L'enlèvement.
Pourquoi
? C'était la seule question qui lui venait à l'esprit
à ce moment. Pourquoi est ce que tout devait être aussi
compliqué, franchement. Il n'aurait pas pu rentrer chez pour
y trouver son amant qui l'attendait, peut être aurait t'il
mit une pizza au four en attendant son retour. Après s'être
douché, ils auraient mangé, parlé ou pas de tout
et de rien, et surtout ils se seraient aimé toute la nuit, ou
une bonne partie de celle-ci au moins. Beaucoup de personnes
pensaient que parce qu'ils travaillaient ensemble, leur relation ne
tiendrait pas le coup. Beaucoup, c'était en fait Larry et
David, parce que Megan n'avait jamais douté de leur
relation. Et Don… il n'avait jamais vraiment réussit à
savoir ce que pensait Don de tout ça.
Don,
il allait devoir l'appeler, lui dire ce qui s'était passé,
qu'il n'avait vu aucun des deux hommes qui l'avait attaqué,
et surtout que ses brutes avaient son frère. Charlie avait été
enlevé sous ses yeux, et Colby n'avait rien pu faire, et ça
c'était le pire pour lui.
Sa
main droite tenait encore son arme, il venait de s'en rendre
compte. Il la rangea, elle ne lui serait d'aucune utilité,
plus maintenant. Il prit son téléphone, ses doigts
tremblaient alors qu'il composa le numéro. Au moment où
il allait décrocher, lançant ainsi l'appel qu'il
redoutait tant, il sentit son portable vibrer dans sa main. Le numéro
était caché, bonne et mauvaise nouvelle à la
fois. Ils pouvaient s'agir d'eux, de ceux qui détenaient
Charlie, c'était une hypothèse bien trop présente
dans sa tête, parce que s'il le contactait si peu de temps
après l'enlèvement, moins d'une demi heure après
l'avoir laissé inconscient sur le sol de son appartement, ça
ne voulait dire qu'une chose : c'est à lui qu'il en
voulait, c'était de sa faute si Charlie était dans
cet enfer.
Il
prit son courage à deux mains, parce que Charlie avait besoin
de lui et décrocha. Que la voix qu'il entendit ne soit pas
modifiée le surpris, et le glaça aussi en même
temps. Un simple « Allo agent spécial Granger » le
ramena dans une époque qu'il aurait aimé oublier, à
l'époque où celui qui était son meilleur ami
depuis l'école primaire, celui avec qui il s'était
engagé pour voir du monde, quitter la petite ville où
ils avaient grandit, l'avait trahit. Ethan s'était
retourné contre son pays, il avait trompé sa femme et
leur amitié pour quelques milliers de dollars qu'il n'avait
pu utiliser en prison.
«
Ethan, je ne savais que tu étais sortit » Pas très
intéressant comme phrase, mais il était désormais
sur un pied d'égalité, les deux parties connaissaient
leur adversaires et ne s'en cachaient pas.
«
Je veux mon argent, et en échange, je te rend ton petit copain
»
Le
dernier mot avait été prononcé avec une haine
assez audible. A cet instant, Colby se surprit à implorer un
dieu, il ne savait même pas vraiment lequel, le plus important
étant surtout ce qu'il demandait, que Ethan ne s'en prenne
pas à Charlie, pas de cette façon. Après tout,
c'était avec Ethan que Colby avait découvert les
premières relations homosexuelles, même si elles
n'avaient rien à voir à ce qu'il avait pu partager
avec Charlie.
«
Sinon ? »
«
Sinon tu risques de le regretter. Tu crois que la NSA a entraîné
ton petit copain à résister aux techniques
d'interrogatoires ? »
Il
venait de raccrocher. Colby avait envie d'hurler, de crier contre
ce fumier que Charlie n'avait rien à voir dans tout ça.
Il était si fragile, si naïf par moment, la vie ne lui
avait pas épargnée toutes souffrances, mais Charlie ne
connaissait pas la souffrance physique, celle qu'un corps en
morceaux peut envoyer à un cerveau déjà
affaiblit par une sensation de manque, quel qu'elle soit. Avant
d'appeler ses coéquipiers, Colby choisit de prendre quelques
minutes, seul pour se laisser aller, exprimer sa colère, sa
souffrance. Il se savait pathétique, à cogner contre le
mur, encore plus lorsqu'il s'effondra par terre, pleurant
d'impuissance face à ce que Charlie risquait d'endurer par
sa faute, mais il avait besoin de ça pour repartir, pour
affronter Ethan à nouveau. Il voulait son argent, quoi de plus
normal après tout. Il aurait pu faire moins de cinq ans pour
trafic de drogue, au lieu des dix qu'il avait enduré s'il
avait donné l'argent. Dix ans pour avoir échangé
de la drogue et 34 000 dollars contre des informations sur un grand
coup de filet antiterroriste. 10 ans, c'était assez peu dans
l'esprit de Colby, mais Ethan avait toujours été un
manipulateur qui respectait son collègue pour ne jamais s'être
laisser avoir.
