Bonjour à tous et à toutes !

Ceci est la traduction française officielle et autorisée d'une fiction de MOONSIGN appelée CASTING MOONSHADOWS. Ce travail avait été commencé par eamonn, qui malheureusement s'est arrêtée en cours de route… J'ai donc décidé, avec l'accord de Moonsign, de prendre le relai, et pour bien faire les choses, de reprendre l'histoire à son point de départ. La fic originale compte actuellement 85 chapitres et est toujours en cours de publication (j'invite d'ailleurs les courageux anglicistes à aller se frotter à la VO s'ils le peuvent !)

Voici donc le premier chapitre de CASTING MOONSHADOWS (PROJETER DES OMBRES DE LUNE) de Moonsign, traduit par moi-même (sans blague). Dans ce chapitre, j'ai fait le choix de fournir la version anglaise et une traduction de toutes les chansons citées, pour faire le plus d'heureux possible.

Ma petite préface s'arrête là, et je laisse la parole à l'auteur. Bonne lecture !


Disclaimer : Le monde d'Harry Potter et ses merveilleux personnages appartiennent intégralement à J.K. Rowling. Rien n'est à moi, à l'exception de l'intrigue et de quelques personnages originaux.

Résumé : Isolé et rejeté par ses camarades de classe, Remus implore une ombre de lune de lui donner un ami qui le comprenne. À sa propre surprise, son vœu est exaucé, non pas une fois mais trois, par ses anciens ennemis, les Maraudeurs.

I'm being followed by a moonshadow,
moonshadow, moonshadow
Leaping and a hopping on a moonshadow,
moonshadow, moonshadow
And if I ever lose my eyes,
If my colours all run dry,
Yes, if I ever lose my eyes,
Oh if… I won't have to cry no more

Je suis suivi par une ombre de lune,
une ombre de lune, une ombre de lune
Bondissant et sautillant sur une ombre de lune,
Une ombre de lune, une ombre de lune
Et si jamais je perds mes yeux,
Si toutes mes couleurs se tarissent,
Oui, si jamais je perds mes yeux,
Oh si jamais... Je n'aurai plus jamais à pleurer.

(Cat Stevens)

REMUS :

Remus avait toujours considéré que les souvenirs étaient comme des photographies encadrées et posées sur une étagère. La plupart, placées au soleil, s'estompaient avec le temps. Parfois, les couleurs passaient, ne laissant qu'une vague idée du temps ; les contours d'un souvenir légèrement altéré à force d'être raconté. Parfois, c'étaient les contours qui perdaient de leur netteté, et l'éclat des couleurs vives était préservé sous la forme de tâches floues : une idée claire du temps, mais sans détails.

D'autres souvenirs étaient placés dans l'obscurité, recouverts d'ombres. C'étaient ceux-là, ceux que l'on voulait oublier, qui ne perdaient ni leurs couleurs ni leur force au fil du temps.

Pour Remus, le plus vivace de ces souvenirs noyés d'ombres était le souvenir de Cette Nuit-là. Cette Nuit-là avait eu des répercussions qui, vibrant en longs échos, avaient changé sa vie pour toujours. Ce souvenir, celui qu'il voulait par-dessus tout voir s'estomper et s'altérer, était celui qui resterait toujours en lui le plus vivace.

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Ce que Remus se rappela toujours de sa mère, bien après que les autres souvenirs se fussent fanés et ternis, était l'amour qu'elle portait au clair de lune. En tant que maîtresse des Potions auprès de l'apothicaire local, son travail exigeait souvent d'elle qu'elle s'aventurât dehors pendant la nuit pour se procurer des ingrédients. Ces nuits-là, quand le ciel était dégagé et que la lune ronde était saturée de lumière, elle se glissait dans la chambre de Remus sans se soucier d'allumer la lumière. Elle enveloppait son fils en pyjama dans sa cape et mettait ses petits pieds dans ses chaussures, puis prenait sa main et le conduisait dans le jardin avant de franchir le portail pour s'enfoncer dans les bois épais qui s'étendaient à l'arrière de leur maison.

Pendant qu'elle travaillait, Serena Lupin chantait les chansons moldues de son enfance tandis que Remus gambadait librement à côté d'elle, l'accompagnant de sa voix aiguë d'enfant tout en regardant l'ombre que lui dessinait la lune danser et bondir entre les ombres plus denses des arbres.

