Chapitre 1
-Hâtez-vous un peu mademoiselle! La réception de vos parents a déjà commencé.
Je regardais mon visage dans le reflet du miroir pendant que Rhea, ma servante, me pressait de finir de m'apprêter. Elle coiffait mes longs cheveux raides et blond qui tombaient dans mon dos, quelques mèches passant devant mes épaules. Pendant ce temps, sans entrain, j'appliquai un peu de fard sur mes joues et mes yeux. Sans vouloir me vanter, on pouvait dire que j'étais assez jolie avec mon teint halé, mes grands yeux bleus, mon nez fin et mes pommettes hautes.
Je portais une belle tunique que j'avais faite dans un tissu noble que ma mère avait acheté au marché. Il était soyeux et d'un blanc pur. Je l'avais recoupé pour qu'il tombe droit juste au dessus du genou. La tunique était uni-manche et un voile bleu cyan retombait sur mon épaule. L'autre était nue. Une bande du même tissu bleu rehaussé de deux fines lanières d'or ceinturait et mettait en valeur ma taille fine. J'attrapai mes bijoux d'or et les plaçai à mes bras et mes poignets.
Pourtant tout ça me laissait indifférente. Ma vie me semblait totalement creuse et j'étais aussi creuse qu'elle.
-S'il vous plaît, mademoiselle. Ne nous donnez pas des raisons de nous faire disputer.
Je laissai échapper un soupir.
-Ces soirées sont toujours ennuyantes à mourir, Rhea. Je n'ai aucune envie d'y aller.
-Mais vos parents sont des personnalités importantes pour la ville. Et s'ils organisent une petite réception, vous vous devez de vous y montrer. Et puis c'est l'occasion de vous trouver un mari.
-Je ne veux pas me marier!
-Enfin, mademoiselle Séléna, vous allez bientôt avoir dix-sept ans, il ne faut plus tarder! Grâce à votre éducation, vous serez peut-être bientôt une épouse parfaite pour l'un des hommes présents ce soir.
-Et si moi je n'avais pas envie d'être une épouse parfaite, hein? Je ne veux pas rester éternellement ici pour garder la maison en ordre et préparer le repas de mon mari chaque jour! Je veux partir, voyager!
Rhea pouffa de rire.
-Voyager? Mais qui vous a mis de telles idées dans la tête?
Je me renfrognai. Je savais parfaitement que jamais je n'aurais la chance de partir d'ici. Ma vie était tracée d'avance. Dans peu de temps, je serai mariée et tout ce qu'il me restera à faire alors sera de m'occuper de la maison et des enfants. Et ce n'était franchement pas ce dont je rêvais.
-Tu ne me laisseras pas ne pas y aller, n'est-ce pas?
-Non, mademoiselle.
Je soupirai une nouvelle fois, me levai, chaussai mes sandales et quittai ma chambre, Rhea sur mes talons. Nous arrivâmes dans la salle principale qui était remplie de monde. Tous avaient l'air ravi d'être là. Étais-je donc la seule à ne pas me satisfaire de ma vie?
J'entrai finalement pour me mêler à la foule. Quelques personnes se retournèrent sur moi. Rien d'anormal, mes parents étaient riches et moi encore célibataire. Celui qui sera choisit pour m'épouser n'y perdra pas.
Je flânai sans entrain à travers les gens, les observant au passage, à la recherche de mes parents. Je tombai sur quelques connaissances que je saluai et avec qui j'échangeai quelques paroles de politesse de circonstance, reconnut de vue des habitant de la ville et croisai même une jeune étrangère.
Je trouvai enfin mes parents qui étaient en grande discussion, une coupe de vin à la main et allai les rejoindre.
-Père, mère, saluai-je. C'est une très belle fête.
Mon père ne m'accorda pas un regard, partant déjà discuter avec un de ses amis. Ma mère par contre me lança un regard noir.
-Tu daignes enfin nous honorer de ta présence? Caliope Vasilis voulait te voir et ainsi te présenter officiellement son fils, Silas.
Silas Vasilis? Elle n'espérait tout de même pas me marier avec lui? Ce garçon était aussi beau et musclé qu'il était idiot.
