L'appel de Londres
Disclamer : Monde à JKR, quelques personnages à moi.
Résumé : 2 mai 1998. Après des mois de lutte, Voldemort réussit à prendre le Ministère de la Magie. Commence alors une nouvelle ère de domination et de changements où l'Ordre du Phénix n'est plus, où les survivants sont traqués dans le monde entier... L'heure est dorénavant à la résistance.
Edit : Ne prend pas en compte les tomes 6 et 7 (oui, je sais, ça fait un bail que c'est fini)
Bonjour à tous !
Janvier 2014, une image atterrit sur mon pc, présentant plusieurs avis de recherche des personnages de l'univers d'Harry Potter recherchés morts ou vifs suite à la victoire de Voldemort... Mon amie Temi-chou lance alors le défi suivant : écrire chacune son histoire à partir de cette même image (cherchez The Ministry has fallen sur le démotivateur, vous serez pas déçus !).
Naissent alors deux fictions : Les Ombres, de Temi-chou, et L'appel de Londres, par votre serviteur. Deux styles différents mais j'espère que vous pourrez voir que, à partir d'une même source, l'imagination peut facilement mener sur différents chemins !
En espérant que ce prologue vous plaise et vous mette l'eau à la bouche.
Leen
Prologue
oOo
21 janvier 1999
New York, États-Unis d'Amérique
Dans les rues, les passants se pressaient. Au-dessus de leurs têtes, la neige tombait, épaisse, continue, comme de coutume à cette période de l'année, à cet endroit du globe. Les enseignes tapageuses de Times Square contrastaient avec la blancheur qui avait envahi la ville depuis plusieurs jours déjà, couleurs vives et agressives pour l'œil non-habitué. Le vent s'engouffrait sous les manteaux, dans les blousons, laissant une impression mordante sur la peau des individus qui osaient encore être dehors à cette heure-ci : la tempête avait été annoncée depuis quelques jours déjà, confirmée tout au long de la journée par les services météo et l'information relayée par les médias. Les habitants étaient fortement invités à se confiner chez eux et à ne pas sortir avant la levée de l'alerte.
Ce qui n'empêchait en rien certains téméraires – fous ? – de braver cette neige de plus en plus abondante, par choix ou par nécessité. Comme c'était le cas pour cet homme, grand, emmitouflé dans une parka deux fois trop grande pour lui. Tête basse, un bonnet de laine enfoncé sur le crâne et la capuche du vêtement bien rabaissée sur sa tête, il traversa vivement l'avenue, vérifiant d'un coup œil rapide qu'aucune voiture imprudente n'arrivait, et continua sa route d'un pas ferme sur le trottoir rendu glissant par le givre. Ignorant les adolescents qui manquèrent de le bousculer en courant se réfugier, il allongea le pas, peu désireux de traîner davantage alors que les lampadaires s'allumaient et que la force du vent augmentait petit à petit. Quelques centaines de mètres plus loin, près d'un sans-abri tentant désespérément de s'abriter sous un porche, couvertures et cartons le protégeant vainement de la tempête maintenant bien en place, il bifurqua sur sa droite, dans une ruelle perpendiculaire à l'avenue principale. Plus personne autour. Relativement protégé du vent, l'homme releva un peu le nez tout en chassant la neige qui s'était accumulée sur sa tête pendant sa marche, puis vérifia par-dessus son épaule s'il était suivi, main crispée sur sa baguette cachée à l'intérieur de la parka. Il maudit quelques instants le froid mordant et la nécessité de ne pas fermer le vêtement protecteur pour avoir à portée son précieux objet avant de rapidement se souvenir que, même ici, il n'était pas en sûreté. Un sourire ironique traversa son visage pâle à ce constat : même les océans et la Terre entière ne pourraient les protéger, alors sa baguette cachée sous ces couches de vêtements… Mais il fallait tenir le pari. Après tout, il s'était déjà sorti de bien pire depuis un an, alors il pourrait bien parcourir les derniers mètres sans qu'un Mangemort ne lui tombe sur le dos.
En tout cas, il l'espérait.
