. Le silence n'avait rien de gênant, mais après six semaines, elle ne savait toujours rien de ce nouvel arrivant. Pour ne plus être ridiculisée devant lui, elle avait finalement appris à contrôler sa peur des insectes, suffisamment pour être en mesure de les tuer elle même, tenant une chaussure à bout de bras. Ce changement ne passa cependant pas aussi inaperçu qu'elle le pensait ; un soir, alors que Roy et elle terminaient de ranger la cuisine, la fillette ouvrit l'eau en grand pour noyer le mille pattes qui s'était glissé dans l'évier de la cuisine sans même lâcher un petit cri, ce qui surpris le jeune garçon à côté d'elle.

« Vous n'avez plus peur mademoiselle ? »

Il l'avait interrogé avec un petit sourire bienveillant qui montrait clairement qu'il en était heureux. Liza lui répondit en lui rendant son sourire qu'elle n'avait peur de rien et surtout pas d'une petite bestiole. Les deux adolescents se mirent à rire de cette remarque un rien prétentieuse, surtout que les yeux de la fillette l'avaient clairement trahie alors qu'elle regardait l'abominable monstre se débattre dans l'eau. Toutefois, malgré sa témérité, elle laissa au garçon le soin d'enlever l'insecte de l'évier, répugnée à l'idée de le toucher. Roy prit les assiettes pour les ranger et remarqua un petit bouquet de blé sagement arrangé dans un vase à côté du placard. Discrètement, il prit un épi puis se rapprocha de la fillette qui essuyait la table avant de s'écrier

« Attention à l'araignée au-dessus de vous ! »

Elle se redressa brusquement alors qu'il lui chatouillait la nuque avec l'épi de blé, lui arrachant des éclats de rire. Il se retrouva rapidement à lui courir après dans la cuisine, riant autant qu'elle. Dans leur précipitation, les deux enfants tombèrent au sol, hilares. De petites larmes perlèrent aux yeux de la fillette qui ne parvenait plus à contrôler son fou rire, la peur était rapidement passée quand elle avait senti le chatouillement sur sa nuque. Elle s'était agréablement laissée aller à s'amuser avec ce garçon qu'elle rejetait depuis son arrivée il y a plusieurs semaines. Liza reprit son souffle, gardant toutefois un sourire espiègle, les yeux brillants d'avoir trop ri. Assis en tailleur sur le carrelage de la cuisine, Roy respirait lentement pour calmer son hilarité, encore surpris d'avoir pu approcher le chaton sauvage. Les deux adolescents levèrent les yeux l'un vers l'autre avant de repartir dans un fou rire ; les cheveux en bataille, le teint rosi par la course et le rire, les yeux humides, ils avaient perdu leur froideur et leur indifférence respectueuse, ils n'étaient plus que deux enfants. Ils passèrent de longues heures ainsi assis par terre à discuter de tout et de rien. Liza aurait voulu s'excuser, découvrant un garçon agréable, simple mais d'une grande timidité, sans doute n'était-il pas très à l'aise. Elle devait bien avouer qu'elle ne l'était pas non plus, pas autant qu'elle le laissait paraître ; après avoir été si froide avec lui, elle craignait qu'il ne lui laisse pas la chance de lui montrer qui elle était réellement. Étrangement, après cette longue discussion sur le sol froid de la cuisine, elle avait à la fois envie de le connaître, mais surtout qu'il la connaisse ; elle en était certaine, elle avait enfin trouvé un ami...


Alors, ça vous a plu? Petite précision sur le prénom du père de Liza, c'est celui qu'on voit marqué sur sa tombe dans Brotherhood

Merci à Kratos67 et Matsuyama pour leur aide précieuse.

Et n'oubliez pas, si vous voulez la suite rapidement laissez des reviews^^

Jaa