Bonjours à tous, je me lance dans une fic qui sera surement plus longue que tout ce que j'ai fais jusqu'ici. Je ne pourrais tenir de délais réguliers, mes études passant avant tout. Mais je tiens quand même à partager cela avec vous. C'est très différent de ce que j'ai l'habitude d'écrire. J'espère que ça vous plaira !
Je rappelle que One Piece ne m'appartient mais qu'il s'agit de la propriété de Oda.
La foudre transperça le ciel déchaîné, illuminant l'espace d'un instant la route sinueuse et le pick-up qui tentait de la suivre. Les pins courbés par un vent d'une rare violence semblaient lutter pour ne pas qu'on les déracina et la voiture zigzaguait pour éviter les branches qui auraient éraflé la carrosserie. La pluie tombait drue du ciel noir et rien ni personne n'aurait pu franchir cette cloison d'eau destructrice. Pourtant le véhicule avançait, être insensé bravant le danger qu'on lui réservait. Une pure folie, sans aucun doute, devait habiter le jeune homme au volant alors qu'il donnait un violent à coup afin d'éviter un morceau de bois détrempé que le vent avait lancé sur la route. Les jointures des doigts : crispées. Les yeux : concentrés. Rien ne le perturbait, pas même les formes étranges que dessinaient les éclairs dans ce chaos innommable. Plus la route se perdait dans les hauteurs et frôlait les précipices, plus la tempête s'acharnait sur l'être abject qui osait défier la nature.
La radio ne passait plus depuis près de cent kilomètres et l'unique disque de la voiture tournait en boucle dans l'habitacle, essayant de maintenir un semblant d'humanité dans ce paysage dévasté. She wore blue velvet… Bluer than velvet was the night… La mélodie des années cinquante résonnait dans l'air confiné du pick-up et la tempête, au-delà, redoublait. Un éclair plus terrible que les autres illumina le ciel et la terre alors que le jeune homme passait un virage en épingle. Alors apparu, menaçante, l'immense silhouette difforme d'un totem, elle se dressait sans faillir, comme animée par la pluie et le vent. Le bois sombre et le déluge n'empêchaient pas de distinguer les nervures et des traces sur le bas du statut : des griffures d'ours, on l'avait prévenu. Enfin l'auberge dont on lui avait parlé apparut à une centaine de mètres de là. Pour cette nuit, le voyage s'arrêtait donc. Il se gara le plus près possible de la petite bicoque délabrée que tout le monde avait abandonnée l'hiver arrivant. Le jeune homme prit quelques secondes pour rassembler ses affaires et se précipita à l'extérieur, l'enfer orageux le happa.
La porte du refuge s'ouvrit et ses pieds rencontrèrent une marche qui évitait à l'eau de s'infiltrer dans la pièce unique qui la constituait. Un groupe électrogène traînait dans un coin, mais pour rien au monde le jeune homme n'aurait tenté de jouer avec l'électricité ce soir-là. Heureusement une cheminée en état de marche était mise à sa disposition, et le bois bien qu'un peu humide prit feu et réchauffa l'endroit avec peine. Le peu de lumière qui envahit la pièce lui permit d'observer son reflet dans un miroir crasseux placé au-dessus d'un évier vétuste. Malgré sa peau basanée, il avait toujours l'air maladif et une teinte jaunâtre voire verdâtre à cause de ses cheveux trop sombres et des cernes qui creusaient ses yeux pâles, enfoncés par la fatigue et les désillusions de son existence. Son visage n'avait pas changé, se dit-il en tirant de sa poche arrière sa carte d'identité datant de dix ans auparavant. Mis à part une lueur plus mature dans le regard, sans doute due à la ride qui se creusait entre ses yeux, et une petite barbiche en bataille, Trafalgar Law n'avait pas changé. Il avait vingt-six ans.
