Les Années Sombres

Disclaimer : Voir prologue

Résumé : UA Big Four Poudlard. Le Projet A a pris fin. Pourtant, ce n'est que le début de nouvelles aventures. Et tandis qu'Harold, Mérida, Raiponce et Jack reviennent à Poudlard pour leur sixième année, de sombres nuages s'amoncellent à l'horizon.

Note 1 : Aux petits nouveaux. Ceci est la suite directe d'une fic nommée « Le Projet A » que vous trouverez sur mon profil. Vous risquez fort de ne pas comprendre grand-chose si vous ne la lisez pas avant.

Note 2 : Cela risque d'être un peu moins rose que dans les films et beaucoup moins que dans Le Projet A, qui était au rating T. Ne vous attendez pas à des effusions de sang et à des morts toutes les deux lignes comme dans Games of Thrones, mais le M n'est pas là pour faire joli. Cela signifie que techniquement, vous devez avoir plus de 16 ans pour lire la fic. (Techniquement. Je ne suis pas naïf, j'ai été jeune avant vous.)

Chapitre corrigé par Emmawh. Dites-lui merci, priez-là, envoyez lui des chocolats. (Ou du saumon. Elle a peur de la crise de foie.) Un jour je vous laisserai les commentaires qu'elle me laisse dans le chapitre, moi ça me fait toujours rire.

Merci à Sunwings, Zaza's Mind, Paquerette-san, Arya39, Emmawh, LadyWyvern, Philou, Gayl, Loupiote54, Melkion et Cheschire pour leur reviews sur la BA de la fic.

LadyWyvern : Hello ! Merci pour ta review ! Et je ne voulais pas vous faire attendre trop longtemps, surtout qu'à la base il ne devait pas y avoir de coupure ^^ Et oui, les prochains arcs s'annoncent plus sombres, comme les tomes d'origine. Pour ta question, « Spoiler, Sweetie » ).

Philou : Hello ! Merci pour ta review ! Pour la présentation de la BA, je me suis inspiré d'une auteur que je suis, King Pumpkin. Je ne confirmerai ni n'infirmerai aucune de tes suppositions, mais il y a du bon et du mauvais.

Et je ne dénigre pas mon travail, je le différencie juste de celui d'un auteur de roman. Là où eux tricotent, moi je fais de patchwork ^^

PS : J'avais absolument pas fait attention aux vacances… Perso j'en ai plus à la Toussaint et en Belgique, elles ne commencent que le 2 ^^ Et bien, bonne rentrée !

Melkion : Hello ! Merci pour ta review ! Nous ne tomberons jamais d'accord sur les chats, je pense ^^ (on en reparlera quand tu auras rencontré Gredin, le chat de Nounou Ogg, dans les livres de Pratchett). Perso, je n'ai jamais lu H2G2, mais je me suis déjà dit que j'allais m'y mettre. Tu me diras ce que tu en penses.

7Bonne lecture !

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Premier Arc : Le retour.

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Chapitre 1 : Conflits

Il faisait beau. Ce qui aurait peut-être mécontenté l'amateur de cliché. Pourtant, tandis qu'un sinistre complot se préparait dans une non moins sinistre maison, le ciel était dégagé et la nuit douce en ce début d'été.

Mais peu importe, car aucun orage, aucune tempête, aussi féroce soit-elle, n'aurait pu rendre le tableau plus horrifiant. Au cœur de la vieille maison des Jedusor, un vieil homme venait de mourir. Caché derrière un fauteuil, un autre homme, petit et dégarni, écoutait avec fascination la troisième personne de la pièce, si l'on pouvait appeler l'être difforme et cauchemardesque qui siégeait dans le divan une personne, crachoter et siffler au serpent que le dîner était servi.

Alors que le gigantesque reptile se repaissait de sa victime, la créature malingre éclata d'un rire sans joie. Ce vieillard, avec l'idiote que Queudver lui avait ramené en Albanie, seraient les premières marches vers le trône qui lui revenait de droit. Et enfin, il règnerait en maître sur ce pays.

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Il y a des moments importants. Les moments qui appellent des décisions. Des décisions qui font prendre une toute nouvelle voie à votre vie. C'était un de ces moment-là que Mérida était en train de vivre. Et ce n'était vraiment pas agréable d'en avoir conscience.(1)

Elle l'avait redouté pendant plus de six mois. Elle l'avait senti rôder à la limite de ses rêves. Être prêt à bondir des voies brumeuses de l'avenir dès qu'elle retirerait ses gants. Et là, il était arrivé. Elle allait devoir dire à son père qu'elle était animagus.