Après
avoir trop longtemps repoussé ce moment, Colby sécha
ses dernières larmes et recomposa le numéro de
téléphone de son superviseur. La voix de Don semblait
joyeuse, il était avec son père, il l'entendit parler
parmi des autres bruits de fond. « J'ai une mauvaise nouvelle
» Ce fut tout ce que Colby réussit à dire.
«
Ecoute, j'ai eu une journée de merde, une semaine de merde,
alors tu vois, impossible d'en rajouter»
«
Je suis désolé Don, Charlie vient d'être
enlevé. »
C'était
dit, voilà, il ne lui restait plus qu'à attendre que
Don ne le tue, l'épargnant ainsi de la douleur de devoir
expliquer à Charlie qu'il était responsable de son
cauchemar. Mais, il ne se fit pas tuer lorsque celui-ci arriva dix
minutes plus tard, accompagné de David et de Megan. Ils
trouvèrent Colby assit sur une marche de l'escalier de son
immeuble, la porte de son appartement, désormais scène
de crime, fermée. Megan tourna la poigné, la porte
n'était pas verrouillée, l'appartement était
en désordre, quelque trace évidente de bagarre, pas de
sang visible, bon point.
Colby
n'avait pas bougé, son arcade sourcilière droite ne
saignait plus mais avait visiblement besoin d'être vu par
quelqu'un. Don s'approcha doucement, il était debout, face
à lui et lui demanda « Que c'est t'il passé ?
»
«
Je ne sais pas trop, je suis rentré et on m'a assommé.
Je me rappelle avoir vu Charlie, retenu par un homme, mais ça
a été tellement rapide. Quand je suis revenu à
moi… »
«
Ok, c'est bon. Est-ce que tu te souviens de quelque chose sur les
agresseurs, n'importe quoi, quelque chose qui pourrait nous aider ?
»
«
Il était deux, l'un d'entre eux est Ethan Colvin. »
«
Tu le connais ? »
«
C'est un de mes amis d'enfance, on s'est engagés
ensemble dans l'armée »
«
Et ? »
Voir
Don aussi patient avec un témoin, surtout alors que la vie
Charlie était en jeux semblait presque irréelle à
David et à Megan, restés en retrait mais ne perdant
rien au témoignage de leur coéquipier.
«
Il a vendu des infos confidentielles à des trafiquants, contre
de la cames qu'il voulait revendre. Je l'ai dénoncé
dès que j'ai su. Je ne savais même pas qu'il avait
été libéré »
Colby
était visiblement encore sous le choc, il était
tellement différent de l'agent fédéral que ses
coéquipiers avait apprit à connaître au cours des
derniers mois. Il était abattu. L'arrivé de l'équipe
scientifique et d'un ambulancier coupa cours à
l'interrogatoire.
Alors
que Don, Megan et David redevenaient des agents fédéraux,
Colby se faisait soigner sa blessure par un infirmier qui insista
pour le conduire à l'hôpital. Il lui fallu quelques
secondes pour réaliser qu'aller à l'hôpital
signifiait examens en tout genre, et qu'il risquait de ne pas en
sortir avant des heures. Charlie n'avait pas des heures, Ethan
connaissait les risques et cette histoire serait réglée
avant la fin de la nuit. Il voulait son argent, les 34 000 dollars
qu'il avait caché chez lui, que Colby était le seul à
avoir pu trouver parce qu'à l'époque il était
le seul à connaître le cabanon où il avait caché
l'argent, lui et plus tard les flics. Cet argent aurait du être
une preuve, mais personne n'en avait parlé au procès,
le procureur lui avait même proposé une remise de peine
s'il le restituait alors la logique d'Ethan en avait conclu que
Colby avait gardé cet agent pour lui, les flics étaient
suffisent intelligent pour trouver l'argent à un moment où
à un autre. Oui, pensa Colby, ils l'auraient trouvé
en moins de dix jours si Mary, la femme d'Ethan n'était
pas venu le voir, en larmes, s'inquiétant pour sa sécurité
et celle de son futur enfant. Alors Colby avait prit l'argent et le
lui avait donné.
Don
avait fini de faire le tour de l'appartement, rien d'intéressant
à première vue. Il vit Colby venir vers lui et ne pu
que constater la différence de comportement. L'homme abattu
qu'il avait laissé quelques minutes plus tôt avait
laissé place à l'agent du FBI, en apparence du moins.
