La gamine saltimbanque
0. Les raisons de la guerre
« … colonisation. Et bien que... »
Quatre regarda par la fenêtre et soupira. Il aurait de loin préféré être dehors plutôt que de subir, encore, une leçon d'histoire qu'il connaissait par cœur.
« Monsieur Winner, veuillez me répéter ce que je viens de dire ! » s'énerva le professeur.
Le gamin fronça imperceptiblement les sourcils. Celui-là ne ferait pas long feu avec lui. S'il n'était pas capable de se tenir, il allait vite devoir se trouver un nouvel élève. Et un nouvel emploi qui serait, à coup sûr, bien moins avantageux que celui que lui offrait la famille du gamin car si les Raberba Winner avait bien assez d'argent pour se permettre de prendre des précepteurs individuels pour chacune de leurs 29 filles et leur jeune fils, cadet de toute cette marmaille, ils ne ferait pas grand cas d'un professeur mal embouché. Et tout le monde savait à quel point le jeune Quatre était sensible, à ses propres émotions comme à celles des autres, même si peu se laissait aller à parler ouvertement de son don d'empathie.
« Monsieur Winner ? » s'impatienta le futur chômeur.
« Vous venez de dire, pour la centième fois, que les morts des pacifistes Yuy et Peacecraft étaient une catastrophe » répondit le garçon en regardant son professeur droit dans les yeux, un sentiment grandissant d'agacement et de colère qui n'était pas totalement sien le parcourant. « Et comme je vous l'ai dis et mon père avant moi, je sais déjà tout ça. J'ai étudié cette période de l'histoire avec mon professeur précédant. »
Il sentit l'homme s'échauffer et fit discrètement un exercice de respiration pour tenter de juguler les vagues émotionnelles qui lui venaient tout droit de son vis-à-vis.
« Parfait » dit celui-ci en tentant au mieux de contrôler sa voix, « eh bien, puisque mes cours ne vous servent à rien, autant que je prenne congé ! Et je vais de ce pas en parler à votre père, jeune homme ! » s'exclama-t-il avant de sortir de la pièce.
Dès qu'il se fut éloigné un peu, Quatre se calma. Il regretta tout de suite de s'être ainsi emporté, porté par des émotions qui n'étaient pas les siennes.
Après quelques minutes à contrôler son souffle et à se concentrer sur les battements de son cœur, bien ancré dans sa poitrine, il avait retrouvé la calme serein qui le caractérisait.
Ne voyant pas le professeur reparaître, il se permit de se lever à de sortir dans les jardins de l'immense propriété de son père.
Malgré qu'ils soient à deux doigts du désert, les alentours de la bâtisses n'étaient que verdoiement et nuages de fleurs aux couleurs plus belles les unes que les autres. Et les senteurs ! Il se noierait dans les senteurs de ces jardins, s'il le pouvait !
Il entendit un porte s'ouvrir avec fracas et leva ses grands yeux bleus vers la fenêtre qui donnait sur le bureau de son père. Il était certain que celui-ci n'allait pas apprécier l'intrusion soudaine et brusque de ce précepteur indélicat.
Il passa une main dans ses cheveux blond platine dénotant tant avec ses origines berbères et soupira de nouveau.
Il aimait l'histoire, il avait toujours aimé ça, ce qu'il n'aimait pas, en revanche, c'était le rabâchage, la répétition, et comme il l'avait dit au pauvre homme, il connaissait le cours qu'il lui donnait par cœur.
Oh oui ! Par cœur ! Mais qui ne savait pas ça ? Qui ne savait pas ce qui avait amené l'oppression ?
Il s'assit dans l'herbe et piqua une petite fleur au rouge flamboyant, l'amenant à son nez pour inspirer avec délice son parfum merveilleux. On disait que tout était plus beau et plus odorant sur Terre.
Mh. La Terre. Là d'où chacun d'eux venait mais que très peu d'entre eux avaient déjà vu une fois de près. La plupart des habitant de la colonie spatiale L4 n'avait jamais posé le pied sur la Terre, lui y compris, malgré tous les moyens de son père. Ils ne la voyaient tous que de loin, superbe bulle bleue à des milliers de kilomètres de leur planète artificielle.
La Terre, là où tout avait débuté. Comme une évidence.
Il y avait un peu moins de 200 ans de cela, la Terre était devenu un territoire trop restreint pour les Hommes, qui avait trop proliféré à sa surface, ses ressources s'épuisaient et les gens désespéraient de voir un jour leur planète se flétrir et les emporter avec elle. Alors les gouvernements avaient décidés d'exiler une partie de leurs population dans l'espace. Ils y avaient construit une première planète artificielle et, fort de leur réussite, s'étaient attelés à la construction de plusieurs autres. C'était ainsi qu'étaient nées les Colonies Spatiales, ces îlots de fortune pour ces Hommes pleins d'ambitions.
Avec la première Colonie était né un nouveau calendrier : le calendrier Après-Colonisation.
175 ans avaient ainsi passé en voyant de plus en plus de Colonies naître dans en paix.
Mais le manque de communication entre la Terre et les Colonies avait peu à peu miné ce fragile équilibre et c'était de la Terre qu'était venu le danger. Comme c'était de la Terre qu'était née la paix.
L'Alliance Terrestre, un gouvernement totalitaire de plus en plus puissant avait imposé sa loi sur la belle planète bleue par la biais de machine de guerre humanoïdes nommées Mobile Suits. Et puis, estimant sans doute qu'une planète n'était pas assez grande pour contenir leurs ambitions, elle avait annexées les Colonies les uns après les autres, au nom « de la justice et de la paix ».
