Disclaimer: Rien n'est à moi, ni les persos, ni le contexte.
Rating: PG ( si si, vous avez bien lu)
Pairing: aucun pour l'instant. Lestrade/Sherlock plus tard.
Note: Une sorte de conte de Noël, tout doux.
Le fantôme des Noëls passés.
La première fois que Noël ressembla à un vrai Noël, ce fut l'année de ses sept ans.
Sa mère l'avait emmené avec elle à Londres, c'était le vingt trois décembre, ils étaient arrivés par le train de dix heures. Ils étaient venus jusqu'à Knightsbridge dans l'après midi, aux alentours de trois heures et Gabriel était tombé en admiration devant les vitrines décorées de chez Harrods.
Il y avait les plus beaux jouets que Gabriel n'ait jamais vu. Chaque vitrine avait un thème à elle, mais les peluches et jouets monopolisaient la plus grande partie de celles ci.
Le petit garçon qui ne croyait déjà presque plus au père Noël, avait eu une flambée de remords et avait eu envie de croire. Encore un an de plus. Après tout. Pourquoi pas?
Il avait réussi à persuader sa mère de le laisser admirer les vitrines pendant qu'elle effectuait les achats qu'elle devait effectuer. Mme Lestrade était une femme de bon sens et elle hésita un moment avant d'accorder au petit garçon ce plaisir là.
"D'accord Gabriel. Mais tu fais attention, tu ne parles pas à des inconnus, tu ne suis personne, on se retrouve à la porte numéro cinq dans une heure. D'accord?
"Oui, M'man. Accepta le gamin enthousiaste. Il secoua son poignet auquel brillait une lourde montre. Dans une heure! Promis je vais faire attention M'man...
Le petit garçon se planta devant les vitrines, il regarda d'un oeil un peu négligent les magnifiques tableaux qui ne correspondaient pas à ses goûts. Les merveilleuses tenues de soirées et les mises en scènes somptueuses. Son regard s'éclairant quand il contourna l'angle de l'immeuble, passant dans une rue bien plus tranquille, mais aux vitrines clairement pour les enfants.
Il y avait une vitrine furieusement futuriste, une belle fusée blanche était posée sur la lune et un astronaute plantait un drapeau américain dans son sol. L' alunissage d'Apollo11. Il avait entendu parler de cet événement l'été précédent. Il n'y avait pas de poste de télévision chez ses grands parent où il se trouvait à ce moment là et il avait rêvé des nuits entières en pensant aux étoiles et aux astronautes qui avaient la chance de voyager vers elles.
Il resta longtemps à admirer la fusée, le LEM, l'astronaute...
Il passa aux vitrines suivantes, une jungle impressionnante avec des explorateurs, et Tarzan dans les arbres, des lions, des tigres et autres animaux en peluche.
Il flânait et était arrivé au bout de la rue, le magasin occupait tout le pâté de maison de toutes façons, Gabriel observa un moment le ballet des voitures qui stoppaient devant une entrée visiblement réservée à une clientèle plus privée. Deux hommes en manteaux longs, vert foncé et casquettes assorties, venaient ouvrir les portières et aider les gens à descendre. Ou bien aidaient les chauffeurs à charger les nombreux paquets dans les voitures.
Une splendide voiture gris foncée se gara, Gabriel pouvait voir sur le cabochon du radiateur un petite statuette en argent. La voiture était belle à couper le souffle et le petit garçon tomba amoureux dans la seconde.
L'homme au manteau vint ouvrir la portière, une botte noire apparut lentement, la femme qui sortit de la voiture était très jolie et Gabriel eut un coup au coeur, elle ressemblait à un ange se dit il.
Un ange brun, emmitouflé dans une pelisse de fourrure blanche, dont ne dépassaient que les bottes noires. Un petit garçon descendit de la voiture à sa suite.
Aussi blond qu'elle était brune. Le visage rond de l'enfant était fin et délicat, très pâle. La coupe de cheveux dégageait la nuque, mais le casque blond arrivait au ras des oreilles. Il avait un air si sérieux, si posé. Calme et réfléchi.