Bien plus loin dans la ruelle étroite et sombre, encombrée par les déchets et la neige, il s'arrêta. Regarder loin devant, regarder loin derrière. Lancer de sous son manteau un discret sortilège de détection et constater avec un soulagement relatif qu'il n'y a aucune présence humaine à proximité. Puis sortir sa baguette, la main glacée, et la pointer vers le mur.
— Aperio.
Un faible déclic se fit entendre à travers ce qui semblait être un mur de béton et de fer, inaudible dans le vent de la tempête sauf aux oreilles exercées du sorcier. Sous ses yeux bleus, la paroi sembla trembler, se flouter puis se stabiliser avant qu'il ne marche au-travers, débouchant sur un couloir, tout aussi sombre et étroit que la ruelle qu'il venait de quitter – le couloir ayant toutefois l'avantage de ne pas être enneigé ni soumis à la tempête. Derrière lui, le mur retrouva sa consistance solide, et il se permit de se détendre un peu. Ici, il serait en sécurité. Le couloir ne devait pas faire un mètre de large, à la fois rassurant et angoissant par son étroitesse. Les murs délabrés, où les anciennes briques rouges étaient apparentes, empêchaient tout individu de s'y dissimuler, même par un sort quelconque ou une cape d'invisibilité. Aucune porte, aucun renfoncement, uniquement ces murs droits qui conduisaient à un escalier en colimaçon, une dizaine de mètres plus loin. D'un fer presque rouillé, il donnait l'impression d'être sur le point de se disloquer, disparaissant dans le plafond du couloir. Enfin à l'abri, le sorcier retira sa capuche puis libéra ses cheveux roux de son bonnet de laine tout en parcourant les mètres qui le séparaient de l'escalier. Je devrais les couper, se dit-il en sentant qu'ils lui tombaient sur les oreilles. Il grimaça. Comme si la longueur de ses cheveux était un sujet de préoccupation majeur ! D'un mouvement rapide, il passa la main sur ses vêtements pour se débarrasser de la neige qui s'y était accumulée, puis entama la montée. Au bout de quelques secondes, il disparut du couloir. L'escalier montait sans discontinuer sur plusieurs étages, coincé dans une gaine de briques et de béton où étaient fixées les marches de métal. C'était le seul moyen d'accès pour leur cache, et il se félicitait d'avoir obtenu tel refuge auprès des quelques résistants avec lesquels il avait pu entrer en contact pendant leur fuite. Si une personne malintentionnée s'aventurait dans le couloir ou dans les escaliers, les sortilèges et runes de protection intégrés aux murs et aux marches s'enclencheraient. Le rouquin déglutit en grimpant deux à deux les dernières marches : il n'osait imaginer la sensation d'écrasement que procurerait la gaine en se resserrant sur sa proie indésirable. Une mort peu enviable.
L'escalier déboucha sur un palier, un petit rectangle d'environ deux mètres de côté seulement, où se distinguait une porte en métal, rougie par la crasse et par la rouille. Il s'y avança, bonnet et baguette en main puis en pointa le bout sur la serrure. Du bout des lèvres, il prononça le mot de passe qui avait été défini dès leur « emménagement ». Deux coups résonnèrent, comme frappés sur la porte, puis le système de verrouillage magique se défit et la porte coulissa sur le côté. Soulagé d'enfin être rentré, il s'engouffra dans l'appartement, soupira de bien-être en sentant enfin la chaleur des sorts de réchauffement l'atteindre.
— Putain, j'ai cru que je n'y arriverai jamais à temps !
Sur le fauteuil proche de la fenêtre, son meilleur ami releva le nez et grimaça, presque amusé, avant de fermer son livre.
— Tu étais pourtant prévenu, Ron. La radio moldue a annoncé une forte tempête, et la sorcière a confirmé que c'était un épisode magique.
Ron se contenta de lui adresser un regard noir avant d'ouvrir sa parka, sortant son bagage pour le poser sur leur table.
— Je suppose alors que tu n'en veux pas.
Harry se redressa rapidement et le rejoint alors que le roux se laissait tomber sur une chaise et frottait les mains pour les réchauffer. Il prit le sac en papier cartonné que Ron avait ramené de sa sortie et en déballa son contenu. Il ne put s'empêcher de saliver à la vue des deux bagels à la viande, encore chauds sous le sort que leur avait jeté Ron, et des pommes-frites en cornet qui les accompagnaient. S'empêchant de se jeter immédiatement sur leur repas, il repoussa sa faim le temps d'aller sortir deux assiettes, deux verres et des couverts de leurs placards, contre le mur.
