Disclaimer : l'idée de Teen Wolf et ses personnages ne m'appartiennent pas, je ne fais qu'honteusement surfer sur une idée géniale pour mes propres délires!

Spoilers : Demarre pendant le hiatus entre la saison 2 et 3


[Scratch Team…]

Chapitre 1 : Retour

« D'autres choses peuvent nous changer, mais nous commençons et finissons avec la famille. » Anthony Bront

― « Caleb, s'il te plait, reste tranquille, soupira Brooke en se tournant vers la banquette arrière pour poser un regard exaspéré sur son fils. »

L'enfant de six ans grommela tout en tournant son visage boudeur vers la vitre. Brooke secoua la tête de dépit et se réinstalla correctement sur son siège, non sans soupirer profondément.

― « La nuit va tomber, signala Peyton. On devrait peut-être prendre une chambre pour la nuit, proposa-t-elle. »

Brooke lui lança une œillade en coin, les lèvres pincées.

― « Je n'aime pas conduire de nuit, se justifia la puînée, sous le regard accusateur de son aînée.

― Hayley pourrait conduire, contra Brooke. Elle dort depuis qu'on a passé Phoenix, argumenta-t-elle en lançant un regard attendri vers leur cadette, profondément assoupie à l'arrière.

― On a tous besoin d'une vraie nuit de sommeil. D'un bon lit pour récupérer quelques heures. Et d'un vrai petit dèj' ! s'exclama Peyton. Si on me donne à manger une barre énergétique de plus, je sens que je vais péter un plomb ! »

Brooke darda un regard protecteur sur sa sœur. Brooke savait bien que Peyton ne faisait qu'essayer de retarder leur arrivée. Et elle savait pourquoi. L'aînée n'ignorait pas toute la répugnance que lui inspirait ce retour dans leur ville natale.

― « Tu n'as vraiment pas envie d'y aller, hein ? dit doucement Brooke.

― Parce que toi, oui ? répliqua Peyton avec un regard entendu. Ce n'était pas mon idée, soupira-t-elle d'un air douloureux.

― Mais on a pas le choix, Peyton. Il n'y a pas d'autre choix, murmura Brooke, les yeux rivés sur son fils. »

Peyton jeta un œil dans le rétroviseur pour observer elle aussi le petit garçon presque assoupi à l'arrière, sa tête dodelinant au gré des cahots de la route. Peyton le savait bien. Malgré toute son aversion pour cette petite ville de Californie, y revenir était le meilleur choix. Peut-être le seul, songea-t-elle. Elles devaient le faire. Pour Caleb.

Un panneau sur le bas-côté annonçait un motel quinze kilomètres plus loin, et Peyton appuya un peu plus fort sur l'accélérateur, pressée de quitter l'atmosphère étouffante du véhicule et de se dégourdir les jambes.

Arrivées à destination, Peyton sauta littéralement du SUV et se dirigea vers l'accueil, tandis que Brooke réveillait en douceur le bambin et la jeune fille profondément endormis à l'arrière.

― « La 24 et la 25, annonça Peyton en rejoignant ses sœurs, et son neveu tranquillement assoupi dans les bras de sa mère. »

Elle tendit les clés à sa cadette et s'en alla chercher les bagages. Tandis qu'elle récupérait la peluche de Caleb dans la voiture, Brooke la rejoignit. L'air triste et douloureux qu'elle arborait alarma la puînée.

― « Ce serait peut-être mieux qu'il dorme avec toi cette nuit, annonça Brooke d'une voix à peine audible.

― Encore un cauchemar, supposa Peyton en passant un bras autour de la taille de son aînée. »

Brooke se réfugia contre sa sœur et laissa échapper un sanglot. Peyton l'enlaça et la berça tentant de la réconforter. Mais elle savait bien que rien ne pourrait jamais apaiser le chagrin et l'angoisse de la jeune mère.

― « C'est mon fils, c'est moi qui devrais prendre soin de lui, le rassurer et être à ses côtés. C'est mon rôle, et même ça, je ne peux pas le faire, sanglota-t-elle amèrement, vaincue par l'angoisse et la fatigue. »

Peyton la laissa épancher ses plaintes et ses pleurs quelques instants, et quand sa sœur commença enfin à se calmer, elle prit la parole :

― « Mais tu le fais, Brooke. Et à merveille en plus. Tout comme tu l'as fait pour Hayley et moi quand Papa et Maman sont morts, lui assura-t-elle tendrement. Accepte aussi que pour certaines « choses », on puisse t'aider. »

Brooke releva un visage bouffi de larmes vers sa sœur, s'apprêtant à protester, mais celle-ci y coupa court, et entraîna la jeune mère vers les chambres.

Tandis que Brooke entrait dans sa chambre, Peyton fut surprise de trouver sa cadette dans la salle de bain de sa propre chambre, tandis que Caleb dormait à poings fermés dans le lit.

― « Je vais rester avec Caleb, cette nuit, l'informa Peyton en s'armant de sa brosse à dents pour entrer dans la salle de bain.