Il portait un manteau bleu ciel et Gabe pouvait voir le pantalon gris clair qui enveloppait les jambes fines.
Gabriel vit le visage se tourner vers lui et en une seconde eut la sensation que l'enfant avait tout vu de lui. Le gamin pencha un peu la tête, puis détourna le regard et suivit sa mère dans le magasin.
Gabriel se sentit bête brusquement. Il se regarda dans la vitrine la plus proche et vit un petit garçon en jeans, avec un blouson multicolore, un bonnet bleu enfoncé sur sa tête cachait ses boucles brunes. On ne voyait que l'ovale du visage et les yeux bruns qui se détachaient. Il se sentit mal à l'aise. Pas à sa place ici.
Le gamin qui devait avoir à peine plus de quatre ans, lui, était parfait à cet endroit là.
"Gaby!
Il grinça des dents, il détestait quand sa mère l'appelait Gaby. Mais il se retourna et alla vers elle. Il jeta un dernier regard vers la rue. La belle voiture avait disparue.
L'année suivante, inconsciemment, Gabriel attendit avec impatience le petit voyage à Londres, pourquoi espérait il revoir la belle voiture? Ou le petit garçon? Il n'en savait rien, mais avait envie de retourner là bas. Derrière chez Harrods. Et attendre la venue de la belle femme et de l'enfant.
Il n'y a que les petits garçons de huit ans qui croient pouvoir influer sur la vie en faisant un voeu. Et voeu ou pas, Gabriel ne vit pas la Rolls et ses passagers cette année là.
Il resta planté dans la rue pendant l'heure et demie que lui accorda sa mère, il jeta un regard complètement distrait sur les vitrines décorées et eut envie de pleurer quand sa mère l'appela.
C'était un vingt deux décembre.
Les Noëls de ses neuf et dix ans, il eut la chance de revenir à Londres, plus encore, y revenir le vingt trois décembre et parvint à retourner vers Knightsbridge dans l'après midi vers trois heures.
Gabriel avait eu une année entière pour cogiter et il était arrivé à la conclusion que s'il n'avait pas vu la voiture l'année précédente c'est parce qu'il n'était pas venu le bon jour. Après tout, cette première rencontre avait eu lieu un vingt trois décembre. Il fit son possible pour que sa mère programme le voyage ce jour là, reculant d'un et voire même, de deux jours leur escapade Londonienne. Mais il avait eu raison. La date comptait. Devait même compter beaucoup, puisque les deux fois, il avait revu la Voiture.
Une Rolls Royce lui avait appris son cousin George, la statuette ne laissait aucun doute, lui avait il affirmé.
Il avait vu la jolie femme, dont la coupe de cheveux avait changé, elle les portait longs et ondulés. Sous la neige qui tombait il l'avait vue rire. Les deux fois. Elle jetait son visage en arrière et essayait de happer des flocons, tout ça pour faire sourire le petit garçon.
Le petit garçon avait grandi. Il n'avait pas changé. Toujours la même coupe de cheveux. Ceux ci avaient un peu foncé. Toujours très élégant. Les manteaux à peu près semblables d'une année sur l'autre. Il était toujours aussi sérieux, mais avait souri aux enfantillages de sa mère.
Le couple était assez touchant. La maman enjouée et l'enfant si calme.
Les deux fois, Gabriel avait croisé le regard du petit garçon. La première année, quand il l'avait revu, le gamin avait penché la tête de nouveau comme la première fois. Et avait détourné la tête très lentement. Puis avait lancé un regard par dessus son épaule avant de rentrer dans le magasin.
La seconde année, quand il avait vu Gabriel, il avait eu un fantôme de sourire. Il n'avait rien fait de plus. Pas même hoché la tête. Mais avait de nouveau regardé par dessus son épaule avant de rentrer dans le magasin.
