Discalaimer : Les personnages de FMA appartiennent a Hiromu Arakawa, le reste sort tout droit de mon imagination. L'exemple le plus évident est la sœur de Riza.
Pairing : Roy x Riza
Genre : Aventure, Romance, Drame
Rating : T
Avant de commencer, je voulais préciser que dans ma fic, il ne sera pas question d'armée pour Riza, et que les rôles des autres personnages ne seront pas forcément les mêmes que dans le manga. En gros, tout est boulversé alors, s'il vous plaît, ne vous attendez pas à y retrouver beaucoup de traces du scénario original... J'espère que malgré cela, vous lirez les lignes ci-dessous :) Merci.
Riza.
Je n'arrivais toujours pas à dormir. Le bruit des volets claquant au vent m'en empêchait. Je finis par me redresser sur mon lit et mon regard balaya la pièce, plongée dans l'obscurité. Mes yeux s'étant enfin habitués au noir, il finit par se poser sur la silhouette de ma jeune sœur, Winry. Je la fixai et remarquai qu'elle dormait paisiblement, elle, d'après la régularité de sa respiration. Malgré les évènements, elle arrivait à trouver le sommeil et à s'y plonger… « Petite insouciante » murmurai-je amèrement malgré moi.
Je finis par rabattre la fine couverture et décidai de me lever, car je savais par habitude que je serais incapable de m'endormir de sitôt. Sans faire de bruit je m'approchai de la fenêtre de la chambre et m'assis sur son rebord. Un frisson me parcourut. J'étirai ma vieille chemise de nuit jusqu'à mes chevilles et me blottis du mieux que je pus sur la fine banquette. Je contemplai les arbres secoués avec violence par le vent. Étrangement, il ne pleuvait pas encore, bien que ce temps digne d'une tempête ait duré toute la soirée.
Je soupirai. C'est par un temps semblable que nous avions tout perdu.
Je m'en souvenais parfaitement. Cela s'était passé quelques mois auparavant, environ deux semaines après mon seizième anniversaire… Moins j'y repensais, plus cela m'épargnait de rancœur. Mais je ne pouvais empêcher à mes pensées de vagabonder à travers ces souvenirs.
Nous étions réunies dans la petite salle à manger, Win, et mes deux seules amies. J'avais eu la permission d'inviter les deux jeunes filles à la petite maison familiale pour la première fois. C'était aussi nouveau pour moi que pour elles. Ma mère était évidemment restée à l'étage plutôt que dans sa chambre, car nous préférions rester discrets avec mes invitées. Elle demeurerait donc enfermée toute la soirée, et nous n'avions plus qu'à croiser les doigts pour qu'elle ne cause pas trop de dégâts cette fois là.
Mais l'ambiance était tendue, je ne savais ni ce que je devais dire, ou demander, ou proposer. Pour faire mieux passer le temps, une des demoiselles eut l'idée de prendre un thé, ce fût donc ainsi que nous nous retrouvâmes toutes les quatre autour de la petite table du salon. Je repensais à l'expression d'Elizabeth et de Caroline lorsqu'elles entrèrent chez nous. Elles furent tout d'abord relativement troublées par la modestie des lieux, car venant de familles relativement aisées elles ne devaient pas vraiment se sentir à leurs aises chez nous.
Moi non plus je ne me sentais pas du tout à l'aise parmi les jeunes filles riches et de bonne famille de mon lycée, et parfois j'en venais donc à me demander ce que je faisais dans ce fichu établissement privé de Saint-François. Pendant toute l'année, j'avais été certaine de ne pas y avoir ma place, car parmi ces filles dont les parents ne roulaient qu'avec des voitures extrêment chères, et qui possédaient des villas hors de prix, des belles robes et des petits chapeaux, parmi ces filles qui portaient les cheveux soit joliment bouclés, soit lissés avec soin et enduits de pommade, je brillais par ma condition. Et ce n'était pas bon du tout.