― Je sais, répondit Hayley. Mais je préférais que Brooke ne voit pas ça. Tu sais que ça la met toujours dans tous ces états depuis que… expliqua-t-elle sans terminer sa phrase. Tu aurais un t-shirt à longues manches ou quelque chose comme ça dans ton sac ? demanda-t-elle. »

Peyton fronça les sourcils, à la demande de sa sœur. Hayley, face au miroir lui tournait le dos et concentrait toute son attention sur son bras gauche. Contournant sa cadette, Peyton poussa un juron en voyant des traînées de sang frais souiller le lavabo.

Hayley haussa les épaules avec un air contrit, tout en tentant maladroitement de bander son avant bras d'une seule main.

― « Un cauchemar, fit-elle simplement. Il s'est agité quand j'ai voulu le border, et je ne me suis pas reculée assez vite. Je ne veux pas que Brooke le voit, supplia presque Hayley en voyant l'air crispé de sa sœur.

― Je vais nettoyer ça, lâcha enfin Peyton après un long silence. »

Tandis qu'elle se laissait soigner par sa sœur, la jeune fille laissait ses pensées dériver vers Brooke. Si Hayley ne voulait pas que l'aînée apprenne ce qui était arrivé, c'est qu'elle savait trop bien quelle serait sa réaction. Elle culpabiliserait, encore.

― « Ce n'est pas comme si c'était sa faute à la fin ! se révolta Hayley avec force. »

Emportée par l'intensité ses réflexions, elle réalisa qu'elle venait de pensait tout haut.

En réponse, Peyton laissa échapper un rire amusé, alors qu'Hayley s'excusait en grimaçant.

― « Papa aussi avait l'habitude de se mettre à crier sans prévenir quand il était plongé dans des réflexions révoltées, raconta Peyton, ce qui fit sourire sa cadette.

― Ce qui arrive à Caleb, ce n'est pourtant pas sa faute, se lamenta Hayley après un long silence.

― Non, bien sûr que non, la rassura sa sœur. Mais c'est son fils, elle se sent responsable de ce qui lui arrive.

― Mais on ne pouvait rien faire pour empêcher ça, non ?

― Non. Il n'y avait rien à faire, répondit Peyton, abattue. »

Tandis que Peyton terminait le bandage, de son bras valide, Hayley caressait avec douceur la joue de sa sœur.

Peyton releva la tête pour apercevoir les yeux embués de larmes de sa cadette. Elle n'ignorait pas la douleur qui pinçait le cœur de ses sœurs depuis deux mois chaque fois qu'elles la regardaient.

― « Pour ça non plus, on ne pouvait rien faire, Hayley, affirma Peyton. Je crois qu'au fond, on savait toutes que ça devrait arriver. C'était inévitable. »

Le regard d'Hayley s'assombrit, tandis que Peyton se concentrait de nouveau sur le bandage.

La jeune fille aurait aimé que Peyton la rassure ; lui dise que ce n'était rien ; que tout irait bien. Mais, aucune des trois sœurs n'ignoraient que c'était impossible. Peyton faisait tout pour leur montrer qu'elle acceptait. Qu'elle n'était pas tant affectée par ce qui s'était passé. Pourtant, Brooke et Hayley le savait, Peyton était au supplice.

Pourquoi avait-il fallu que cela tombe sur Peyton. Brooke ou Hayley aurait souffert de la situation, mais auraient fini par s'en accommoder. Mais pas Peyton, elles le savaient.

― « Allez, maintenant, tu files te coucher, ordonna Peyton en jetant un t-shirt à longues manches à Hayley. Essaie de dormir le plus possible, on partira à 7h, et je compte sur toi, pour conduire. Je ne pense pas que je serais en état demain, murmura-t-elle en couvant du regard le petit garçon qui s'agitait en grognant dans le lit. Au lit ! s'exclama-t-elle alors qu'Hayley ouvrait la bouche. »

Quand la lumière se fut éteinte dans la chambre voisine, et qu'elle entendit le souffle de ses sœurs se faire lent et paisible, elle s'autorisa à quitter la chambre. Elle prit deux canettes de soda et un paquet de biscuits au distributeur. Arrivée devant le distributeur de glaçons, elle poussa un juron. La porte à bascule était toute cabossée et refusait de s'ouvrir. Peyton la secoua un peu, tentant de faire jouer le mécanisme, en vain. À bout de nerfs, elle tira un coup sec sur la poignée laissant éclater son énervement, et se retrouva l'instant d'après avec la porte entre les mains.

― « Génial, manquait plus que ça, maugréa-t-elle. »

Craignant que le bruit n'alerte quelqu'un, elle se dépêcha de remplir un seau de glaçons, puis reposa la porte en équilibre sur le distributeur, et fila dans sa chambre.

Caleb n'avait pas bougé et semblait apaisé. Peyton sourit en voyant son neveu entortillé dans le drap, le pouce dans la bouche. Elle ramassa la peluche informe tombée au pied du lit, puis la cala doucement contre la tête du bambin avant de le border à nouveau.

Quand elle se laissa enfin tomber lourdement dans le vieux fauteuil élimé, elle soupira d'aise. Elle sortit de son sac une tasse hermétique qu'elle remplit de glaçons et de soda, puis, tirant une flasque de son bagage, elle arrosa copieusement le tout d'une généreuse dose de gin.

La pièce était plongée dans une obscurité partielle, striée par les rayons lunaire qui filtraient à travers les stores.

