Disclaimer : plusieurs des personnages de cette histoire appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.

Bob l'Octodian appartient à Aerandir Linaewen qui m'autorise à le lui emprunter et à l'utiliser.

Les autres personnages sont à bibi

1.

Tous les visiteurs avaient été soigneusement fouillés, et les accompagnateurs du Gouverneur Meyrhein, qui n'avaient d'ailleurs pas fait mystère de porter une arme, en avaient été délestés.

Ensuite seulement, les quatre hommes et deux femmes avaient pu poursuivre plus avant dans le lacis des grottes, jusqu'à salle qui avait été aménagée de façon confortable, luxueuse même, ce qui contrastait avec l'environnement glacial et sec laissé derrière une fois la porte franchie.

Et toute aussi incongrue en cet endroit, une grande et fine femme blonde s'avança, entourée par trois hommes en tenue de combat, alors qu'elle-même était en peignoir à plumes par-dessus un déshabillé court et chaussée d'escarpins à talons vertigineux.

Du groupe des nouveaux-venus, un homme bien bâti avança de deux pas.

- Je suis le Gouverneur Ik Meyrhein. Je viens négocier la libération des enfants-esclaves qui travaillent dans votre mine de diamants, je vous laisse les adultes, je ne peux malheureusement rien pour eux, mais puisque la Loi protège les enfants et que leurs enlèvements sont punissables, me voici !

- Je n'ai pas oublié un mot de nos échanges épistolaires, assura Lhanie Oog. Je vous ai donné mon prix, j'espère que vous n'avez pas oublié une seule pièce sonnante et trébuchante sinon certains resteront ici malgré tout !

- Il n'y a malgré tout pas de prix assez exorbitant pour la vie d'un enfant, gronda Ik Meyrhein.

- Vous semblez cependant ne pas me faire confiance, remarqua la propriétaire de la mine, puisque vous êtes venu avec ces sigisptes pour votre protection.

- Je dirais plutôt qu'ils sont les garants du bon déroulement de cette transaction et davantage là pour s'assurer que la petite fortune que nous transportons soit arrivée à bon port.

- Allons au dortoir des enfants, nous allons procéder à la vente.

Devant les regards horrifiés du Gouverneur et de ses cinq accompagnateurs Militaires, se tenaient une trentaine de petits squelettes – de quatre à douze ans – dépenaillés.

- Nous sommes venus vous sortir de cet enfer, déclara Ik Meyrhein. Juste à l'entrée de cette grotte, des médecins vous attendent pour vous examiner avant de vous ramener dans vos villages respectifs.

Lhanie Oog ricana.

- Comme si ces sauvageons allaient se laisser faire ! ? Ils vont se disperser dans la montagne sitôt dehors, oui ! Nous sommes dans une contrée rude et sauvage, nous ne tenons pas de registres d'état civil, vous ne saurez jamais les identifier ! Ce n'est que parce qu'un hélicoptère des gardes-forestiers les a filmés par hasard que vous avez pu mettre ces négociations et expédition sur pieds. L'Ouest de Ragel échappera toujours à votre contrôle !

Le Gouverneur de la Région préféra ne pas relever les propos, malheureusement vrais, de sa belle interlocutrice.

Et, à chaque enfant qui sortait du dortoir, des liasses de billets étaient échangées.

- Il y en a un de plus que ceux recensés, souffla soudain une des sigipstes à la vue du trentième et dernier enfant qui était devant eux, tremblant de froid.

- Et nous n'avons effectivement plus une pièce dans nos sacs, releva un autre.

La propriétaire de la mine eut un sourire aussi glacial que l'air de la salle.

- En ce cas, il reste ici !

- Madame Oog… pria le Gouverneur.

- Inutile. Je n'échange ma main d'œuvre que contre la valeur marchande sur laquelle nous nous étions accordés. Je garde cet enfant !

Un troisième sigispte s'approcha alors d'elle, ses gardes portant déjà la main à l'étui de leur arme. Il ôta quelque chose de son cou.

- C'est le cas de le dire, cette pièce vaut son pesant d'or ! déclara le Militaire. Ca suffirait pour le gosse ?

Lhanie examina la médaille de taille respectable et sa chaîne au creux de sa main, les soupesa.

- Bien, qu'il file aussi. Je ne peux pas tirer plus de ce petit épouvantail et vu qu'il serait rapidement mort d'épuisement, ça m'aurait coûté plus cher à le nourrir !