À cette époque, mon vœu le plus cher était de devenir invisible. Je ne savais même pas comment elles faisaient pour connaître ma vie dans ses détails. Non, nous n'avions pas de voiture, oui, c'était moi qui me faisais ma robe dans une toile bon marché, oui, nous habitions dans une très vieille maison, oui mon père était étrange et ma mère encore plus. Et oui, je les haïssais, élèves frivoles, superficielles et arrogantes. Pendant la première moitié de l'année scolaire, le pire moment que j'avais à affronter était toujours l'arrivée du lundi matin.
Elles revenaient du week-end en ayant fait leurs réserves de moqueries et de remarques désobligeantes, comme si leur vie était tellement vide qu'elles devaient à tout prix s'occuper de la mienne. En général, je les ignorais. Ou du moins j'essayais de ne pas trop tenir compte de leurs humiliations.
En ayant marre de cela, j'en étais arrivée aux mains à deux ou trois reprises, depuis on ne trafiquait plus autant mes affaires, et on me bousculait moins mais je sentais jusqu'à présent une certaine hostilité.
En réalité je me trouvais sociable, mais je ne comprenais pas pourquoi aucune de ces filles ne cherchait à voir ce qui se cachait sous tous les préjugés.
D'habitude, ma situation là-bas s'améliorait à partir du mercredi soir, car on faisait moins attention à ma personne, étant préoccupé par d'autres sujets importants, comme les vêtements ou les garçons. Et pour combler le tout, ce lycée était très cher, et je ne comprenais pas pourquoi mon père consentait à dépenser autant d'argent pour moi... Il pensait sans doute mes bons résultats méritaient d'être exploités dans un lycée privé dans lequel les élèves auraient un excellent niveau pourtant il se trompait, il n'y avait que des pimbêches qui ne s'intéressaient pas aux études et qui pensaient que l'argent et les relations de leur famille leur garantiraient un bel avenir. C'était pour cela que je ne ressentais que de l'indifférence envers la plupart des filles, et de l'antipathie pour toutes les autres.
Toutes sauf deux seules : les deux camarades que j'avais invitées chez moi. Elizabeth et Caroline pouvaient de temps en temps rendre mes journées plus supportables car même si nous n'étions pas particulièrement proches, elles étaient vraiment gentilles et me témoignaient de la sympathie, de plus nous pouvions discuter ensemble sur certains sujets pendant des heures. Mais je m'en fichais de tout ça. Pour rien au monde je n'aurais aimé ressembler à ces filles, ne serait-ce que pour une journée. Je préférais être dépréciée, voire haïe. Leur vanité me dégoutait, leur arrogance m'énervait, leur coquetterie m'agaçait au plus haut point.
Ou peut-être me mentais-je et j'aurais voulu au moins mener une vie normale. Je n'arrivais donc à m'entendre qu'avec quelques filles du village.
Cet après-midi là j'avais eu l'idée de fabriquer avec mes deux amies et ma sœur des petits lampions, à l'intérieur desquels nous voulûmes mettre des bougies pour éclairer le jardin, car bien qu'il soit tôt dans l'après-midi, l'obscurité du ciel et l'humidité de l'air présageaient un gros orage, l'atmosphère était vraiment lourde et nous voulions en profiter pour montrer aux deux filles nos seules possessions dont nous étions fières avant qu'il pleuve, notre « fabuleuse forêt» comme l'appelait très emphatiquement notre père, ce n'était ni plus ni moins qu'un tout petit bois, mais ce qui était surprenant, c'était la hauteur des arbres, que mon père avait considérablement agrandie grâce à l'alchimie, et c'était pour cette raison que nous pouvions perdre de vue notre petite maison.
J'étais évidemment contente de pouvoir le leur montrer, car j'étais certaine qu'elles seraient ébahies, bien que cela ne changeasse rien au fait que nous possédions un terrain impressionnant mais une maison à faire pleurer… Elle était si vieille qu'elle en était au point ou le toit se déplombait, les murs et plafonds moisissaient… .Ce n'était que l'héritage que père avait agencé à l'aide de l'alchimie, mais il était tellement occupé en ce moment qu'il paraissait ne rien avoir remarqué. J'étais rouge de honte au moment de leur ouvrir la porte, et j'avais pris garde de tout dissimuler au maximum dont j'étais capable. Je me confondis tout de même en excuses sur l'état des lieux lorsque je vis les mines ahuries qu'elles essayaient en vain de cacher.
