Bonjour à toutes et à tous!
Je vous livre aujourd'hui un écrit entamé à mon arrivée en Angleterre en Septembre, après un passage en aéroport qui fut comme toujours un grand moment. Cela m'avait donné l'inspiration pour un OS, qui aura pris du temps à naître, et qui a finalement beaucoup grandi. De fait, j'ai décidé de le scinder en deux parce qu'il est très long. La seconde partie sera publiée après mon retour en France d'ici quelques jours, car après tout, on ne sait jamais, cela pourrait m'inspirer pour les péripéties de nos Chevaliers (et des pauvres passagers à leurs côtés).
Pas de but particulier ici: juste un peu d'humour en ces temps difficiles, et nos chers préférés faisant face à l'aventure de l'avion. Notez qu'il y aura quelques allusions à SoG, au niveau vestimentaire des personnages.
Disclaimer: Tous les personnages présents et cités appartiennent à Masami Kurumada.
Rating: T. (Pour le langage, les sous-entendus, et... le reste.)
Pairings: Multiples. (Mes classiques, pour celles et ceux qui commencent à me connaître.)
Pour ma Ta-chan, qui attendait cette publication avec impatience. C'est enfin fait, et j'espère que cela te plaira.
Je vous souhaite une très agréable lecture. Merci à toutes celles/ceux qui continuent à me lire, cela me fait toujours extrêmement plaisir!
PS: Je rappelle quand même que les ajouts en favoris/ follows sans reviews ne me font guère plaisir. Je ne vous demande pas de vous forcer à reviewer bien évidemment, simplement de ne pas ajouter la fiction en favoris. C'est mon choix, merci de le respecter.
Pénétrant dans l'immense hall, Shion s'avança à grandes enjambées, suivi par une bande de grands enfants portant sur une épaule leurs bagages surdimensionnés. Ils auraient pu suivre l'exemple d'Aphrodite, bien évidemment, qui se contentait de la faire rouler comme l'usage le voulait. Mais il fallait croire qu'on ne faisait pas disparaître aussi facilement les séquelles d'un entraînement trop rude, et que les mâles qu'ils étaient avaient encore besoin, quelque part, de se prouver qu'ils étaient les plus forts. Ce fut donc sous les yeux médusés des autres usagers que s'avança la mini-armée bruyante aux cheveux improbables, aux corps trop musclés, et aux fessiers un peu trop attrayants, à la recherche de la queue qui leur permettrait d'enregistrer les lourds paquets.
Tout en marchant, le Grand Pope se sentit dans l'obligation de faire ses dernières recommandations.
« Rappelez-vous bien, vous me LAISSEZ parler. Aucun de vous ne l'ouvre si ce n'est en cas d'extrême nécessité.
— On a compris, Papy, ça fait dix fois que tu nous le répètes, grogna Kanon en baillant allégrement.
— Appelle-moi comme ça encore une fois, et je t'étouffe avec ta tignasse.
— Voyez qui parle.
— Wiiiiii ! »
Alors que le Sagittaire passait pour la dixième fois devant leurs yeux en roulant sur le caddie, avec un joyeux cri de guerre, toutes les têtes se tournèrent une fois de plus vers eux, avec des expressions oscillant entre l'agacement et la surprise. Consternés, les autres chevaliers d'Or observèrent leur pair « le plus sage » s'amuser comme un enfant. Entre un schizophrène et un adulte coincé au stade de cinq ans, l'élite avait tendance à se casser méchamment la gueule. Heureusement que Dohko était là pour rattraper le coup. Encore que.
Shion se pinça l'arête du nez, avant de s'adresser au Lion.
« Aiolia, pourrais-tu expliquer à ton frère que les chariots ne sont pas des petites voitures ? Ca devient gênant.
— Mais il s'amuse…
— Si c'est moi qui vais le chercher, crois-moi, il ne rigolera plus du tout.
— Désolé, j'y vais. »
Mû, Aldébaran et Shaka s'avancèrent les premiers pour déposer leurs valises. L'absence de sac du dernier permit une répartition de poids pour les bagages de ses camarades, ce qui pour une fois les arrangeait bien. Tenant tous les deux fermement une main de la Vierge dont ils avaient vu les pieds commencer à se décoller lentement du sol, les deux premiers gardiens firent un signe de pouce vainqueur vers leurs camarades avant de dépasser la ligne qui les séparait du contrôle de sécurité.
Ce fut ensuite au tour d'Aphrodite, qui observait d'un air vainqueur le poids de sa valise s'afficher.
