Bonjour, cette fiction est une proposition de suite du dessin animé. Les drames jalonnent la vie de Candy, la souffrance finit par avoir raison de son courage, son optimisme et sa foi. Elle survit à tout mais revient de la drôle de guerre mutilée à l'extérieur et à l'intérieur. Terry lui a réussi à s'élever au théâtre et a aider Susanna à reprendre sa carrière et avoir d'autres rêves. En découvrant ce que Candy a vécu et ce qu'elle est devenue, pourra-t-il l'aider à retrouver son cœur perdu ? Découvrez-le avec moi, bonne lecture !

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Un cœur perdu

1916

Après avoir appris qu'Albert était le mystérieux grand-oncle William, Candy reprit espoir en le bonheur et vécut quelques semaines merveilleuses. Hélas, le sort s'acharnait sur elle, Albert avait contracté un virus en Afrique, rien ne put le sauver, il mourut d'épuisement après un mois de fièvres et de dysenterie. Candy ne le quitta pas, l'infirmière tint le choc pour lui adoucir le mal, l'amie tint aussi pour lui adoucir le temps restant mais la jeune fille courageuse, optimiste et joyeuse mourut avec lui de fatigue. A peine enterré, la famille André la chassa de la maison. Albert n'avait pas eu le temps d'écrire un testament, la tante Elroy, poussée par les Legrand la déshéritèrent militari de son nom et d'un éventuel héritage. Archibald et Annie tentèrent bien d'aller voir un avocat et d'empêcher cette injustice mais Candy se fichait de l'argent, les titres, un patronyme. Elle choisit de partir pour oublier son chagrin et que ses amis ne s'attirent aussi des ennuis pour elle. Elle partit s'inscrire sur la liste des engagés volontaires médicaux pour le front de guerre en France. Elle vécut ces quelques jours restants dans une chambre d'hôtel miteuse pour éviter des adieux pénibles avec ses amis. Elle leur écrivit une lettre pour leur demander pardon, qu'elle n'allait pas se suicider au front mais soigner des gens et sa peine et qu'elle reviendrait quand la guerre serait finie. Elle écrivit une autre lettre à mademoiselle Pony et sœur Maria de la même teneur, une encore à Patricia en Floride et puis elle écrivit une lettre à Terry, qu'elle ne posta pas mais qu'elle mit dans son coffret aux souvenirs avec un autre paquet de lettres et les deux insignes des André. Une du prince de la colline, Albert et l'autre d'Anthony, avec sa photo. Elle partit ensuite avec le coffret jusqu'à Lakewood. Elle escalada le portail, se glissa jusqu'à la roseraie d'Anthony, creusa un trou près des Sweet Candy et y enfouit le coffret. Elle se recueillit encore un peu, demanda à ses deux princes morts de veiller sur Terry et Suzanna, les protéger et leur souhaita d'être toujours heureux. Elle versa ensuite sa dernière larme et emporta une rose en bouton, on était en avril, en mai elles refleuriraient, comme chaque année.

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Terry avait repris son rôle de Roméo après son retour à New York. Il joua la pièce deux mois encore puis Robert Hattaway voulut la mener en tournée. Suzanna Marlowe venait de se faire poser une prothèse, la rééducation fut longue mais elle commençait à marcher sans boiter. Elle resta à New York pour parfaire sa démarche et envisager à nouveau une carrière. Comme Terry l'encourageait fortement, elle y crut aussi.

Terry partit donc en tournée, il constata que partout où ils allaient, la pièce avait un grand succès et sans fausse modestie, il voyait bien que le public aimait son jeu. Il plaisait beaucoup aux filles mais des hommes aussi lui demandaient des autographes pour son talent, pas que son physique agréable. Les journaux écrivaient des articles élogieux mais parfois aussi imaginatifs en lui prêtant des liaisons inavouables ou ridicules. Ainsi on imagina qu'il était l'amant et protégé d'Eléonore Baker ! Mais il se fichait de ce qu'on disait de lui, la seule chose qui l'intéressait était de devenir le plus grand acteur possible et ainsi ne pas mourir dans le cœur de sa belle, n'en être jamais oublié pour pouvoir supporter son devoir et tenir sa promesse d'être heureux.

