J'espère de tout coeur que ma fic vous plaira. Ce premier chapitre peut vous paraître long en description, mais c'est pour que vous cerniez mieux les personnages, ma façon de voir Sirius et le caractère de mon perso, Tatiana. Les autres chapitres comprendront moins de descriptions et plus d'action :)


1.La rupture.

Deux mois, une semaine et cinq jours. Pas qu'elle ait été folle et entichée au point de compter, non. Disons que passé une certaine date, Tatiana s'était étonnée tous les matins de ne pas encore s'être fait larguer. Depuis qu'ils avaient passé le cap fatidique des deux semaines et demi, en fait. La rumeur voulait que Sirius Black, coureur de jupons en chef de l'école de sorcellerie Poudlard, se lassât de sa copine au bout de deux semaines et demi, et la réalité même corroborait ces faits. Et là, Tatiana, petite Serdaigle de sixième, sortait avec le plus grand don juan que le Londres sorcier (et peut-être même Moldu) contenait depuis deux mois, une semaine et cinq jours. Quelque chose clochait.

Non pas que la jeune fille se plaignait de cette situation, au contraire. Bon, un peu, quand même, mais juste parce que des tas de gens qu'elle ne connaissait même pas de vue auparavant venaient à présent lui parler comme s'ils avaient gardé les cochons ensemble, friands de détails croustillants et avides d'anecdote sur la vie amoureuse des deux tourtereaux. Et puis aussi, il faut l'avouer, parce que Tatiana était une jeune fille vive, rieuse, intelligente, mais qui adorait râler dans sa tête.

Non, le truc, c'était qu'elle ne cessait d'être sur le qui-vive. Sirius était gentil, charmant, galant, attentionné, un peu gamin aussi, drôle, pas bête, bref, un petit ami idéal. Et beau, par-dessus le marché. Incroyablement séduisant. Des yeux gris malicieux devant lesquels retombaient élégamment des cheveux bruns savamment décoiffés. Une large bouche rieuse qui découvrait des dents parfaitement alignées et d'une blancheur Colgate chaque fois qu'il souriait. À lire cette description, il est justifié de se poser des questions sur la santé mentale de Tatiana. Pourquoi diable restait-elle sur ses gardes avec ce garçon parfait ? Tout simplement parce que, justement, il faisait un petit ami parfait qui le savait. Et qui en jouait. Alors elle était en droit de se demander pourquoi avait-il choisi de rester avec elle, alors qu'il pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait ?

Elle n'était qu'en sixième, et lui en dernière année déjà. Un point en moins pour elle : après cette année scolaire-ci (« ne vous projette pas si loin.. ne vous projette pas si loin.. »), il en aurait terminé avec sa scolarité à Poudlard tandis qu'elle aurait encore un an à tirer. Ensuite, il était un courageux Gryffondor, tandis qu'elle était une –ma foi très intelligente– sage petite Serdaigle. Il était connu dans toute l'école avec son groupe d'amis, les Maraudeurs, trois garçons séduisants, malins et comiques (quoique encore légèrement immatures, sauf pour l'un d'entre eux, Remus Lupin), et elle pouvait compter sur les doigts de ses mains les personnes qu'elle saluait le matin (bien que depuis que tous deux étaient ensemble, il lui aurait fallu des mains de quarante doigts chacun pour les compter). Et puis, quand il était si beau et charismatique, musclé et élégant, elle, elle était.. Tatiana, quoi. Elle n'avait pas de fesses rondes et à croquer, elle n'avait pas de longues jambes interminables. Elle mesurait un mètre cinquante-huit (« cinquante-huit et demi ! »). Elle n'était pas une de ces bombes, minces et blondes. Elle avait des formes, peut-être un peu trop à son goût. Avec son bonnet D, elle avait la poitrine la plus volumineuse de son dortoir, et en était complexée, les garçons ne la regardant jamais directement dans les yeux. Ses fesses emplissaient largement son jean's, et même un peu trop pour elle. Elle n'avait jamais fait un seul abdo de sa vie et du coup, son ventre n'était pas scandaleusement plat. Tout ce qu'elle avait pour elle était un visage fin, encadré de boucles brunes, et au milieu duquel brillaient deux yeux noisette avec des paillettes de doré et de vert. Mais il fallait vraiment bien regarder, sinon, ils étaient simplement « brun clair ».

De plus, sa nature anxieuse et son inaptitude à rêver au prince charmant en faisaient une proie facile au doute, qui profitait de la moindre occasion pour s'immiscer en elle. Cherchait-il seulement à la dépuceler ? Dans ce cas il pourrait attendre. Attendait-il d'elle qu'elle lui dise qu'elle l'aimait ? Cela n'arriverait jamais, pour la simple et bonne raison qu'à force de se protéger de lui, Tatiana était imperméable aux sentiments amoureux. Elle l'aimait bien, voilà tout. Alors quoiqu'il attende, il finirait par se lasser. Avant elle.