Remus savait que la magie existait (après tout, il avait grandi dans une famille sorcière), mais les ombres de lune bleu-argenté et la voix envoûtante de sa mère semblaient tisser une autre sorte de magie dans la forêt. Une magie moins évidente, mais plus tangible. Électrique et sauvage, et en même temps protectrice et intime.

Le père de Remus ne les accompagnait jamais dans leurs escapades. Ces nuits sous le clair de lune étaient une expérience qui n'avait jamais appartenu qu'à eux deux, et personne n'était autorisé à s'y immiscer. Remus, étant très jeune à cette époque, n'avait pas perçu l'ampleur de la rancune de son père, qui voyait bien que sa femme sauvage et imprévisible aimait son fils infiniment plus qu'elle n'aimait quiconque d'autre sur terre. John Lupin vénérait le sol qu'elle foulait et Serena, en retour, le considérait avec tolérance et affection.

Et ainsi, il regardait d'un air sombre par la fenêtre de sa chambre tandis que les deux petites silhouettes dansaient main dans la main dans la forêt, des bribes de chansons moldues s'évanouissant dans leur sillage.

"Memory, all alone in the moonlight, has the moon lost her memory? She is smiling alone…"

Souvenir, je suis seule dans le clair de lune, la lune a-t-elle perdu la mémoire ? Elle est seule à sourire… »)

"Fly me to the moon and let me play among the stars, let me see what spring is like on Jupiter and Mars…"

(« Emmène-moi sur la lune et laisse-moi jouer avec les étoiles, laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps sur Jupiter et Mars… »)

"Well, it's a marvelous night for a moondance, with the stars up above in your eyes…"

(« Eh bien, c'est une nuit merveilleuse pour une danse de lune, avec les étoiles là-haut dans tes yeux… »)

Et le plus souvent, lorsqu'ils ressortaient de la forêt, les mains jointes et les yeux brillants, suffoquant de joie et de magie sauvage tandis que la mère de Remus le prenait dans ses bras et le faisait tournoyer au-dessus de sa tête :

"I'm being followed by a moonshadow, moonshadow, moonshadow! Leaping and hopping on a moonshadow, moonshadow, moonshadow! And if I ever lose my hands, lose my plough, lose my land; Yes, if I ever lose my hands, oh if… I won't have to work no more…"

(« Je suis suivi par une ombre de lune, une ombre de lune, une ombre de lune ! Bondissant et sautillant sur une ombre de lune, une ombre de lune, une ombre de lune ! Et si jamais je perds mes mains, perds ma charrue, perds ma terre ; Oui, si jamais je perds mes mains, oh si jamais… Je n'aurai plus à travailler… »)

(1)

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Aussi ne faut-il peut-être pas s'étonner si, la nuit où John Lupin revint de sa journée de travail au Ministère en annonçant que le loup-garou Fenrir Greyback s'était échappé de la cellule psychiatrique sécurisée pour criminels de Saint-Mangouste, Remus chercha le réconfort auprès du clair de lune.

Cette Nuit-là, durant laquelle tout changea dans un jaillissement de violence, de sang et d'ombres de lune, Remus se glissa hors de son lit, ses jambes encore tremblantes sous l'effet de son récent cauchemar, et longea le couloir jusqu'à la chambre de ses parents pour que sa mère le réconforte. Il s'arrêta en distinguant les éclats d'une dispute à l'intérieur. Il n'avait encore jamais entendu ses parents se disputer. Son père détestait contrarier sa mère, et celle-ci était généralement trop perdue dans son monde pour prêter à une querelle l'attention suffisant à ce qu'elle s'envenime.

Remus s'approcha silencieusement de la porte et pressa son oreille contre le bois.

