- « Il est des loups de toutes sortes
Je connais le plus inhumain
Mon cœur que le diable l'emporte
Et qu'il le dépose à sa porte
N'est plus qu'un jouet entre ses mains... »
-Très mauvais signe.
Bonnie qui était tournée vers la cheminée de la Salle Commune des Gryffondor se retourna vers ses amies :
-Tu as raison, le nouveau pantalon version flower power de Jim nous promet bien des éclats de débauches à Poudlard.
-Tu aimerais bien..., sous-entendit Lily en scrutant le dit Jim près du feu.
-Vous portez des accusations scandaleuses Mlle Evans et totalement injustifiées, répliqua Bonnie, le regard malicieux contrastant avec son ton de voix outré.
-Alice Jeane Kate Marie-Rose Newman Hitton, avocate de la défense, dit-elle très professionnellement. Ma cliente est choquée et la situation lui donne raison. En effet, Bonnie Truman, née-moldue d'une famille de hippis incontestables, représente le symbole même de la respectable droiture. Bien qu'elle se soit à diverses reprises livrée à l'enivrement de la volupté et que ses yeux se promènent toujours négligemment -et j'insiste sur ce mot ! - sur une montagne de cheveux bouclés, il serait aberrant et insensé de songer à une quelconque attirance de la part de ma cliente pour cet élève. Vos soupçons ne requièrent pas la nécessité d'une procédure et j'exige que vous retiriez cette insolente conjecture sur le champ. Pas de commentaires, ajouta la sublime avocate de la défense en fendant la foule des journalistes, acheva Alice.
-La vérité est évidente Bonnie, ajouta Lily à l'adresse de cette dernière. Mais le mauvais signe était plutôt destiné au fait qu'Arthur cite Apollinaire.
-Hé le Sang Pur ! Interpella Bonnie. Tu connais les poètes moldus comme ça !
Lily sourit. C'était du pur Bonnie Truman, cette réaction. Elle aimait provoquer mais n'avait pas peur des mots. Pour elle, taire les vérités gênantes ne les rendaient que plus dangereuses. Elle aimait appeler Arthur Londubat, Le Sang Pur. Comme il la surnommait la tornade flamboyante depuis qu'elle était venue un matin les cheveux teints en orange fluo. Il avait une théorie aussi selon laquelle la tornade est plus impétueuse que la tempête, car on la subit plus qu'on ne l'attend, elle n'abreuve pas les cultures, elle les dévaste. La tornade Bonnie, elle aimait ça.
Arthur répondit par un grognement. Alice échangea un regard entendu avec Lily. C'était vraiment mauvais signe. Apollinaire, manque de réaction devant une provocation de Bonnie, Arthur broyait du noir.
-Je t'ai connu plus en forme, susurra Bonnie. Aucune réponse, absence de réplique. La fatalité de ton échec face à moi éclate enfin !
-On se calme le Potiron ! Déclara Arthur d'une voix lente. Le plan de l'école te permettrait-il d'aller retrouver tes congénères dans la serre que l'on ait enfin la paix ?
Bonnie afficha un sourire signifiant « j'aime mieux ça ».
-Visiblement Arhur va mal, constata Alice en le scrutant.
-Heureuse de constater que ta cuisante défaite de midi n'a pas entamé tes capacités de déductions, la charria Bonnie.
-Méchaaaante ! Gloussa Alice en lui jetant le numéro spécial de « Sorcière Hebdo » au visage.
Lily en profita pour se lever, s'adosser au mur dans une position plus qu'aguicheuse et replacer sensuellement une mèche de cheveux derrière ses oreilles. Bonnie et Arthur explosèrent de rire tandis qu'Alice se renfrognait.
-Pari raté ! S'exclama Lily en regagnant sa place assise. Tu ne l'as pas séduit...
-Pour être insensible à mon charme naturel, il ne peut-être qu'attiré par les hommes, expliqua Alice.
-Tu n'as rien perdu, affirma Arhur. Loïs est un affreux Serpentard.
-Faux ! Contesta Bonnie. Elle a perdu son pari !
-Nous parlions d'Arthur au départ..., tenta Alice.
-J'approuve, dit Lily. Mais nous en reparlerons !
Arthur avait espéré qu'elles le laissent en paix. Il n'avait pas la force de participer à cette complicité rieuse qui les liait tous les quatre ce soir. Mais, désirant plus que tout respecter sa pudeur virile, il ne voulait pas non plus se confier. Il était capable d'affronter cela seul, par Merlin ! Elles le pensaient aussi faible que cela ?
