Titre : Ma douce
Auteur : ylg
Base : X-Men,
début années 80 (mettons circa UXM #141)
Genre : vie
quotidienne
Couple : Mystique
/ Destiny
Rating : PG-13/T
Disclaimers : 1)
les personnages appartiennent à Marvel ; 2) ça fait des mois et des
mois que je voulais écrire une
song fic avec Mystique, Destiny et la chanson 'Sarah' de Serge
Reggiani, mais le
temps que je me décide, FFnet avait interdit l'usage de
paroles qu'on n'a pas écrites soi-même : comme maître Georges Moustaki,
c'est pas moi, y'aura pas les paroles dans ma fic. Mais on peut dire
que l'idée de départ lui appartient quand même.
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Une journée
d'infiltration au Pentagone, véritable routine, se termine.
Mystique se dirige directement vers sa chambre, prenant à
peine le temps de saluer ses 'Confrères Mutants' Blob,
Pyro et Avalanche qui s'entraînent plus ou moins
consciencieusement et se chamaillent pour des broutilles.
Assise sur leur lit,
Destiny attend. Raven n'a pas besoin de frapper, Irene sait déjà
qu'elle arrive. Elle a toujours le geste qu'il faut, quand
la porte s'ouvre. Elle sait toujours qui est là, et pour Raven
elle se détourne des notes qu'elle griffonne pour
l'accueillir chaleureusement.
Elle est restée belle malgré l'empreinte du temps, se dit Raven. Le temps qui passe transforme sa beauté sans l'altérer vraiment.
Raven vient
s'agenouiller sur le lit aux côtés de celle qui
partage sa vie. Son premier geste est d'ôter les lunettes
noires qui protègent du regard des autres ses iris couleur de
lune. Et elle caresse du pouce ses paupières, doucement, comme
pour en effacer la fatigue.
Même si c'est
la fatigue de toute une vie, d'une vie tumultueuse qui s'y lit
souvent, la fatigue de leur vie à deux et de celle qu'elle a
menée ailleurs aussi.
Elle l'embrasse avec précaution. Pour baiser ses lèvres aujourd'hui elle a dû apprendre tendresse et délicatesse. Autrefois elle la couvrait de baisers voraces, dévorants d'une passion qu'il a fallu peu à peu apaiser. Le feu des étreintes passées fait place à un amour plus calme et plus respectueux.
Elle glisse le long de son cou pour nicher son visage au creux de son épaule et leurs joues s'effleurent. Elle est douce, si douce… Sous la poudre et les couleurs dont elle joue encore aujourd'hui pour se faire belle, sa peau blanchie et parcheminée est d'une douceur infinie.
Raven a beau l'assurer qu'elle est belle ainsi et qu'elle n'a pas besoin d'artifices, elle sait qu'Irene continuera à prendre soin de son apparence jusqu'à la fin. Cette volonté de plaire jusqu'au bout la lui rend encore plus précieuse, et plus fragile aussi. Le toucher de sa peau aujourd'hui froissée est aussi précieux à ses yeux que le souvenir du velouté de pêche qui était sien dans sa jeunesse.
Les années qui ont délavé son teint et marqué son visage disent tout le chemin parcouru, leur chemin à deux. Raven aime chacune de ses rides, qui disent leur vie ensemble.
Ses mains retrouvent,
plus bas, cet endroit qu'elles connaissent si bien. Dans le secret
de son corsage, elle ose encore dire que sa poitrine est toujours
belle. Si elle a perdu les formes altières de la jeunesse,
c'est qu'elle a nourri la vie. Elle avait piqué une colère
folle le jour où elle a appris pour cette enfant, ivre de
jalousie.
Aujourd'hui, ils
n'appartiennent qu'à elle, elle ne les montre à
personne d'autre. N'importe qui pourrait les trouver tristes.
Pour Raven, ils sont doux, chauds et confortables et elle aime que
leur moelleux ne soit que pour elle.
C'est tout son corps,
bien sûr, qui est ainsi.
La chair amoindrie et
la peau que Raven continue à chérir portent l'empreinte
d'une vie d'amour, dans ses bras et dans d'autres. A une époque
elle avait espéré effacer le souvenir de ces autres en
la faisant sienne, encore et toujours. Elle a parcouru son corps,
inlassablement, s'appropriant chacun de ses détails.
Quand elle la serre
dans ses bras leurs corps s'épousent au plus près.
Raven sait que, devant
les autres, et même pour elle, Irene veut paraître
toujours fière et s'astreint à rester bien droite.
Quand elles se serrent l'une contre l'autre, Raven devient le
soutien de son corps usé.
Ses épaules portent le fardeau des ans et le poids de ses visions. Son corps comme son esprit ploient sous les myriades des possibilités d'avenir, sa propre vie, et des milliers d'autres dont elle garde la mémoire. Destiny abrite ce qui a été, ce qui pourra être, ce qui ne sera pas… tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle sait.
Et depuis toutes ces
décennies, comme ça doit lui peser !
Elle les entend
presque, en bas, Pyro, Blob, Avalanche. Rogue sait, elle. Mais les
hommes, empreints de leur misogynie ordinaire, macho sans cervelle ou
séducteur éhonté, qu'ils osent s'apitoyer et
la prendre de haut, petit bout de femme usée, à
l'aspect si fragile… qu'ils se lamentent qu'une femme comme
Mystique perde son temps avec elle… S'ils savaient ! la
force étonnante qui est malgré tout en elle… pour
Raven une femme comme Destiny vaut des milliers de Blobs, de Pyros ou
d'Avalanches. Encore qu'elle ne voudrait sûrement pas de
ces milliers… et puis, elle-même est en fait tellement plus
âgée que son Irene. Même si ça ne se voit
pas. Ça fait partie de leurs secrets.
Le premier qui la
maltraite prend le risque de se retrouver par hasard au combat à
tirer une carte aller direct pour la prison, et y restera. La
fraternité mutante passera malgré tout après son
amour.
Elles sont l'une à
l'autre depuis longtemps déjà et pour longtemps
encore. Au creux du même lit, elles s'appartiennent.
Elles ont chacune vécu
leur lot de joies et de chagrins. Raven se rappelle l'avoir vue
grandir et devenir femme, mûrir puis vieillir, jour après
jour. En vie depuis si longtemps, elle deviendrait sans doute plus
folle encore si elle ne l'avait pas à ses côtés
pour lui rappeler le temps qui passe. Irene est son ancre et sa
bouée, qui la maintiennent à flot dans le courant du
temps. Tant qu'elle peut rester entre ses bras, elle n'a plus
peur. Ni de la vie, ni de la mort.
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note post-fic : si jamais ce genre vous plaît et que vous comprenez l'anglais, lisez 'Growing old' et 'The Kindness of Raven' par Lehni, vous verrez, ces deux histoires méritent le détour. Enfin moi je trouve.