Et de fait, il lui semblait au jour d'aujourd'hui, après deux mois, une semaine et cinq jours, que Sirius commençait à se lasser. Cela faisait cinq jours qu'il ne la voyait plus qu'en coup
de vent, prétextant « une montagne de devoirs », ou « une retenue pour un truc bête, mais bête, je t'expliquerai ». Et il n'en fallait pas moins à Tatiana, même s'il lui en coûtait, pour lire entre les lignes. Pour elle, Sirius était très clair dans ses explications vagues : il en avait assez de cette relation qui s'éternisait (sur une échelle de Sirius, deux mois avec une fille ça devait faire, wow, disons, un an ?)

C'était pourquoi elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle lui annoncerait ce soir. Elle avait déjà reporté l'échéance, la veille et l'avant-veille, mais là, ça ne pouvait plus durer. Elle ne pouvait prendre le risque de s'attacher à lui, et son éloignement lui faisait un bon prétexte. Elle savait pertinemment que si elle restait encore avec lui, elle ne pourrait bientôt plus lutter contre les sentiments. Et elle avait déjà été amoureuse, une fois, à quinze ans. C'est bête, un amour à quinze ans. On est si jeunes, si naïfs. En tout cas elle l'avait été, et bien mal lui en avait pris. Elle s'était trouvée à faire une dépression, à maigrir de neuf kilos en trois mois, puis à en reprendre douze en un seul. Ce qui expliquait ses formes « pulpeuses » - pas de terme péjoratif, merci.

C'est à peine si elle picora au petit-déjeuner ce matin-là, étant sur le qui-vive et scrutant la Grande Salle dans l'espoir de l'apercevoir à la table des rouge et or. Elle n'avait pas à proprement parler de « meilleure amie à la vie à la mort », juste de bonnes copines, voire bonnes amies mais sans plus, ce qui fait que personne ne remarqua son état de trouble. Elle pensa plusieurs fois le manquer, se faisant immanquablement aborder par toutes ses « nouvelles connaissances ». Vaguement, elle se demanda combien continueraient à venir la saluer tous les matins quand ils sauraient qu'elle avait largué Sirius Black. À moins qu'il ne tourne ça à sa sauce et aille raconter à tout le monde qu'il l'avait jetée.

Alors qu'elle allait abandonner et se diriger –à l'avance bien sûr- vers sa classe de Métamorphoses, elle le vit enfin, arriver à grandes enjambées jusqu'à la table des lions et s'asseoir en compagnie de ses amis qui arrivaient en même temps que lui. Elle eut le trac. Elle se leva, se rassit, hésita, puis, prit son courage à deux mains. Il fallait qu'elle le plaque avant d'être plaquée, question de fierté. Principe un peu bête, mais Tatiana, il ne fallait pas s'y tromper malgré son air doux et gentil, était une jeune fille fière.

Lorsqu'ils la virent arriver, les amis de Sirius lui sourirent et la saluèrent tandis que Sirius, d'un sourire encore plus large, lui tendit les bras. Avec un pincement au cœur (« mauvais, mauvais, mauvais, tu ressens des choses pour lui » « qui ne ressentirait pas de choses pour lui ? j'aurais été un monstre sans cœur de sortir avec quelqu'un pour qui je n'éprouvais pas le moindre sentiment »), elle se glissa dans ses bras, lui fit un léger baiser sur la joue et lui glissa à l'oreille :

- Ce soir, tu fais quoi ?

La réponse ne tarda pas, et fut exactement ce à quoi Tatiana s'attendait :

- Je suis en détention, apparemment j'aurais fait une bêtise, bien que selon moi le terme de bêtise soit totalement usurpé dans ce cas
- Tu veux rire, Si', tu l'as amplement méritée, ouais, rigola Peter, tout en mâchonnant un pancake.

Il lui fit un sourire d'excuse. Elle ne le lui rendit pas et il sembla comprendre :

- Je sais que cette semaine, on n'a pas su se voir autant que tu l'aurais voulu, mais je te promets que la semaine prochaine, ça s'arrangera
- Sirius, je dois absolument te voir ce soir. Tu as cours jusqu'à quelle heure ?
- Ben je termine à 17 heures, mais ça va être chaud pour se voir tu sais, j'ai ma retenue à 18 heures..
- Une heure, ça sera largement suffisant, ne t'en fais pas.- Mais..

Il jeta un regard à ses amis.

- Ca ne peut vraiment pas attendre ? Parce que j'ai des trucs à faire avec les garçons, aussi..
- Sirius, s'il te plaît, il faut absolument que je te vois aujourd'hui. Je t'assure que ça ne sera pas long. On a fait que se croiser depuis dimanche, tu peux bien m'accorder ça.

Quelque chose dans sa voix dût alarmer Sirius, puisqu'il finit par céder, intrigué :

- Ok, ok, tu as raison, il faut que l'on se voit. On se rejoint devant les escaliers qui mènent à la salle commune des Serdaigles à cinq heures quart
- Oui, ça sera parfait. Je te laisse, je dois aller en cours, là.