Lily observait les yeux bleus de son ami se perdre dans sa marée de tourments. Son nez fin arborait un tissu d'adorables tâches de rousseur s'étendant jusqu'au prémices de ses joues. Celles que Lily avait vu rougir, blêmir, se laisser envahir de tendres sourires. Arthur avait un sourire charmant. Celui dont toutes filles aimaient être les destinataires. Il n'avait pas la beauté ravageuse de Sirius, mais un charisme attirant, quelque chose qui soufflait à la gente féminine des envies de mariage. Alors que Black éveillait les folles passions, Arthur demeurait discret, mais viril. Il émanait de lui une force qui les apaisait, les faisait se sentir en sécurité.
-Arthur..., implora Alice. Nous sommes là...
-Bonne nuit les filles, leur lança-t-il froidement avant de se lever et disparaître dans les escaliers des dortoirs d'une démarche assurée.
-Olà ! S'exclama Bonnie. La fierté masculine a le même effet sur moi que les cours de Potions sur Pettigrow, horripilant !
-Je suis fatiguée les filles, annonça Alice.
-Déjà ? Soupira Lily.
-Mais où est passée la jeunesse ? Se lamenta Bonnie. L'énergie immortelle du rock'n roll de Bruce ? « We'll pick up Hazy Davy and Killer Joe and I'll take you all out to where the gypsy angels go
They're built like light »
Alice et Lily se joignirent à Bonnie et entonnèrent avec fougue « Spirit in the night ».
-C'est étonnant comme le charme féminin peut se briser lorsqu'on perçoit le chant des sirènes tel un cri de Mandragore !
Sirius Black les regardait avec amusement. Lily, grisée par l'énergie de Bonnie, sautilla vers Sirius et lui colla un baiser sur la joue.
-Que me vaut tant d'attention ? Sourit-il.
-Tes compliments sur nos mélodieuses voix, certainement Black !
Sirius jeta un coup d'œil à Bonnie puis la montra du doigt avant de s'adresser à Lily :
-Tu as des amies agréables dis-moi.
-Qui marche sur un potiron ne peut être surpris de constater qu'il lui explose aux pieds, dit Alice.
Bonnie lui lança un regard de méchante avant de sourire.
-J'adore bavarder avec vous, affirma-t-elle, mais il se fait tard !
Elle regagna le dortoir sous les cris « MAIS OU EST PASSEE LA JEUNESSE ? » d'Alice qui finalement en fit de même. Lily constata qu'elle était seule avec Sirius, tous les élèves étant montés se coucher. Elle sentit son regard qu'elle ignora avec entêtement avant de s'affaler sur le canapé rouge et or.
-J'aime les soirées à Poudlard, confia-t-elle. Leur simplicité crée un contraste saisissant avec le bonheur qu'elles procurent.
Sirius s'assit sur le fauteuil qui bordait la cheminée où mourrait le feu. Lily ne voulait pas L'évoquer. Elle ne voulait pas en parler avec Sirius – qui pensait d'ailleurs qu'elle ne le faisait avec personne d'autres. Il respectait son silence, bien qu'il souffrait de la tristesse de son frère.
-Comme ça, Alice laisse cette crapule indifférente ? Demanda-t-il.
-Tu nous écoutais depuis quand ? S'étonna Lily, amusée.
-Depuis le début de votre chant ! J'ai simplement été témoin de la fracassante ignorance de Matthews ainsi que des tentatives désespérées d'Alice pour attirer son attention.
-Ce n'était qu'un pari, l'informa Lily.
-Je m'en doutais.
Il continua sous le regard interrogateur de la jeune préfète :
-Pour commencer, vous étiez tous les trois cachés à l'angle du couloir, retenant votre hilarité. Deuxièmement, Alice n'a pas pour habitude de séduire ceux qui font battre son cœur avec autant de...
Il chercha les mots.
-... sensualité. Et pour finir, elle préfère les hommes costauds, drôles, séduisants et maladroits.
-Ce qui te met hors course, lui lança Lily.
-La maladresse me fait défaut, avoua Sirius.
Lily lui balança un coussin.
-Je voulais dire, elle préfère les types comme Franck.
-Qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est drôle ?
Sirius lui adressa un sourire amusé.
-Tu as d'innombrables qualités ma douce Lily, mais tu ne sais pas mentir.
-Cela dit, tu n'obtiendras rien de moi. Je ne confirmerai jamais tes déductions !
-Je ne suis pas une vile commère comme les Serpents voyons ! S'offusqua Sirius. Mais quelle loyauté Lily !
Lily pensa à celle qu'ils partageaient Sirius et Potter. Potter...
« -Evans...
-Épargne ta salive Potter. J'ai vu Dolohov ce matin, tu es vraiment odieux ! »
Sirius observait Lily. Son visage torturé abritait les rides de la souffrance des regrets. Sirius s'approcha de son amie pour poser une main réconfortante sur son épaules.
-La fierté te va mal, ma belle, murmura-t-il.
Elle lui sourit faiblement avant de cacher sa tête dans son torse.
