C'est assez bizarre de savoir qu'un jour ou l'autre tout pourrai sombrer comme un château de cartes balayé par une brise de vent. Wanda Maximoff le savait.
Un jour elle jouait dans son jardin avec ses parents, et le lendemain, ils étaient morts.
C'est pas étonnant quand on dit que la vie est cruelle et injuste, qu'elle peut t'en faire baver au point que tu veux te tuer, volontairement. Et là, t'as qu'une seule solution : tu dois t'accrocher à quelque chose. Pour pas que tu tombes et que la vie te marches dessus, tu vois ?
Wanda Maximoff avait quelque chose de précieux, que la vie et la mort ne pourraient jamais lui enlever son frère jumeau.
C'est comme si les deux âmes étaient connectées dans une seule et même personne : c'était magique. De parler rien qu'avec un regard. De ne pas toujours dire 'je t'aime' à tout va, car ils le savaient déjà : ils s'aiment plus que tout.
Ils ont toujours tout partagés ensemble, en commençant par le ventre de leur maman, les bains, les jouets, le lit, la nourriture. Les premiers pas, les premiers mots…
C'était toujours Pietro et Wanda.
Et un jour, c'était fini.
La vie est juste une véritable garce qui invite la mort dans nos vies sans rien nous dire. Comme ça.
Car Pietro était mort.
Alors maintenant, y'avait que « Wanda », mais ça sonnait vide et creux.
Et Wanda était seule, sa pauvre âme déchirée en deux.
Elle a perdu le fil qui l'a relié à la vie quand son frère s'est pris les balles en pleine poitrine. Elle meurt en peu plus chaque minutes, secondes, jours depuis que son frère était tombé sur la terre de leur ville natale. Depuis qu'il a rendu son dernier souffle, et dites cette dernière phrase.
- Tu l'as pas vu venir, celle-là.
Non, elle l'a pas vu venir cette connerie, comme d'habitude. Parce que son frère s'était le plus rapide, le plus fort. L'impatient. Le joueur.
Peut-être avait-il pensé que la mort était un jeu. Une sorte de course entre eux. Qui est le plus rapide, hein ?
Mais la mort avait gagné.
Et Wanda pleurait tous les soirs.
Contre son oreiller pour étouffer ses cris infâmes comme si elle essayait que son frère l'entend de là-haut.
Et les mots de Wanda sonnait vide.
Un peu comme elle, en y pensant. Un peu abimée, complètement paumée. Et elle se déchire le cœur, à chaque fois qu'elle se rappelle.
De quoi ? Des souvenirs. Ces choses contradictoires, qui t'enfoncent encore plus dans le passé, et qui laisse tes larmes coulées. Les souvenirs. Celui qui t'fout dans le néant quand tu penses au jour de pluie : où tu jouais avec Pietro dans les flaques d'eau.
Et Wanda tombe comme un vulgaire papier chiffonné.
Car elle est un peu comme ça, Wanda. Un peu irrécupérable maintenant. Un peu trop triste, avec un teint un peu trop blanc, et des yeux beaucoup trop rouges.
Et Wanda tombe comme son frère l'avait fait.
Sans trop d'espoir, avec juste une dernière respiration, une dernière phrase.
- La vie et la mort ne font qu'un.
Car Wanda est morte en restant en vie.