Elle avait pourtant longtemps cherché l'occasion idéale. Pourtant, aucune ne l'avait convaincue. Balade à cheval, entrainement à l'arc, repas,… Aucun de ces moments n'avait paru être le bon. Le problème, c'était que maintenant qu'elle était dans le laboratoire de potion, face au chaudron encore vide qui contiendrait bientôt la potion de chamanisme, elle n'avait plus le choix. Parce que la potion en question, fallait-il le rappeler, elle l'avait déjà bue plusieurs mois auparavant.

Et, malgré ses recherches, elle n'avait pas été capable de trouver un cas d'une même personne ayant bu deux fois ce philtre, ce qui laissait deux possibilités : soit cela n'avait aucun effet, soit cela provoquait quelque chose qui laissait le consommateur et les témoins incapables de l'écrire. Bref, rien qui ne donnait envie de tenter l'expérience.

« - Bon, il va falloir s'y mettre. J'ai pu récupérer presque tous les ingrédients. Il ne manque que la soie d'acomentule. Mais j'ai un contact qui m'a conseillé un excellent magasin, nous irons là-bas après-midi. De toute façon, nous devons d'abord effectuer les différents mélanges et laisser reposer quatorze jours. J'ai démarré la potion sans toi, pour que nous puissions commencer la transformation dès que possible, j'espère que tu ne m'en veux pas ?

- Père…

- Je sais que la tradition veut que l'héritier confectionne la potion de A à Z, mais tu m'aideras à faire celle de tes frères en temps voulu, cela devrait être suffisant.

- Père…

- Et puis, la tradition remonte au temps où Poudlard n'existait pas. Il faut savoir s'adapter.

- Père !

- Mmm ?

- Je…

- Oui ?

- Jesuisdéjàanimagus.

- Pardon ?

- Je… Je sais déjà me transformer. Je suis déjà animagus. »

Mérida, qui avait jusque-là évité de regarder son père, risqua un petit coup d'œil vers le géant roux qui ne pipait mot. L'air un peu idiot, l'homme fixait sa fille. L'estomac tordu, celle-ci attendait que la tempête se déchaine. C'était sûr, il allait piquer une crise. La déshériter. L'enfermer dans le cachot le plus noir et le plus dégoutant du château. Pire, accepter la proposition de fiançailles de la famille Dingwall.

« - Ça c'est ma fille ! » rugit soudain le roux, attrapa l'adolescente dans ses bras.

Adolescente légèrement surprise par ce déluge d'affection.

« - Euh, Père ?

- Si je m'y attendais ! Je me désespérai de te voir prendre l'initiative.

- Quelle initiative ?

- Traditionnellement, le jeune Dunbroch décide par lui-même de débuter l'apprentissage avant d'atteindre l'âge de 16 ans. Pourquoi crois-tu donc que l'on raconte l'histoire d'Arthur tous les Noël ? On essaye de pousser les jeunes à s'intéresser à la technique !

- C'est sérieux ?

- Parfaitement ! Moi-même, j'avais déjà bien avancé ma potion avant mon anniversaire.

- Vous nous poussez à enfreindre la loi ?

- Tant que vous ne vous faites pas prendre. Maintenant, raconte-moi un peu comment tu es parvenue à la transformation complète ? Ce n'était plus arrivé depuis Bryan Dunbroch et il était scolarisé chez lui. Oh, attends une seconde. »

Fergus se leva et posa sa main contre le mur.

« - Château ? Scelle la porte, s'il-te-plait. »

La pierre autour de cette dernière frémir, avant qu'elle ne commence doucement à s'étendre sur le chêne massif.

« - Comment… ? Et pourquoi ?