«
Ethan veut son argent, 34 000 dollars. Il pense que je sais où
il est. » Bon compromis pensa Colby, je n'avoue pas les avoir
soustrait à la justice.
«
Et c'est le cas ? » Question trop pertinente, posée
évidement par Mégan.
«
Non » Encore une esquive, Mary à l'argent, et Colby
ignore où est Mary.
Le
règlement du FBI interdisait à Don et Colby
d'intervenir, la disparition de Charlie les touchait de trop près,
mais aucun des deux hommes ne voulaient rester en dehors de
l'enquête. Colby choisit d'aider David à rassembler
des informations sur Colvin, et surtout trouver son complice et le
lieu où ils détenaient Charlie. Don et Megan devaient
les rejoindre après, Alan Epps voulant être tenu
informé. Colby savait qu'il aurait du accompagner Don, parce
qu'Alan était loin d'être aveugle et qu'il avait
compris depuis longtemps ce qui se passait entre son fils et lui,
mais il ne pouvait pas, pas encore. Il devait déjà
retrouver Charlie, pour pouvoir à nouveau le tenir dans ses
bras.
Le
service pénitentiaire appris à David qu'Ethan Colvin
était sortit de prison pour bonne conduite à peine deux
semaines plus tôt. Il y a dix jours un mandat d'arrêt
fédéral avait été lancé contre
lui, pour avoir fait chanter diverses personnes afin d'obtenir sa
liberté. Ethan n'avait eu aucun complice par le passé,
mais il avait passé les 13 derniers mois dans la même
cellule qu'un autre ex militaire, condamné pour trafic de
drogue, Julian Smith, relâché trois jours après
Colvin. Trop de coïncidence, même si Colby n'était
pas sur de l'identité de l'autre homme, David partit du
principe que Smith était le complice.
Moins
de trois heures après la disparition du professeur Epps, son
frère arriva à son bureau, réclama un topo
rapide des dernières nouvelles. Rien de nouveau du coté
de l'appartement de Colby, l'équipe de nuit de la
scientifique avait besoin de plus de temps. La seule piste qui leur
restait c'était Julian Smith. Il possédait en effet
plusieurs entrepôts dans différentes villes de la côte
pacifique, ainsi qu'une cabane à une heure de LA, dans les
bois.
«
Ils sont dans la cabane » C'était ce qu'il y avait
de plus logique aux yeux de Colby. Ethan avait caché son
premier magot dans une cabane dans la forêt, et étant
jeune, il avait toujours aimé y jouer. Ethan était doué
pour s'y repérer et s'y déplacer sans bruit. Colby
se savait moins bon que lui, surtout en pleine nuit.
Pas
de question de la part de ses collègues, la décision
était prise, ils iraient à la cabane.
La
pièce dans laquelle ils avaient enfermé Charlie
mesurait moins de quatre mètres carré, il s'était
assit, avait appuyé son dos contre un mur et depuis il
attendait, attentif au bruit extérieur. Beaucoup de mots
prononcés, peu de compréhensible à l'oreille
du mathématicien. Charlie se savait fatigué, il avait
peur pour lui et pour Colby, qu'il avait vu étendu par
terre, frappé par l'un des types, le chef. Charlie était
loin d'être stupide, il savait que l'homme en voulait à
son amant, qu'il l'avait enlevé pour l'atteindre. Il
commençait à se sentir engourdit, mais l'espace était
trop petit pour qu'il puisse bouger, il avait froid ce qui
n'arrangeait rien.
Il
s'était repassé en tête tous les nombres
premier entre un et mille pour s'occuper l'esprit, puis il avait
multiplié des nombres à trois voir quatre chiffres en
eux, il avait passé le temps de la seule façon que son
esprit connaissait : les maths. Mais elles l'apaisaient de moins en
moins. Il était là depuis des heures maintenant, et Don
aurait déjà du le trouver. Il n'eu conscience de
s'être assoupit que lorsque la porte s'ouvrit en grand et
que le chef le tira sans ménagement vers la sortit.
Le
jour se levait à peine, la faible luminosité lui permis
de voir que la cabane était entourée par la forêt.
L'homme l'emmena directement dans les sous bois, Charlie avait du
mal à marcher, ses jambes et tout son corps étant
encore engourdit par le froid et le fait d'être resté
immobile tant de temps. De l'autre coté de la cabane, il y
eu un échange de coup de feu, quelques cris et des appels.