― « À la tienne, chère ennemie ! lança-t-elle en levant haut son verre vers l'astre brillant décroissant. »

Les yeux clos, elle se défit négligemment de ses baskets, s'envoya une grande rasade de gin tonic et cala sa tête contre le dossier, écoutant les bruits de la nuit l'environnant et humant la fraîcheur nocturne.

L'odeur des pins qui bordaient le motel était entêtante, mais ne parvint pas à masquer l'odeur douceâtre d'une cigarette allumée un peu plus loin. Elle se concentra jusqu'à percevoir les battements de cœurs réguliers de Caleb, et le souffle paisible de ses sœurs dans la chambre voisine. Sur la route, le ronronnement des rares voitures qui passaient commencèrent à la bercer doucement.

Peyton se laissait aller à la relative quiétude des lieux, s'habituant progressivement à tous ses bruits parasites qui envahissaient sa vie depuis deux mois.

Soudain, elle se releva d'un bond, et instinctivement elle laissa échapper un grondement, les lèvres retroussées sur un rictus animal. Au loin, le hurlement d'un loup mourrait peu à peu, faisant s'agiter Caleb, lui rappelant alors le but ultime de ce périple tant honni.

― « Et ce n'est que le début, soupira-t-elle en s'enfilant une nouvelle rasade de gin tonic. »

OoOoOoOoO

― « Maman, faut que je fasse pipi ! se lamenta Caleb, tout en se trémoussant sur son rehausseur.

― Caleb, soupira Brooke, blasée. Je t'ai dit qu'on arriverait bientôt, essaie de te retenir. Regarde, tu vois, on arrive, signala-t-elle en pointant du doigt le panneau d'entrée dans la ville. Est-ce que tu peux lire ce qui est écrit dessus ?

― Bienvenue… à … Bacon Hills… déchiffra le bambin faisant éclater Peyton d'un rire sonore.

― La ville où nous ne sommes que des morceaux de viande justes bons à être dévorés tout crus ! s'exclama Peyton entre deux éclats de rire de Caleb qu'elle chatouillait vigoureusement.

― Peyton ! la gronda Brooke avec un regard sévère. »

Peyton leva les yeux au ciel, en murmurant un inaudible « oh ça va, » avant de retourner son attention sur le paysage qui défilait.

― C'est Beacon Hills, chéri, corrigea la mère avec patience, les yeux rivés sur la route, concentrée sur sa conduite. C'est ici que tes tantes et moi avons grandi.

― Avec grand-père et grand-mère avant qu'ils soyent mourus, ajouta Caleb, comme récitant une leçon.

― Avant qu'ils ne meurent, Caleb, le corrigea Hayley depuis le siège passager. C'est dingue, rien n'a l'air d'avoir changé ! Oh regarde Pity, c'est Mme Hollis avec son horrible caniche ! s'écria-t-elle en pointant du doigt une vieille dame sur le trottoir. Comment il s'appelle déjà ?

― Buster, répondit évasivement Peyton. Et arrête de m'appeler Pity, ajouta-t-elle morose.

― Les déménageurs m'ont envoyé un texto : ils arrivent dans deux heures, les informa Brooke. On devrait peut-être aller chez Benny histoire de prendre un repas digne de ce nom.

― Oh oui ! s'écria joyeusement Hayley. Je n'ai jamais mangé de poulet frit aussi bon que celui de Mary !

― Je n'ai pas faim, grommela Peyton. Dépose-moi à la maison avant. »

Hayley et Brooke se retournèrent pour jeter un regard appuyé à leur sœur, mais celle-ci se contenta de garder les yeux rivés sur les rues qui défilaient.

Brooke abdiqua, et haussa les épaules en soupirant. Elle le savait : inutile d'espérer faire entendre raison à cette tête de mule. Peyton ne partageait pas l'excitation des deux autres pour ce retour aux sources. Mais qui aurait pu honnêtement lui en tenir rigueur.

Aussi, Brooke bifurqua pour entrer dans leur rue. Elle roula au pas, observant de tous les côtés, tentant de se remémorer le nom de leurs anciens voisins, d'imaginer l'âge de leurs enfants et de repérer un visage familier parmi les passants.

Quand le SUV se gara devant l'ancienne maison familiale, sans même un mot ou un regard, Peyton sauta du véhicule, attrapa son sac au vol et claqua la portière. Elle remonta l'allée envahie par les herbes folles sans même se retourner.

― « Maman, est-ce que Peyton est fâchée contre moi ? demanda Caleb d'un air triste. C'est parce que j'ai fait un cauchemar cette nuit qu'elle est en colère.

― Non chéri, bien sûr que non, lui assura sa mère avec douceur, alors qu'Hayley enjambait le siège passager pour passer à l'arrière et cajoler son neveu. Elle n'est pas en colère, elle juste triste.

― Pourquoi elle est triste ?

― Parce que revenir ici, ça lui rappelle Grand-père et Grand-mère, et leur mort, lui expliqua Hayley. Il lui faut juste un peu de temps, chéri.

― Maman, est-ce qu'on pourra lui ramener de la glace à Peyton ? demanda le petit garçon. Parce que ça la rend toujours moins triste la glace. »

Et tandis que sa mère acquiesçait et redémarrait, une voiture du Shérif croisa la route du SUV.