- Va rejoindre tes compagnons, pria Ik Meyrhein.

Le garçonnet ne se fit pas prier, ne s'arrêtant qu'un instant pour fixer le grand rouquin aux joues roses, qui semblait à peine sorti de l'adolescence, qui avait sacrifié sa Médaille de Baptême pour lui, puis il prit ses jambes à son cou.


En tenue d'Intervention, le Colonel de l'AL99-DS1 rejoignit deux de ses Subordonnés sur le toit de l'un des immeubles qui surplombaient l'avenue Shed. Il s'approcha de la rambarde et se pencha légèrement.

- Affrontement de barricades, manquait plus que ça à la variété de nos divertissements ! siffla Aldéran entre ses dents.

- Si ça continue ainsi, on va finir avec couvre-feu… grogna Soreyn Romdal.

- … et loi martiale, compléta Kycham Kendeler.

- Je déteste quand ce vieux pirate a raison !

- Pardon, Colonel ?

- Rien, passons, marmonna Aldéran en observant toujours en contrebas, tendant alors machinalement la main et son Coordinateur des Services lui glissa une paire de jumelles.

- Comme si nous n'avions pas assez d'emmerdes avec les gangs qui s'entretuent, il faut que des civils s'en mêlent !

- C'est le sentiment d'insécurité grandissant, et quasi permanent désormais, qui fait qu'ils s'organisent en Milices. On est vraiment mal, Aldéran !

- Cela fait effectivement un bon moment que nous avons pu tous le constater et mes sombres prévisions se réalisent, malheureusement. Et pourtant, j'étais encore loin de cette réalité !

Aldéran se redressa, passant les mains dans ses mèches incandescentes.

- Comment est-ce que ma galactopole peut finir dans le Chaos des Seigneurs sans que j'aie rien vu venir ? soupira-t-il.

- Nous l'avons tous vu et pressenti, rectifia Kycham, froid et comme détaché de la situation. Vous nous avez suffisamment mis en garde, Aldéran, ce seraient plutôt nous qui étions dubitatifs devant tant de noirceur.

- Tu étais en-dessous de la réalité, Aldie, ajouta sombrement Soreyn.

- Vous n'avez pas envie de partir, Aldéran ? reprit Kycham. Embarquer les vôtres et poursuivre votre vie ailleurs ? Je ne peux que me douter que les points de chute ne manquent pas ? Ou alors on part tous sur une Arche, comme dans la mythologie d'une de ces antiques religions ?

- J'ai pu l'envisager, mais plutôt dans une autre vie. Partir, Kycham ? Aller ailleurs, pour que tout recommence, plus tard ? grinça le grand rouquin balafré. Mon père ne l'a pas vraiment dit clairement, mais c'était pourtant limpide : tout est un éternel recommencement et tout finit par s'effondrer, avant de renaître, différemment, et à nouveau pour un certain temps. Dès lors, fuir ne servirait pas à grand-chose, l'apocalypse finira toujours pas retrouver nos enfants ou leurs propres descendants ! En ce cas, il n'y a qu'une chose à faire : se battre, au jour le jour, jusqu'au corps à corps si nécessaire, et se dire qu'un fauteur de troubles au tapis…

- … sera aussitôt remplacé par dix ? fit Kycham, plus sombre que jamais.

- Qu'un fauteur de troubles au tapis est un de moins face à nous !

- Tu mûris, Aldie, c'est bien, remarqua Soreyn, avec néanmoins un triste sourire.

- Génial, c'était bien le moment de grandir dans la tête !

Aldéran rajusta l'armure de protection de sa combinaison, enfila son casque d'Intervention.

- Les Unités sont en position, les camions de l'Armée aussi. Quels sont tes ordres ? reprit Soreyn qui lui aussi s'était réajuste.

Le Colonel de l'AL99-DS1 esquissa un sourire carnassier.

- On va s'en référer aux Lois de la Nature. On les laisse s'expliquer entre eux et ensuite on va faire le ménage parmi les survivants et sécuriser, pour un temps, ce quartier. Et, l'expression se justifie parfaitement : pas de quartier !

- A vos ordres, assurèrent en réponse dans son oreillette les Leaders des Unités d'Interventions présentes sur le terrain.

Aldéran se tourna vers Kycham.

- On dirait que vous allez enfin avoir la réponse à l'une de vos interrogations et savoir ce qu'est mon petit joujou ! jeta-t-il en empoignant son cosmogun !