« A peine quinze kilos ? J'aurais cru que notre diva aurait une valise de deux fois son poids ! S'étonna Milo avant de suivre Kanon à la pesée.
— C'est parce qu'il a l'intention de passer les vacances à faire du nudisme, répondit le dragon des mers en tendant son billet.
— T'as entendu ça, Saga ? Tu auras un copain ! déclara Dohko avec un clin d'œil.
— Merde, répondit le concerné en posant sa propre valise sur la balance.
Intérieurement, il rêva l'avoir posé sur le gardien concerné.
— Okay, mais les quinze kilos sont fait de quoi alors ?
— Va savoir. Perso, j'ai pas envie de me l'imaginer. »
Les pesées s'enchaînèrent assez rapidement pour les suivants : Deathmask, Aiolia et Aioros n'avaient emporté que peu d'affaires. Le problème vint finalement de la France — pour ne pas changer.
« Monsieur, vous avez plus de trente-cinq kilos, c'est beaucoup trop !
— Camus, mais qu'est-ce que tu as fichu ? se lamenta Shion.
Lui qui avait eu le vague espoir qu'au moins un ou deux de ses chevaliers ne lui causeraient pas de problèmes…
— Eh bien quoi, je n'allais pas partir sans quelques livres.
— Quelques, hein ? Ricana Milo, appuyé sur l'épaule de son meilleur ami.
— A raison de trois par jour, j'ai à peine de quoi couvrir nos vacances, je te signale.
— Mais comment y faiiiiit ? se lamenta Saga, qui malgré sa soif de connaissance, ne parvenait jamais à finir un livre en moins d'un mois.
Avoir une double personnalité qui lisait à votre place avait peut-être pour effet de ne jamais vous permettre de vous souvenir de quoi que ce soit, il fallait bien le dire. Mais Saga l'ignorait.
— Voyons, pourquoi as-tu emmené tes dictionnaires ? Tu es polyglotte ! S'étonna Shion.
— Parce que je rêve de gifler des gens avec un Gaffiot.
— … »
Le Grand pope jura dans sa barbe inexistante, balança des livres dans diverses valises histoire de répartir le poids sous les cris scandalisés de Camus (Allez donc savoir ce que ses pairs cachaient dans leurs sacs informes !), et poussa par un grand coup de pied aux fesses le franchouillard qui commençait déjà sérieusement à lui courir sur la toison.
Fallait peut-être voir à pas trop tirer sur la ficelle non plus.
Le groupe de chevaliers s'avança lentement mais sûrement vers le contrôle de sécurité, après une pesée de valises qui avait été aussi longue que difficile à passer. Shion avait failli s'arracher de son opulente tignasse verte : les bêtises de Camus mises à part, il lui avait fallu tenter d'expliquer à un Shura trop dévoué que non, emporter son armure dans la soute de l'avion n'était pas une bonne idée d'une part, beaucoup trop compliqué, d'autre part, complètement débile étant donné que leurs chères protectrices étaient connectées à leur cosmos.
Et s'il ne le croyait pas, qu'il se réfère à Aioros, champion toute catégorie de la pratique de l'envol d'armure intempestif. Le débat dura plusieurs longues minutes, agrémenté de conversations atteignant un niveau d'anormalité dépassant tout ce qui avait été donné à Cindy, guichetière du jour, d'entendre dans sa vie.
Il serait d'ailleurs dit qu'après leur passage, la pauvre jeune femme chargée d'étiqueter les bagages aurait besoin d'un long congé. Le troupeau de mâles Alpha qu'elle avait eu le bonheur de servir était certes composé d'êtres passablement sexy… Mais voguant également certainement dans un monde à part. Très à part.
Enfin ils avaient fini par s'en sortir. Mais le grand patriarche de leur ordre voyait se profiler l'étape des contrôles avec une terreur sans nom. Avoir dans ses rangs trois assassins dont un psychopathe, un sociopathe et un soupe au lait, plus un manipulateur, un psychotique et toute une ribambelle d'êtres ayant le pouvoir de faire exploser la planète d'un éternuement ne le rassurait que très moyennement.
« De toute façon, grogna Kanon en posant son téléphone dans la cagette prévue à cet effet, c'était complètement con comme idée. Un petit coup d'Another Dimension et c'était réglé, les bagages nous attendaient sur place !
— Athéna nous a demandé de voyager de manière normale, et c'est ce que nous allons faire. Répondit son supérieur. Enlève tes chaussures.