Heero Yuy, grand leader pacifiste des Colonies, à l'époque, avait été assassiné et, voyant aussi la disparition du roi Peacecraft du Royaume pacifiste de Sank, ambassadeur de la paix reconnu et respecté, les discussions de paix avaient pris fin. Après tant d'efforts de la part de ces deux grands hommes.
Alors...
« Quatre. Quatre ! Ouhou ! T'es là ? Bah alors, qu'est-ce qu'il y a, mon vieux ? Ça va pas ? Tu fais une de ces têtes ! »
Quatre fixa son regard dans les yeux améthyste qui prenaient tout son champ visuel, sourit à Duo pour le rassurer et le lança sur un sujet quelconque. Prenant la balle au bond, comme toujours, le jeune pilote partit dans un monologue sans fin, aussi jovial et bavard que d'habitude, sa longue natte châtaine virevoltant autour de lui tandis qu'il argumentait.
Quatre secoua la tête de gauche à droit dans un mouvement imperceptible, souriant avec douceur et se laissa entraîner dans cette discussion totalement futile.
Alors, 20 ans après la mort des pacifistes Yuy et Peacecraft, en l'an 195 Après-Colonisation, l'Opération Meteor avait été engagée.
Les Colonies étaient fatiguées du joug oppressant de l'Alliance Terrestre et, dans plusieurs d'entre elles, des groupes de rebelles avaient finis par mettre au point, secrètement et indépendamment les uns des autres, cinq Mobile Suit à la pointe de la technologie et fabriqués en gundamium, un métal bien plus résistant que tout ce que pourrait jamais produire la Terre. Appelés Gundam, ces cinq redoutables machines de guerre avaient toutes trouvées pour maîtres cinq adolescents de 15 ans, entraînés et surdoués.
Pour le Gundam 01, le Gundam Wing, de la Colonie L1, c'avait été un jeune japonais dont personne ne connaissait le nom mais dont le nom de code était bien ironique : Heero Yuy. Un nom de pacifiste pour un Soldat Parfait.
Pour le Gundam 02, le Gundam Deathscythe, ambassadeur guerrier de la Colonie L2, un américain qui se surnommait lui-même Shinigami, du nom du Dieu de la Mort japonais, y avait pris ses marques, le jeune Duo Maxwell.
Pour le Gundam 03, le Gundam Heavyarms, tout droit venue de la Colonie L3, il avait été volé par un jeune amnésique français qui avait prit pour nom de code Trowa Barton.
Pour le Gundam 04, le Gundam Sandrock, de la Colonie L4, c'était le cadet de la puissante famille berbère Raberba Winner qui s'était engagé, seul et sans le soutien de se sproches, à le mené sur les champs de bataille : le jeune Quatre.
Et pour la Gundam 05, le Gundam Shenlong, c'était le dernier héritier royal du respecté clan du Dragon qui avait pris les commandes, un jeune chinois nommé Chang WuFei.
Des adolescents de 15 ans engagés de gré ou de force dans une guerre qui n'aurait pas dut les concerner, dont ils n'auraient jamais dus connaître tous les tenants ni tous les aboutissants.
Cinq adolescents de 15 ans qui, aujourd'hui, avaient tous du sang sur les mains et nombre de vies sur la conscience. Mais qui, tous, avaient un but à atteindre, aussi, un but dans lequel certains avaient foi : gagner la guerre contre l'Alliance Terrestre pour rendre leur liberté et la paix à la Terre comme aux Colonies.
Des enfants au milieu d'un conflit d'adultes, auraient dits certains. Oui, mais des adolescents qui savaient ce qu'ils faisaient. Malheureusement pour eux.
La babillage de Duo se poursuivit et Quatre vit l'œil vert de Trowa briller derrière sa longue mèche châtaine. Le jeune homme n'était pas très expressif, ni très bavard, d'ailleurs, comme Heero, mais son calme naturel aidait souvent Quatre à ne pas perdre pied face aux tourbillons d'émotions qu'étaient Duo et WuFei.
WuFei, d'ailleurs, qui se leva aussi dignement qu'il en était capable dans un tel état d'agacement, jetant un de ses habituels regards méprisant au grand bavard jovial en passant à côté de lui.
Il n'aurait pas dus faire ça, se dit Quatre en voyant les améthystes de Duo briller d'une lueur qui n'augurait jamais rien de bon. Et il avait raison, Duo s'attela aussitôt à embêter le jeune chinois dont les yeux noirs s'étrécirent jusqu'à ne plus former que des fentes sombres dans son visage aussi sévère que l'était sa queue de cheval d'un noir d'encre strictement tiré en arrière de son crâne.
Dans son dos, Quatre entendit le petit claquement d'un ordinateur portable laptop qu'on ferme et se retourna pour voir Heero sortir de leur planque provisoire sans un mot, totalement impassible et silencieux, ses yeux bleu marine aussi froid et dur que des pierres, comme toujours, et ses cheveux bruns en batailles se firent chahuter par le vent du soir alors qu'il disparaissait dans la forêt alentour.
« Pas vrai, Quatre ? » lui dit Duo, le ramenant dans la conversation.
Il lui répondit en souriant et se leva pour aller préparer à manger. Ce soir, c'était son tour de nourrir la petite troupe.
Il sentit Trowa le suivre et sourit de plus belle. Le jeune homme avait décidé de s'éloigner un peu de leur moulin à parole personnel. Peine perdue, Duo les avait suivi !
OWARI
Merci de m'avoir lu. Laissez-moi vos impressions, elles sont mon seul moyen d'avancer. ^^
