Prologue

Vincent s'arrêta au beau milieu de la route et sortit de sa Fiat Panda (lawl) blanche. Il jeta un regard circulaire au tour de lui à la recherche d'une silhouette familière.

Là. Il était là.

Planté au beau milieu d'un champ comme un con. Vincent se rua vers lui.

«Mais où t'étais passé bordel ? Un mois ! Un putain de mois ! Tu crois vraiment que... »

Il se figea.

Devant cet abruti se tenait un gamin. Un gamin qu'il n'avait jamais vu et qui n'avait rien à faire là.

«Attends. C'est qui, ce gosse ?»

Deux longues secondes s'écoulèrent. Deux longues secondes durant lesquelles Vincent songea que si son complice (son ex-complice) lui sortait une vanne foireuse du genre «Je suis son père ssshhh», là, promis, il allait vraiment le buter, que ce gamin avait dix ans, douze grand maximum, et enfin qu'ils avaient vraiment l'air con, tout seuls dans leur champ au milieu de nulle part.

Deux secondes.

Laurent finit par répondre avec fierté :

«Ta prochaine victime.

-Que...quoi ?! Mais ça va pas, t'es complètement con ou quoi ?

-Bah je...

-Non, en fait non, c'est mieux que tu répondes pas. Pousse toi.»

D'un coup d'épaule, il écarta Laurent et emmena le gosse à part, quelques mètres de loin. Dans un geste aussi spontané qu'inattendu, il s'accroupit pour ne pas effrayer le petit.

«D'où tu viens bonhomme ?

-Bah de chez Laurent. Je jouais à la Play, et puis il a reçu un coup de fil, et il m'a dit de m'habiller et de monter dans la voiture. Voilà. »

Le tueur retint un geste de soulagement. Ça voulait dire que le gosse n'avait pas été malmené, que personne n'était encore à sa recherche. Que c'était encore réparable. Ta prochaine victime. Alors que son regard croisait celui de l'enfant, le fantôme de Max dansa devant ses yeux. Pendant quelque secondes, il faillit perdre pied. Il n'avait pas besoin d'une deuxième mort inutile.

Une minute. Chez Laurent ?

«Mais qu'est ce que tu foutais chez lui ?

-Il me garde quand il y a personne chez moi.

-C'est qui tes parents ? C'est qui ton père ? »

Le visage du gamin s'assombrit. Le tueur se retint de hurler et le secouer dans tous les sens pour qu'il réponde.

«J'en ai pas, de père.

-Il est parti ? Se méprit Vincent avec tout le tact qu'on lui connaît.

-Il est mort !

-Ah. »

Vincent se releva. Il savait qu'il était censé dire un truc comme « Je suis désolé » mais en fait c'était le dernier de ses soucis. Il réfléchissait à toute vitesse. Laurent connaissait ce gosse depuis longtemps, soit. Mais quel était le rapport avec lui ? Pourquoi faire de lui une victi...

Oh non. Non, non, non, non.

«Il faisait quoi ton père, comme métier ? Demanda-t-il d'une voix pâle.

-Il était policier. »

Vincent ferma les yeux.

«Commissaire de police ?

-C'est ça. »

Il rouvrit les yeux.

Un peu plus loin, Laurent le regardait en souriant.