Titre : Bijoux Perdus
Auteur : Rieval
Genre : amitié Sherlock/John. GEN.
Saison : Saison 2 mais avant l'affreux et abominable Chute du Reichenbach (snif).
Résumé : "Les bons souvenirs sont des bijoux perdus". Paul Valéry in Mauvaises pensées et autres. Scénettes autour de différents bijoux objets d'une affaire de Sherlock Holmes d'ACD.
AN : je suis sensée bosser cette semaine. B-O-S-S-E-R. Et qu'est-ce que je fais ? J'écris une autre fic. I'M DOOMED !
Disclaimer : not mine !
1 – Les Camées du Vatican (1)
John ajusta sa prise autour de la taille de Sherlock.
Ouch.
Il était plus compact que John ne l'aurait cru. Parfois, lorsque Sherlock se promenait pieds nus, en pyjamas et en robe de chambre dans l'appartement, John réprimait l'envie de l'appeler « grande sauterelle !». Sherlock lui paraissait toujours tout en bras et en jambes.
« Petite erreur d'appréciation, tu es plutôt genre « gros balourd », nondenondedieu, grogna John.
John marcha encore quelques mètres mais son épaule avait décidé qu'aujourd'hui était le jour parfait pour lui jouer un tour à sa façon. La douleur avait commencé à le lancer, fer chauffé à blanc enfoncé dans la chair, dès qu'il était sorti de l'entrepôt.
- Si à cause de toi, je dois retourner chez le kiné, je t'oblige à jeter à la poubelle le récipient qui se trouve près de l'évier de la cuisine, grommela John. Depuis le temps que ça mijote là-dedans, je suis certain qu'il y a des trucs qui commencent à bouger, docteur Frankenstein.
Ah là, une bâche. Ça ferait l'affaire pour le moment.
John souleva la bâche et, aussi délicatement qu'il le put, déposa Sherlock, toujours inconscient, dessous. Il sortit son couteau suisse de la poche arrière de son jean et –
… réprima de justesse un cri de douleur. Il resta un moment, couteau en main, à reprendre le contrôle de sa respiration. Et merde, merde et remerde. Saleté d'épaule. La douleur passa et John fit un trou dans la bâche. Il l'utiliserait comme œilleton. Leurs poursuivants ne devaient pas être bien loin.
Ok, temps d'examiner « la bête ».
Délicatement, John posa sa main derrière le crâne de Sherlock et se mit à caresser son cuir chevelu.
- Houlà. Yep. Jolie Bosse.
Il souleva les paupières de son ami.
- Hum, pupilles égales et non dillatées.
Les blessures à la tête étaient de terribles, terribles petites vicieuses. Elles pouvaient littéralement pisser le sang et la victime, après quelques heures de repos, retrouvait la pêche, mais elles pouvaient aussi passer presque inaperçues, juste un petit bobo et la victime partait se coucher … pour ne plus jamais se réveiller.
Le type qui avait asséné un coup de matraque – bon sang qui utilise encore ce genre de truc de nos jours ? « Les criminels sans imagination, John », fusa immédiatement la réplique, non moins imaginaire, de Sherlock – n'y était pas allé de mains mortes. Sherlock avait été dans une de ses tirades déductives lorsque leur proie du moment, un certain Jack Stapleton, leur était tombée dessus.
Cet étudiant en biologie avait développé un goût pour la dissection.
In vivo.
Ce n'est qu'au troisième corps mutilé que Lestrade s'était résolu a faire appel à Sherlock Holmes pour traquer celui que la presse dénommait le Nouveau Jack l'éventreur.
Sur le coup, Sherlock n'avait pas été très emballé.
« Ennuyeux à mourir, avait-il soupiré en lisant le rapport que leur avait laissé Lestrade. »
Et il avait fallu que John lui rappelle que justement, des gens « mourraient », pour que Sherlock daigne prendre l'affaire (après que John ait croisé les bras sur la poitrine arborant une moue désapprobatrice).
Une affaire vite résolue pensa John qui surveillait l'accès à leur petit abri grâce à l'œilleton, sauf qu'ils risquaient bien tous les deux de se retrouver victimes n° 4 et 5 du scalpel fou de Stapleton avant de pouvoir faire leur compte-rendu au lieutenant Lestrade.
- Hummmmpfouinonoui, grommela Sherlcok.
John se pencha immédiatement sur lui.
- Sherlock, murmura t-il. Hey, Sherlock !
Il réprima l'envie de le secouer. Pas très professionnel.
- Ouais, et ce qui n'est pas très « professionnel » non plus, Ô grand détective, c'est d'avoir déduit qu'ils étaient DEUX tueurs juste avant que ces derniers ne décident de nous ajouter à leurs liste de trophées de chasse.
Bon, ce n'était pas très gentil de sa part. Sherlock avait payé cher cette petite « erreur ».
John soupira. Un peu embarrassé par ses pensées pas très charitables envers l'homme qui était pour le moment inconscient dans ses bras, il arrangea le manteau de Sherlock autour de ce dernier et dénoua son écharpe. Il la roula pour en faire un petit coussin qu'il mit sous la tête de son ami.