- Avoir un Château pluri-centenaire a des avantages. Tu apprendras ça plus tard. Et ça nous évitera de voir ta mère surgir à l'improviste. Elle n'approuverait probablement pas cette tradition, nous nous occuperons de trouver un moyen de conserver le secret plus tard. Pour le moment, dis-moi tout. »

La jeune fille hésita un moment, avant de commencer à tout raconter. Comment Raiponce était venue lui proposer de devenir animagus sur base des carnets des Maraudeurs. Les recherches sur la potion. L'arrivée de Jack dans le groupe, puis celle d'Harold. La manière, parfois acrobatique, dont il avait récupéré les ingrédients, Fergus appréciant particulièrement le récit de la récupération du rayon de lune. Puis la préparation de la potion, les visions, la transformation, et enfin le moment où chaque membre du Projet révéla sa forme aux autres, dans le but d'échapper à un loup-garou. Elle décrivit la mignonne petite belette d'Harold, le bel oiseau de Paradis de Raiponce et l'arrogant Fléreur de Jack. Mérida hésita un instant, puis se décida à se jeter à l'eau.

« - Et moi… Je pensais être un ours mais… Mon animal est un oiseau, souffla-t-elle un peu dépitée.

- Ce n'est rien, sourit Fergus. Beaucoup de Dunbroch n'étaient pas des ours. On en a fait l'animal symbole de la famille, parce que c'est une forme qui revient très souvent. Il ne faut pas t'inquiéter de cela. Si ta forme animagus est celle d'un oiseau, c'est que c'était celle qui te convenait. Allez, montre le moi, que je le vois, ce fameux animal. »

Se levant, la jeune fille se plaça dans un espace dégagé, avant de se concentrer. Elle se transformait tous les jours, diminuant à chaque fois le temps nécessaire et il ne lui fallait plus maintenant qu'une vingtaine de secondes pour passer d'une forme à l'autre.

Quand elle eut fini, un oiseau de la taille d'un cygne, au plumage noir avec des reflets verts et aux grands yeux tristes se tenait au centre de la pièce. De la jeune fille ne restait qu'un plumage plus dense au niveau de la tête et de minuscules « taches de rousseur » sur le bec habituellement uniforme.

Quand elle reprit forme humaine et que l'homme l'attrapa une nouvelle fois, la faisant tournoyer comme quand elle était enfant, elle se dit qu'elle n'aurait pas pu espérer meilleur père.

Maintenant, restait à lui dire pour le don de voyance. Mais une chose à la fois.

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« - A terre ! »

Emporté vers le sol par une masse d'origine inconnue, Harold sentit une source de chaleur intense passer juste au-dessus de lui. Etant donné qu'il se trouvait dans l'enclos d'un dragon, il était donc probable qu'il vienne d'échapper à une mort par incinération. Fichue saison des amours. Les hormones rendaient les reptiles exécrables. Encore plus que d'habitude. Ce qui n'était pas peu dire avec le dragon commun.

« - Ça va Harold ? »

En parlant d'hormones.

« - Oui, Charlie. Maintenant, si tu pouvais te relever pour que je puisse respirer. Tu es lourd.

- Quelle gratitude. J'aurai dû te laisser griller. Au bûcher le sorcier.

- Je remercie votre grâce d'avoir sauvé ma pauvre et indigne personne. Maintenant, si le Seigneur voulait bien lever ses fesses pour que je ne meure pas étouffé, j'en serai gré. »

Et entre parenthèse, Harold avait aussi un monstrueux coup de chaud suite à cette proximité avec le roux. Mais ça, il n'allait pas non plus lui dire. Heureusement, pour le moment, il arrivait à s'empêcher de rougir.

« - On va dire que ça suffira, dit Charlie en se levant. Allez Princesse, prenez ma main. »

Oubliez le truc du contrôle. Harold rougissait maintenant comme une pucelle. Heureusement, la boule de feu pouvait servir d'excuse.

« - Bon, autant retourner au baraquement. Le soleil se couche, ils vont bientôt commencer leur parade. On ne pourra rien faire pour elle aujourd'hui, constata le dresseur de dragon en désignant de la tête la dragonne qu'ils avaient tenté de soigner. Dommage pour elle, mais il y a peu de chances qu'elle ait des œufs cette année. »

Le plus jeune hocha la tête, emboitant le pas de l'autre homme. Parce que oui, histoire de faire encore plus cliché, ils avaient été placés dans le même baraquement. Manquait plus que le fameux « il n'y a plus qu'un lit double, désolé », et Harold aurait eu la totale.

Dix minutes plus tard, le Gallois se délaissait sous le jet d'eau chaude, Charlie ayant eu l'amabilité de lui laisser la salle de bain en premier.

