Ceci est une petite fic sans prétention écrite il y a quelques temps déjà à l'occasion du défi "5sens" de la communauté rouxattitude que je vous conseille d'ailleurs d'aller visiter. Bonne lecture!
Il fait sombre, je ne vois rien, je n'entends rien, le silence est total. Je ne fais que sentir, je me raccroche à ces odeurs, il y en a tant, c'est presque enivrant. C'est d'abord cette forte odeur de poussière, une poussière vieille et épaisse, je l'imagine, présente partout, imprégnant tout, l'espace et l'air. Ca doit grouiller d'araignées là dedans. Faudra qu'on s'en occupe.
Il y a ensuite cette vieille odeur de bois, un bois presque moisi, comme dans les vieilles forêts. C'est presque une odeur de sous bois, ça rappelle un peu la forêt interdite. Décidément, ça part mal. Et puis il y a cette autre odeur. Je la connais celle là, je sais qu'Elle l'adore. C'est l'odeur des livres. Des vieux livres. Ces livres si gros, ceux que je n'ai jamais envie de prendre mais dans lesquels elle est toujours plongée. Je me demande bien pourquoi d'ailleurs. Elle n'en a plus besoin. Mais ça sent si fort.
Ce parfum m'envahit, m'imprègne. Finalement ce n'est pas si mal. Ca me rappelle son odeur à elle. Faut dire si elle lâchait un peu ces vieux bouquins, elle sentirait autre chose que les vieilles pages moisies. Mais ce n'est pas désagréable non plus. C'est une odeur douceâtre, qui raconte des histoires, comme celles que me racontait maman quand j'étais petit. C'est une odeur qui veut dire quelque chose et qui raconte des choses sur elle. Sur ce qu'elle aime. Elle a beau dire, elle sent le vieux livre. Et peut être parce que c'est elle, j'ai appris à aimer cette odeur.
Les odeurs. Il y en a tant qui se mêlent encore. Il y a les odeurs oubliées, celle de gâteaux qu'on a cuisiné là, celle des bougies aujourd'hui éteintes. Il y a les odeurs d'aujourd'hui, la poussière, les livres et le bois. Il y a un peu de cette odeur d'oubli, ce parfum si léger qui envahit parfois certains endroits. Le terrier sentait cette odeur il y a peu. Ginny et Harry ont fait des merveilles. Ca sentait les madeleines et le jus de citrouille la dernière fois.
Mais là. Les odeurs vont changer aussi. Enfin. Presque. Ca sentira toujours le livre, ça c'est sûr. Et le bois, mais un bois plus sain. Ça ne sentira plus la poussière. Et il n'y aura plus d'araignées. Ils vont s'en occuper. Moi j'irais faire du thé. Voilà, ça sentira le thé bientôt. On sentira la chaleur et la tendresse, on sentira l'odeur des gâteaux et des petits plats, on sentira l'odeur du lait et de la vanille. On sentira l'odeur de mon nettoyant pour balai et celle des potions d'Hermione. On sentira plein de choses. On pourra s'arrêter dans l'entrée et sentir. Sentir combien les gens qui vivent là peuvent s'aimer.
Soudain je sens une odeur de cannelle. Elle est là. A côté. Elle a ouvert la fenêtre en silence. Je sens maintenant l'odeur de l'herbe mouillée. C'est l'odeur de l'automne. Je peux sentir qu'elle est en train de sourire. Je le sais c'est tout. Je sens sa main dans la mienne. J'entends son rire. J'ouvre les yeux. Elle est belle avec son beau ventre arrondi. Elle est belle avec cette odeur de cannelle et de livre qui l'entoure. Elle est belle avec son sourire qui illumine et fait rêver.
Bientôt cette maison sentira l'odeur des enfants, plein de rouquins comme moi, elle résonnera des cris et des rires, elle tremblera sous nos colères, et ressemblera à notre nid d'amour. Bientôt c'est une odeur d'après l'amour qui imprégnera les chambres qui se cachent derrière les lambris. Bientôt cette maison sera la notre. Bientôt c'est notre amour qui emplira l'atmosphère.
Je me décide à parler : je sais qu'elle est comme moi, je sais qu'elle va dire oui :
« alors on la prend cette maison ? »
