Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling !

Prologue. (Say something - The Great Big World, Christina Aguilera)


Le petit garçon marchait dans le couloir à peine éclairé. Sa fine chemise ne le protégeait pas du froid qui régnait dans les cachots et il ne pouvait s'empêcher de frissonner. Ses mains serraient avec force un petit dragon en peluche. Au moment où il s'y attendait le moins, une ombre fondit sur lui.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda l'homme d'une voix dure.

- Ze…j'suis désolé ! 'voulais juste voir ! dit l'enfant d'un ton tremblant.

- Voir ? Voir quoi ?! Comme si les visites de ton père ne suffisaient pas… Qu'est-ce que tu veux aller faire là-bas ?

- Je… S'il te plaît Peter ! Steuplaît…

Il était bien incapable de dire pourquoi il voulait tant voir. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait BESOIN de rentrer là-dedans. Sa moue se fit un peu plus suppliante et l'homme finit par s'écarter en grondant.

- Dix minutes, pas plus.

Le garçon avança lentement. L'endroit était sinistre. Les cachots n'étaient en principe plus utilisés depuis des années et les grilles pendaient sur leurs gonds. Des araignées et des rats s'enfuyaient sur son passage. Il trembla à nouveau, de peur cette fois. Il arriva enfin dans la partie la plus profonde, la plus noire de la prison. Une odeur atroce le prit à la gorge, mélange de sang, de terreur et de mort. Un instant, il crut qu'il allait se mettre à pleurer mais il se retint de justesse. Son père ne cessait de lui répéter que pleurer c'était pour les faibles. Il ne comprenait pas bien ce que ça voulait dire, il était trop petit, mais il savait que c'était mal et qu'il pourrait être sévèrement puni. Il s'approcha de la grille avec appréhension. Il ne distinguait pas grand-chose dans la pénombre mais il entendit quelqu'un bouger dans un coin.

- … Bonzour, dit-il d'une voix mal assurée. Pas de réponse. Tu veux bien zouer avec moi ?

Deux yeux immenses et brillants apparurent devant lui.

- Laisse-moi.

Une voix, une voix cristalline d'enfant sortit des ténèbres.

- Qu…quoi ?

- Laisse-moi t'anquille ! Veux pas te parler, j'veux parler à pe'sonne, dit-elle d'une petite voix cassée. Te connais pas d'abord, t'es qui ?!

Elle s'était davantage approchée de la porte et il put enfin la détailler correctement. De longs cheveux sales et emmêlés, quelques taches de rousseur sur ses joues encore mouillées de larmes. Et des bleus, des coupures plus ou moins profondes. Lui aussi se faisait mal parfois lorsqu'il tombait de son balai-jouet mais là c'était différent. Il y en avait beaucoup trop. Elle inspira brusquement.

- C'est ton père, ah oui ?!

Le petit garçon recula de deux pas et sa lèvre inférieure tremblota. Pourquoi est-ce qu'elle était obligée de poser cette question ? Tout ce qu'il voulait c'était jouer avec elle ! Et maintenant il l'avait mise en colère. Alors que c'était la seule qui avait son âge dans cette immense maison. Les amis de son père qui venaient parfois chez eux étaient ennuyeux et leurs enfants encore plus. Elle le regarda férocement puis…

- Ton papa l'est méchant ! Il fait mal, tout le temps !

Il eut l'impression de recevoir une gifle.

- Non… Non c'est pas vrai ! répliqua-t-il en commençant à sangloter.

Son père ne pouvait pas être méchant n'est-ce pas ? Même s'il le corrigeait souvent, il était forcément gentil…

- Si ! C'est lui qu'a fait ça, il m'a tapée ! Elle désigna les bleus sur son visage. Il est méchant avec moi ! Même Peter il dit que c'est vrai… Il dit que ton papa c'est un salaud ! Veut dire qu' c'est un méchant monsieur et qui blesse les enfants !

- Tu mens ! cria-t-il de toutes ses forces.

Elle l'observa avec une expression indéchiffrable.

- …Va t'en.

- Mais…

Il sentit ses pleurs devenir incontrôlables.

- VA T'EN ! LAISSE MOI T'ANQUILLE ! VA T'EN, VEUX TU T'EN AILLES ! VA T'EN, VA T'EN, VA T'EN…

Il s'enfuit à toutes jambes et croisa Peter en haut de l'escalier qui le regarda furieusement.

- Mais qu'est ce que tu as fais ?!

Il n'eut même pas le temps de répondre.

- PETER ! tonna une voix grave.