Alors que ses muscles, parce oui, il en avait quelques-uns, même si pas beaucoup, ses muscles, donc, se détendaient (2), l'adolescent prit le temps de se repasser les deux dernières semaines. Si son premier stage avait été génial, celui-ci était encore mieux. Il avait retrouvé ses partenaires de travail comme s'ils s'étaient quittés hier et il se sentait bien. Pas qu'il soit particulièrement mal à Poudlard, mais ici, à la Réserve de la Wyverne, il se sentait chez lui. Bien plus qu'il ne l'avait jamais été à Beurk.

En plus…

« - Harold ! Vite, il y a un problème, fit soudainement Charlie en faisant irruption dans la salle de bain.

- Tu pourrais pas frapper ? s'exclama Harold en se retournant.

- Pas le temps pour la pudeur. Vite, c'est l'enclos des Verts Gallois. »

Attrapant une serviette, le Pousouffle se ceignit les hanches, couru vers sa chambre enfiler un pantalon et sortit à la suite de son colocataire. L'enclos des Verts Gallois étaient celui contenant le plus de dragon. Si les défenses lâchaient, c'était une vingtaine de lézards géants qui se retrouvaient dans la nature.

Quand il arriva sur place, une vingtaine de dresseurs étaient déjà là.

« - Qu'est-ce qui s'est passé J ? demanda Harold.

- Deux mâles étaient en train de faire leur parade en crachant du feu quand leurs flammes sont rentrées en collision, expliqua l'Espagnol. Ça a failli blesser la femelle et un vieux mâle est intervenu en crachant ses propres flammes pour dévier. Tout ça s'est retrouvé en plein sur une faille de la barrière que l'on avait pas repérée et le choc a résonné dans toute la structure.

- En gros, elle s'effondre.

- Ouais. Les gars sont en train de réparer, mais on a un jeune dragon qui s'est fait la malle. Deux équipes le cherchent déjà au sud et à l'est. Vous deux, occupez-vous du nord. La seule grosse cachette est près de l'enclos de l'Opaloeil, donc dépêchez. Ça ferait des dégâts si le petit allait l'énerver un peu trop.

- Compris. »

D'un pas vif, les deux hommes partirent en direction du lac. L'Opaloeil ne crachant pas de feu, le sortilège autour de son enclos n'était pas prévu pour résister à cela. Si le Vert Gallois se décidait à défier l'aquatique, le sort ne tiendrait pas une minute.

Rapidement, ils arrivèrent sur place et comme ils le craignaient, le jeune dragon faisait effectivement face à la créature marine. Si la barrière cédait, le serpent de mer ne ferait qu'une bouchée du présomptueux.

« - Tu penses pouvoir faire quelque chose pour l'Opaloeil pendant que je m'occupe du petit ?

- Je devrais pouvoir m'en sortir. Tu vas le stupéfixer ?

- Même s'il est jeune et qu'il n'a pas encore sa protection complète, ce serait risqué, je pourrais manquer mon coup. Je vais créer une illusion, ça devrait le distraire le temps que tu calmes l'autre. »

Acquiesçant, le brun se rapprocha autant qu'il put de l'animal, puis lança son esprit dans la même direction. Depuis son retour en Roumanie, il n'avait jamais osé refaire l'expérience, mais il constata qu'il n'avait aucune difficulté à entrer en contact. La seule différence était que la mer calme et le chant triste de la dernière fois avait laissés place à des vagues hargneuses et des hurlements de marins.

Doucement, Harold fit chanter son propre esprit. C'était quelque chose qu'il avait appris récemment, en tentant de calmer Krokmou. Son « lui mental » était capable de produire une sorte de musique s'il se concentrait suffisamment sur une émotion. Théoriquement, il pouvait énerver ou rendre agressif les animaux, mais pour le moment, il se centrait principalement sur un moyen de les calmer.

Pas à pas, il sentit l'esprit de l'Opaloeil se radoucir. Les vagues étaient moins hautes, la houle plus douce, et les cris des marins furent progressivement remplacés par ceux des mouettes.

Quand il ressortit de l'esprit du dragon, Harold constata que celui-ci était retourné sur le rocher qu'il utilisait comme promontoire, apparemment serein. De son côté, Charlie avait ameuté deux autres dresseurs et ils avaient réussi à stupéfixer le dragon et à le ramener vers son enclos.

« - Magnifique, Harold. Du boulot de maître !

- Merci, marmonna le jeune homme en rougissant.