OoOoOoOoO

― « Mais il faut bien que tu fasses quelque chose de tes vacances, Stiles ! bougonna le Shérif Stilinski. Tu ne vas pas rester enfermé trois mois à la maison !

― Ne t'inquiète pas pour moi, Papa, soupira le jeune homme. Hé, regarde ! s'écria-t-il en pointant du doigt la jeune femme qui remontait l'allée non-entretenue d'une maison voisine. Alors, ce ne sont pas des conneries ? Les sœurs Taggart reviennent vraiment à Beacon Hills ?

― Stiles, ton langage, râla le Shérif. Mais oui, elles reviennent. D'ailleurs, je ne pensais pas qu'elles seraient là si tôt. Il faut que j'aille leur donner la clé.

― Pourquoi tu as leur clé ?

― Un arrangement avec le notaire, pour remettre l'eau et l'électricité en route avant qu'elles n'arrivent.

― Pourquoi tu ne m'as rien dit ? s'offusqua Stiles.

― Eh bien, parce que … commença son père. Bon sang, Stiles, occupe-toi de tes affaires ! s'énerva-t-il en garant la voiture dans l'entrée de garage. »

Le Shérif extirpa de la boîte à gants une enveloppe kraft, de laquelle il fit tomber une clé au creux de sa main.

― « Bon commence tes devoirs, dit-il en quittant l'habitacle. On pourrait commander pizza ce soir... Stiles, tu vas où ? s'exclama-t-il en voyant son fils traverser la rue.

― Ben je viens avec toi, répondit Stiles comme une évidence, tout en continuant son chemin.

― Non, non, non, Stiles ! s'écria le Shérif en s'élançant derrière son fils. Il est hors de question que tu ailles fouiner encore une fois.

― Moi, fouiner ! s'offusqua faussement le jeune homme. Tu m'as bien élevé, Papa, minauda-t-il. Je connais l'importance de la politesse : je veux juste aller saluer nos nouvelles voisines comme il se doit.

― Qu'est ce que j'ai fait pour mériter un gamin aussi intelligent, grommela le Shérif, en regardant son fils remonter l'allée de leurs voisines avec entrain. »

Forçant le pas, le Shérif rattrapa Stiles avant qu'il n'atteigne la porte et l'arrêta par le bras.

― « Je te préviens, Stiles, pas de questions déplacées, ne les mets pas mal à l'aise : ça doit être suffisamment perturbant pour elles de revenir ici après la mort de leurs parents alors, je t'en prie, Stiles… ne me fais pas honte, le supplia presque le Shérif. »

Stiles se paraît déjà de son plus bel air offensé pour répondre à son père, quand un raclement de gorge les fit sursauter tous deux. Synchrones, père et fils tournèrent la tête pour découvrir Peyton Taggart assise sur le perron de la maison, un sourire narquois sur les lèvres.

― « Bien joué, souffla Stiles à son père. Qui fait honte à l'autre maintenant ? ajouta-t-il d'une voix qu'il espérait inaudible pour la jeune femme.

― Il ne faut pas avoir honte : c'était plutôt drôle ! ricana la jeune femme avec un large sourire. Juste ce qu'il me fallait pour ce retour … perturbant.

― Désolé, Brooke, fit le Shérif gêné. Je ne voulais pas…

― Ne vous en faites pas, Shérif, l'interrompit Peyton. Nous nous sommes préparées à l'idée que les gens poseraient des questions, et lanceraient tout un tas de rumeurs, en nous prenant en pitié. Oh et c'est Peyton, Shérif, ajouta-t-elle en souriant. Brooke et Hayley sont allées manger un bout en ville.

― Désolé, Peyton, s'excusa à nouveau le Shérif. J'avais oublié que toi aussi tu avais pris six ans. »

Le Shérif confia la clé à la jeune femme, et perçut la fébrilité de celle-ci quand elle s'en saisit. Il ne pouvait qu'imaginer l'émotion qu'elle ressentait de revenir dans la maison familiale après tant d'années.

Le Shérif Stilinski proposa de lui montrer où se situaient les compteurs d'eau et d'électricité, et de lui signaler les quelques menus dégâts occasionnés par le temps.

Avec plaisir, Peyton accepta, et tandis qu'elle laissait entrer devant elle Stiles et son père, elle aperçut du coin de l'œil, dans une voiture de l'autre côté de la rue, deux silhouettes qui les observaient.

OoOoOoOoO

― « Est-ce que tu vas enfin me dire ce qu'on fiche ici, Derek ? soupira Isaac, las. »

Cela faisait plus d'une demi-heure que le Shérif et Stiles étaient entrés dans la maison en compagnie de la fille, et pourtant, Isaac et Derek poireautaient encore.

Isaac n'était pas du genre à contredire Derek, mais là, il ne comprenait pas. Et le mutisme morose de son Alpha, depuis qu'ils avaient pris ce SUV gris en filature, le rendait de plus en plus nerveux.

Quand Derek avait soudain changé leur plan pour suivre ces trois filles dans la voiture, sans dire un mot, le visage fermé, Isaac n'avait pas posé de question. Derek faisait pas mal de trucs bizarres pour des raisons qui lui étaient propres, le bêta en avait l'habitude.