— Sérieux, les chaussures aussi ? Ils ont peur que je détourne l'avion avec mes lacets ou quoi ? C'est débile, et…
— Comme si tu n'en étais pas capable.
L'ancien Dragon des mers ouvrit la bouche pour répliquer, mais le regard intransigeant de son supérieur dans lequel il voyait passer un panneau « Contrôle des dieux et Mégalomanie intempestive » le coupa dans sa répartie. Il finit par baisser le nez en grommelant.
— … Certes. »
De mauvaise grâce, Kanon ainsi qu'Aiolia et Angelo ôtèrent leurs baskets, s'inspectant mutuellement à la recherche d'un quelconque accessoire pouvant potentiellement leur valoir une fouille plus poussée.
« Vos papiers, s'il vous plaît.
— Ah, c'est moi qui les aie.»
Shion ferma les yeux et se surprit de nouveau à prier de tout cœur en tendant la pile de passeports à l'agent de contrôle. Ce dernier prit soin de les ouvrir précautionneusement, vérifiant les nationalités et les dates avec beaucoup de soin. Toutefois, au fur et à mesure de sa lecture et de ses vérifications en direct, le Grand Pope en fonction pouvait voir une véritable suspicion et un très léger doute briller dans les yeux de l'homme face à lui. Au sixième passeport, il était clair que l'agent se demandait quelque peu si on ne se foutait pas de sa gueule.
« Et donc, vous êtes indien, c'est bien ça… ?
— Non, je suis Bouddha.
— …Pardon ? »
Shaka pencha la tête sur le côté, l'air de ne pas comprendre la question.
Si Shion n'avait pas été aussi occupé à s'assurer que Deathmask ne tuerait personne, que Milo n'avait pas emporté ses saletés d'animaux de compagnie avec lui, qu'Aphrodite ne donnait pas l'adresse du Sanctuaire à tous les hommes qu'il croisait, et que le rire de Saga restait normal, il aurait probablement pu sourire face à l'air totalement décomposé de l'homme face à lui.
Mais ce ne fut pas le cas. Il se contenta donc de pousser l'incarnation divine de quelques places avant d'offrir un sourire Made in Ariès sexy, de lui faire jeter un œil sur son badge Sanctuary© et de reprendre les précieux papiers, faisant signe aux gosses qui lui servaient d'élite de se bouger sérieusement leur derrière musclé.
« Quelque chose à déclarer, Monsieur ? Demanda tout de même l'agent.
— Je déteste mon travail.
— Vous n'êtes pas le seul. Avancez, s'il vous plaît. »
Shura prit place à son tour, rapidement suivi de Camus qui, privé de ses précieux bouquins, relisait avidement les instructions des objets à ne surtout pas avoir sur soi, et de Shaka qui gardait les yeux obstinément clos. Vexé par le manque de reconnaissance de son statut, il se prit ainsi le portillon de sécurité en plein nez. Le pauvre objet ayant le malheur de ne dégager absolument aucune onde négative, le sixième gardien n'avait rien vu arriver. Un juron fort peu bouddhiste franchit la barrière de ses lèvres, face aux airs ahuris des autres Chevaliers. Heureusement pour Shion, il ne lui vint pas à l'esprit d'ouvrir les yeux. Il y avait décidément beaucoup trop de civils à protéger dans un aéroport.
Un nouveau groupe s'avança pour le contrôle, composé de l'aîné des Gémeaux, Aldébaran et de Dohko.
« Non, Saga, tes habits tu les gardes, déclara le Grand Pope sans même tourner les yeux vers lui.
— Mais…
— J'ai dit non.
— Bon, bon… »
Kanon eut un sourire de remerciement envers le Pope, pour une obscure raison.
« Va falloir que tu te penches, Aldé. Tu ne passes pas, constata Milo en commençant à enlever son blouson.
— Malheureusement, ce n'est pas seulement ma hauteur, mais ma largeur qui pose souci…
— Ah ouais ? Tu m'en diras tant…
Le mouvement de sourcils entendu du douzième gardien fit intervenir un plissement de nez chez ses camarades.
— Sérieux, Aphro ? T'as quel âge ? demanda le Sagittaire en soupirant.
— Dis-donc, le poney qui jouait à faire de la calèche, je t'en pose des questions ?
— Malheureusement pour moi, assez souvent, oui.
— … Pas faux. »
Alors que l'agent regardait le petit groupe dont les membres passaient les uns après les autres, il se pencha vers son collègue.
« Dis… Ils sont réglementaires leurs cheveux ?