En leur montrant notre petit bois, je vis que mon père lisait assis sous un arbre, après un bref salut de la tête de sa part, nous nous éloignâmes suffisamment pour être cachées à sa vue et commençâmes à nous raconter des petites histoires, j'étais assez soulagée que mes camarades fussent distraites et qu'elles ne s'intéressassent pas à notre pauvreté. Elles s'empressèrent de jouer, car d'après ce que j'avais compris, ce jeu était assez à la mode au lycée, et ce furent donc des romances pour Caroline, histoires d'horreur pour Win… À mon étonnement, c'était très drôle, surtout grâce aux histoires à l'eau de rose de Caroline, qui exagérait le côté lyrique, et à celles ratées de ma sœur, qui nous arrachaient des sourires au lieu de moues apeurées… Lorsque ce fut mon tour, je ne trouvai qu'une vielle légende pirate et Elizabeth enchaînait sur un récit vampirique lorsqu'un cri, non un hurlement perça ma bulle de bonheur. C'était si strident que je croyais l'avoir entendu dans ma tête. J'eus un horrible frisson le long de l'échine je n'avais jamais entendu quelque chose de semblable. C'était ma mère.
J'échangeai un regard avec Win, elle semblait aussi désemparée que moi. Malgré ses fréquentes crises, notre mère n'avait jamais hurlé de cette façon. Évidemment qu'elle hurlait, mais je voulais dire que ce n'était pas de cette manière. Jamais un seul hurlement suivi d'un silence si inquiétant. Elizabeth et Caroline étaient terrifiées et s'étaient levées en sursaut. Je me levai à mon tour et nous nous approchâmes de mon père, il fit un geste de la main.
- Voyons mesdemoiselles, ne vous inquiétez pas, dit-il en souriant à l'intention des invitées, ce n'est qu'une femme malade. Nous, humains, ne pouvons pas faire grand-chose… à part peut-être prier, et encore, je doute que cela serve… Nous, alchimistes avons dépassé ce stade, du moins, moi parlant… Vous savez, elle ne mérite pas ça, elle n'a pas toujours été irréprochable mais c'est une femme inégalable, je doute qu'on lui arrive un jour à la cheville, car ces choses qui rendent Elena si merveilleuse s'en iront avec elle jusqu'à la tombe, c'est pour cela que je crois bien avoir envie de la suivre…
Les deux jeunes filles restèrent bouche bée, je doutai qu'elles aient compris quoi que ce soit, car elles ignoraient et la maladie mentale de ma mère et que mon père était alchimiste. En réalité, j'avais essayé de la leur cacher. Ce serait une raison de plus pour prouver mon étrangeté.
Je regardai furieusement mon père. Il semblait satisfait de son petit sermon et nous proposa, ou plutôt ordonna de retourner jouer. Nous nous rassîmes en cercle, mais je constatai que mes amies semblaient encore plus inquiètes.
Quelques minutes plus tard, je commençai à avoir un mauvais pressentiment. Je ne saurais pas dire pourquoi car ma mère était bien enfermée, mais je sentais le besoin de vérifier quelque chose. J'essayai d'entrevoir la maison à travers les feuillages. Étant dans l'impossibilité de l'apercevoir, je me levai et m'en approchai. Je crus entrevoir de la lumière entre les branches de l'arbre qui me bouchait la vue. Avait-on allumé une lampe si près d'une fenêtre ? Je n'aimais pas ça… n'y tenant plus, je courus en direction de notre petite maison, histoire d'avoir enfin l'esprit tranquille.
Je me figeai d'horreur.
Tout l'étage de ma maison flambait. Ma respiration se bloqua. Je mis du temps à réagir en voyant les flammes, mais heureusement Win arriva sur mes talons. Elle hurla. Ma première réaction fut de courir à l'intérieur récupérer nos économies, précieusement rangées dans le tiroir du bureau de notre père. Je me dirigeais vers la porte lorsqu'on me retint par le bras, c'était lui.