Quand il s'était garé devant chez Stiles pour observer cette fille parler avec le Shérif, Isaac n'avait pas fait de réflexion, sûr que Derek s'expliquerait plus tard. Après tout, il faisait une confiance aveugle à l'Alpha.

Mais là, Isaac en avait marre. Pas un son n'était sorti de la bouche de son chef de meute. Pas un mouvement. Il était si immobile qu'on pouvait le croire statufié.

Il avait à peine tressailli quand la jeune brune l'avait regardé avant d'entrer.

― « Derek... souffla Isaac, agacé. Soit tu me dis ce qu'il se passe. Soit je me casse.

― Ben, casse-toi, marmonna Derek sans quitter la maison des yeux. »

La froideur de Derek frappa le bêta en plein cœur. Cela ne lui ressemblait pas. Derek était comme un grand frère pour lui. Il l'avait pris sous son aile, dans sa meute, pour sa famille. Il l'avait entraîné, rudoyé, protégé. Isaac l'avait vu fou de rage, avoir peur, crier, se battre, mais jamais il ne l'avait vu ainsi. Vide. Glacial.

― « Pffff, t'es vraiment un crétin quand tu t'y mets, Derek, râla Isaac en se laissant retomber lourdement au fond du siège de la Camaro. De toute façon tu sais très bien que je ne vais pas partir. »

Pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés là, Derek tourna la tête vers son bêta, haussant un sourcil interrogatif.

― « Je vois bien que quelque chose ne va pas, répondit Isaac à l'interrogation muette. Tu n'es pas dans ton état normal, alors je ne vais pas t'abandonner là, juste parce que tu me casses les pieds. Même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque, soupira-t-il en enlevant une miette d'une chiquenaude sur le tableau de bord. Je suppose que tu en parleras quand tu seras prêt. Ou pas... »

Cette fois, Derek esquissa un sourire, auquel celui d'Isaac fit écho. C'était pour ça, qu'il avait intégré la meute de Derek. Pour faire partie d'une vraie famille, avoir quelqu'un dans sa vie qui comptait, et pour qui il comptait. D'être là pour les siens quand il le fallait.

Évidemment, tout cela Derek le savait. Il avait pour le jeune bêta une affection particulière. Il aimait sa discrétion, tout au tant que son impulsivité. Sa loyauté et sa franchise. Pour beaucoup, Derek se retrouvait en Isaac.

Isaac qui n'hésitait pas à faire savoir quand il le désapprouvait, mais qui le suivrait jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Isaac ce jeune homme si fragile, et pourtant inébranlable de loyauté.

Derek lui devait des explications.

― « Elle s'appelle Peyton. Peyton Taggart, commença Derek en reportant une fois de plus son regard sur la maison. Elle et ses sœurs, Brooke et Hayley vivaient ici il y a quelques années, avec leurs parents. Ils sont morts, ils y a six ans. Les filles ont toutes les trois quitté la ville quelques mois plus tard. Je ne pensais pas qu'elles reviendraient… Jamais, raconta-t-il, d'un air lointain, alors que de l'autre côté de la rue, Peyton raccompagnait Stiles et son père à la porte.

― Pourquoi ? l'interrogea Isaac, curieux. »

Sur le pas de la porte, Peyton se figea : elle savait que c'était lui, là-bas, dans la voiture. Elle n'avait pas besoin de voir son visage, pour en être convaincue. Elle le sentait, tout au fond elle, ça lui tordait les entrailles. Derek Hale. Elle vrilla un regard ardent sur la vitre teintée de la Camaro, derrière laquelle se cachait l'Alpha, et de ses lèvres serrées, elle laissa s'échapper un murmure, que lui seul entendrait malgré la distance, elle le savait.

― « Va-t-en, Derek. »

Ce n'était qu'un chuchotement, mais pour Derek ce fut comme si elle venait d'hurler à côté de lui, tant la voix de Peyton était pleine de colère et de souffrance.

― « Parce que j'ai tué leurs parents, déclara Derek avec douleur, en faisant vrombir le moteur, pour démarrer en trombe sous l'air ébahi de Stiles.

OoOoOoOoO

― « Elle est trop grande la maison de Grand-père ! s'extasia Caleb après son troisième tour du propriétaire.

― Elle te plait ? lui demanda Hayley, en attrapant l'enfant au vol, pour l'installer sur ses genoux.

― Oh oui ! Beaucoup comme ça ! s'écria-t-il en ouvrant largement les bras dans un geste brusque.

― Doucement ! cria Peyton, en arrêtant de justesse le bras de l'enfant avant qu'il ne s'abatte sur le nez d'Hayley. »

Le choc sourd qui résultat de ce contact plongea la famille dans un silence de plomb. Les trois sœurs s'entre-regardèrent, gênées, avant que Peyton reprenne d'une voix douce.

― « Tu dois faire attention, chéri, tu sais que tu es beaucoup plus fort que la majorité des gens, expliqua calmement Peyton. Rappelle-toi, tu es comme Superman : tu as une grande force, c'est un don, mais aussi une responsabilité : tu dois faire plus attention.

― Je suis désolé, Hayley, s'excusa Caleb penaud.

