L'acier de ma baguette glacé dans ma paume contrastait avec le souffle chaud de Joshua sur mon bras. Ses yeux interrogateurs me fixaient intensément. La couleur jaune de sa prunelle se mélait au vert de la peau.
Un rugissement au loin. Le Signal ! Je m'élançais en courant suivi de près par Joshua, qui, malgré sa taille et son poids se déplaçai comme un chat. Souple et silencieux, rapide et agile. Pas une branche ne craquait sous ses pieds.
Une légère brume s'échappa de son nez et il tenta de la happer en refermant la mâchoire, me regardant d'un air piteux, semblant dire « oups, désolé pour l'absence de discrétion ».
Joshua et moi étions nés le même jours. La même année, et le même mois. Des jumeaux en quelque sorte. Moi c'est Stan, Stan Batsch et par extension, lui, c'était Joshua Batsch. Pourtant nous n'avions pas les mêmes parents.
Les siens étaient morts, il y a 15 ans de cela, peu de temps avant notre naissance. Vous vous posez sûrement la question, comment est-il né si sa mère est morte avant sa naissance ? Avouez que vous vous en doutez déjà. La suite vous le confirmera bien assez vite !
Une jambe figée en l'air et l'autre sur la pointe des orteils, Joshua attendait mon signal. Ses yeux me fixaient avec attention, scrutant la moindre indication. D'un geste de la main, je lui montrais la marche à suivre. Il s'élança silencieusement puis à dix mètres de moi poussa un cri féroce.
Son cri se mua en couinement de chiot et je le vis rappliquer ventre à terre vers moi. Une flèche à succion était collée à son front accompagnée d'Un post-it marqué d'un « HAHA » tracé au feutre rouge.
Joshua s'assit à mes pieds, la tête baissé contemplant ses pieds. Il avait failli à sa mission et s'en sentait honteux.
Je le rassurait de suite, c'était un exercice, nous allions travailler encore et encore...
Valeriu nous appela et au son de sa voix, les oreilles de Joshua se dressèrent. À pas de loup, il se dirigea vers la provenance de la voix de mon ami. J'attendais de voir ce qu'il allait faire, confiant.
Josh s'arrêta, et éternua brusquement. Pour la discrétion, on pouvait repasser. Un cri brisa le silence relatif de la forêt plongée dans l'obscurité nocturne.
« Salaud ! j'avais mis si longtemps à me coiffer ce matin ! Mec t'abuses ! Contrôle un peu ton lourdaud ! »
J'abaissais les épaules et une fois de plus, je remontais les bretelles de Joshua. L'année allait être compliqué avec un frangin pareil.
Accourant, je vis Val qui tentait d'éteindre quelques flammèches sur le peu de cheveux qui lui restait. Le pauvre, lui qui avait de si beaux cheveux bruns, qu'il gardait aux épaules, et dont il prenait tant soin.
D'un sort, appris lors de mes vacances à Beauxbâtons (l'école française de magie), je lui rendis sa chevelure originelle. Joshua était couché, le museau caché dans ses pattes. Il tremblait un peu. Je le rassurais de nouveau, mais il était chaud au toucher. Je hurlais à Val de reculer.
IL se cacha derrière un arbre. Joshua éternua une nouvelle fois, sans pouvoir se retenir. Une partie de la forêt s'embrasa.
Me voilà avec un frère écailleux malade. J'espérais sincèrement que ce n'était pas grand chose. Car demain, c'était le jour de la rentrée à Orbarlaur et il devrait rester à la maison. Car je recevrais un nouvel œuf dont je devrais prendre soin. Et ça n'allait pas être évident avec un dragon malade.