Un nouveau grondement fit trembler les murs et la poussière accumulée sur les poutres tomba doucement jusqu'au sol. Il était tard et le lendemain, quand l'orage serait passé, il devrait reprendre la route et arriver dans ce village isolé dont son employeur lui avait parlé. Bâtit par les indiens lorsque les colons les avaient chassés, reclus dans les montagnes, aucun étranger ne serait assez inconscient pour s'y risquer. Le refuge sentait le bois pourris et des couvertures étaient laissées aux voyageurs de passage, elles ne donnaient pas envie : bourrées de punaises, ou pire, infectée par la variole, comme au temps de la conquête de l'ouest et de l'extermination des amérindiens. Le sol ne lui parut donc pas dur lorsqu'il s'allongea face à la cheminé : on s'habitue à tout. L'hiver arrivait lentement dans cette région lui avait-on dit, mais une fois prit dedans … « Ses bras blancs vous empêchent de fuir. » Quand Law avait répondu à la gérante de la station service qu'il comptait s'installer à White Lakes elle l'avait mis en garde. « Z'êtes jeune, et ces gens, ils sont aussi agréables que des punaises de lit, et aussi résistant en plus. Allez pas vous enfermer là-bas. » Law n'allait pas passer six mois de sa vie dans ce village perdu pour se faire des amis alors qu'on l'accueilla bien ou mal, il s'en foutait. Mais la perspective ne l'enchantait pas pour autant, personne ne devait empiéter sur son travail, surtout pas des villageois trop curieux.
Mais ce soir-là, alors que l'orage grondait et que le vent s'insinuait par les fenêtres trop fines, il entendait des grattements sordides autour du refuge : il doutait. Tous ses frais étaient pris en charge, logement, nourriture, équipement… Mais cela ne cachait-il pas quelque chose ? De toute façon il n'avait pas le choix, c'était sa dernière chance. Il ne pouvait pas être radié de l'Ordre des Médecins… Ses documents attendaient dans une housse de cuir à l'intérieur de son sac, il les avait lus plusieurs fois. Des symptômes inconnus, géographiquement concentrés autour de White Lakes. Lèvres bleuies, comme cyanurées, coin de la bouche blanc, épiderme blanc et écailleux… Toue sanglante. Pas de contagion. Du moins d'après le rapport du précédent chercheur envoyé il y a trois ans et retrouvé mort. Le rapport du décès n'indiquait rien d'autre qu'un suicide, ce genre d'affaire, l'Ordre des Médecins refuse de l'ébruiter. Peut-être cherchait-on tout simplement à se débarrasser de lui. Law avait cette pénible impression que l'envoyer dans ce bled paumé était une façon de l'oublier. Les présidents et ses supérieurs espéraient sûrement qu'il ne revienne pas. Il n'avait pas envi de les revoir non plus. Frappé d'exile, le jeune médecin devait rendre ses comptes, il le savait, et découvrir quelle maladie ravageait la région en six mois. « L'Organisation Mondiale de la Santé ne doit pas être informée de cette histoire tu m'entends Trafalgar ? » Le ton autoritaire était déplaisant mais son employeur avait l'air mal à l'aise et apeuré, c'est pourquoi Law n'avait pas fait de commentaire. « Nos clients seraient dans une très mauvaise posture. » avait-il avoué. Trafalgar Law n'était pas un bavard, l'idée d'un isolement prolongé ne lui avait pas déplu sur le coup. Personne ne lui manquerait, et puis, il n'aurait personne à qui manquer, ce qui était plutôt rassurant d'après lui.
Law éteignit son téléphone qui indiquait vingt-trois heure environ, aucun réseau depuis la dernière station service. Il s'endormit, sourd aux hurlements du déluge qui le mettait en garde.
A son réveil la nature semblait avoir trépassé : l'herbe gorgée d'eau et de boue prenait une couleur noirâtre et les arbres que la tempête avait fait ployer étaient alourdis, résignés face à l'arrivée de l'hiver. Un brouillard opaque envahissait la vallée et les hauteurs où se trouvait le refuge. Un violent coup s'abattit sur la porte en bois, ce qui réveilla en sursaut le jeune homme endormi. Le battant s'ouvrit faisant apparaître un homme immense, une ombre massive que Law perçu menaçante.
« -Qui êtes-vous ? demanda Law sur la défensive, la voix ensommeillée.
« -J'viens vous chercher, le nouveau médecin. La route que vous deviez prendre est impraticable, j'vais vous guidez M'sieur, par un autre chemin. Je suis Anoki. »
La raideur des muscles qui saillait sous la peau fine et brune du montagnard illustrait la tension de tout son être. Soit Law l'intimidait, soit quelque chose d'autre le dérangeait.
« -J'voudrais partir tout de suite si vous êtes prêt.