Gabriel garda ce rendez vous secret dans un coin de sa tête. Par chance, ses parents déménagèrent à Londres puisque son père avait eut une mutation. Il était maintenant assez grand pour avoir la permission de circuler seul dans la grande ville. Et donc, l'année de ses onze ans, il fit le pied de grue quatre après midi de suite devant chez Harrods. Il savait parfaitement que la date clef c'était le vingt trois, mais sait-on jamais. Les coïncidences existent.
Son impatience grandissait à chaque jour qui passait sans la Voiture. Et donc sans ses passagers.
Le vingt trois décembre, enfin, la Rolls arriva et Gabriel vit descendre la femme, qui portait un long manteau de cuir, ses cheveux étaient de nouveau plus courts. Elle avait l'air un peu fatiguée. Elle ne riait pas cette année là. Il ne neigeait pas non plus à vrai dire.
A la grande surprise de Gabriel, un homme descendit à son tour de la voiture. Il était très grand, son manteau gris ne parvenait pas à dissimuler le fait qu'il était extrêmement mince. Il avait les cheveux noirs, un peu ondulés. Un regard gris perçant qui effleura Gabriel un instant.
Le gamin eut la même sensation que quand le petit garçon le regardait. La sensation que l'homme savait tout de lui. L'homme posa sa main sur l'épaule de la femme et ils attendirent un instant.
Le petit garçon descendit ensuite. Instinctivement, son regard chercha Gabriel et quand il le trouva son regard s'éclaira. Il avait grandi. Beaucoup. Son manteau n'était plus bleu ciel, mais bleu marine. Les pantalons, toutefois, étaient toujours gris.
Gabe lui sourit et le vit secouer la tête imperceptiblement. Le petit groupe se dirigea vers la porte et le petit garçon regarda par dessus son épaule, comme à chaque fois.
Mais cette fois là, Gabriel avait tout son temps, dès que la famille eut disparue à l'intérieur, il fonça vers la porte d'entrée la plus proche et se glissa dans le grand magasin. Il essaya de se rapprocher le plus possible de l'entrée privée, espérant retrouver le petit groupe. La foule dans le grand magasin le prit par surprise. Il était pourtant venu de nombreuses fois durant cette année, il avait juste eu l'ambition de connaître le magasin par coeur afin de pouvoir retrouver le petit garçon lorsque celui-ci viendrait à Noël. Et il pouvait naviguer dans les étages avec aisance. Mais il n'avait pas prévu autant de monde.
Il entrevit le manteau gris, il se dirigea vers lui et entreprit de les suivre dans le dédale des étages et des boutiques. Il ne s'attendait pas à se retrouver au rayon des jouets, et pourtant cela coulait de source.
Il vit le petit garçon jeter des regards indifférents sur les comptoirs. Les deux adultes se dirigèrent vers le côté scientifique de l'étage. Ils se penchèrent sur différents jeux. Tous horriblement ennuyeux de l'avis de Gabriel. Il pensait avoir trois ou quatre ans de plus que le petit garçon, mais trouvait tout ça terriblement rébarbatif.
Cependant le gamin semblait prendre plaisir à choisir parmi ces jeux là. Lorsqu'il quittèrent ce coin de l'étage, Gabriel s'y rendit à son tour, pour voir de près ce qui avait plu à ce mystérieux gamin.
Labo de chimie, microscope, cartographie stellaire, télescope. Bouquins scientifiques. Aucun de ces jeux ( pouvait-on encore appeler ça des jeux?) n'était indiqué pour des enfants de moins de quatorze ans. Gabriel lui même n'y comprenait pas grand chose. Il releva son regard vers la petite famille et croisa le regard bleu posé sur lui. Le gamin secoua la tête avec un sourire amusé. Depuis quatre ans c'était le premier sourire.
Et ce sourire là était un vrai bonheur. Gabe y répondit en levant les yeux au ciel et avec un petit rire.
L'enfant lui fit un petit signe de la main et se retourna vers ses parents. Puis disparut dans l'ascenseur.
L'année suivante Gabriel manqua leur rendez vous.
