Disclaimer : les personnages appartiennent à Masami Kurumada et Shiori Teshirogi. Je ne me fais pas d'argent avec cette histoire.
NDA : voici un nouveau recueil de drabbles, consacrés à Kagaho, depuis le tout début. Pour ce premier post, voici les 5 premiers drabbles, à vous de me dire si vous préférez une parution mensuelle avec 5 drabbles d'un coup ou bien un drabble par semaine. Bonne lecture !
PARTIE 1 – L'aigle
La solitude d'un dieu
Pour les dieux, le temps n'est qu'une notion vague. Certes, les cycles des jours et des nuits sont un repère tangible de ce que les mortels appellent le réel, mais ils ne sont pour eux qu'une succession de secondes. De simples gouttes dans un océan d'éternité.
Râ est un dieu parmi d'autres, mais pas l'un des moindres. L'astre solaire vit en lui, et il l'accompagne dans son trajet quotidien sans jamais faillir à sa tâche. Chaque jour, il le dirige, le suit, et chaque jour, il contemple le monde qui s'étale sous ses yeux : la Terre, peuplée de créatures toutes plus dissemblables et extraordinaires les unes que les autres.
Les Hommes sont de loin les êtres qui le fascinent le plus, il doit l'avouer. Il les a vu naître, créés par une volonté qui le dépasse lui-même. Il les regarde grandir et mourir, il les observe vivre, s'aimer, se battre.
Avant l'apparition des Hommes, jamais Râ ne s'est senti aussi seul.
L'oisillon
La première chose qu'il voit lorsqu'il brise enfin sa coquille protectrice, c'est une lueur aveuglante et chaude, qui caresse le fin duvet qui recouvre son corps encore tremblant de l'effort qu'il a fourni pour se libérer. Il pousse un petit cri aigu, se débat dans les débris qui l'entourent, trébuche à moitié, crie encore. Il ne voit rien à part cette chose éclatante et sait qu'il sera attiré par elle pour le restant de sa vie. Il arrive à se débarrasser de ses entraves, s'échappe, secoue ses pauvres ailes si faibles. Il s'approche du bord du nid, semble prêt à tomber.
Un rayon de lumière le touche à nouveau, et cette fois l'oisillon ferme les paupières de contentement. Il se calfeutre contre une brindille et s'endort, épuisé par la lutte acharnée qu'il a mené quelques instants plus tôt.
Dans le ciel, le dieu soleil a un sourire attendri.
L'envol
Il a beau avoir grandi, ses yeux sont toujours tournés vers le ciel, et vers la lumière. Mais la patience caractéristique des siens a tempéré sa fougue, et aujourd'hui les semaines d'attente vont porter leurs fruits.
Il n'y a pas d'élément déclencheur, c'est juste maintenant. Le soleil caresse ses plumes a présent bien formées, faisant miroiter des reflets roux, presque dorés. Il s'approche du rebord du nid, celui-là même contre lequel il s'est assoupi le tout premier jour. Il étend lentement ses ailes, laisse ses muscles s'adapter au courant d'air chaud qui monte du sol comme une caresse. Il bat un peu des ailes, sautille, teste, les referme pour mieux lisser quelques plumes.
Puis il s'élance, se laisse porter par le vent, et le sol défile sous lui dans un mélange de couleurs telles qu'il n'en a jamais vu. Il aperçoit l'ombre d'un mulot, mais la seule faim qui le dévore est celle de la liberté. Il retourne à la sécurité du nid, fatigué par son premier vol. Il recommencera le lendemain, et il ira voir la lumière.
La brûlure du soleil
Cela fait plusieurs jours maintenant qu'il vole quotidiennement, chaque fois plus loin, chaque fois plus longtemps. Il découvre le territoire sur lequel il a grandi sans le savoir, fait de collines et de vallons, de sable et d'arbres noueux. Il s'est amusé à attraper des rongeurs, mais il n'est pas encore très habile. Il a croisé un serpent aussi, il n'a fait que le regarder.
Son corps a déjà commencé à changer, il le sent. Il est plus vigoureux, plus fort. Chaque jour, il vole un peu plus haut. La sensation de la lumière contre lui le réchauffe. Il pourrait voler des heures entières pour profiter de cette chaleur, mais parfois, il a l'impression de brûler.
Les hommes
Il est seul, à présent. Seul dans le ciel, survolant son nouveau territoire. Il a suivi la lumière, un matin, pour ne plus faire demi-tour. Il a trouvé un endroit escarpé, à côté d'une zone où la végétation est suffisamment dense pour lui garantir du gibier à profusion. Les rongeurs fuient lorsqu'ils aperçoivent son ombre, et lorsqu'il pousse un cri puissant, il sait qu'il est le seul maître dans la région.
Jusqu'au jour où il entend des bruits d'animaux qu'il ne connaît pas. Ils font fuir les mulots qu'il a vu, lui volant son repas. Il s'envole, va découvrir cet animal bruyant.
Ils sont sur deux pattes, mais ils ne sautent pas, non. Ils se dandinent étrangement, et d'autres animaux sont avec eux et leur obéissent. La troupe est nombreuse, et se dirige vers chez lui, à la recherche d'un point d'eau.
Il ne le sait pas, mais les hommes sont les animaux les plus dangereux qu'il rencontrera. Pour l'instant, il se contente de les survoler et de les observer, avant de retourner se poser sur un rocher.