- Bon, et maintenant ? Pensa t-il tout haut.
Il sortit son Sig Sauer de sa poche et en vérifia, pour la énième fois, le chargeur. C'était toujours le même résultat. Vide. Il avait tiré pour couvrir leur retraite, ignorant si les deux hommes étaient eux aussi armés. Du moins avec autre chose que des scalpels.
- Génial, non vraiment, génial, murmura t-il en rangeant son arme désormais inutile. Ce qu'il nous faudrait là, maintenant, c'est un petit miracle. Somme toute, pas grand-chose et –
Il s'interrompit brusquement.
Il avait entendu un bruit.
Des bruits … de pas ?
- Miracle … ? Grommela un Sherlock complètement groggy. Vatican, John, les camées … un miracle …
Oh non. Non, non et non. Pas maintenant.
- Chut Sherlock, murmura John qui posa sa main sur la bouche de son ami dont les yeux papillonnaient. Evidemment, c'était maintenant qu'il choisissait pour se réveiller ! APRES que John l'ait porté sur plusieurs mètres. Le timing, Sherlock, le timing ! Susurra t-il. Et puis qu'est-ce que tu baragouines ? Quels camés ? Il n'y a pas de junkies par ici, Sherlock, juste des tueurs.
Sherlock referma les yeux avec un soupir mais John sentait bien sous sa main qu'il continuait à parler. Rien ne pouvait stopper le grand Sherlock Holmes lorsqu'il avait envie de s'exprimer !
John soupira. Sherlock n'était pas armé et lui n'avait que son malheureux petit couteau suisse. Il sortit à nouveau son Sig. Vide, mais après tout il était le seul à le savoir. Généralement, la vue d'une arme suffisait à faire peur aux honnêtes gens, non ? Le problème, c'était que ça ne marchait pas forcément sur les tueurs en série.
Une ombre passa devant l'œilleton.
John eut un moment de panique, au bord de l'incapacité de respirer, à l'idée de ne pas pouvoir défendre Sherlock.
- Chut, répéta t-il doucement, sa main toujours fermement plaquée sur les lèvres du détective.
Et soudain, la bâche fut soulevée …
… par un parapluie. Son propriétaire se tenait devant John, droit comme un piquet, un air vaguement ennuyé sur le visage.
- John, dit Mycroft, mon cher frère peut parfois être particulièrement … assommant et j'ai souvent moi aussi caressé l'idée de le bâillonner, cependant, dans les circonstances présentes, je crains que l'on ne jase.
Oups. John allait ôter sa main de la bouche de Sherlock lorsqu'un autre visage familier se glissa sous la bâche.
- John vous avez besoin d'un coup de « main », dit le Lieutenant Lestrade, un petit sourire amusé aux lèvres.
- Hahaha, répondit John, très drôle Greg.
Lestrade souleva complètement la bâche et aida John à se lever. Deux ambulanciers arrivèrent avec un brancard. Ils y placèrent Sherlock qui oscillait toujours entre réveil et inconscience.
- Stapleton ? Demanda John, soudain essoufflé, mains sur les genoux.
- Appréhendé avec son pote. Beau travail, répondit Greg en lui donnant une petite tape amicale sur l'épaule, une chance que … hé, qu'est-ce que c'est que – JOHN ! »
La main de Lestrade était couverte de sang.
OHMONDIEU, pensa immédiatement John. Il s'était trompé ! Sherlock était blessé. Un de ces salopards avait du réussir à l'avoir juste avant qu'ils ne s'enfuient tous les deux.
Et John s'affaissa. Il ne sentit même pas la douleur lorsque ses genoux heurtèrent violemment le sol.
Autour de lui, tout devint noir.
John revint à lui la bouche pâteuse et dans le nez une odeur familière. Celle d'un hôpital.
« Bon retour parmi nous John, vous nous avez fichu une belle frousse.
John cligna des yeux.
- Greg ? Qu'est-ce que … sa langue venait de se coller à son palais tant son gosier était sec.
- Attendez. Tenez, buvez ça.
Le Lieutenant lui tendit un gobelet avec une paille. John ne se fit pas prier et but goulûment.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Reprit-il une fois que sa langue eut décidé de reprendre sa place normale.
- Un coup de scalpel juste au niveau de votre omoplate gauche. Le chant du cygne de Stapleton. Les urgentistes n'en sont pas encore revenus que vous ayez tenu si longtemps.
- Hum, répondit John, sursaut d'adrénaline. Efficace. Et Sherlock ?
Greg sourit.
- Il a la tête dure. Il est sorti après quelques heures d'observation et mène une vie infernale à tout le personnel soignant depuis votre admission. Ça fait plaisir de le voir se défouler sur d'autres personnes que des flics, pour une fois !
Des bruits dans le couloir leur firent tourner la tête vers la porte de la chambre. Greg soupira.