Il neigeait et le jeune garçon blond fut déçu quand il ne trouva pas son ami inconnu à l'extérieur du grand magasin. D'autant plus déçu, que cette année là, il s'était décidé à l'aborder.
A se présenter.
Gabriel hésita à aller chez Harrods. Il avait treize ans. Presque trop grand pour encore rêver devant les vitrines de Noël. Et dans l'impossibilité de se débarrasser de ses copains. Il en entraîna donc quelques uns dans son rendez-vous annuel. Il se sentait mal à l'aise malgré tout. En six ans c'était la première fois qu'il venait avec d'autres personnes.
Ils avaient fait le tour des vitrines, avaient rit, et s'étaient comportés comme des ados, un peu insolents, un peu bêtes.
Gabriel était fier de son blouson en cuir, héritage de son cousin Georges, il avait mit du gel pour discipliner ses boucles rebelles et avait pris l'air d'un "grand". Son coeur s'affola quelques secondes quand il vit la rolls arriver.
Il n'y avait pas vraiment cru.
La belle femme descendit lentement, elle était blonde cette année et rayonnait. Le lourd manteau rouge l'enveloppait comme une couverture.
Le jeune garçon descendit à sa suite. Il était plus grand. Décidément moins blond d'année en année. Une raie sur le côté, les cheveux toujours courts. Pas de manteau cette année. Une veste qui arrivait à mi cuisse. En cuir blond. Un jeans. Les gants assortis à la veste.
Il se retourna vers la voiture et s'occupa de quelque chose. Le chauffeur était descendu lui aussi. C'était une première. Il descendit quelque chose du coffre de la voiture. La belle femme attendait patiemment. Le jeune garçon fit un pas en arrière. Les bras chargés.
Quand il se retourna et croisa enfin le regard de Gabriel, celui resta figé. Le fardeau dans les bras du garçon, c'était un bébé. Emmitouflé soigneusement dans une couverture bleue. Des boucles brunes dépassaient du bonnet blanc, et le bébé semblait observer tout ce qui se passait autour de lui.
Le garçon eut un petit sourire timide et se redressa, fier de tenir son frère dans ses bras.
Gabriel lui sourit à son tour et haussa les sourcils.
Le bébé changea de mains et fut placé dans un landau, la belle femme et l'enfant avancèrent vers la porte du magasin. Le jeune garçon les suivit. Le regard qu'il lança à Gabriel était incertain.
Mais Gabe secoua la tête. Pas cette année. Il ne retournerait pas dans le magasin.
Aucun des deux garçons ne fut au rendez vous l'année suivante.
Gabriel traînait avec ses "amis", à quatorze ans, il commençait à mal tourner. Il fumait, s'essayait à de petites délinquances, commençait à séduire les filles. A ne pas leur trouver beaucoup d'attraits à dire vrai.
Le jeune garçon blond avait été envoyé dans une prestigieuse école qui ne relâchait ses élèves que le jour précis du réveillon. Il était heureux là bas. Enfin on s'occupait de son esprit, il pouvait se consacrer uniquement à ses études et le vingt trois décembre il n'eut qu'une brève pensée pour le garçon mystérieux.
Gabriel sut que le garçon ne viendrait plus quand il vit la belle femme descendre d'une voiture moins prestigieuse que la Rolls. Une Jaguar. Elle détacha l'enfant qui était assis à l'arrière.
Le petit garçon devait avoir un peu plus de trois ans et un fort tempérament à priori. Sa mère était foncièrement amusée par le petit garçon qui se tenait devant elle les bras croisés et une moue sur le visage.
"Je ne veux pas y aller Mummy. Je ne suis pas un bébé et Noël c'est nul! Cria le petit brun en secouant ses boucles et en tapant du pied.
Le manteau gris foncé lui arrivait presque aux chevilles.
Gabriel eut un sourire, le gamin allait leur en faire voir c'était certain. Et il réalisa avec une pointe de regret qu'en neuf ans il n'avait jamais entendu la voix du petit blond.
Il secoua la tête à son tour et se dit que l'enfance était terminée. Il allait devoir grandir enfin.
Fin part 1