- Faut pas être gêné, p'tit. Si ça te dit, les gars ont décidé de finir la soirée en regardant la danse de séduction des Gallois.

- Ça me va. »

Définitivement, Harold se sentait bien.

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« Et c'est à cette époque que le ministère de la Magie fut déplacé sous Londres, permettant ainsi une extension infinie. Il fut toutefois nécessaire de déplacer certaines portions suite à la construction de voie de métro. »

« Bon », se dit Raiponce en rebouchant son pot d'encre. « Cela devrait suffire pour l'historique des déplacements. Demain, je finis la biographie de Fudge et ce sera bon pour le devoir d'Histoire de la Magie. »

Alors qu'elle rangeait ses affaires d'école et s'apprêtait à sortir de quoi faire le dessert du soir, une tarte à la mélasse(3), elle eut la surprise de voir sa mère débarquer dans la cuisine, chose assez étonnante en pleine journée, Gothel ne quittant pratiquement jamais ses potions avant le souper, voire après.

« - Mère ?

- Ah, Raiponce. Je te cherchais. Je dois… Partir. J'ai un rendez-vous. Je ne sais pas combien de temps ça prendra. Ne m'attends pas pour dîner, d'accord ?

- Partir ? Où ? Et vous vous êtes blessée ? demanda-t-elle en désignant le bandage que portant la femme.

- Rien d'important, répondit prestement la femme en posant sa main dessus.. Je fermerai les barrières en partant, d'accord ? Je te fais confiance. »

Et aussi vite qu'elle était arrivée, la sorcière repartit. Saisissant sa cape au passage, elle s'en enveloppa avant de sortir et disparu dans la nuit. Un frisson qui lui remonta toute la colonne vertébrale apprit à Raiponce que les protections étaient scellées.

La jeune fille hésita un instant. Si sa mère avait scellé les sorts, cela voulait dire qu'elle ne comptait réellement pas revenir avant un bon moment, voire demain matin. C'était donc l'occasion de mettre à exécution le plan qu'elle mûrissait depuis le début des vacances.

Rangeant les dernières affaires qui trainaient sur la table, elle attrapa son set de potion et prit la direction du laboratoire de sa mère.

Techniquement, la jeune fille avait interdiction d'y rentrer car c'était « beaucoup trop dangereux pour quelqu'un d'aussi étourdi et maladroit que toi, ma chérie ! ». Cela dit, étant donné qu'elle avait été capable de concocter une potion de chamanisme à quatorze ans, elle se jugeait plus qu'apte à survivre dans cette pièce. Et de toute façon, elle avait besoin de certains ingrédients qui s'y trouvaient.

Poussant délicatement la porte, histoire de ne pas faire de bruit, au cas où sa mère surgirait soudainement d'un recoin obscure, la Serdaigle se glissa dans la pièce sombre.

D'un coup de baguette, elle alluma les chandeliers. Sortant chaudrons et balances, elle s'installa face à l'établi. Tous les ingrédients étaient étalés devant elle. Il ne restait plus qu'à commencer la potion. Mais l'hésitation la tenaillait toujours. Le philtre qu'elle s'apprêtait à préparer était du genre que l'on ne peut plus arrêter une fois que l'on l'a mis en marche. Les potions incantées ne supportaient pas l'incertitude et au cas où elles n'étaient pas complètes dans les temps impartis, elles explosaient purement et simplement.

Prenant une grande respiration, elle prit le premier ingrédient et le jeta dans le chaudron.

L'eau, auparavant claire, prit une teinte violette. Raiponce continua à ajouter, mélanger et chauffer la potion, jusqu'à ce que celle-ci se transforme en une espèce de sirop bleu clair. Maintenant, il fallait attaquer la partie la plus dangereuse.

La jeune fille prit le premier des quatre ingrédients finaux.

« - En hommage au passé, voici des cendres de Phénix. »

Le liquide se teinta de pourpre.

« - En hommage au présent, voici les feuilles encore vertes d'un sorbier. »

La potion prit une couleur jade.

« - En hommage au futur, voici les plumes d'un Augurey. »

Le philtre vira au noir.

Se saisissant d'une louche, la main un peu tremblante, elle versa une dose de potion dans un verre doseur. Il ne manquait plus qu'une chose.

« - Pour retracer mes propres passés, présent et futur, voici une goutte de mon sang. »

Se piquant le doigt, elle laissa goutter le liquide rouge, qui fit blanchir instantanément la potion. Le philtre de lignage était prêt. Ne restait plus qu'à le verser sur un parchemin vierge et son arbre généalogique apparaîtrait.