Charlie reconnu sans problème la voix de son frère et
celle de Colby. Son agresseur le tira, l'obligeant à bouger
et l'empêcha de crier en lui enfonçant dans la bouche
un bout de tissu. Alors qu'ils avançaient dans le sous bois,
Charlie avait de plus en plus peur, peur de ne jamais plus revoir son
frère, son père, Colby, Larry et toutes les personnes
qu'il considérait comme des amis. L'adrénaline qui
courait en lui donna à Charlie une idée qu'il savait
complètement absurde, mais dont son instinct de survie lui
dicta qu'elle pouvait être bonne. Il se dégagea de
l'emprise de l'autre homme en s'affalant sur le sol et enleva
le bâillon qu'il avait dans la bouche. N'ayant pas anticipé
le coup, l'homme bascula, et Charlie profita de ces quelques
secondes de déséquilibre pour essayer de s'enfuir,
tout en criant « Par ici » à l'attention des
fédéraux qui le cherchaient partout. Bien sur, l'homme
le rattrapa, et pour le punir le frappa violement au ventre. Tordu de
douleur, allongé sur le sol, Charlie vit l'autre homme
pointer son arme dans sa direction. Ceci paraissait logique, il
n'aurait pas son argent alors à quoi bon se charger d'un
poids. Charlie ferma les yeux, « pourvu de quelqu'un m'est
entendu » pensa t'il juste avant de regretter tout ce qu'il
n'avait pas eu le temps de faire.
«
Lâche ton arme ! »
A
peine surpris d'avoir été retrouvé si vite,
Ethan se retourna vers son ami.
«
Colby, quelle joie de te revoir. »
«
Lâche ton arme Ethan, c'est fini maintenant »
«
Non ! Ce n'est pas fini. Cette histoire se finira quand je l'aurais
décidé. »
«
Qu'est ce que tu veux, alors ? Et je sais que ce n'est pas ton
fric ! »
«
Et comment peux tu être sur de ça ? »
«
Parce que tu ne m'as pas rappelé, le fric était juste
un prétexte, et je veux savoir à quoi tout ceci rime ?
»
Colby
avait toujours été la seule personne qu'il n'arrivait
pas à manipuler. Il avait deviné qu'il n'en avait
rien à faire de l'argent, ce qui était en partit
vrai. Ethan s'était donné beaucoup de mal pour
obtenir cette libération pour bonne conduite, pour effacer de
son dossier carcéral toutes ses bagarres et présomption
de meurtre qui faisait de lui un prisonnier craint par ses codétenus
dans le but de retrouver son argent et se venger de lui. Mais
lorsqu'il s'était rendu compte que son ami, le seul homme
qu'il n'avait jamais vraiment aimé et qui lui avait tourné
le dos sous prétexte que l'hétérosexualité
lui convenait mieux, sortait avec un autre homme, alors là il
avait pété les plombs. Il avait voulu faire mal à
son ami, et aussi a son petit copain, mais il n'avait pas pu, il ne
savait pas pourquoi.
«
Pourquoi tu m'as fait ça Colby ? Pourquoi tu m'as trahit ?
»
«
Parce que je ne t'aimais pas, on était ami, je n'ai jamais
rien ressentit de plus pour toi. »
L'argent
était loin, il ne parlait plus de ça, il ne parlait
plus que d'eux, de ce qu'il avait été l'un pour
l'autre, de ce que Colby avait refusé d'assumer.
Colby sentait Ethan proche du désespoir, il n'était plus le soldat, ni même le prisonnier près à tout pour survivre mais l'ado avec lequel il avait découvert la vie. Ce qui se passa ensuite alla si vite que Colby eu du mal à tout comprendre. Tout ce qu'il su c'est que Ethan était en train de rediriger son arme vers Charlie, alors il tira, deux coups, en plein cœur. L'arme encore fumante, il s'approcha du corps, écarta de son pied le pistolet de l'autre homme et prit son pouls, rien. Don et David venait de le rejoindre, David prit l'arme de la main de Colby alors que Don alla aider son frère à se relever.
Une
demi heure plus tard, Charlie était assit à l'arrière
d'une ambulance, un café dans les mains et une couverture
sur le dos. Il regarda passer les corps de ses deux ravisseurs dans
des sacs noirs, un agent extérieur à l'équipe
interrogeait David et Megan. Don n'était pas dans son champ
de vision, Colby venait d'y entrer.
«
Comment ça va ? »
«
Mieux. »
«
Je suis désolé Charlie, c'est de ma faute si Ethan
s'en est prit à toi »
«
Est-ce que tu m'aimes ? »
Colby
ne l'avait jamais dit à Charlie, bien qu'il lui ai prouvé
par de nombreux gestes d'affection, qu'il ai répondu «
moi aussi » lorsque Charlie lui avait avoué son amour.
Là, il demandait juste à être rassuré,
alors Colby décida qu'il lui devait au moins ça :
«
Oui Charlie, je t'aime. »
«
Alors c'est tout ce qui compte ».
Ca
avait vraiment été une sale nuit, mais elle ne
finissait pas trop mal pensa Colby en prenant le mathématicien
dans ses bras.