-Bien entendu, continua-t-elle, je ne sus pas lui dire où se trouvait mon ingrate de fille. Et qu'est-ce que c'est que ça, siffla-t-elle en empoignant ma robe. Tu as complètement ruiné ce magnifique tissu, j'aurai tout aussi pu le donner à Rhea vu ce que tu en as fait. As-tu donc décidé de ridiculiser notre famille?
Retenant mes larmes, je me détournai une fois qu'elle eut finit de me faire ses remontrances et me dirigeai vers la porte d'entrée, ignorant ma servante qui me suivit un instant et me demanda ce que je faisais au moment où je passai la porte. Une fois dehors, je marchai droit devant moi et laissai couler librement les larmes sur mon visage. Les remarques de ma mère m'avaient blessée. Jamais je ne parvenais à la satisfaire. Quant à mon père, je n'étais rien pour lui.
Finalement, je me m'y à courir à travers les rues d'Athènes, aussi vite que je le pouvais. Courir me faisait du bien. De cette façon, j'avais l'impression que je pouvais tout quitter, cette ville et surtout cette maison.
Je ne saurai dire depuis quand je courrais, assez longtemps sans doute car j'arrivais dans les quartiers que l'on qualifiait, chez moi, de dangereux. En tournant le coin d'une rue, je bousculai un homme. Je tombai à terre tandis qu'il ne fit qu'un pas en arrière sous le choc. Je me relevai et m'excusai vivement de l'avoir bousculer.
-Je suis vraiment désolée.
J'allai repartir quand il me retint en m'attrapant par le bras. J'essayai de me dégager mais il me maintenant fortement à m'en faire mal.
-Qu'est-ce que vous faites? Lâchez-moi!
Un deuxième homme s'approcha de nous et je commençai vraiment à paniquer, ces deux là n'avait vraiment pas l'air commode.
-Et bien? Qu'as-tu trouvé là?
-Cette jeune fille m'est rentrée dedans et s'est à peine excusée. Je pense que je mérite un peu mieux comme dédommagement, tu ne crois pas? Demanda-t-il avec un sourire carnassier planté sur le visage.
L'homme qui venait d'arriver éclata d'un rire gras qui me fit froid dans le dos.
-Si, tout à fait.
-Laissez moi partir, s'il vous plaît !
Aucun d'eux ne sembla prêter attention à ce que je disais. À son tour, le deuxième homme vint se placer tout près de moi.
-Elle est pas trop mal en plus, continua-t-il en posant sa main sur ma robe pour la relever
-Lâchez-moi! Criai-je de plus belle. Arrêtez! Ne me touchez pas!
-Tu vas te taire, oui?
Il leva le bras devant moi pour me frapper et part la même occasion me faire taire. Je fermai les yeux, attendant le coup. Je ne sentis rien sur mon visage si ce n'est un courant d'air. Quand je les rouvris, je vis que mon agresseur avait été stoppé dans son mouvement par quelqu'un. La rue mal éclairé me permit seulement de discerner qu'il s'agissait d'un jeune homme. Moins grand et moins costaud que les deux autres hommes. Un peu plus loin, près de la rue principale, une autre silhouette se distinguait. Plus petite encore que mon sauveur et plus élancée. Il me semblait voir de longs cheveux voler autours d'elle. Elle avança d'un pas et son visage fut soudain éclairé par un rayon de lune. Une femme! C'était une jeune et très belle femme.
Je sorti de ma contemplation quand je ne sentis plus aucune pression sur mon bras et reportai mon attention sur les trois hommes tout près de moi. Mon sauveur m'adressa la parole.
-Tu ferais mieux de partir maintenant.
J'acquiesçai avant de repartir en vitesse d'où je venais. Je m'arrêtai un peu plus loin pour me retourner et regarder dans la direction opposée. Le jeune homme se battait avec ses deux adversaires sans mal. La jeune femme, elle, avait disparue.
Je repris mon chemin en sens inverse pour rentrer jusque chez moi. Je commençai à courir et trébuchai sur un pavé un peu surélevé. Je me rendis compte seulement que tout mon corps tremblait comme une feuille et relâchant la pression, je me remis, pour la deuxième fois de la soirée, à pleurer, repliée sur moi-même.
Quand je réussis à me calmer, je me relevai difficilement et repris la route pour rentrer à la maison. Ma robe était déchirée et sale, aussi quand j'arrivais enfin devant la porte d'entrée, je décidais de monter directement dans ma chambre, en essayant d'éviter le plus de monde possible.