- Ne vous affolez pas, il faut agir vite, dit-il d'une voix qu'il essayait de rendre ferme - mais à travers de la quelle je sentis de la panique-, courrez chercher de l'aide dans le voisinage, le plus de personnes possibles. Pendant ce temps j'essayerai de sortir de là votre mère, dit le jeune homme en se ruant vers la petite maison.
Je pris Win par la main, et bafouillai quelques excuses à mes deux amies en leur indiquant d'aller s'abriter chez miss Jane, la maison blanche au bout de la rue. Quoiqu'un peu égarées, elles ne se firent pas prier et prirent leurs jambes à leur cou. En les voyant courir, je me lamentais de cette journée, parfaitement ratée, dont tout le lycée serait au courant au plus tôt. Sans perdre de temps, je me précipitai dans la rue, en entraînant ma jeune sœur. Celle-ci semblait être dans un état second, mais nous parvînmes à arriver à la première maison en peu de temps. Nous frappions aux portes, j'expliquais la situation car Win était incapable de parler, étouffée par les sanglots, ne prenant même pas le temps d'écouter la réponse de ces braves gens. J'étais comme un automate, mais au moins j'avais la chance de pouvoir conserver mon sang froid, et j'eus l'impression que la plupart de nos voisins vinrent nous prêter main forte.
Je craignais avoir été trop lente, et que le temps de retourner à la maison celle-ci soit totalement calcinée, je courais donc de toutes mes forces, en tirant de ma sœur, comme si le que nous soyons là-bas pouvait encore sauver quelque chose.
Le vent qui s'était levé n'avait pas cessé pendant que nous étions allées chercher de l'aide, je n'y prêtai pas vraiment attention sur le moment car je maudissais la pluie qui ne venait toujours pas. Nous retournâmes rejoindre notre père. Nous savions qu'il était rentré dans le brasier et avait essayé de secourir notre mère. Il était à terre désormais, retenu par deux autres hommes, pendant qu'un troisième, sûrement le docteur, l'examinait. Il tremblait, avait les vêtements en lambeaux et pleurait toutes les larmes de son corps en hurlant vers la maison quasiment brûlée.
Win se dirigea, titubante vers lui et l'encercla de ses bras. Il appelait « Elena » sans cesse. Je restai en retrait et soupirai, je savais qu'on ne pouvait plus rien faire. Juste éviter que l'incendie se répande, ce dont s'occupaient les autres.
Les flammes ne léchaient dorénavant plus la façade mais bien que j'essayasse, je n'arrivais pas à bouger. Quelque chose se brisait en moi, j'avais réellement peur, c'était comme si je me rendais compte de la gravité de la situation, et je ne pouvais rien faire à part contempler ces derniers rubans orangés qui essayaient de consumer ma maison sans pitié. J'assistais à la destruction de seize années de ma vie, seize années qui se terminaient sous mes yeux. Je ne savais pourtant si je devais m'en réjouir ou pas… Car je me demandais ce que nous allions faire désormais sans lieu où habiter, sans famille pour nous recueillir, sans le sou… Je me posais beaucoup d'autres questions mais soudain tout devenait flou autour de moi, et ma tête sifflait… J'avais de plus en plus de mal à tenir debout… Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, je ne m'étais jamais sentie comme cela auparavant… Je titubai en avant, essayant de m'agripper à quelque chose, mais ma main ne saisit que du vide… Je finis par ne plus rien voir et je pus sentir l'herbe râpeuse contre ma joue. Je perdais connaissance.
Je sursautai. Win avait gémi dans son sommeil et m'avait tiré de mes lugubres souvenirs. Je m'étirai, je ne pouvais pas savoir pendant combien de temps j'étais restée collée contre la fenêtre car Claudia m'avait confisqué ma montre. Je commençais quand même à me sentir fatiguée et fermai les yeux. La vitre contre ma joue s'était refroidie dès que je l'avais enlevée et je dessinai sur la buée faite par mon souffle. Un bruit sur le carreau m'arracha un soupir. Il pleuvait.