Elle se dégagea de ses bras mais il la retint par le bras et la fit se retourner vers lui.

- Même pas un bisou ? lui glissa-t-il à l'oreille.

Tatiana s'exécuta et l'embrassa. Sirius, sans doute sentant le danger, l'embrassa avec plus de ferveur que jamais et c'est donc chamboulée que Tatiana se rendit finalement à son cours, après avoir salué le reste des Maraudeurs.

Elle passa le reste de la journée en mode pilotage automatique. Elle prit des notes Dieu seul sait comment, son cerveau étant encombré par la perspective de rejoindre Sirius tout à l'heure. Tout à coup elle hésitait : elle avait la chance de sortir avec le gars le plus en vue de l'école, fallait-il vraiment qu'elle laisse sa fierté gâcher ça simplement parce qu'elle était parano ? Ne valait-il mieux pas qu'elle continue tranquillement sa relation et qu'elle se fasse plaquer au moment voulu ? Mais une partie d'elle s'insurgeait. Le qu'en dira-t-on, la quête désespérée de la popularité, rester avec un gars qui était certes un bon petit-ami mais qui semblait ne pas l'aimer d'un amour, même pas transcendant, elle n'en demandait pas tant, mais du moins d'un amour « d'amoureux », tout cela n'était pas Tatiana Wolbergh. La Serdaigle était réfléchie, posée, agissait toujours après avoir mûrement réfléchi et pesé le pour et le contre, et elle faisait tout pour ne pas souffrir. En conséquent, rompre avec Sirius Black –bien que la phrase elle-même paraisse risible– était la meilleure chose pour elle.

La fin des cours sonna pour elle à seize heures, et elle monta dans sa salle commune pour faire ses devoirs afin de s'occuper l'esprit, attendant l'heure fatidique. L'heure semblait tour à tour passer au ralenti, puis filer à une vitesse affolante, et enfin il était temps. Elle descendit, ayant pris soin d'être en retard de cinq minutes –un vieux principe d'éducation que sa maman lui avait inculqué : toujours laisser poireauter le garçon, pas longtemps, juste le temps de te laisser désirer. Elle n'avait pu se permettre le luxe du quart d'heure académique mais bon, cinq minutes feraient l'affaire.

Il était déjà là, comme elle s'y attendait, négligemment appuyé contre un pan de mur, les mains dans les poches. Elle s'avança vers lui, sentant son estomac se tordre d'appréhension, un peu comme à un premier rendez-vous amoureux.

- Salut, lui fit-elle en souriant lorsqu'elle fut à sa hauteur
- Salut, répondit-il. Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Comment annoncer ça ? C'était la première fois qu'elle plaquait quelqu'un. C'était la première fois et il avait fallu que ça tombe sur Sirius Black. Elle aurait pas pu s'entraîner avant, pour voir ?

Elle pensait se racler la gorge, se tordre les mains, hésiter un peu. Mais tout sortit de but en blanc sans qu'elle puisse rien retenir.

- Je préfère qu'on mette un terme à notre relation, je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour nous deux, tu retrouveras ton indépendance et ton insouciance et j'arrêterai de m'en faire pour un type qui s'en fiche pas mal.

Sirius la fixa, le visage marqué d'incompréhension. Il ouvrit plusieurs fois la bouche, les sourcils froncés, mais la refermait aussitôt.

Au bout de quelques minutes (et oui, quelques minutes, quand même), il sembla recouvrir l'usage de la parole et lança sèchement :

- Si tu le dis, c'est toi la Serdaigle intelligente. Je peux y aller ou tu vas encore me retenir ?

Sans lui laisser le temps de répondre, il enchaîna :

- Bien, c'est ce qui me semblait. Bonne soirée.

Et sur ces mots, il fit volte-face. Elle resta là, penaude, pendant quelques secondes, puis repartit à sa salle commune. Bah, ça aurait pu être pire..

Elle termina ses devoirs pour la semaine prochaine. C'était étrange, mais elle sentait quelque chose de désagréable dans son ventre. Comme un poids. Son cœur lui semblait lourd. Elle fit de son mieux pour l'ignorer.

Néanmoins, lorsqu'elle alla se coucher, après avoir sauté le repas et bien plus tôt que d'habitude, le poids dans son ventre fut tel qu'elle ne put s'empêcher de fondre en larmes. Il ne lui avait pas posé de questions, rien demandé, pas tenté de la faire changer d'avis, rien. Il ne l'aimait vraiment pas, elle avait eu raison sur toute la ligne depuis le début, il avait juste été vexé de se faire plaquer, et bon Dieu que ça faisait mal.

Avant de sombrer dans le sommeil, elle se fit une petite rectification : finalement, non, ça n'aurait pas pu être pire. Même s'il l'avait larguée lui.