Un arbre qui lui permettrait d'enfin savoir qui était son père. Une question que sa mère avait toujours évitée avec quelques pirouettes au fil des années. Les plus courantes avaient été « Tu es trop jeune pour ça » ou « Ça n'a pas d'importance. Il est parti, c'est tout. »

Pourtant, de l'importance, ça en avait. Parce que si Raiponce tenait son don de quelqu'un, c'était très probablement de lui. Donc, elle avait besoin de le rencontrer. Besoin de savoir pourquoi i était parti alors que sa fille avait peut-être hérité de son don. Et même si cela ne venait pas de lui, elle avait besoin de connaître ses racines, peu importe ce que disait sa mère.

Inspirant un grand coup, elle prit le parchemin qu'elle avait apporté et d'un geste, elle versa la potion dessus Plutôt que de se détremper, le parchemin absorba le liquide noir et pendant un instant, rien ne se passa. Puis, des lignes apparurent petit à petit. Des cadres contenant des noms se dessinèrent, reliés entre eux par des traits fins. Avec angoisse, elle regarda des patronymes inconnus apparaître, surement des ancêtres lointains, tout en haut de la feuille, qui se compléta petit à petit, jusqu'à ce que « Raiponce G. Tower » apparaissent en bas.

La première chose qui remarqua, c'était que son père se nommait Edward Goldensun. Qu'il avait dépassé depuis peu la quarantaine et qu'il était toujours en vie. Ce n'était pas grand-chose, mais cela allait lui permettre de commencer ses recherches.

La seconde chose, que Raiponce remarqua, même si elle mit plus de temps, c'était que Gothel Tower, qui était reliée à elle par des pointillés et un peu à part du reste de l'arbre, n'était pas sa mère biologique.

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Assis en tailleur dans un endroit calme du jardin, Jack méditait. À côté de lui, la petite boite à musique offerte par Veilleuse émettait sa mélodie, aidant Jack à se concentrer. Après plusieurs mois d'entrainement, il n'avait plus besoin de ça pour parvenir à la salle où il combattait la Voix, cela le rassurait toujours un peu de l'avoir avec lui.

Respirant calmement, il s'apprêta au combat, puis avança.

« - Te revoilà. Si je dois te reconnaître une qualité, c'est que tu ne perds jamais courage. Ou alors tu es simplement idiot.

- Tais-toi un peu.

- Si on ne peut même plus discuter. »

Et sur ces mots, le double de Jack lança le premier pic de glace du combat. Un épieu qui aurait transpercé le jeune homme de part en part s'il ne s'était pas lancé sur le côté.

« - Tu t'améliores, j'en conviens. Mais ce n'est pas encore assez. »

Sans attendre une seconde, « Frost » continua à attaquer, ne laissant aucun répit à l'adolescent. Celui-ci, sur les conseils de son ancêtres, essaya de la jouer plus fine, utilisant moins de magie mais touchant l'adversaire plus souvent.

« - Je vois que tu commences à comprendre comment cela fonctionne. Mais pas assez, apparemment.

- Aurais-tu peur que je prenne l'avantage ?

- Aucun risque. »

Profitant du fait que le doppelganger éclatait de rire suite à sa déclaration, Jack sauta hors de l'abri qu'il s'était confectionné, son bâton à la main. D'un geste sec, il le planta droit dans l'estomac de son adversaire… Et passa au travers.

« - Bien essayé. Mais ce bâton est fait de ma magie, tu sais ? Il te faudra bien des années avant de pouvoir avoir assez de maîtrise pour me blesser avec. »

Désespéré, Jack lâcha le bâton. Il avait mis des semaines à pouvoir l'invoquer ici et ce n'était juste pas assez ?

« - Pourquoi ? demanda-t-il.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi refuses-tu de me laisser tranquille ? De partir ? Tu m'empoisonne, tu vas nous faire mourir ! »

La remarque sembla mettre la Voix dans une colère noire. Arrachant le bâton des mains de Jack, elle l'attrapa à la gorge et l'approcha d'elle.

« - Je t'empoisonne, hein ? Tu crois pouvoir t'en sortir sans moi ? Eh bien, essaye un peu.

- Lâche-moi.

