NDLA :
C'est pour toi mon frère et tu sais à quel point tu me motives. C'est un petit cadeau de Noël certes mais j'espère qu'il te plaira.
A tout autre lecteur, égaré ou non, beau ou moche, roux ou pas (oui je les accepte aussi), gros ou maigre, grand ou petit, profite de ta lecture.
Disclaimer : le monde appartient à la grandissime JKR mais certains personnages sont de mon cru.
Ouvrir les yeux, se les frotter, bâiller, solliciter les muscles de son corps, lever la tête, bâiller encore, lever le dos progressivement, se stabiliser en position assise, bâiller toujours, sortir les jambes du lit, balancer son poids sur celles-ci, bâiller sempiternellement, se mettre debout, marcher. J'aime ces petits réveils en douceur où tu es encore un peu dans le coltard, à demi ensommeillée, encore dans ton rêve… Tu émerges peu à peu dans un silence agréable, une pénombre rassurante, une lumière douce et…
« Phylliiiiiiiiiiiiiis ! »
« Aaaaaaaaah Toby, par le string en fourrure de Merlin, tu m'as fait peur. »
Toby –Tobias pour les non-intimes– petit frère dans son état, monceau de cheveux bruns et de chair et spécialiste du ''Hard-awakening''.
« Quoi ?! Merlin a un string en fourrure ?! Quel petit cachottier, il ne m'avait rien dit ! »
« Sooooooors ! »
Il se met à courir partout dans la chambre tout en criant ''Debout !'', allumant la lumière, ouvrant les volets, tirant ma couette et secouant mon lit. Oui, tout ça en même temps, mon frère est très fort. Bien qu'il ait déjà 14 ans et des citrouilles, c'est encore un petit garçon par moment.
Je me lève donc à contrecœur et vais rejoindre mes géniteurs dans la cuisine.
« Oh Phyllis ! Tu as l'air… Malade ? »
Mon père, Rubus Butler, connu pour son tact habituel et légendaire.
« Non Papa, je suis juste pas maquillée. »
Et un regard noir, un.
Après quelques dizaines de minutes d'intense stress, de préparation, de « Mais où est mon truc ? », de « Vous êtes sûrs que vous n'avez rien oublié ? », de valises qui dégringolent l'escalier (merci Toby…), de portes qui claquent, de cris de la part de mon frère (à cause de cette même valise), de sensation extrêmement désagréable de tirage de nombril et de grognements (moi), nous arrivons enfin à la gare de King Cross.
Je me tourne vers mon frère.
On a beau avoir une année et quelques mois d'écart avec Toby, nous sommes comme cul et robes de sorcier. Bon, ce n'est pas toujours l'amour fou, il y a souvent des petites querelles entre nous –surtout sur les sujets comme le temps de passage à la salle de bain ou la quantité de nourriture dans l'assiette de l'autre, et j'en passe– mais la plupart du temps, nous nous entendons bien, et bien que lui soit à Serpentard et moi à Serdaigle, nous avons quelques amis en commun.
Nous grimaçons de conserve. On va encore avoir le droit au discours d'une lenteur/longueur quasi inhumaine, à la hauteur de ceux de Binns –oui oui il faut être doué– que nous dessert chaque année Gemma Butler, notre mère, sur les potentielles bêtises que l'on ferait et par la suite les potentielles beuglantes que l'on recevrait.
Après deux grosses bises sur chacune de nos joues de la part de ma mère, nous montons –ou plutôt essayons de monter –nos gigantesques malles dans le train.
Tobias part de son côté retrouver ses amis Serpentards tandis que je m'enfonce dans les profondeurs du Poudlard Express.
S'en suit alors la mythique et terrible ascension vers le fond du train avec le poids d'un âne mort à tirer en toute dignité derrière soi. Chaque année c'est la même chose, je traîne cette foutue malle pendant une éternité et au lieu d'arriver fraîche et fringuante dans le compartiment de mes amis comme se doit d'être n'importe quel adolescent après un été de glandouillage extrême, j'arrive toute rouge, ruisselante et soufflant comme un scroutt à pétard asthmatique, ce qui est tout de suite moins classe pour un début d'année.
Enfin bref, je crois que je m'égare… Je suis donc en train de traîner mon énorme valise derrière moi quand je sens soudain un poids s'abattre sur mes épaules et me projeter vers l'avant –et par malheur vers le bas aussi.