― Ce n'est pas grave, chéri, lui assura la jeune fille avec un sourire tendre. Allez, fini ta limonade, et va choisir ta chambre. »

Le petit garçon ne se fit pas prier et avala d'un trait sa boisson, grimaçant à cause des bulles, puis sauta des genoux d'Hayley pour filer dans la maison.

― « Je ferais peut-être mieux de lui faire l'école à la maison pendant quelques années, soupira Brooke consternée.

― Non, s'insurgea la plus jeune. Il faut qu'il continue à avoir une vie normale !

― Hayley, Caleb n'est pas un enfant… commença à s'emporter Brooke.

― Brooke ! l'interrompit Peyton. Il t'entend. Écoute, laisse passer les vacances, proposa-t-elle pour ramener l'aînée au calme. Laisse-lui une chance d'apprendre à mieux se contrôler. S'il n'y parvient pas, alors, il sera toujours temps de lui faire l'école à la maison, le temps qu'il prenne mieux conscience de ses limites. »

Hayley et Brooke se retournèrent vers leur sœur, incrédules. Peyton avait toujours été la première à prôner la prudence, à mettre en avant la particularité de Caleb, pour rappeler qu'il ne pouvait pas mener une vie normale.

― « Revenir ici, ça m'a rappelé à quel point nous avions eu une enfance belle et heureuse, même après la mort de Papa et Maman, se justifia Peyton. Brooke, tu as toujours tout fait pour que nous ayons une vie normale et heureuse malgré tout, et elle l'a été. Ce serait égoïste de ne pas donner la même chance à Caleb. Il faut au moins essayer. Après tout, on est trois, on devrait réussir à s'en sortir, non ? »

Brooke et Hayley se fendirent d'un large sourire. Après tout, Peyton avait raison : elles devaient essayer. Tout donner pour que Caleb ait la meilleure vie qui soit, malgré tout.

― « Et puis, c'est bien pour ça qu'on est revenues ici, non ? soupira Peyton. Parce que c'était la meilleure solution pour lui. Et même si je déteste le reconnaître, c'est le cas, sinon, croyez-moi, rien n'aurait pu me faire remettre les pieds dans ce trou paumé.

― Te voilà bien grognon d'un coup, la taquina Hayley en passant un bras sur les épaules de sa sœur.

― Tu le serais toi aussi, si Caleb t'avait piqué ta chambre, riposta Peyton en souriant, tendant un doigt vers la fenêtre du premier étage qui donnait sur la terrasse où elles s'étaient installées le temps d'une pause. »

Quelques secondes plus tard, la tête de Caleb émergeait par la fenêtre en hurlant que c'était sa nouvelle chambre. Hayley se précipita dans la maison, affolée à l'idée que l'enfant tombe de ladite fenêtre.

― « Désolée, s'excusa Brooke pour son fils. Si tu préfères, tu n'as qu'à prendre ma chambre, je prendrais celle des parents, proposa-t-elle.

― Non, pas de problème, lui assura Peyton. Au contraire, j'aime bien l'idée d'avoir la chambre où ils se sont aimés. Enfin, si on occulte le fait que c'est probablement là qu'ils nous ont conçues aussi, grimaça-t-elle tandis que sa sœur riait de bon cœur.

― Alors pourquoi cet air si morose ? demanda Brooke. Je sais que ça ne te plait pas de revenir ici, et de le croiser, mais...

― Il était devant la maison, marmonna Peyton, en fixant le jardin en friche.

― Quoi ? Tu veux dire... Derek ? s'enquit l'aînée ahurie.

― Lui-même ! Apparemment la nouvelle de notre retour n'a échappé à personne, railla Peyton acerbe.

― Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

― Rien. Il est resté dans sa voiture, garé devant chez les Stilinski, comme un pervers en planque. »

Le silence s'abattit sur les deux sœurs, alors qu'à l'étage résonnaient les cris joyeux d'Hayley et Caleb.

Brooke observait sa sœur, de toute évidence perdue dans ses pensées. Au vu de l'air crispé qu'elle affichait, il ne s'agissait pas de pensées agréables. Sur les traits durcis de Peyton, passait tantôt la colère, la douleur, l'incompréhension et le chagrin. Et Brooke ne savait que trop bien quelle était la cause de toute cette torture. Elle-même sentait encore tout au fond de son cœur ce méli-mélo bouillonnant de sentiments qu'elle avait mis tant d'années à tenter de faire taire.

Des sentiments trop nombreux mais qui ne revêtaient qu'un seul visage pour Brooke : celui de Tyler. Qu'un seul nom : Hale.

OoOoOoOoO

― « Bordel Derek, ralentis ! s'écria Isaac quand Derek engouffra la Camaro à toute blinde dans l'espèce de parking souterrain. Hé Derek, arrête ! hurla-t-il. Je cicatrise peut-être vite, mais pas si je fini coupé en deux par ton engin de mort, mec ! »

Derek pila d'un coup sec, à quelques centimètres à peine du mur de béton devant, et seuls les réflexes surnaturels d'Isaac lui évitèrent de finir encastré dans le pare-brise.

L'Alpha tourna la tête vers le bêta râlant et pestant dans sa barbe, esquissa un sourire, puis s'excusa.