L'enfant se cacha dans un renfoncement du mur. Si son père le trouvait ici, ça risquait d'aller très mal pour lui…

- Fais-la taire. Je m'en occuperai plus tard, dit-il en souriant avant de tourner les talons.

Après un autre regard accusateur dans sa direction, Peter obéit et descendit vers les cachots où l'on entendait toujours des hurlements. Et le petit garçon courut le plus vite possible vers sa chambre, sanglotant sans s'arrêter, et les larmes coulant librement sur ses joues à présent.

Il était allongé sur son lit, roulé en boule. Il n'avait quasiment pas dormi de la nuit, la tête enfouie dans son oreiller pour étouffer ses pleurs. Son père était déjà parti travailler et sa mère recevait des amies au jardin. Lentement, il sauta de son lit et frissonna quand ses pieds nus touchèrent le sol glacé. Toujours en pyjama, sa peluche serrée contre lui, il sortit dans le couloir et erra un moment dans le manoir. Sans trop savoir comment, ses pas le menèrent en haut de l'escalier des cachots. Peter n'était nulle part en vue et la porte était légèrement entrouverte. Le petit garçon descendit les marches avec hésitation. Quelque chose était différent de d'habitude. La forte lumière le frappa. C'était ça ! Les lampes torches fixées au mur étaient toutes allumées, laissant voir le contenu des cellules. Arrivé au bout du couloir, il se figea. On pouvait entendre une voix douce et grave et un enfant qui reniflait bruyamment. Peter était accroupi à côté de la petite fille et lui parlait d'un ton apaisant. Il avait posé une main sur son épaule pour la réconforter et de l'autre il tenait sa baguette magique qu'il agitait au dessus du bras de l'enfant. Cette dernière se mordait les lèvres pour tenter de ne pas pleurer, son bras gauche replié contre son ventre. Il crut qu'il allait vomir lorsqu'il vit le sang sur le sol et la plaie béante. Puis Peter leva les yeux sur lui.

- Encore toi ?! Mais qu'est-ce que tu fiches là ? Ça suffit ! Qu'est-ce que tu veux à la fin ?!

Elle lui jeta un regard mauvais.

- Va t'en ! J'ai dit que voulais pas qu'tu restes… C'est ta faute tout ça ! dit-elle avec un petit reniflement. Elle désigna son bras d'un signe de tête. Peter ! S'il te plaît ! Dis-lui s'en aller…

- Non ! Non…attends, steuplaît… suis désolé ! Ses yeux brillèrent de larmes. J' voulais pas, je jure ! Voulais pas qu'il fasse ça…

- Explique-toi, ordonna durement Peter.

- Ze… voulais juste zouer. Suis toujours tout seul et elle toujours ici… Pou'quoi c'est mal, Peter ?

- Mais enfin qu'est-ce que tu croyais ?! Qu'elle allait t'accueillir à bras ouverts ? Avec ce que ton père lui fait subir ?! Et tu penses vraiment qu'il va t'autoriser à fréquenter sa « prisonnière » ?

Le garçon se mordit la lèvre et ferma les yeux. Le sujet était visiblement sensible pour lui.

- Ze dirais 'ien à Père…

Peter le fixa, surpris.

- Et qu'est-ce qui te fait croire qu'elle a envie de jouer avec toi ?

Le petit garçon ouvrit la bouche puis la referma. Il baissa la tête d'un air misérable pour contempler le sol.

- Ze… Pa'don, dit-il en s'adressant à elle. Suis désolé… J'voulais… te donner ça. Il lui tendit son dragon en peluche d'une main tremblante. Pas g'ave si tu veux pas, dit-il sans oser croiser son regard.

Et sans rien ajouter d'autre, il se dépêcha de retourner jusqu'à sa chambre. Il ne vit pas le regard étonné de la petite fille ni celui calculateur et intéressé de Peter.

Abattu, il s'était allongé sur le tapis devant son lit et jouait sans enthousiasme avec une de ses figurines animées de joueur de Quidditch lorsqu'un coup sec sur sa porte lui fit lever les yeux. Peter passa la tête dans l'entrebâillement et le contempla d'un air indéchiffrable.

- Elle te dit merci, dit l'homme d'un ton neutre.

Il le regarda, ahuri. Est-ce qu'il avait bien entendu ?

- Et… reprit Peter, elle est d'accord pour que tu viennes jouer avec elle. Si tu le veux toujours bien sûr...

Pour la première fois depuis très longtemps, le petit garçon sentit un véritable sourire fleurir sur ses lèvres et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Et c'est comme ça que tout avait commencé…