Pour fêter l'arrivée du mois de Mars (en fait non, mais j'ai envie d'un prétexte), voici une nouvelle fic. Qui n'est pas tellement nouvelle, en fait. Je m'explique.
Sur la communauté le_snackbar, on peut aller proposer des idées de fic, passer commande, et attendre peinard qu'une fic tombe. C'est ce qu'a fait taraxacum_officinalis, avec ceci : "A la fin du tome 4, Albus fait finalement le choix d 'envoyer Sirius et Severus chez les Dursley, pour protéger Harry...Entre la réaction de la famille moldue, les cauchemars d"Harry et l'antagonisme des deux autres, ça va pas être triste! Et ça peut éventuellement couvrir ce qui leur arrive après le séjour. Est-ce que la modification de leur relation chez les Dursley les préservera de leur destin tragique, ou pas??" Ce à quoi j'ai répondu 'Squee !' avant de me jeter sur mon clavier. Une fois de plus, ce qui était censé être un OS s'est rerouvé à 18 000 mots et huit ou neuf chapitres. J'ai oublié le compte exacte.
Cette fic a été publiée au fur et à mesure de son écriture sur Livejournal, sous le titre Cohabitation. Le titre a été changé, tout bêtement parce que Tara (encore elle) en a trouvé un bien mieux alors que nous cherchions le pipi room à la Gare de Lyon. Les fleurs seront forwardées chez elle.
Avant de commencer, j'aime les reviews. Ca méritait d'être dit.
Prologue
« Ah, Sirius, entrez entrez ! Une petite tasse de thé ? » demanda Albus Dumbledore en voyant la porte de son bureau s'ouvrir sur un homme grand, brun et complètement paniqué. Il avait un rameau de chêne coincé dans les cheveux.
« Albus ! Est-ce que tout va bien ? Je suis venu dès que j'ai eu votre hibou. »
« Je vous en prie, asseyez-vous donc, j'ai un excellent Darjeeling qui- »
« Vous avez dit que c'était une urgence. J'ai dû utiliser le dernier Portoloin de secours de Remus - il vous passe le bonjour, d'ailleurs – j'ai traversé la forêt en courant, j'ai failli me faire bouffer par une araignée de la taille du Magicobus, et vous me proposez du thé ? » le coupa Sirius, indigné.
« Allons, allons, j'avais juste un service à vous demander, mais si vous êtes occupé je peux envoyer quelqu'un d'autre passer l'été avec Harry, ça n'est pas un problème. » répondit calmement Dumbledore en sirotant une gorgée de verveine. Sirius eut une seconde de blanc.
« Hein ? »
« Prenez-donc ce fauteuil, il est très confortable, » répondit le directeur eu désignant une vieille horreur en chintz violet posée en face de son bureau. Sirius s'exécuta sans parvenir à décrocher un mot de plus qu'un nouveau « Hein ? ».
Dumbledore déposa une tasse dans ses mains d'un coup de baguette et prétendit quelque minute de plus être simplement en train de prendre une petite tisane en bonne compagnie. Lorsqu'il reposa sa soucoupe, Sirius le regardait toujours la bouche légèrement entrouverte.
« Étant donnés les événements récents, j'ai jugé plus sage de ne pas laisser Harry sans protection cet été. L'Ordre avait mis en place des tours de gardes, mais l'un des volontaires s'est déjà absenté deux fois en plein milieu de sa garde et a dormi presque toute la troisième. » Il jugea inutile de préciser duquel exactement il s'agissait. Il suffisait de savoir que son nom commençait par Flet- et finissait par -cher. « Cela met clairement en évidence le fait que Harry a besoin d'une protection plus rapprochée que celle qu'il a depuis le début de la semaine. Constante, même. Bien évidemment, vous êtes tout indiqué pour ce travail. » conclut-il avec le ton le plus raisonnable du monde.
Sirius eut, une fois de plus, un blanc. Puis il eut un immense sourire, avant de froncer les sourcils.
« Je doute que les Dursley soient ravis de me voir sur leur paillasson, ils auraient déjà alerté tout le quartier avant qu'on ait pu leur expliquer quoi que ce soit. » dit-il lentement, comme à contrecoeur.
« Ah, oui. C'est la raison pour laquelle vous allez vous faire passer pour l'animal de compagnie d'un second garde. »
Le ton parfaitement détaché de Dumbledore alluma une énorme sirène d'alarme dans la tête de Sirius.
« Qui ? »
« Non. » Le ton était tout ce qu'il y a de plus définitif. Le même genre de non que quelqu'un qui confisque ses clefs de voiture à un ami saoul, ou qu'un enfant de deux ans qui a décidé qu'il n'avait pas envie de carotte.
« Severus, soyez raisonnable, vous savez bien que vous n'avez aucune alternative aussi sûre, » argua Dumbledore en prenant bien soin d'ajouter une mesure de supplication dans sa voix. « Cette maison est le seul endroit au monde dans lequel nous sommes sûrs que Voldemort ne pourra pas vous atteindre, maintenant qu'il sait que vous avez espionné contre lui. Et nous avons besoin de vous en vie, vous avez trop de valeur. »
Rogue croisa les bras haut sur sa poitrine, en un geste d'auto-protection boudeur. Il avait toujours été bien trop sensible à la flatterie pour son bien. « Alors vous me demandez de choisir entre passer l'été chez Potter, avec Black ; et la mort ? » Un reniflement dédaigneux. « Cornélien. »
Dumbledore lui adressa un regard sévère. « La question est simple : avez-vous envie de connaître une mort atroce ? »
« Évidemment que non, » marmonna Rogue, tout en sachant qu'il venait de dire adieu à deux mois de vacances dont il aurait pourtant eu besoin.