« … Ne peux pas y aller maintenant. Même pour des ingredients. Qui sait où il est ? » disait John. « Je peux les commander pour toi au Ministère. »

« Mais j'aime aller chercher mes propres ingrédients », protesta Serena d'une voix implorante. « C'est même la raison pour laquelle je suis devenue maîtresse des Potions en premier lieu ! Combien de temps avant que vous ne l'attrapiez ? »

« Je ne sais pas ! », lui répondit John d'un ton brusque. « Bordel, si nous savions où il était, tu ne penses pas qu'on l'aurait déjà eu à cette heure ? C'est moi qu'il rend responsable de son emprisonnement, parce que je suis celui qui l'a trouvé la première fois. C'est de moi qu'il veut se venger, et c'est un malade. Tu penses que je pourrais me le pardonner s'il essayait de m'atteindre en s'attaquant à toi ? »

« Ce n'est pas juste ! »

« Je m'en fiche ! Tu ne sors pas, Serena, un point c'est tout ! »

Remus recula, le ventre agité d'une sensation étrange qui lui donnait la nausée. Il ne comprenait pas ce dont ils parlaient et n'osait pas les interrompre. Alors qu'il parcourait le couloir en sens inverse pour retourner dans sa chambre, il passa devant la fenêtre. La pleine lune qui flottait dans le ciel, proche et massive, projetait à travers la vitre un carré de lumière éclatante qui illuminait le parquet boisé.

Remus fut soudain envahi d'une envie de chansons moldues et d'ombres de lune. Il avait besoin de sentir cette froide lumière argentée baigner sa tête pour l'aider à oublier les voix chargées de colère de ses parents et la sensation désagréable dans son ventre.

Il descendit les escaliers et se dressa sur la pointe des pieds pour tirer le loquet de la porte arrière. Il l'ouvrit aussi silencieusement que possible et sortit en trottinant dans le jardin. Il n'était pas stupide et savait bien qu'il n'était pas raisonnable d'aller dans la forêt tout seul, aussi se contenta-t-il de traîner les pieds dans l'herbe fraîche et épaisse de la pelouse, murmurant doucement pour lui-même : "I'm being followed by a moonshadow, moonshadow, moonshadow. And if I ever lose my legs, I won't moan, no, I won't beg. Yes, if I ever lose my legs, oh if… I won't have to walk no more…"

(« Je suis suivi par une ombre de lune, une ombre de lune, une ombre de lune. Et si jamais je perds mes jambes, je ne geindrai pas, non, je ne supplierai pas. Oui, si jamais je perds mes jambes, oh si jamais… Je n'aurai plus à marcher… »)

Il s'allongea dans l'herbe épaisse et leva les yeux vers la pleine lune. À part sa mère, la pleine lune était la plus jolie chose qu'il ait jamais vue. Elle avait l'air si massive, de sorte qu'il paraissait impossible qu'elle puisse être capable de rester accrochée dans le ciel sans ficelle, et son éclat pâle semblait venir d'un autre monde. Sous son regard rond et plein, Remus sentit les dernières traces de sa peur se désagréger et disparaître.

Le silence fut brisé par un bruissement dans la haie qui bordait le jardin. Remus s'assit et tourna son regard vers le bruit, son cœur battant la chamade. Il n'était tout d'un coup plus si sûr qu'il avait le droit d'être ici tout seul. Qui savait quel genre de créatures horribles sortaient la nuit quand sa mère n'était pas là pour les tenir éloignées ?

Glacé de terreur, il scruta sans ciller le buisson où s'était produit le bruissement et sursauta quand il le vit bouger de nouveau. Soudain, une paire d'orbes aux lueurs d'or jaune apparurent dans les ombres près du buisson. Il fallut un moment à Remus pour comprendre qu'il s'agissait d'yeux.

Aiguillonné par sa peur, Remus bondit sur ses pieds et s'élança vers la maison, courant aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. Il regrettait plus que tout de s'être aventuré aussi loin dans leur jardon tout en longueur. Il y eut un bruit sourd derrière lui quand la créature bondit hors de l'abri des buissons pour se lancer à sa poursuite. Il pouvait entendre le martèlement rythmé des pas qui se rapprochaient de lui et il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.

Ce qu'il vit le fit vaciller, trébucher et s'écraser au sol. La créature était gigantesque ; un loup, hurla son esprit en le submergeant d'images des monstres qui peuplaient les contes de fées que sa mère lui lisait. Il cria quand la bête bondit sur lui et atterrit sur sa poitrine, chassant violemment l'air de ses poumons. Des larmes de souffrance troublèrent l'image du loup qui se jetait à sa gorge, mâchoires ouvertes. Remus laissa échapper un second hurlement lorsqu'il sentit les crocs s'enfoncer dans son épaule et sa poitrine. La douleur le transperça comme une traînée incandescente déchiquetant tout son corps.