― « Ouais, ouais, bougonna Isaac. Estime-toi heureux qu'on soit encore tous les deux en vie pour que tu puisses t'excuser, l'invectiva-t-il en s'extirpant du véhicule. Bon, maintenant Schumacher, si tu développais un peu cette histoire, juste pour savoir pourquoi j'ai failli mourir. »

Derek soupira. Se replonger dans ces souvenirs était douloureux et fastidieux, et surtout, le faisait se sentir faible. Or faible, il ne devait pas le paraître devant Isaac.

Pourtant, il ressentait le besoin de se libérer de ce poids. Isaac était le seul aujourd'hui à être encore près de lui. Il était sa meute, son frère, son ami. Alors, ils s'installèrent tous deux dans les vieux fauteuils qui composaient les rares meubles de sa nouvelle demeure, et Derek se projeta six ans en arrière, quelques mois avant l'incendie qui avait détruit son monde, et repris l'histoire du début.

C'était en 2006, Derek venait d'avoir dix-sept ans. Sa vie était heureuse et simple, entre sa famille, sa meute, le lycée et ses copains.

Depuis plusieurs semaines, son frère aîné, Tyler fréquentait une jeune fille du coin : Brooke Taggart. À vingt ans, Tyler, passionné d'informatique, travaillait dans une petite boutique du centre-ville où il bricolait les machines pour les particuliers. Il avait eu le coup de foudre pour Brooke, une jolie blonde de dix-neuf ans qui était arrivée un matin complètement paniquée, son ordinateur dans les mains.

Étudiante infirmière, elle avait passé la nuit à peaufiner un devoir final pour son diplôme et épuisée, s'était assoupie sur le clavier, pour découvrir au petit matin tout son travail disparu.

La jeune femme était dans tous ces états, et malgré les cernes, les traits tirés, et le teint pâle, Tyler avait eu le coup de foudre. C'était à peine s'il avait remarqué le vieux jogging qu'elle portait, échevelée, des accents hystériques éraillant sa voix fluette.

En quelques manipulations rapides, Tyler aurait pu récupérer les fichiers, mais il fit durer, juste pour le plaisir de la compagnie de Brooke. Quand enfin, il lui annonça que son travail était sauvé, Brooke lui sauta au cou.

― « Vous êtes mon héros, avait scandé Brooke, les larmes aux yeux. Je ne sais pas comment vous remercier !

― Laissez-moi vous inviter à diner, s'était enhardi Tyler Hale. »

Brooke avait rosi, un sourire gêné sur le visage, puis relevant les yeux vers son sauveur, avait soufflé un timide « oui. »

Tyler Hale éperdument amoureux avait sorti le grand jeu. Les fleurs, le diner, la ballade romantique, la veste passée sur les épaules de sa douce, et avait même respecté la sacro-sainte règles des quatre rendez-vous, avant d'embrasser Brooke.

Dès lors, les deux jeunes gens avaient filé le parfait amour.

Derek se souvenait parfaitement de la première fois que Tyler avait invité sa petite amie à la maison. Brooke les avait tous charmés, jusqu'à la tante Robin, pourtant convaincue qu'il était imprudent et stupide d'amener une humaine parmi les leurs.

Mais Brooke était une jeune femme formidable. Douce, patiente et compréhensive, elle faisait preuve de beaucoup d'humour et d'altruisme, et d'une intelligence critique sur les sujets de son époque. La beauté simple et discrète de la jeune blonde avait achevé de l'intégrer parfaitement à la famille deux mois après le début de leur relation.

― « Un soir, tout a basculé, narra Derek, perdu dans ses pensées. C'était une nuit de pleine lune. Il y avait une autre meute qui passait sur notre territoire. Ils avaient déjà attaqué deux humains, on ne pouvait pas les laisser faire. J'étais jeune et idiot, j'étais même aller les provoquer. Alors, on avait prévu de les affronter le soir même. On les avait pisté jusqu'en bordure de la nationale, à côté de Wood River, se remémora-t-il, sous l'œil captivé d'Isaac. »

Les loup-garous les plus âgés du clan Hale s'étaient rassemblés à une centaine de mètres de la nationale, prêts à en découdre avec la meute rivale. Derek était encore le plus jeune, mais son père disait de lui qu'il avait déjà l'étoffe d'un Alpha, d'un loup puissant. Tous savaient que la pleine lune renforceraient encore leur puissance. Ils étaient sûrs d'en sortir vainqueurs.

Il n'aurait pas dû y avoir d'autres victimes.

Derek et les autres avaient commencé à sentir la pleine lune faire son effet, et déjà, son père se transformait. Derek allait entamer sa propre mutation, quand il avait réalisé que quelque chose clochait.

― « Ils s'en vont ! Ah ah, ils ont la trouille ! avait triomphé Tyler, en sentant la meute s'éloigner. Papa, qu'est-ce qu'il y 'a ? s'était-il inquiété en voyant son père froncer les sourcils.

― Ils bifurquent vers la ville, avait répondu le patriarche, perplexe. Leur Alpha les entraîne vers la ville, s'était-il franchement affolé. »

La panique avait envahi la meute Hale : si ces loups rivaux décidaient de s'en prendre à leur ville, il était de leur devoir de la défendre. Aussi, les Hale s'étaient-ils élancés comme un seul homme derrière leur Alpha, espérant couper la route au pack ennemi

― « Derek... Derek ! l'appela Isaac en le secouant. »

Derek s'était plongé si profondément dans ses souvenirs, qu'il en avait oublié la présence d'Isaac.