A Chicago, il eut plus de mal à rester indifférent à tout, elle était si près, pourtant il fut sûr qu'elle ne serait pas dans le théâtre pour le voir vu l'article qu'il lut à l'hôtel, révélant l'identité de l'héritier secret de la famille André, Albert, son ami, l'ami de Candy. Rassuré sur elle, il repartit sans regret, ignorant que le lendemain, Candy allait encore vivre un long calvaire.

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1917

Candy ferma les yeux du septième soldat mort cette semaine. Au moins lui n'avait pas trop souffert, la balle avait sectionné l'aorte, il s'était vidé de son sang rapidement, on avait rien pu faire. Depuis presque un an qu'elle était en France, elle avait vu tellement de sang, de morts, d'amputations, de hurlements de douleur effroyables, qu'elle ne se souvenait plus quand elle avait souri pour la dernière fois. Peut-être quand elle avait revu Flanny Hamilton ou quand le docteur Michel avait sauvé le jeune écossais blessé à la poitrine ? Mais c'était déjà le mois dernier, juste avant ce six avril où les Etats unis entrèrent aussi en guerre contre l'Allemagne et qui rajouta à la liste des morts, de jeunes américains venus faire leur devoir. Mai n'amena donc pas le soleil, les senteurs de rose et les chants d'oiseaux. Il n'amena que plus de blessés encore. Le ciel était gris tout le temps, l'odeur du sang et de la crasse empuantait et même les corbeaux fuyaient ce champ de bataille si mal nommé du Chemin des Dames.

Fatiguée, Candy repartit s'asseoir sur un sac de sable, un pou énorme la chatouilla sur le front, elle avait pourtant coupé ses cheveux très courts mais c'était impossible d'échapper à toute cette vermine grouillante. Et encore, les poux de tête c'était supportable mais ceux du corps, les punaises qui piquaient la nuit, les rats qui mordaient même éveillés, la gale, les nuées de mouches et même le typhus rodaient. C'était l'enfer et chaque jour Candy se sentait plus en colère contre les hommes, les dieux et l'injustice mais chaque jour elle se disait aussi :

« Je suis toujours en vie bien que morte de l'intérieur mais au moins Terry n'est pas dans cet enfer, il vit et il est heureux près de Suzanna ! Sans cette dernière certitude je ne pourrai plus continuer, j'ai tellement mal de vivre si vous saviez mes deux princes ! Veillez sur mon dernier prince sinon plus rien de mon passé ne sera plus jamais heureux ! »

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A New York, Terry commençait les répétitions de sa quatrième pièce. Après avoir joué le traître Iago dans Othello, ce qui lui permit de casser son image de jeune premier romantique et confirma son grand talent, Robert lui confia celui d'Hamlet, rôle magistral et qui promettait un immense succès. Suzanna marchait désormais sans difficultés, sans boiter même avec des talons hauts. Ceux qui ignoraient son amputation jusqu'au genou de la jambe gauche, ne le soupçonnaient pas avec ses jupes longues. Par contre, côté théâtre, c'était plus dur à redémarrer, elle n'avait obtenu que deux rôles secondaires encore et même pas avec Terry. Elle trouvait aussi qu'il n'était pas pressé de lui demander sa main, ni de lui faire la cour d'ailleurs. Mais il était très attentionné, gentil, chevaleresque et fidèle à sa façon vu qu'il n'avait jamais fui à nouveau depuis son retour. Il ne parlait jamais du passé, y pensait de moins en moins apparemment et sans pour autant se croire aimée de lui, elle appréciait ce qu'elle avait réussi à obtenir, sans se plaindre mais espérait toujours davantage quand il serait prêt.

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