« REMUS ! »

Il sentit le poids quitter sa poitrine quand le loup fut violemment projeté dans les airs pour atterrir quelques mètres plus loin. Haletant et sanglotant, Remus tourna la tête et vit une silhouette aux cheveux fauves et rebelles se placer entre lui et le loup. Sa mère leva une nouvelle fois sa baguette, mais elle ne fut pas assez rapide. Le loup roula sur lui-même et bondit à nouveau, atterrissant cette fois-ci sur Selena en la jetant à terre.

« Maman… » Remus avait voulu crier, mais la douleur lui permettait à peine de respirer, encore moins de parler. Il regarda, paralysé et frappé d'horreur, les crocs blancs et ensanglantés se jeter sur la gorge de sa mère et déchirer la chair, encore et encore.

« Oh mon Dieu ! SERENA ! »

Pour la seconde fois cette nuit-là, le loup fut projeté dans les airs. Cette fois-ci, Remus vit son père, debout en bas de pyjama. Même si la souffrance et la perte de sang rendaient sa vue trouble, il remarqua que John Lupin se tenait entre sa femme et le loup, laissant son fils exposé à une autre attaque.

Un rayon de lumière verte jaillit de la baguette que John pointait sur le loup, mais la bête réussit à bondir hors d'atteinte à temps. Elle hésita un moment puis, alors que John levait de nouveau sa baguette, fit demi-tour pour s'enfuir à grandes foulées dans la forêt. John s'élança à sa suite, son corps crépitant de magie et de rage.

Remus se retourna pour regarder en direction de sa mère. Elle était couverte de sang. Il n'en avait jamais vu autant, de ce sang qui apparaissait épais et noir sous le clair de lune. Il se mit sur le ventre et la douleur le transperça. Il gémit doucement.

« Re…mus ? »

Sa voix était si faible. Jamais il ne l'avait entendue aussi fragile auparavant.

« Re…mus, mon …bébé ? »

Ses mots étaient entrecoupés de violents frissons. Remus rassembla toute ses forces pour se traîner vers elle. La douleur était si intense qu'elle était maintenant comme une partie entière de lui qu'on aurait détachée. Après ce qui lui sembla une éternité, il parvint jusqu'à elle et baissa les yeux. Avec horreur, il vit des os, des tendons et des muscles déchiquetés et sanglants là où se trouvait sa gorge.

« Vis, R…Remus », parvint à articuler Serena. « Tu me promets ? Ne les… laisse pas te ch-changer en m-monstre comme lui. Le l-loup ne t'a pas changé. Dis-le, Remus ! »

« Le l-loup ne m'a pas ch-changé », répéta Remus à travers ses larmes, incapable de la regarder dans yeux, focalisé sur la crevasse béante dans son cou.

« C'est b-bien. S-souv-v-viens-toi. »

Elle glissait peu à peu dans la confusion. Remus pensa qu'elle était peut-être en train de dire autre chose, mais il ne pouvait plus l'entendre. Sa tête était pleine d'un sifflement qui la rendait trop lourde pour sa nuque. Il la laissa s'affaisser dans l'herbe imprégnée de sang, près de l'épaule de sa mère, et se sentit sombrer dans l'inconscience.

(1) Voici la liste des chansons citées (dans l'ordre) et de leurs interprètes :

- Moonshadow, Cat Stevens
- Memory, Andrew Lloyd Webber
- Fly Me To The Moon, écrite par Bart Howard en 1954 et interprétée originellement par Kaye Ballard
- Moondance, Van Morrison


J'espère que ce premier chapitre vous a plu ! Pour ceux qui ne connaissaient pas encore l'histoire, sachez que les prochains chapitres seront plus longs que celui-ci.

Ne vous privez pas de laisser des reviews sous prétexte que c'est une traduction, car je les traduirai et les transmettrai toutes à Moonsign ; je suis sûre qu'elle sera heureuse de savoir son travail apprécié par les lecteurs français (ou belges, ou luxembourgeois, ou qui que vous soyez, chers lecteurs). Et puis même pour moi en tant que traductrice, ça fait chaud au cœur d'avoir quelques retours ^^

À bientôt !