- D'ailleurs, voilà la « petite terreur » qui s'annonce. Je vais vous laisser tous les deux.
Sans frapper, Sherlock entra en effet dans la pièce. Il ouvrit la bouche pour invectiver le lieutenant mais ce dernier lui coupa l'herbe sous le pied :
- Oui, oui, je sais nous sommes tous une bande d'incompétents, nous aurions du stopper Stepleton avant qu'il ne fasse du mal à John, bla bla bla.
Stoppé net dans ce qu'il estimait certainement être une tirade de remontrances méritée, le visage de Sherlock afficha immédiatement un air boudeur qui fit rire John et Lestrade.
- Allez, je vous laisse, dit Greg. Reposez-vous John. Je repasserai plus tard pour votre déposition. Sherlock.
Sherlock ne salua pas le lieutenant.
John examina son ami. Il était pâle mais en un seul morceau. C'était le principal.
- Tu ne m'as pas écouté, dit soudain Sherlock.
Hein ? Quoi ?
Avant que John puisse répondre, Sherlock, enchaîna.
- Je me rappelle parfaitement t'avoir dit que Stapleton était derrière toi, armé. La position de son bras, ainsi que la manière dont il se tenait -
- Sherlock, soupira John. Le temps que tu finisses ta phrase, Stapleton m'avait déjà poignardé et son complice essayé de t'ouvrir le crâne comme un melon.
La réaction de Sherlock ne fut pas tout à fait celle que John avait prévue.
- C'est … c'est intolérable ! Hurla Sherlock, après avoir donné un violent coup dans le mur.
- SHERLOCK ! Mais qu'est-ce qui te prend ? Ta main ! Montre-moi ta main !
Sherlock ne l'écoutait pas. Il marmonnait dans sa barbe et avait commencé à faire les cent pas lorsque soudain, il s'arrêta et, un grand sourire sur les lèvres, se tourna vers John.
- John, j'ai trouvé. Nous avons besoin de messages codés.
- Que ? Quoi ? Sherlock, montre-moi ta main.
- C'est ça, des messages codés, des choses simples mais que personne sauf nous pourra comprendre, continuait Sherlock.
- Sherlock, gronda John, si tu ne me montres pas ta main dans les cinq secondes qui viennent, je demande à Mycroft de nous rejoindre.
- Quoi ? Mycroft ? Mais pour quoi faire ? S'indigna Sherlock.
- TA. MAIN, grogna John.
Sherlock, leva les yeux au ciel mais capitula.
- Assied-toi que je regarde ça. Bon sang, tirer sur les murs et maintenant, les frapper à mains nues, grommela John. Tu as vraiment un problème à régler avec eux, hummmm.
- Des codes, John, il nous faut des codes, répéta Sherlock tout excité.
- Bon, je pense que ça va. Ça ne te fait pas mal lorsque je manipule tes doigts ?
- Hum, non, bien entendu que non. Et donc, des codes. C'est une idée de génie. Un langage codé qui nous soit propre !
- Et tu proposes quoi pour « attention John, baisse-toi, il y a un homme armé qui menace de te poignarder » ? Répondit John soulagé.
- Hum. Il nous faut quelque chose de simple. Quelque chose que nous pourrons réutiliser juste pour dire « baisse-toi, danger ». Le langage maya est un peu compliqué mais nous pourrions essayer avec du -
- Les camées du Vatican, lâcha John.
- Quoi ?
- Je ne sais pas, c'est toi qui marmonnais ça à l'entrepôt.
- Oh. Oui. Une affaire ancienne. Rien de bien intéressant, des bijoux volés, répondit Sherlock en fronçant les sourcils. Je me demande pourquoi je pensais à ça.
- Euh, j'ai parlé de "miracle" et tu as enchaîné sur le "Vatican". Et les "camées".
- Ah, les associations d'idées, c'est –
Il stoppa net. Un large sourire se dessina sur son visage.
- C'est ça, John. C'est … c'est parfait ! Les « camées du Vatican » pour se baisser et « miracle » pour se lever. John, tu es –
- Un génie, oui, je sais, répondit John, amusé par l'enthousiasme de Sherlock."
Sherlock laissa échapper un petit « humpf !» à cette annonce puis il se lança dans l'élaboration d'une liste de mots codés à leur usage exclusif.
John ferma les yeux et se laissa bercer par la voix de son ami.
(1) Affaire citée par Sherlock Holmes dans le roman Le Chien des Baskerville d'ACD. « Je dois vous remercier, dit Sherlock Holmes, d'avoir attiré mon attention sur une affaire qui présente à coup sûr quelques traits intéressants. J'avais remarqué à l'époque je ne sais plus quel article de journal, mais j'étais excessivement occupé par cette petite histoire des camées du Vatican, et dans mon désir d'obliger le pape j'avais perdu le contact avec plusieurs affaires anglaises dignes d'intérêt. » Et bien entendu, dans Scandale en Bohème, cette expression est utilisée comme code entre Sherlock et John, ce dernier se baissant immédiatement, évitant de peu une balle perdue.