— C'est quoi cette question ?
— Non mais avec des tignasses pareilles, ils pourraient cacher n'importe quoi dedans ! Les lacets, c'est rien du tout à côté ! Je suis sûr que tu peux caler cinq bombes là-dedans.
— Tu deviens con, Didier. Je te croyais plus ouvert. S'ils veulent se la jouer hippy, c'est leur problème. Allez, regarde l'écran plutôt.
— Non, j'en ai marre. Ils ont que des trucs flippant et…
— Bonjour, bonjour ~
— Bon-… Wow ! »
Aphrodite s'avança à son tour, fier de son petit effet. Saluant d'un clin d'œil amusé le pauvre employé qui en rougissait sous sa casquette, il commença à déposer ses accessoires et son kit de maquillage, avant de se raviser.
« Aphro', si tu ne déposes pas tes bijoux et ta ceinture, t'es bon pour te faire tâter au portillon, il paraît, commenta Milo — que Camus avait briefé allégrement pendant trois bons quart d'heure.
— C'est le but, mon cher arachnide, c'est le but…, Répondit le douzième gardien avec un grand sourire.
— T'es un grand malade. M'enfin, c'est toi qui vois. »
BIP BIP BIP !
Le destin ne manqua pas de donner raison à Milo à travers la caractéristique sonnerie stridente retentissant dans les oreilles de chacun, alors que le huitième gardien hochait pensivement la tête comme pour en appeler à la fatalité, tandis qu'il continuait de vider consciencieusement son matériel électronique. DVD, lecteurs DVD, ordinateur… Bon sang, il allait lui falloir au moins cinq cagettes, à lui qui portait de multiples accessoires de cuir et d'argent !
De son côté, Aphrodite devait faire face au destin qu'il avait déclenché.
« Avancez-vous vers nous, s'il vous plaît.
— Avec joie, officier.
Le pauvre homme en fut tout perturbé, et tenta de se reprendre tant bien que mal. Mais bon sang, pourquoi fallait-il que les trois quart de ce groupe dépasse le mètre quatre-vingt ?! Niveau autorité, il pouvait repasser. Même cette étrange créature était au moins dix centimètres plus grande que lui, — même sans ses talons hauts.
— Bien, alors…»
Mais la joie d'Aphrodite ne dura qu'un instant. Un long silence prit place entre le chevalier et les employés, alors que le malaise s'installait déjà chez les préposés à la fouille, ne sachant pas s'il devait ordonner à un homme ou à une femme de s'y coller. Légers toussotements et petits piétinements furent de rigueur pendant les longues minutes qui suivirent.
Finalement, espérant gagner un peu de temps, Didier se racla la gorge et prononça d'un ton bourru.
« Vous n'êtes pas autorisé à prendre autant de liquides avec vous à bord.
— Mais ce sont mes crèmes de jour, d'altitude et de terre ! Vous ne pouvez pas me les enlever !
— Tu aurais dû lire les consignes de sécurité, signala pernicieusement le Verseau en doublant son camarade, avant de récupérer son appareil photo dernier cri.
— C'est la loi. »
Rouge de colère, le chevalier des Poissons dut assister au débat extrêmement dérangeant et franchement peu discret sur son sexe ainsi qu'à la disparition de ses précieux tubes, sous les ricanements de ses pairs qui le dépassèrent tous allégrement pendant ce temps.
Enfin… Presque tous.
BIP BIP BIP !
« Mais qu'aies-je donc sur moi qui pourrait sonner ? Prononça Mû d'une voix malheureuse.
— Nous allons voir ça, ma petite dame.
— Je suis un homme.
— …Navré. »
Didier, qui avait changé de place un peu plus tôt, maudissait à présent la terre entière. Après l'étrange homme aux cheveux bleus, voilà qu'un autre tout aussi androgyne se pointait ! Il s'avança bravement et s'empara de son détecteur qu'il passa au niveau de son interlocuteur. La pauvre machine ne manqua pas de s'emballer, jusqu'à exploser littéralement entre les mains de son porteur.
« Monsieur, je vais vous demander de mettre les mains en l'air.
— Comment ? Mais pourquoi ?
— Vous êtes soupçonné de terrorisme !
— Pardon ?
— Attendez, officier ! Mû, très cher… Tu n'aurais pas gardé des réserves sur toi par hasard ?
— Mais si, Maître ! On ne sait jamais.
— Nous sommes en vacances. Dépose tout ça immédiatement.
