HAPPY ENDING

Pairing: Dean/Castiel

Rating: NC-17 pour l'ensemble de la fic, G pour ce chapitre.

Spoilers: Saison 8 Disons que ceci est un léger UA où les portes de l'enfer ont bel et bien été fermées et Castiel, soigneusement viré du paradis n'a pas plus de pouvoir qu'un humain normal Sauf que c'est Castiel ^^

Musique: A écouter durant ce chapitre: «Rootless» par Marina and the Diamonds

Résumé: On veut tous des histoires qui finissent bien, parce que la vie finit rarement comme on le voudrait.

«I'm a cloud drifting by, dripping tears from the sky»

C'était une jolie matinée de printemps.

Castiel aurait pu dire la saison sans même regarder le calendrier. Il le sentait dans l'air: cette odeur douce d'herbe fraîche. Il le sentait sur sa peau: cette brise à peine humide annonciatrice d'une belle journée. Il le sentait tout autour de lui, debout les bras en croix sur le pas de sa porte, à savourer le tout premier rayon de soleil de la journé oiseau l'avait réveillé aux alentours de 4 heures du matin, ces petits machins se réveillaient toujours à quatre heures du matin. Castiel imaginait que c'était à ce moment que les vers de terre étaient les plus juteux. D'ailleurs quel goût ça a un ver de terre?

C'était une jolie matinée de printemps et Castiel allait la passer seul. Comme les précédentes et comme les suivantes.

L'ange n'avait pas été conçu pour éprouver quoi que ce soit. A sa liste de perceptions et de sentiments, Castiel ajoutait jour après jour la solitude et l'isolement. Pour l'instant il s'en satisfaisait.

«I'm a nomad walking on , humming to the same old song»

Dean avait un mal de crane atroce. L'impression qu'on enfonçait des aiguilles chaudes dans chacun de ses neurones tout en lui compressant la tête dans un étau. L'ennui qu'il y avait à être lui c'est qu'à la seconde ou il pensa cela, il se dit que quelqu'un , quelque part avait déjà du subir exactement ce genre de torture. Salopards de démons...

Dans le lit d'à côté, Sam dormait d'un sommeil agité. Rien que le bruit de son souffle agressait les oreilles de Dean. Il se leva en essayant de bouger le moins possible et fouilla dans son sac à la recherche d'anti douleurs. Ils ne lui feraient aucun effet mais ça valait toujours le coup d'essayer.

Ils erraient sans but depuis plusieurs semaines désormais et l'inactivité commençait à leur peser à tout deux. Sam, Dean le savait, avait hâte de tourner la page, une très longue page et de commencer une nouvelle vie. Mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser Dean seul. Et Dean devait admettre avec honte qu'il n'avait pas envie de se retrouver seul. Ils étaient donc coincés ensemble. Encore. Jusqu'à ce que Dean trouve quoi faire des jours qui lui restaient.

Il prit la dernière bière du frigo et sortit de la chambre de motel où ils passaient la nuit, quelque part dans le Wyoming. L'air frais du tout petit matin apaisa quelque peu sa migraine. Il avala deux cachets et une gorgée de bière. Il avait mangé un hamburger sur le pas de la porte la veille et un oiseau se faisait un festin de ses miettes en le regardant du coin de l'œil comme si Dean risquait de lui voler son déjeuner.

Il s'éloigna en tachant de ne pas lui faire peur. C'était sa vie désormais, tâcher de ne pas faire peur.

Les portes de l'enfer refermées, Dean Winchester, qui se considérait comme l'un des meilleurs chasseurs de démons du monde se retrouvait au chômage technique. Un chasseur sans proies tout juste bon à rouler sans but d'un état à un autre en évitant d'effrayer les oiseaux. C'était pas une vie. Non pas une vie du tout.

Il prit une autre gorgée de bière en regardant le soleil finir de se lever. Sa tête lui faisait toujours mal.

Il y avait une télévision dans la toute petite maison en retrait de la route où Castiel s'était installé. Il n'y avait pas prêté attention jusqu'ici. Il avait passé beaucoup de temps sous la douche, après avoir découvert qu'il adorait la sensation de l'eau tombant sur ses épaules. Il avait dormi aussi. Beaucoup. Principalement pour comprendre pourquoi les humains en avaient tant besoin. Il avait rêvé qu'il était sous la douche. Et de son ancienne vie aussi. En fait il y avait plus de rêves de meurtres ou de torture que de rêves de douche et du coup il ne comprenait toujours pas pourquoi les humains aiment tant dormir.