Bouse. Tout mais pas ça…
Tout mais pas la honte de la chute dans le couloir du Poudlard Express.
S'il te plaît Merlin, je jure d'égorger chaque nuit un botruc en ta gloire et de danser nue dans son sang mais épargne moi ça…
Mais Merlin est connu pour être ingrat et vil, c'est ainsi que je me retrouve étalée de tout mon long, le nez écrasé sur le plancher et des rires moqueurs s'élevant de part et d'autre de moi.
Je me retourne vivement, prête à faire signer l'arrêt de mort à la personne qui a osée me bousculer –ou plutôt manquer de me faire ressembler à un vieux bouledogue pour le restant de mes jours– et tombe sur de grands yeux bleus inquiets.
Wahou…
Je reste quelques instants sans voix devant mon meilleur ami. Chaque rentrée c'est la même chose, j'ai beau connaître Travis depuis que j'ai 5 ans, je reste toujours pantoise quand je croise ses yeux après deux mois de séparation.
Sans déconner, il a sans doute les plus beaux yeux que j'ai jamais vus. Vous pouvez me traiter de gourde si vous voulez mais ils sont vraiment magnifiques. Ils sont d'un bleu profond faisant penser aux lacs d'Écosse à la tombée de la nuit avec une tache dorée dans l'œil gauche.
Pourtant, même avec ces yeux qui feraient craquer toute la gente féminine de 7 à 77 ans, il a un tableau de chasse aussi garni que la calvitie du Professeur Vector. J'ai jamais vu un gars s'intéresser aussi peu aux filles. Je dois être la seule fille de tout Poudlard qui arrive à le supporter plus d'une heure, tellement il peut être imbu de lui-même et satisfait de sa personne.
Pourtant, Travis sait se montrer des plus généreux avec les gens qu'il aime et surtout, est d'une intelligence plutôt peu commune, à la fois naïve et sage. Comme la plupart des Serdaigles, il est un forcené du travail et se tue à la tache chaque année, mais prend un incompréhensible plaisir à ça. A croire que je suis adoptée…
« Phy ? Je t'ai fait mal ? Je suis vraiment désolé, j'ai surestimé ta masse musculaire… »
Non tu as clairement failli m'écrabouiller mais ne t'inquiète pas, ça aurait moins eu l'avantage de m'épargner les BUSEs.
« Oh non t'inquiète pas, je vais bien, juste un peu secouée, tu as forcis depuis l'année dernière ! »
Je m'approche de lui pour le saluer après ces deux mois de relation exclusivement épistolaire.
Il se lève, me relève en même temps et empoigne ma valise comme s'il s'agissait d'un vulgaire sac de patates tout en repartant vers le fond du train. Ce qui est d'ailleurs étonnant pour quelqu'un qui a des courbatures en prononçant le seul mot ''sport''.
Nous arrivons au compartiment et je remercie mentalement Travis pour m'avoir empêcher de ressembler au-dit scroutt asthmatique.
« Oh Phyllis ! Tu m'avais manqué ! Tu as passé de bonnes vacances? »
Je me précipite sur ma meilleure amie, qui avait bondi de son siège en me voyant arriver et nous nous enlaçons. Thelma Octavia Rosenbach III est une grande brune à l'aspect hautain en apparence sen parti dû à son éducation de la haute bourgeoisie allemande– mais qui cache un esprit franc et parfois très immature, détonnant totalement avec son port élégant et sa taille de mannequin.
Je salue ensuite César Olafson, un Serdaigle avec une chevelure blonde presque blanche –sa double nationalité anglo-suédoise n'aidant sûrement pas. César est un garçon calme en apparence, comme tout Serdaigle qui se respecte, mais c'est un des seuls, avec moi-même, à ne pas ressentir le besoin de passer ses journées dans la bibliothèque. De toute façon, nous avons décider ensemble l'année dernière que la limite de temps à rester dans la bibliothèque est quand nos vêtements commencent à sentir l'odeur des lieux. Et ça arrive plus vite qu'on ne le pense, malheureusement.
Et en bon Serpentard qu'il n'est pas, César se cache derrière cette apparence calme et timide pour commettre les pires méfaits. Inutile de préciser à quel point ça me plaît.
Enfin, le train démarre, m'emmenant vers Poudlard et, à mon grand désarroi, vers les BUSEs.