― « Qu'est-ce qu'il s'est passé, Derek ? demanda doucement Isaac, alarmé par le regard coupable et douloureux de son mentor.

― Nous les avions sous-estimé, déplora Derek accablé. C'était exactement ce qu'ils voulaient : la guerre, une guerre de territoire. Ils avaient décidé de nous frapper en plein cœur.

― Je ne comprends pas.

― Est-ce que tu sais pourquoi ma famille était aussi réticente à accueillir des humains chez nous ? demanda Derek. Parce que les humains sont faibles et vulnérables, expliqua-t-il au bêta. Nous vivons en meutes, nous sommes forts et nous nous protégeons les uns les autres. Il est difficile d'isoler l'un de nous. Pas les humains, se désola-t-il. En amenant Brooke et les Taggart dans notre famille, Tyler les a mis en danger.

― Tu veux dire, que …

― Ils nous avaient observés, ils connaissaient Brooke, et le lien qui l'unissait à Tyler. Ils savaient l'affection que je portais… que nous portions tous à la famille Taggart.

― Ils ont attaqué les Taggart pour vous atteindre, en déduisit Isaac, avec fatalité.

― Et on est arrivé trop tard… »

OoOoOoOoO

Plongées dans ses souvenirs, Brooke mis du temps à réaliser que Peyton s'adressait à elle. Quand cette dernière lui tapa le bras pour la ramener à la réalité, elle sursauta.

― « Eh ben ! Je ne sais pas à qui tu pensais, mais ça avait l'air drôlement intense, se moqua Peyton, tout en ramassant sa masse de longs cheveux auburn en un chignon lâche sur le haut de son crâne.

― Tyler, souffla doucement Brooke. »

Instantanément, Peyton se renfrogna, boudeuse.

― « Il faudra bien qu'on en parle sérieusement un de ces jours, Peyton, soupira Brooke, d'un ton maternant.

― Pourquoi ? réagit violemment sa cadette. Tu ne crois pas que les Hale ont déjà fait assez de dégâts comme ça dans nos vies ! s'énerva-t-elle. ça ne sert à rien de ressasser le passé.

― Exactement ! répliqua Brooke. Il serait temps que tu tournes la page ; que tu acceptes, Peyton. Ce n'était pas leur faute, ils n'ont pas tué nos parents, asséna-t-elle avec conviction. Ce sont d'autres loups qui l'ont fait.

― À cause d'eux ! hurla Peyton. Ce sont les Hale qui les ont amené ici, Brooke.

― Ils ne voulaient pas ça, Peyton, s'adoucit l'aînée. Ils ont essayé de les sauver.

― Avec le succès que l'on sait…

― Tu es injuste, ils s'en sont tellement voulu.

― Ils pouvaient, Brooke, c'était leur faute ! répéta Peyton, furieuse. Et si ça s'était arrêté là ! Mais non ! Ils nous ont menti, tous ce temps, Brooke, lui rappela-t-elle d'une voix brisée.

― Ils voulaient juste…

― Masquer la vérité, Brooke. Tyler t'a menti ! S'il t'avait dit avant ce qu'il était vraiment, on aurait pu protéger nos parents, cracha Peyton, venimeuse.

― Tu sais bien que… tenta Brooke.

― Et après ça, ils ont continué. Même après nous avoir révélé leur vraie nature. Il a continué à mentir…

― Il ne s'agit pas de Tyler, ni des Hale, n'est-ce pas, Peyton ? l'interrompit Brooke, mettant ainsi un terme à l'explosion verbale de sa jeune sœur. Ni même de la mort de Papa et Maman. Tu t'es sentie trahie, chérie, je comprends, mais il a fait ça pour, juste pour toi.

― Pour moi ? Non ! Pas pour moi ! s'emporta Peyton, une fois de plus, les yeux brillants. Il faisait ça pour son petit confort d'égoïste. Un lâche, c'est tout ce qu'il est ! Tous ces mois passés avec lui : il a eu des centaines d'occasion de tout me dire, mais il s'est tu ! Il parlait de franchise, de confiance, d'amour, mais il mentait, tout le long. Tout ça n'a été qu'un mensonge ! éructa-t-elle dans un sanglot de rage. Et moi, … Moi j'ai pris des risques pour lui, j'ai mis ma vie entre ses mains, j'ai accepté le danger et gardé le secret parce qu'il disait m'aimer, et quand sa conscience a commencé à peser trop lourd… Encore une fois, il a été égoïste, il n'a pensé qu'à lui ; qu'à se soulager de sa culpabilité, quitte à me faire souffrir !

― Il t'aimait, Peyton, répondit calmement Brooke en attrapant la main de sa sœur pour la caresser doucement. Il t'a caché la vérité pour te protéger, par peur de te perdre. Il t'a tout avoué parce qu'il ne pouvait plus te mentir, parce qu'il t'aimait, continua-t-elle sans faillir, alors que Peyton niait en secouant la tête. Tu n'as pas le droit de lui retirer ça, Peyton : Derek t'aimait. »