Il avait écouté chaque son qui se présentait à lui, avait observé chaque couleur, émerveillé par le renouveau perpétuel de ce qui l'entourait. Une fois il avait passé tout un après midi à regarder la poussière scintiller dans un rayon de soleil en se déposant doucement sur les meubles. Il était allé à la ville voisine plusieurs fois pour faire les courses et avait chaque fois acheté des choses dont il ignorait si elles étaient vraiment comestibles. Il avait tout mangé et découvert les caramels mous. Depuis il en reprenait à chaque fois. Les caramels mous, d'après lui étaient la raison pour laquelle la gourmandise était un péché mortel. Après tout qui a besoin d'un Dieu après avoir goûté quelque chose d'aussi délicieux?

Il lui fallut plusieurs semaines mais finalement, il dut ajouter un nouveau sentiment à ceux qu'il connaissait: l'ennui.

Ce n'était pas un sentiment 'ici il se souvenait de la tristesse, de la douleur,et de la colère pas grand chose d'autre. Les anges ne sont pas conçus pour ressentir. Plus il vivait comme un humain, moins Castiel comprenait leur volonté de caramels mous et les fleurs ne pouvaient pas suffire à combler une vie mortelle faite de rage et d'ennui, si?

Il dut tâtonner sur tout les boutons pour pouvoir allumer la télévision, cela lui prit encore plus de temps de passer en revue toutes les chaînes, puis, il s'installa avec des caramels devant un programme auquel il ne comprenait rien. Puis un second et un troisième. Il changea de chaîne. Rien n'avait de sens à ses yeux, pourquoi les humains trouvaient ils cela distrayant?

Il réessaya plusieurs jours de suite, chaque chaîne, chaque programme. Même ceux que Dean avait par le passé regardés avec lui et lui avait expliqués, même ceux là il ne leur trouva aucun intérêt.

Le sac de caramels était vide depuis quelques jours, il abandonna la télévision et mis en route la radio. Il n'entendit d'abord que des grésillements et tapa dessus sans conviction. Il n'avait pas vraiment envie de faire du mal à l'objet mais il avait vu des humains le faire.

Aucun résultat.

Il se mit à manipuler tout les boutons en se sentant complètement idiot. Finalement un son plus clair se fit entendre, il tourna précautionneusement la molette jusqu'à entendre parfaitement la musique et reposa doucement le poste sur la table de la petite cuisine. Il recula doucement comme par peur de l'effrayer et, sans bruit, s'assit sur une chaise. Ce qu'il entendait n'avait rien à voir avec la musique céleste, ni avec les choeurs d'angelots qu'il avait entendu quelques fois. C'était de la musique humaine. Il percevait les distorsions des ondes radio, les grincements des archets sur les cordes des violons. Il entendait les souffles dans les voix et toutes ces imperfections rendaient la musique simplement belle. Il avait les yeux rivés sur le poste mais il ne le voyait pas, il écoutait la musique.

Il mit plusieurs jours à se lasser des chœurs gospel puis il se remit à tâtonner jusqu'à trouver un autre canal. Plusieurs jours plus tard il en écouta un autre et ainsi de suite.

Il passa des semaines à écouter la radio. C'était meilleur que les caramels mous et quelque part tout au fond de lui l'idée naquit qu'il y avait quelque chose de bon dans la vie humaine.

«Regarde ça.» lança Sam en même temps qu'un journal sur la table où Dean avait étalé des croissants et du café. C'était un matin pluvieux de Mai et après avoir erré sans but plusieurs mois, les deux frères s'étaient comme par défaut, réfugiés dans leur QG où Dean déballait des cartons d'artefacts mystérieux et Sam jouait les élans de bibliothèque.

Par dessus sa tasse de café, Dean jeta un coup d'œil aux rapports de police que Sam venait d'imprimer.

« Quatre corps vidés de leur sang ? » s'étouffa-t-il. Il reposa sa tasse et se pencha sur les papiers. « Un psychopathe qui a trop regardé Twilight ? »

-Personne ne boit de sang humain dans Twilight. Le corrigea Sam. Dean lui jeta un regard ironique et son frère se racla la gorge pour éluder la question « enfin bref, si c'est un psychopathe, il est très maladroit. Trois des quatre victimes sont revenues à la vie. »

Tu te fous de moi ?