— Bon, bon… »
Devant les yeux du pauvre Didier, définitivement au bord de l'apoplexie, l'individu trop androgyne pour sa santé mentale se mit donc à déposer sur le sol des quantités astronomiques d'or pur, d'argent et de bronze en piles bien nettes.
« Voilà, vous pouvez revérifier à présent. Nous vous laissons tout ça.
Une nouvelle machine donna raison à l'étrange créature à la coiffure exagérée.
— C'est tout bon. Maintenant, par pitié, allez-vous-en.
— Nous y allons. Bonne journée !
— Aucune chance qu'elle le soit à présent… »
Laissant derrière eux un homme au bord de la crise de nerfs, qui rejoindrait sans le savoir Cindy, la pauvre hôtesse, dans sa demande avancée de congés, le groupe continua de s'avancer dans le hall, jusqu'à prendre possession de plusieurs rangées de sièges, en attendant l'embarquement.
Assis sur les sièges en cuir conçus pour ne pas être confortables, treize chevaliers d'Or (et un Grand Pope se rongeant les ongles) patientaient donc à présent plus ou moins calmement en salle d'attente. Ils étaient arrivés très — trop — en avance, Shion ayant insisté pour qu'ils se remuent tous, craignant que sa bande d'enfants pas du tout gâtés ne traîne un peu trop. Et ce n'était pas parce qu'ils étaient tous capables d'atteindre la vitesse de la lumière qu'ils devaient lambiner pour autant.
Le difficile passage des contrôles lui avait donné raison.
De son côté, Saga, casque vissé sur les oreilles, rattrapait sa nuit écourtée et se contentait de ronfler allégrement, bouche ouverte, appuyé sur l'épaule d'un Camus qui avait piqué tous les livrets explicatifs qu'il avait trouvé en chemin. Mâchouillant son chewing-gum, Aphrodite observait les possibles victimes avec lesquelles il pourrait jouer le temps du vol, toujours extrêmement mécontent de s'être fait prendre ses crèmes. Il avait déjà repéré un petit jeune, dont il serait certainement passionnant de virer sa cuti. Aldébaran et Mû s'étaient lancés dans une partie d'échecs portatifs, sous les yeux fermés de leur arbitre étant parvenu à s'installer en position du lotus sur les accoudoirs du siège. Autant dire qu'une fois de plus, ils repasseraient pour la discrétion. Entre les vêtements et l'absence de chaussures aux pieds de leur Bouddha personnel…
Aiolia, pour sa part, essayait désespérément de tenir son frère éloigné de toute attraction pour les moins de huit ans sur lesquelles il serait vraiment mal venu de le voir s'amuser.
Soudain, un étrange brouillard de ténèbres nauséabond se répandit dans l'aéroport, faisant frissonner toutes les personnes présentes, qui resserrèrent leurs manteaux sur elles.
« Camus, sans déconner, vieux, je sais que tu es contrarié mais n'abuse pas quand même… se plaignit le Capricorne.
— Mais ce n'est pas moi !
— Je crois qu'il dit la vérité, soupira Mû. Nous avons de la compagnie.
Un petit coup de tête en direction des fautifs lui donna raison.
— Ah, ben ton harceleur de service t'a encore suivi à l'autre bout du monde, déclara Milo en offrant la joie d'une bourrade douloureuse dans les côtes à un Kanon qui n'en demandait pas tant.
— Oh, bordel.
Décidément, Shion se surprenait à être de plus en plus grossier.
— C'est une blague ? On est obligés de les retrouver partout où on va, ceux-là ? grogna Saga, réveillé par son radar anti beau-frère, en enfonçant rageusement un morceau de gâteau dans sa bouche.
— Devait y avoir un prix de groupe chez les Dieux pour notre destination, suggéra tranquillement Dohko en faisant quelques échauffements.
A quoi lui serviraient-ils ? Personne n'en avait la moindre idée. A part peut-être Shion, pour des raisons non-avouées.
Toujours était-il que se rapprochaient à vive allure trois Juges des Enfers dont tous se seraient bien passés. Enfin, presque tous.
— Quelqu'un peut m'expliquer comment ils ont pu passer les contrôles, eux ? Ils portent encore plus de cuir et de ferraille que Milo ! Demanda Deathmask en rattrapant machinalement par le bras un Aphrodite en chasse à l'éphèbe innocent.
— Hey !
— Quoi ? Tu peux admettre que t'as un étrange style vestimentaire depuis qu'on est revenus…
— Venant de monsieur tee-shirt retroussé, barbiche et bottes de cuir…
— Merde, hein. C'est quand même toi qui t'es mis à te déguiser en rock star !