- Je vais te lâcher. Je vais tout lâcher. Ne reviens pas en pleurant quand tout autour de toi ne sera plus que ruines. »

Jack sentit la magie sauvage pulser dans la main de la Voix. Puis, comme un barrage qui lâche et laisse l'eau détruire la vallée, la magie déferla dans le corps du garçon. Il eut à peine le temps de voir le sourire de la Voix, avant de sombrer dans les ténèbres.

Quand il rouvrit les yeux, le vert paysage d'été avait fait place à la neige et à la glace. Tout autour de lui semblait directement venu des confins de la Sibérie.

« - Qu'est-ce qui se passe ? » dit-il tout haut en se redressant à l'aide de l'arbre.

Sous sa main, celui-ci gela à cœur, se craquelant de toute part. Effrayé, Jack comprit ce qu'avait fait la Voix. Elle avait libéré les flots. Jack avait en main tout le pouvoir dont il pouvait disposer, mais sans parvenir à le maîtriser.

Effrayé, il prit la fuite. Loin de sa maison. Loin de sa famille. Alors que le pouvoir s'écoulait en lui, totalement libéré de la digue qu'était la Voix, Jack fuyait dans l'espoir de ne blesser personne.

Autour de lui, l'hiver prenait ses droits, alors que l'on était en plein mois de juillet. Les arbres se couvraient de givre. Le sol se cachait sous un manteau blanc. Et au milieu de tous cela, Jack courrait.

Il finit par arriver dans une petite clairière. Se jugeant assez loin de sa maison, il se laissa tomber contre un arbre. Il devait reprendre le contrôle. Il devait arrêter ça.

« - Pas si facile, hein ?

- Tais-toi !

- Monsieur ? Tu vas bien ? »

Ouvrant brusquement les yeux qu'il n'avait pas souvenir d'avoir fermé, Jack se retrouva face à un petit garçon. Brun, le visage et les mains salis de terre, il avait l'air d'avoir lui aussi couru une certaine distance, mais plus probablement pour jouer que pour fuir.

« - Tu vas bien ? répéta-t-il.

- Oui. Mais ne t'approches pas.

- Pouquoi ?

- C'est dangereux.

- Qu'est-ce qui est dangereux ?

- Moi.

- Pourquoi ?

- Parce que.

- Et c'est pour ça que tu cours ?

- Oui. J'ai peur de faire mal aux autres. A ma famille.

- Oh. Tu sais, quand j'ai peur, je vais voir ma Maman. Et puis ça va mieux.

- La mienne ne pourrait pas grand chose pour moi, je crois.

- Dis pas de bêtises. Les mamans elles peuvent tout faire.

- Vraiment ?

- Oui. Faut toujours faire confiance en sa Maman.

- Tu penses que je devrais retourner voir la mienne, alors ?

- Pafai.. Pafrai… Parfaitement !

- Ah. Mais toi aussi, tu devrais y retourner. Un petit garçon ne devrait pas jouer tout seul dans les bois.

- Oh, je suis pas tout seul. Je jouais avec mes frères et sœurs. Mais il y en a un qui s'est perdu, donc je suis parti le chercher. Mais là, il devrait bientôt retourner vers Maman. Je vais faire ça aussi.

- Allez, dépêches-toi.

- Au revoir Monsieur !

- Au revoir. »

Quand le gamin fut parti, Jack constata avec étonnement qu'il avait plus ou moins récupéré le contrôle sur ses pouvoirs. Alors il suffisait juste de se calmer ?

Se relevant, il décida de suivre le conseil de l'enfant et prit la direction de sa maison. De sa mère.

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(1) Cela n'a strictement rien à voir, mais il y a cette chanson-là ( www . youtube watch?v=HwQjVK3XxTI) qui sort de ma playlist pile au moment où j'écris ce passage et ça colle teeeeeellement pas que je suis en train de rire tout seul comme un demeuré. Voilà. J'me sentais obligé de vous le dire.

(2) VIRGULE

(3) Quelqu'un a-t-il déjà gouté cette tarte ? Perso, je connais la tarte au sucre, mais celle à la mélasse m'est inconnue.

Et voilà. Un premier chapitre assez petit, mais avec tout plein d'action !

Pour cet arc, les vacances devraient durer assez longtemps, deux ou trois chapitres. Un peu comme JKR, j'allonge les arcs au fur et à mesure.

On se retrouve dans deux semaines !