Non. Trois personnes mortes sont revenues à la vie après avoir été vidées de leur sang.

Attends... Attends … tu me parles de Vampires là ? Des vrais vampires ?

Oui.

Le regard de Dean passa de son frère aux papiers, des papiers à Sam.

« On a fermé les portes de l'enfer bordel ! Comment c'est possible ? »

Techniquement la seule chose qui sort des enfers ce sont des démons... et leurs chiens... mais tout le reste... les vampires, les goules, les wendigos... tout ça... tout ça Dean, ça n'a pas disparu avec l'Enfer.

Sam avait un grand sourire. Le genre de sourire soulagés que Dean ne lui voyait que quand Sam l'avait cru mort et le trouvait bien vivant. Ça lui fit un petit pincement au cœur, que la seule chose qui réjouisse son frère soit de découvrir qu'il restait encore des choses à chasser. Parce que Dean le savait, la chasse ce n'était pas la vie de Sammy, c'était la sienne. Si son frère était soulagé, c'était parce que Dean allait pouvoir rechasser.

Dean reposa les papiers.

« Tu viens descendre ces fils de pute avec moi ? » demanda-t-il pas tout à fait certain de la réponse de son cadet.

« Je manquerais pas ça ! »

« Awesome » commenta Dean avec un grand sourire.

Pendant un temps la musique fut suffisante pour étouffer le bruit des sentiments qui grandissaient en Castiel, mais cela ne dura pas. C'était comme si son cerveau ne voulait plus jamais arrêter de réfléchir, de ressentir des choses qu'il ne lui avait pas demandé voyait des mort, tout le temps. Il entendait les cris, il voyait les pleurs et maintenant, il les comprenait. Il avait beau essayer de noyer ses émotions sous la douche ou de s'assourdir avec la radio, rien ne marchait. De jour en jour cela devenait plus pesant, plus douloureux et soudain, quelque chose se produisit.

La première fois que cela arriva, il ne comprit pas, il eut même peur (un nouveau sentiment qui fit son apparition sans prévenir et qui lui coupa les jambes et la respirations un instant). Ses yeux et son nez le brûlaient et il en coulait un liquide chaud et salé. Castiel pleura pour la première fois quelques mois après être devenu humain.

Il ne connaissait pas l'expression «pleurer toutes les larmes de son corps», mais c'est ce qu'il fit, roulé en boule sur le plancher de la petite maison, il pleura et pleura encore. Les humains prétendaient que cela faisait du bien mais il n'en retira aucun soulagement. Chaque sanglot en appelait un nouveau, escortant avec lui une ribambelle de souvenirs douloureux et de sensations pires encore.

Pourquoi les humains avaient ils peur de l'enfer? Existait-t-il pire torture que ce qu'ils vivaient chaque jour? Souffrir ainsi était donc leur lot quotidien?

Castiel pleura sur son angélisme perdu, sur ses crimes et sur lui même. Puis il pleura sur l'humanité. Puis il pleura encore un peu parce que finalement, cela l'apaisait.

Il ne savait pas comment décrire ce qu'il vivait mais c'était insurmontable, une mer de désespoir dans laquelle il se noyait sans jamais pouvoir en mourir. C'était pire que tout ce qu'il avait pu vivre ou imaginer jusque là.

Et il était seul pour endurer ça.

Totalement seul. Et pour toujours.

C'était encore pire que tout. Avoir la certitude que sa misère ne s'améliorerait jamais et que jamais personne ne s'en soucierait!

«Pitié...» murmura-t-il entre deux sanglots. «Pitié mon Dieu...»

La part rationnelle de lui même lui rappela avec un ton mordant que s'adresser à Dieu quand on ne croit plus en Lui, quand on l'a trahi, est au delà du blasphème, au delà du pire péché qu'il soit. Mais Castiel n'avait personne d'autre vers qui se tourner.

Personne ne lui répondit. Mais quand ses sanglots se calmèrent, plusieurs heure sou plusieurs jours plus tard, une sérénité faite d'épuisement le recouvrit comme une paire d'ailes usées.

Et juste avant qu'il ne s'endorme, toujours sur son plancher usé, ce furent la voix et les yeux verts de Dean Winchester qui l'accompagnèrent.

«Cas...»