« Bien. Dans ce cas je ne vois pas où est le problème » répondit le directeur en claquant des mains. « Vous pouvez aller faire votre valise tout de suite, le portoloin part dans trois heures. »
Rogue hocha brusquement la tête et quitta la pièce à grands pas. Il regagna son appartement, claqua la porte derrière lui et s'y adossa lourdement avec un grognement désespéré.
Dumbledore, son expression sévère légèrement gâchée par l'ombrelle de dentelle rose qu'il tenait à la main, regarda de sous ses sourcils les deux messieurs renfrognés qui se tenaient en face de lui.
« Les règles sont simples : vous êtes des invités, alors tâchez de rester polis, et autant vous le dire tout de suite, ce ne sera pas toujours aisé. Pas de sortilèges, sauf en cas de danger de mort imminent. » Rogue ouvrit de grands yeux furieux et commença à ouvrir la bouche. « Harry porte la Trace, et le Ministère ignore que vous serez avec lui dans la maison. Je préférerais que ça ne se finisse pas en conseil de discipline. » Rogue referma la bouche, le temps de trouver un point de contestation valide. « Je ne sais pas ce qu'il en sera du logement sur place, mais en toutes circonstances, vous êtes priés de vous tenir. Est-ce bien clair ? »
Deux hochements de tête vaguement coupables.
« Enfin, personne n'est au courant de votre arrivée, pas même Harry. Votre séjour doit rester secret. En conséquence, lorsque vous sortirez de la maison, Severus vous porterez des vêtements moldus (puis-je suggérer une nouvelle coupe de cheveux ?), et Sirius vous resterez sous votre forme canine. Je vous suggère d'ailleurs de faire de même en compagnie des Dursley. Il serait malavisé de leur provoquer une crise cardiaque collective. Des questions ? »
« Pourquoi est-ce que lui a le droit de faire de la magie et pas moi ? » demanda Rogue d'un ton acide. Black poussa un grognement exaspéré.
« C'est un sortilège internalisé sans baguette, crétin. Sauf si le ministère a placé une barrière de detection spécifique, c'est imperceptible. T'es pas censé être un expert sur la question ? » répondit-il avec agacement.
« Et comment tu sais qu'ils ne l'ont pas fait ? » répliqua Rogue en montrant les dents.
« Les fils Weasley sont venus chercher Harry en voiture il y a trois ans. Peter Pettigrow est rentré dans l'enceinte de la résidence sans le moindre souci, » expliqua sereinement Dumbledore. Les deux hommes se retournèrent brusquement vers lui. Apparemment, il ne leur avait fallu que quelques secondes pour oublier sa présence. « Sommes-nous prêts ? »
Il choisit de prendre les deux grommellements mécontents qui lui répondirent pour un oui. Les trois hommes se saisirent de l'ombrelle, et atterrirent bientôt avec une grâce toute relative sur le tapis du salon d'Arabella Figg. Un crachouillement furieux informa Rogue qu'il venait de marcher sur un chat. Etonnament, il ne s'en trouva pas plus attristé que ça.
Dumbledore leur administra une tape paternelle sur l'épaule à chacun et repartit par la cheminée, mais non sans avoir remis un collier et une laisse à Rogue. « Il serait dommage que Sirius se retrouve coincé à la fourrière. Maintenant que j'y pense, il aurait été plus sûr de le faire tatouer aussi.. »
Sachant que cette opération nécessitait un vétérinaire, et que Sirius tenait de source sûre que les vétérinaires castraient les chiens, il décida qu'il était pressé de partir, attrapa le collier, l'attacha autour de son propre cou et se métamorphosa. La vieille Mrs Figg leur indiqua la direction de la maison des Dursley, et ils se mirent en route sans plus tarder.
Le triomphe sardonique de Rogue à l'idée de tenir Sirius Black à ses pieds au bout d'une laisse dura environ trois secondes, après quoi il se rendit compte que manoeuvrer une valise sans roulette en même temps qu'un chien suffisamment gros pour servir de poney à un jeune enfant (lequel prenait par ailleurs un immense plaisir à tirer autant que possible sur sa laisse, afin d'entraîner son 'maître' dans une succession de petits vols planés peu élégants) était une entreprise pour le moins complexe.
Rogue était tellement absorbé par sa tâche actuelle (à savoir arriver à mettre un pied devant l'autre sans s'étaler par terre), qu'il ne se rendit compte que Black l'avait conduit juste devant la porte des Dursley que lorsque celui-ci se mit à aboyer. Oh, il n'aurait probablement pas trouvé tout seul aussi facilement de toute façon. Ces maisons étaient toutes parfaitement identiques.
Il appuya longuement sur la sonnette, et entendit un homme beugler « Potter ! Va ouvrir ! » depuis le salon tout proche. Il mit ces quelques secondes d'attente à profit pour observer le jardin. Pas de feuilles mortes, une pelouse tondue au millimètre, des rosiers taillés avec une précision militaire. La porte du garage avait également été entretenue récemment, la peinture était encore fraîche.
Il y eut des bruits de pas précipités, puis la porte s'ouvrit sur un jeune homme brun et maigrichon, qui portait des vêtements trop grands, usés et tâchés de peinture. L'expression d'horreur suprême sur son visage en voyant qui se trouvait derrière la porte fit se dire à Rogue que son séjour pourrait être assez amusant, tous comptes faits.