-Je le suis. »
C'était donc le lieu qui le perturbait. Sans plus parler Law récupéra ses quelques affaires et s'enferma dans son pick-up boueux, il observa le dos d'Anoki où cascadait sa longue chevelure sombre. Le convoi s'ébranla en brisant le silence et la torpeur du brouillard. Lorsqu'ils passèrent devant le totem, le médecin aurait juré que l'angle de la statue avait pivoté. Les deux voitures suivirent la route principale sur plusieurs kilomètres puis bifurquèrent dans un chemin de terre inondée. Le pick-up tout terrain eu tout de même du mal à ne pas s'embourber. Law ne comprenait pas, la route semblait encore tout à fait praticable, est-ce que ce type essayait de le perdre ? Des nids de poules jalonnaient le chemin, forçant les véhicules à rouler désespérément doucement. Maintenant, dans la forêt, l'atmosphère était lourde, les arbres empêchaient la faible lumière du soleil de pénétrer dans le sous-bois et la hauteur des pins donnait le vertige lorsque le brouillard, après avoir envahi la forêt s'insinuait dans les cœurs. Baby won't you swing it with me ? crachotait l'autoradio avec peine pour couvrir le bruit que la route accidentée provoquait. Law s'impatientait, depuis des heures ils roulaient et il avait l'impression d'être passé plusieurs fois au même endroit. Est-ce qu'ils tournaient vraiment en rond ? Alors qu'il n'y croyait plus, loin devant eux une ouverture dans la végétation se dessina et une faible lumière se répandit. Cette percée dans le bois déboucha sur un lac, immense miroir sombre qui reflétait le col des montagnes. Autour de cette noire étendue d'eau se trouvaient des habitations agrippées aux flancs abruptes des pentes. Le bois dont elles étaient toute construites avait l'air pourri et la couleur noirâtre rappelait celle du lac par endroit, ce qui contrastait avec le sable de la plage, d'un blanc ce qu'il y avait de plus pur. Ça et là, d'immenses pins émergeaient de la terre fendue par le gel, et la fumée des maisons s'enroulait dans leurs branches.
La voiture d'Anoki se gara près d'un chalet plus en hauteur que les autres, à la limite même de la forêt. Les nervures du bois rappelaient des veines trop gonflées saillant sous la peau. Mais après la nuit passée au refuge, Trafalgar Law trouvait cette maison plus accueillante qu'elle ne l'était.
« -Vous allez vivre ici. Molly l'a nettoyé y'a deux jours, mais vous en faites pas si y'a quelques araignées. Y'a un sous-sol, au cas où, vous voyez. Si jamais quelqu'un… Quelque chose… Enfin vous verrez. Z'avez de quoi tenir un petit moment. Demain, le maire passera vous voir, vous expliquer les modalités de vot' travail… Entre temps si y'a besoin, allez voir le chalet le plus près de la berge, c'est Molly. Me cherchez pas, j'habite dans la montagne, plus haut encore.»
Anoki voulait partir vite. Le vent ne parvenait pas à franchir la barrière des bois, mais des bourrasques s'infiltraient tout de même régulièrement, plissant l'onde du lac. Le froid était mordant. Le guide se retourna et commença à s'en aller avant de brusquement se retourner.
«- Ecoutez, z'avez l'air d'un type bien. White Lakes est un p'tit village, tout le monde se connaît, tout le monde veut se connaître, si vous voulez pas avoir d'ennui ici, soyez pas avare en discutions. Ils ont pas beaucoup de distraction. Si jamais l'un d'eux vous rend visite, soyez accueillant, sinon, ils risquent d'être vexés, ça vous rendrait pas la vie agréable ici. »
Les menaces voilées d'Anoki restaient évasives, pourtant Law le pensais sincère. Tous les villages perdus se ressemblent, se dit-il, et il ne négocierait aucune intrusion de personne dans sa vie privée. Il n'allait pas changer sa nature. Il était là pour un travail et il comptait bien le garder à l'esprit. Il n'attendit pas que le géant à la peau brune soit rentré dans sa voiture : il s'engouffra dans ce chalet miteux et en claqua la porte, savourant enfin la solitude qu'il avait recherchée.
Par la fenêtre, l'eau du lac était d'encre, la lumière s'y reflétait en des ondes d'argent.
Voilà !Llaissez une review pour me dire ce que vous en pensez. Pour le moment il y a peu d'action, je pose les bases d'une atmosphère importante pour la suite. J'espère que cela vous plait :)
Petite question, depuis combien temps suivez-vous One Piece ?
A bientôt ! Karnage.