L'appartement n'était pas bien grand : une pièce principale, une chambre et la salle de bains. D'un commun accord, ils avaient décidé d'investir à deux la chambre afin de retrouver le confort qu'ils avaient pu connaître dans leur dortoir à Poudlard. Comme si ces deux dernières années n'avaient pas existé. Le lit avait été séparé en deux, chacun investissant un côté de la chambre à sa façon. La pièce commune, quant à elle, était restée telle qu'ils l'avaient investie, des mois plus tôt : à gauche, un BZ contre le mur du fond, près des portes de la chambre et de la salle de bains, devant lui, une table basse sur laquelle était posée une radio, un fauteuil contre l'unique fenêtre donnant sur les hauteurs de Manhattan, la table et ses quatre chaises à côté de la porte d'entrée, puis la kitchenette. Le confort sommaire, mais largement suffisant pour leur survie. La seule chose qui avait évolué depuis ces mois passés ici était la présence des journaux, américains ou anglais, coupures de presses annotées ou froissées, posées sur les tables, çà et là, quelques vêtements, des parchemins noircis par leur écriture, deux trois bics posés en vrac sur ces derniers. Rien de personnel, rien de chaleureux. Malgré le temps passé ici, ils ne se le permettaient pas : New York n'était pas leur ville, n'était pas leur maison.
Mais ils ne pouvaient pas rentrer chez eux.
Pas encore.
Ron soupira de bien-être en mordant dans son bagel, faisant fi des couverts sur le côté de l'assiette : c'était un fait, ces conneries se mangeaient bien mieux à la main, quoi qu'en dise Harry. Ce dernier se permit un sourire, voyant le ketchup tacher les doigts de son ami. Quand il avait déclaré, une heure plus tôt, qu'il sortait chercher à manger, Harry s'était contenté de hausser un sourcil face à sa témérité alors que la neige avait déjà commencé à se renforcer, mais il ne l'avait pas empêché de sortir. Les moments de plaisirs innocents étaient rares, et ils avaient appris à apprécier jusqu'au plus petit : ils n'étaient peut-être pas chez eux, mais ils avaient la chance d'être encore en vie malgré tout, alors il ne fallait pas cracher dessus. Et s'il fallait un bagel pour leur faire oublier tout le reste…
— Et savoure-le, il s'agira peut-être du dernier.
À ces mots, Harry fit une pause dans son repas, fourchette levée. Le dernier. C'était fort possible. Il reposa son couvert et tourna la tête vers la fenêtre. Dehors, la tempête battait son plein, la neige fouettant les vitres et coupant toute visibilité. Le blizzard était fort, comme prévu, résultat évident d'une perturbation magique. Même de l'autre côté du globe, les conséquences étaient visibles et se faisaient ressentir. L'estomac d'Harry se noua. Tout allait si mal… Pragmatique, il repoussa ses pensées et retourna à son pain : il ne pouvait rien y faire pour le moment. Face à lui, Ron avait reposé le sandwich et tenait son verre, tout aussi songeur.
— Pas le dernier… Mais je veux dire, le dernier, pour le moment.
— Je sais, Ron, ne t'en fais pas, je compte en manger encore un jour.
Le rouquin grimaça en buvant un peu. Bien évidemment que ce ne serait pas le dernier de leur vie. Juste le dernier avant un long moment.
— Bientôt… commença-t-il.
— Bientôt, nous rentrerons, compléta le brun en avalant sa bouchée. Maintenant que nous sommes entrés en contact avec l'Europe, nous allons pouvoir revenir. Londres ne peut pas continuer seule.