— Il n'a pas tort, mon amour.
— Cam', j'ai jamais rien dit pour tes jambières, tu m'embêtes pas avec mon cuir.
— Quoi mes jambières ?
— Elles sont moches, tes jambières, Camus-chéri, intervint Aphrodite.
— Et ta chemise rose à nœuds, elle était mieux ? »
L'arrivée des trois Juges interrompit les Chevaliers en plein débat vestimentaire Asgardien.
« Tiens, mais qui voilà ? Kanon, quelle bonne surprise ! s'écria Eaque en agitant la main.
— Quel plaisir de te voir ici ! Rajouta Minos en prenant possession d'office de la rangée de sièges face au cadet des Gémeaux, traînant son frère blond, grognon, agacé mais également passablement intéressé par le sujet de conversation.
Sujet, qui rappelons-le, lui appartenait en règle générale dans les draps ou sur un mur quelconque.
— Plaisir non partagé.
Même s'il avait tendance à être vache.
— Quand est-ce qu'on embarque, au fait ? demanda Aioros que la perspective de s'envoler dans ces énormes machines bizarres ne réjouissait pas du tout.
Personne ne se sentait le cœur de lui rappeler qu'il avait des ailes sur son armure et était donc à même de pouvoir planer dans les airs quand il le souhaitait. D'ailleurs, vu le nombre de fois où le Sagittaire s'était ramassé la gueule, c'était à se demander s'il en avait jamais saisi l'utilité. Comble de l'ironie puisqu'il était le seul à en disposer. Peut-être aurait-il fallu demander à Rhadamanthe de lui donner des cours : question acrobaties aériennes, le Juge se posait là, Milo, Mû et Aiolia pouvaient confirmer.
— Dans dix minutes environ… Une chance qu'on soit à l'heure, vu le barda que vous faites pour vous déplacer ! »
Les Chevaliers d'Or baissèrent légèrement le museau pour la forme. Sauf Kanon, qui n'en avait strictement rien à faire, occupé qu'il était à tenter de refourguer Aphrodite comme victime potentielle aux deux pseudo beaux-frères qu'il se voyait obligé de se coltiner.
Minos répondit qu'il n'était pas intéressé. Les Chevaliers des Poissons, ce n'était pas du tout, du tout, son truc. Mauvais souvenirs, semblait-il.
Vexé, Aphrodite tira sa lime à ongles, qu'il était parvenu à sauver par miracle, et entreprit de refaire sa manucure en jurant qu'il se vengerait.
Milo, de son côté, tira sur la manche de son supérieur avec une bouille chafouine qui en aurait attristé plus d'un.
Comprenez Camus, — et éventuellement Kanon.
« C'était injuste de me demander de laisser mes petits chéris chez moi, Shion.
— Milo. Tes… chéris ont potentiellement la capacité de tuer un être vivant de plus de cent kilos en une seule piqûre. Et comme tu es incapable de les laisser dans leur vivarium…
— Mais ils ont besoin de prendre l'air !
— Ils le prendront dans ton temple.
— Vu l'odeur, ils risquent d'en crever…
— La ferme, DM. Niveau déco, t'as rien à me dire. »
Le débat, stérile, se poursuivit jusqu'à l'arrivée dans leurs rangs de Thétis, faisant se tourner toutes les têtes sur son passage. La jeune femme était pourtant étrangement seule.
«Décidément, il y en a du monde, aujourd'hui, déclara Mû, avant de mettre échec et mat son meilleur ami.
— Bah, qu'est-ce que tu fais-là ? S'étonna le Dragon des Mers.
— Poséidon me paye des vacances.
— Qu'est-ce que je disais ? Rajouta Dohko, en hochant pensivement de la tête.
— A toi seulement ? Demanda Aldébaran, perplexe.
— Ca a toujours été sa préférée. Et la mienne aussi…
— Garde ta langue de velours, Kanon. Je ne suis plus intéressée. »
Tandis que les deux (ex) Marinas s'engueulaient joyeusement sur une époque révolue, un Juge des Enfers songeait sérieusement à appliquer certaines techniques de drague chères à son géniteur.
« Vol 505 à destination de… Porte d'embarquement numéro 45.
— Ce n'est pas trop tôt ! On y va, s'écria Deathmask en bousculant Shaka.
Machinalement, Shion se reprit à prier. Tout en se fustigeant. Dans son temple, Athéna devait bien se marrer à les observer.