De nouveau, il laissa ses pensées vagabonder, les yeux rivés sur la fenêtre. C'était un fait : ils allaient bientôt pouvoir revenir. Depuis presque un an maintenant, les frontières européennes – et à plus forte raison, les frontières anglaises – avaient été fermées à la circulation. Les hommes, moldus comme sorciers, ne pouvaient plus circuler qu'avec accord spécifique des autorités, et chaque cas était soigneusement étudié avant que l'autorisation ne soit donnée : identité, métier, passé, liens avec la rébellion, … Il était alors bien évident que ni Harry, ni Ron ne pouvaient revenir, sous peine d'être arrêtés. De nouveau. Or, après de longues manipulations et prises de contact, la solution avait été trouvée. S'introduire en Europe, puis un jour, rentrer dans leur pays.
Pays où ils étaient recherchés morts ou vifs depuis que Voldemort avait renversé le Ministère.
Presque un an déjà…
Harry serra le poing à ce souvenir : la défaite, la mort, la séquestration, la culpabilité de la survie… Et l'exil. Cet exil forcé dans lequel ils étaient tous entrés. Mais il était temps que tout change. Ou plutôt, que tout revienne à la normale. Et pour cela, il fallait d'abord quitter New York – sans se faire tuer.
L'observant, Ron fit un peu tourner l'eau dans son verre, cherchant soigneusement ses mots, tournant et retournant la question dans son esprit, avant de se décider à la poser.
— Est-ce que tu es… conscient que tu vas le revoir ?
Le brun s'arracha à la contemplation de la neige qui collait déjà à la fenêtre sous la force du vent pour le regarder. Il le jaugea quelques secondes du regard, cherchant à savoir s'il avait bien compris de qui Ron parlait. Bien mais évidemment qu'il le savait. Il ne pouvait parler que d'une personne. À son tour, il chercha les mots pour formuler sa réponse.
— J'en suis conscient…
— Et qu'est-ce que tu vas faire ? demanda peut-être un peu trop rapidement le plus âgé.
— J'en sais rien, répondit-il avec une grimace, passant une main dans ses cheveux courts. Je n'y ai pas encore réfléchi…
— T'es quand même conscient qu'il va bien falloir lui parler, à ce con ?
Harry le fusilla du regard.
— Bien sûr que j'en suis conscient. C'est juste… commença-t-il, je n'ai pas encore pris le temps de réfléchir à ce que j'allais lui dire. On sait seulement qu'on part bientôt pour la France.
— Et…
— Et je crois que je vais finir mon bagel et y réfléchir pendant que tu feras la vaisselle.
Ron s'empêcha de soupirer devant cette fin de conversation plutôt abrupte que lui imposa son meilleur ami. Bien évidemment que c'était un sujet délicat, il le savait. Mais malgré leur passé à Poudlard, il était parfaitement conscient que la relation entre Harry et cette saleté de blond était particulière et qu'il y avait matière à discuter. Harry repoussait juste le moment où il devrait s'y pencher, mais il devrait le faire bientôt. Il allait mordre de nouveau dans le pain quand deux coups forts se firent entendre à la porte.
Les deux jeunes adultes lâchèrent leur repas et saisirent leurs baguettes, posées à côté d'eux. D'un même mouvement silencieux, ils se levèrent et se placèrent de part et d'autre de la porte coulissante, tendus. Quelqu'un était monté, pour la première fois depuis longtemps. Et même si ce quelqu'un avait réussi à passer les protections de l'entrée, synonyme de présence « amicale », les deux anciens Gryffondors, profondément marqués par la guerre, ne furent pas rassurés. Habitués à œuvrer pour leur survie depuis des mois, ils adoptèrent une posture défensive : Ron devant la porte, légèrement de côté au cas où l'attendrait une attaque frontale, Harry contre le mur, invisible aux yeux de celui ou celle qui serait sur leur pallier, prêt à lancer un Stupéfix à un éventuel assaillant. D'un mouvement de tête, Harry fit signe à son ami qu'il était prêt et ce dernier tendit la main vers la porte pour la faire coulisser. Ce qu'il fit d'un geste rapide, avant de se figer, entraînant un coup d'œil d'Harry vers l'ouverture.
Sur le pallier, un trench-coat noir sur le dos et une épaisse écharpe bleue autour du cou, se tenait Drago Malefoy.
Ron referma la bouche.
Finalement, Harry n'aurait pas le temps de réfléchir et ils quitteraient New York plus vite que prévu.
J'espère que ça vous a plu, n'oubliez pas de laisser un petit mot après votre lecture !
À bientôt je l'espère.
